'* SOCIÉTÉ ANCIENS TEXTES FRANÇAIS AIOL Imprimerie Gouverneur, G. Daupeley à Nogent-le-Rotrou. AIOL CHANSON DE GESTE PUBLIÉE DAPRÈS LE MANUSCRIT UNIQUE DE PARIS Jacques NORMAND & Gaston RAYNAUD PARIS LIBRAIRIE DE FIRMIN DIDOT ET O 56, RUE JACOB, 56 M DCCC LXXVII APR 1 5 1956 Publication proposée à la Société le ig avril 1875. Approuvée par le Conseil le 17 juin 1875 sur le rapport d'une commission composée de MM. L. Gautier, L. Moland et G. Paris. Commissaire responsable : M. G. Paris. Tiré à cent exemplaires sur ce papier. -A4-AI 1877 INTRODUCTION La chanson à'Aiol que nous publions aujourd'hui pour la première fois1 est un des poèmes du moyen-âge qui méritent de la façon la plus complète l'attention de tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de notre littérature nationale. Les questions que soulève l'examen de cette chanson de geste, celle entre autres de l'origine et de la date qu'il faut lui attribuer, sont nombreuses et souvent assez difficiles; aussi, pour les étudier plus clairement, avons-nous divisé cette Intraduction en plusieurs chapitres, distincts les uns des autres. i. L'édition que M. W. Fœrster a commencée en Allemagne, quand la nôtre était déjà sous presse, n'est pas achevée; au mo- ment où nous donnons le bon à tirer de cette première feuille (novembre 1877), le texte seul est imprimé ; les notes, le glossaire et l'introduction, promis depuis longtemps, sont encore attendus. Voy., au sujet de la polémique à laquelle a donné lieu cette édition d'^4/o/, la Romania, V, 127-8, 41 3-6, 504, et VI, 309. a Aior. Manuscrit du poème. On ne connaît jusqu'à ce jour qu'un seul manuscrit de notre chanson. C'est un ms. sur vélin de om,i79 de large sur om,2 52 de hauteur, relié en maroquin plein, sans armes, et qui se compose de 209 feuillets complets à 4 colonnes par feuillet (que nous avons indiquées dans notre édition par a et b pour le r°, et par c et d pour le v°) ; chaque colonne contient 36 vers, sauf le cas où une miniature est intercalée dans le texte. Ce ms., qui porte aujourd'hui à la Bibliothèque nationale de Paris le n° 255 16 du fonds français, faisait autrefois partie de la Bibliothèque du duc de la Vallière (anc. La Vall. 80, Cat. de Bure 2732); il contient 4 romans qui sont les sui- vants : i° Le Roman de Guion duc d'Hanstone et de Bevon son fil (fol. 1) ; 20 Le Roman de Julien de St Gille lequés fu père Elye duquel Aiols issi (fol. jôj ; 3° Le Roman d'Aiol et de Mirabel safeme (fol. g6) ; 40 Le Roman de Robert le diable (fol. 174). L'écriture de ce ms., généralement bonne, est cependant quelquefois assez difficile à déchiffrer; c'est la minuscule romane du xnre siècle, sans influence gothique bien pro- noncée. Les grandes lettres, commençant les laisses, sont ou rouges ou bleues ; quelques-unes sont ornées, mais de simples traits rouges ou bleus. Le recto du folio commen- çant chaque roman est orné de figures et d'animaux dans AIOL 11) le style du xirre siècle. Enfin le ms. contient des minia- tures assez bien conservées et intéressantes au point de vue du costume. Notre chanson d'Aiol, pour sa part, en con- tient onze dont nous avons donné les rubriques en note de notre édition. Nous reproduisons ces rubriques ci-dessous et indiquons le vers après lequel elles se trouvent placées dans le ms., en faisant exception pour celle qui com- mence la chanson et qui est placée en tête, avant le pre- mier vers : 1 — ICHI COMMENCHE LI DROITE ESTOIRE d'AiOL ET DE MlRABEL, SA FEME, ENS1 CON VOUS ORES EL LIVRE (v. i) ; 2 — Ch'eST CHI ENSI COM AlOLS A PRrS CONGIET A PERE ET A MERE ET AL SAINT HERMITE ET S'EN VA VERS FRANCHE (v. 554) ; 3 — Ch'eST CHI ENSI COM AlOLS EST VENUS A ORLIENS ET COM Ll ROIS DE FRANCHE LE GABA ET SES GENS (v. 2618); 4 — Ch'eST CHI ENSI COM AlOLS EN VA A PANPELUNE EL MESSAGE ET SI DOI COMPAIGNON (v. 4684); 5 — Ch^ST CHI ENSI COM AlOLS A CONQUISSE LA PUCHELE (v. 5359); 6 — Ch'eST CHI ENSI COM AlOLS ET MlRABEL TROVERENT UN LARON ET COM LES VAIT HERBERGIER (v. 6574) ; 7 — Ch'eST CHI ENSI COM AlOLS REVIENT EN FRANCHE ET COM IL AMAINE MlRABEL, FILLE ROI MlBRIEN (v. 7988); 8 — C^EST CHI ENSI COM ElYES EST REVENUS EN FRANCHE (v. 8227) ; 9 — Ch'eST CHI ENSI COM MaKAIRES LI TRAITRES VAUT NOIER LES ENFANS AlOL (v. 9I98); 10 — Ch^ST CHI ENSI COM LI LARON ONT VENDU AlOL ET s'entrochient (v. 9866) ; iv AIOL I I — Ch'eST CHI ENSr C'ON FAIT JUSTTCHE DE MaKAIRE (v. iogoo). Ajoutons, pour finir la description de notre ms., que dans quelques passages assez rares, une main qui n'a pas toujours été heureuse a corrigé et même effacé le texte [cf. 2690). II Analyse du poëme. Comme on a pu le voir plus haut, notre chanson com- mence au fol. 96 du ms., et va jusqu'au fol. 173, c'est-à- dire qu'elle comprend près de 11000 vers; et cependant, quelque longue qu'elle puisse paraître, son résumé est tout entier contenu dans les v. 396-428 de cette édition. Ces vers se rapportent à l'explication d'un songe que donne Moysès, le clerc sachant, à Élie père d'Aiol : les victoires d'Aiol sur les païens (v. 405-8), son mariage avec Miiabel (v. 423), la naissance de ses deux fils (v. 424-5), toute l'histoire de notre héros s'y trouve en substance, et sauf la royauté future des enfants d'Aiol, qui ne se réalise pas dans notre poëme, ces vers en donnent le résumé que nous développons d'après le ms. dans l'analyse suivante : Elie, époux d'Avisse, sœur de Louis rils de Charlema- gne, a été injustement chassé de France par suite des intrigues du traître Makaire de Lausanne, et malgré de nombreux services rendus à la royauté en combattant les Sarrasins. Il s'est réfugié avec sa femme dans les landes de Bordeaux. Là, Avisse met au monde un fils à qui une circonstance fortuite de sa naissance fait donner le nom AIOL V d'Aiol (v. 60-8 et 451-2) {. Très-jeune encore, celui-ci, revêtu des vieilles armes de son père et monté sur son ancien destrier Marchegai, part seul en France pour reconquérir les riefs dont Élie a été injustement dépossédé. Après avoir fait ses premières armes contre des Sarrasins, ensuite contre des voleurs pillant une abbaye, il arrive à Poitiers. Les habitants de cette ville peu hospitalière se moquent de ses vieilles armes, de sa lance « torte et enfu- mée, » de son cheval maigre et déferré. Aiol répond noblement à leurs moqueries. Un riband, sortant d'une taverne, insulte Aiol et saisit Marchegai par la bride : le vaillant cheval le renverse d'un coup de pied. Un ancien sénéchal d'Élie, Gautier de Saint- Denis, prend pitié d'Aiol et lui donne gîte pour la nuit. Le lendemain matin Aiol se remet en route, et, vainqueur d'un lion terrible, effroi de la contrée, il arrive le soir à Châtellerault. Quittant cette ville le lendemain, après de nombreuses aventures, entre autres la rencontre d'un riche pèlerin. Renier, duc de Gascogne, il arrive à Blois qu'il ne fait que traverser, puis à Orléans. Là, même scène qu'à Poitiers, mêmes insultes de la populace, même épisode du ribaud prenant Marchegai par la bride et renversé par lui. Ysabel, tante d'Aiol, le reçoit et l'héberge; Lusiane, sa tille, cousine germaine d'Aiol, se sent prise pour le che- 1. M. P. Paris (Hist. litt.,XXU, 2y5) dit à ce propos : « Ce mot aiol, que nous n'avons rencontré dans aucun autre texte, semble synonyme d'anguis, anguilla, aussi bien que du nom propre Aigulphus. » Le mot aieil, nom de l'animal inconnu cité par le poète, semble plutôt dériver d'aviculus, mais ce n'est certai- nement que par suite de la ressemblance d'aieil et d'Aiol que la fable de l'origine du nom d'Aiol a été imaginée. V] AIOL valier d'un vif amour qu'elle lui avoue assez vite et trop franchement, et que le jeune homme repousse. Le roi de France est en ce moment à Orléans, engagé dans une guerre contre les Berruiers qui, sous la conduite de leur chef le comte de Bourges, menacent sans cesse la ville. Ce comte de Bourges se trouve être neveu d'Élie et cousin germain d'Aiol, et c'est pour rendre à Élie les fiefs dont il a été dépossédé, qu^l combat le roi de France. Aiol, sans se soucier des plaisanteries qui l'assaillent et que le roi lui-même fait sur son compte, entre fièrement en lice avec quatre chevaliers ennemis venus pour porter un défi au roi Louis. Vainqueur de ses adversaires, il en trouve un nouveau dans le comte de Bourges qui vient secourir ses chevaliers d'une troupe nombreuse. La bataille devient générale : Aiol, poursuivant le comte de Bourges, le force à lui demander merci et le remet prisonnier aux mains de l'empereur, mais apprenant que le comte de Bourges n'est autre que son cousin, il demande et obtient sa grâce à condition qu'il se soumette. A la suite de si brillants exploits, Aiol entre en faveur auprès du roi, qui le comble de bienfaits. En chevalier généreux, Aiol en fait profiter tout le monde, et envoie à son père un messager pour lui annoncer sa réussite et lui porter quelques secours. A partir de cet épisode, Faction devient très-peu origi- nale et rentre dans le cadre banal et bien connu de mainte autre chanson de geste ; aussi abrégeons-nous encore cette analyse que nous avons cependant donnée aussi courte que possible. Pour répondre à un défi porté à l'empereur par le roi Mibrien, Aiol est envoyé à Pampelune comme messager AIOL Vlj auprès de ce roi. Il part accompagné de deux chevaliers de la cour de Louis, qui lui servent d'écuyers, Jobert et Ylaire. Arrivé à Pampelune où est le roi Mibrien, il enlève sa fille Mirabel, et après de nombreuses et intermi- nables aventures, poursuivi sans cesse par les parents du traître Makaire ou bien par des Sarrasins, et sortant toujours vainqueur du combat, il arrive enfin avec sa captive à la cour du roi de France. Il dévoile alors à Louis son nom et sa naissance (ce qu'il n'avait pas fait encore jusqu'ici sans raison bien appréciable), réclame les biens de son père qui lui sont rendus, et épouse Mirabel après l'avoir fait préalablement baptiser. Makaire n'abandonne pas ainsi sa vengeance : disgracié à la cour du roi, il réunit une armée composée de Bour- guignons et de Lombards, vient s'embusquer auprès de Langres où Aiol se rend avec sa femme après ses noces, les surprend, les fait prisonniers et les emmène à Lausanne où il les enferme en prison. Là, Mirabel met au monde deux jumeaux. Makaire, assiégé dans Lausanne par le roi de France et Elie revenu à la cour, s'empare des enfants d'Aiol et les jette dans le Rhône. Le pêcheur Tieri, un nouveau venu dans le poëme, les sauve et les conduit à Tornebrie, à la cour de Grasien, roi de Venise. Cest là qu'Aiol, échappé de Lausanne avec Makaire et conduit par le traître auprès du roi Mibrien , les retrouve plus tard. Quant à Mirabel, elle est restée, pour n'avoir pas voulu renoncer à la foi chrétienne, emprisonnée chez son père; c'est afin de la délivrer qu'Aiol, honoré pour ses exploits à la cour de Grasien , entraîne le roi de France et les Vénitiens à venir mettre le siège devant Pampelune. La ville est prise, Mirabel délivrée, et Vil) AIOL Makaire subit la peine de ses forfaits : il est écartelé. Tel est le poëme d'Aiol ; nous pensons en avoir donné une idée suffisante par cette analyse écourtée1, mais le lec- teur voudra bien retenir ce fait, destiné à nous aider plus tard dans notre démonstration, que des deux parties que nous avons distinguées dans notre chanson, l'une, la pre- mière, est pleine d'intérêt et de vie, Tautre au contraire ne fait que reproduire les aventures, trop souvent identiques à elles-mêmes, des poëmes romanesques du moyen-âge. III Langue du poëme. Quelle est la langue de notre poëme? « Le dialecte, » nous dit M. P. Paris (Hist. litt., XXII, 288), « semble indiquer que le copiste, sinon le trouvère, était de Picar- die. » Cette assertion ne nous semble pas assez définie. Nous reviendrons plus loin, à propos de Yorigine et de la date de notre chanson, sur les divisions à établir dans notre poëme, et nous essaierons de démontrer qu'il faut distin- guer dans VAiol deux parties, dont Tune appartient à la rédaction primitive et dont l'autre est l'œuvre d'un rema- nieur ; pour le moment, et au point de vue spécial de la langue, remarquons que la première moitié, ou peu s'en i. Une excellente analyse d'Aiol (principalement pour la pre- mière partie) a été faite par M. P. Paris dans l'Histoire littéraire (XXII, 274 ss.) ; à cette analyse il en faut joindre une autre d'A. Jubinal (Œuvres de Rutebeuf, éd. 1875, III, io2-i3). Faurieldans son Histoire de la poésie provençale (II, 265, 273-5, 283 et 296-9) a donné aussi des extraits et une analyse de la chanson. AIOL IX faut, du poëme est composée en vers de dix syllabes, tandis que la seconde est en vers de douze. Ces deux parties ne sont certainement pas de même dialecte, et tandis que la première est bien en dialecte français propre- ment dit, la seconde offre tous les signes distinctifs du dialecte picard; d'où nous pouvons conclure que le rema- nieur était certainement picard. Ce caractère picard semblerait au premier abord devoir être attribué à l'ensemble du poëme, où l'on remarque partout certains traits caractéristiques, comme che au lieu de ce, etc., mais ce ne sont là que de simples chan- gements dus au remanieur ou même au scribe. Dans la seconde partie de YAiol au contraire, ce ne sont pas seulement les particularités orthographiques que nous voyons apparaître, car, sans parler des formes comme fiomes (v. 6073), trovomes (v. 7615), alomes (v. 8976 , faisomes (v. 8977), reverommes (v. 9167), poomes (v. 9276), etc., qui ne sont pas spéciales au picard, nous trouvons des traces certaines de ce dialecte dans le mot caus, fr. cous (coup) qui assonne en a (v. 56221 et dans les formes féminines en ie des participes passés des verbes en ier, formes qui n'apparaissent dans aucune des laisses assonant en i. e de la première partie (voy. plus loin, p. xj , notre tableau des assonances) : esclairic (v. 5383), baptisie (v. 6523), laidengie (v. 8127), etc. Nous ne voulons pas dans cette Introduction passer en revue la phonétique, la flexion et la syntaxe de la langue de YAiol ; cette étude nous entraînerait trop loin, et ne nous apprendrait que peu de chose, car les règles bien connues de l'ancienne langue se retrouvent ici comme ailleurs. Signalons cependant les notations habituelles au X AIOL copiste de ng pour gn et de ss pour s, et remarquons que même dans les vers de 12 syllabes, les substantifs mascu- lins de la 3e déclinaison latine qui n'ont pas d\s en latin, ne prennent pas encore 1'.? au cas sujet du singulier ; c'est ainsi par exemple, qu'en dépit du scribe, au v. 6808 la mesure exige 1ère et non pas leres. A propos de cas sujet singulier, nous avons noté le mot enperere, enpereor (voy. le Gloss.), dont les deux formes semblent indistinc- tement s'employer au sujet et au régime. Disons enfin que nous ne croyons pas utile de rappeler ici les différences principales du français et du picard : les formes cemin (kemin) pour chemin, lanche pour lance, saus pour sous, li et le pour la, sont connues de tous, aussi bien que les indicatifs et les subjonctifs terminés par une gutturale. IV Versification du poème. i° Assonances. — Notre poëme contient environ 11000 vers tous assonants, disposés en 286 laisses ou tirades monorimes de longueur tout à fait variable, que nous rangeons à leur lettre d'assonance dans le tableau suivant4 : a — 1 3, 37, 118, 141, 144, 146, i5i, 175,227, 282. a. e — 2, 44, toi, 142, 161, 2i5, 224, 228, 23i, 236, 238, 240, 248, 254, 268, 2 7 5. 1. Les chiffres de ce tableau correspondent à la numérotation des laisses dans notre édition; les chiffres en italique se rappor- tent aux vers de 12 syllabes, les chiffres ordinaires aux vers de 10 syllabes. Aior, X) ai — 12, 76. an, en' — 10, 61, 64, 70, 82, 95, io5, 109, 121, 148, i5o, 162, ij3, 180, ig3, 2o3, 207, 21 g, 232, 262, 2J0. an.e, en.e — 56, i33, 222, 225, 23g. au — 170. é — 4, 9, 18, 20, 22, 26, 28, 3o, 33, 40, 5o, 53, 57, 59, 62, 67, 91, 99, 107, 123, 12g, 140, 147, i56, i65, i6g, 176, 182, igg, 2i3, 220, 2J?o, 2J7, 241, 245, 25g, 261 , 263, 267, 272, 274, 278. è2 — 65, 112, 120, 125, i35, 14g, 157, ig7, 218. é.e — i5, 19, 23, 35, /J7, 200, 266, 277, 280. è.e — 52, 55, 1 36, 166, ig5, 206, 216, 257, 26g, 27g, 283. i — 1, 17, 21, 36, 54, 58, 72, 78,83, 87,93,97, 100, io3, 106, 110, 116, 122, 127, i3g, i53, 178, i83, 186, 204, 210, 221, 22g, 246, 25o, 264, 273, 276. ié— 8, 14, 16, 25, 29, 34, 3g, 41, 43,47, 51,69,73, 90, 92, 98, 102, //5, 1 ig, 145, i52, i54, 164, 168, 172, 174, 181, i85, 187, i8g, igi, ig6, 20g, 2/2, 214, 247, 24g, 25i, 2Ô5, 271, 285. i.e — 3,7, 11, 27, 45, 60, 66, 68, 88, 128, i3o, i38, i55, 160, 167, 188, ig2, 217, 223, 253, 256, 2 58, 260, 284, 286. 1. Les assonances en an et en, comme celles en an.e et en.e, sont absolument confondues. 2. Nous n'avons pas trouvé une seule assonance en è, non plus qu'en è.e, provenant d'un i latin en position latine ou romane ; cf. à ce sujet Romania, IV, 499. xi) ak)l ié.e — 71, i(j4. 6—5, 32, 38, 42, 46, 49, 63, 74, 79, 84, 96, 104, 114, 7/7, 124, i58, 17 /, /go, 2o5, 2o#, 226", ô — 77, 81, i34, 235. ô.e — ig8, 242. ô.e — 244. oi — 6, 80, 86, 89, 94, 108, u3, i5g, 777, /&/, 202, 234. U — 24, 48, 75, 85, III, /j?2, l63, 201, 211, 252, 255. u.e — 3i, 726", î3i, 14J, iyg, 243. On peut voir d'après ce tableau que le nombre des asso- nances masculines est de beaucoup supérieur à celui des assonances féminines ; la remarque de M. G. Paris [Et. sur le rôle de l'accent lat., 11 5-6) est donc une fois de plus justifiée. Les laisses masculines sont aussi les plus longues, la 168e entre autres, en ié, ne compte pas moins de 540 vers. En même temps que moins nombreuses, les laisses féminines sont les moins longues ; nous cite- rons celle en ô.e, la 244e, qui ne contient pas plus de 5 vers. Nous avons déjà eu l'occasion de parler des deux parties distinctes qu'il faut admettre dans YAiol; pour la versifi- cation comme plus haut pour la langue, ces deux parties sont différentes. C'est ainsi qu'avec les vers de 12 syllabes l'allure de la versification change, Fauteur emploie dès lors des formes qui n'avaient point paru jusque-là, comme les assonances en ô.e, le besoin de la rime commence à se faire sentir, et l'on peut trouver des laisses masculines où, sauf une ou deux assonances, la rime domine partout aiol xiij (voy. les laisses 261e en e, 262e en an et 274e en er) ; en un mot Ton voit que cette partie de l'œuvre est moins ancienne que la précédente, et que les procédés de versifi- cation, la rime entre autres, qui se feront bientôt jour, apparaissent déjà, tandis qu'on ne pouvait même les soupçonner dans la première partie. Les laisses similaires, répétées souvent jusqu'à trois fois, sont nombreuses dans notre poëme. La plupart, croyons- nous, doivent être attribuées à la double rédaction; les autres se justifient d'elles-mêmes par l'intérêt qu'offre le passage. C'est à ces dernières que nous rattacherons l'épi- sode tout à fait heureux d'Aiol rendant à son père ses armes et Marchegai (v. 8278-97), absolument opposés en cela à Fauriel qui s'appuie sur ce passage pour soutenir sa théorie de la double rédaction'. Voici d'ailleurs les principaux couplets similaires de la chanson : i° Adieux d'Élie et d'Avisse à Aiol (v. 180, 322 et 492); 2" Prière d'Aiol en quittant ses parents (v. 56 1 et 588) ; 3° Episode du ribaud prenant Marchegai par la bride (v. 911 et 1021) ; 40 Prière d'Aiol à Sainte-Croix (v. 1899 et 1914) ; 5° Supplication de Lusiane pour empêcher Aiol de se rendre au tournoi d'Orléans (v. 2418 et 2450) ; 6" Altercation entre Aiol et Makaire (v. 4209 et 4235) ; 70 Prière d'Aiol quand il est saisi par un serpent (v. 6i83 et 6218); 8° Reproches de Lusiane à Mirabel (v. 8o3i et 8045) ; 1. Origines de l'épopée chevaleresque {Revue des Deux-Mondes, VII, 566-8); cf. aussi V Histoire de la poésie provençale, II, 29a ss. XIV A.IOL 9° Tentative d'assassinat de Makaire sur Aiol dans la prison de Lausanne (v. 8709 et 8748) ; io° Mirabel refuse d'abjurer le christianisme [v. 9672, 9679 et 9702). 20 Rhythme. — Pour les assonances, de même que pour la disposition des laisses, notre chanson n'offre vraiment rien de particulier; il n'en est pas de même pour le rhythme. Le poëme, à ce point de vue, se divise bien nettement en deux parties, Tune composée en vers de 10 syllabes, l'autre plus moderne, en vers de 12. Pour le dodécasyllabe, point de difficulté : le repos tombe après la sixième syllabe, et les règles ordinaires de la versification du xnie siècle sont suivies. Pour le déca- syllabe, au contraire, notre chanson présente la particula- rité d'avoir le repos après la sixième syllabe, et non pas, comme cela a lieu d'ordinaire, après la quatrième. Diezest le premier qui, dans ses Altromanische Sprachdenkmale (p. 89), ait à propos de Girart de Roussillon attiré l'atten- tion sur ce rhythme singulier. Il ignorait qu'il eût été employé dans Y Aiol; « en dehors de Girart de Roussillon, » dit-il, « cette modification du décasyllabe ne se rencontre à ma connaissance que dans le poëme burlesque d'Au- digier ', pastiche comique de la forme et de l'expression épiques sur un sujet trivial et de proportions infimes, pas- tiche moins remarquable par lui-même que par l'emploi de cette espèce de vers épique. » Ajoutons aussi que ce rhythme se remarque dans le Jeu Saint Nicolas, S'aies saint Nicolai en remembranche, 1. Publié par Méon, Fabl. et cont., IV, 217-33. AIOL XV Ne te couvient avoir nule doutanche, Sains Nicolais pourcache ta delivranche. Se tu l'as bien servi de si a ore, Ne te recroire mie, mais serf encore... (Monmerqué et Fr. Michel, Th. fr. au mqy.-âge, p. 199-200), et dans un certain nombre de romances françaises, celle entre autres commençant par ces vers : Lou samedi a soir fat la semainne : Gaieté et Oriour, serors germainnes... (Bartsch, Chrest. de lanc.fr., éd. 1866, 49); voy. aussi G. Paris, Et. sur le rôle de Vacc. lai., 1 1 1-2. On le voit, les exemples de ce rhythme sont rares ; faut- il pour cela, comme l'a pensé M. P. Meyer, en s'appuyant sur le fait que le Girart de Roussillon est antérieur aux autres poèmes, donner à cette forme de vers une origine méridionale ? La question a avancé depuis le jour où, en parlant de l'opinion qui attribue une origine méridionale au vers décasyllabique dont le repos est après la sixième syllabe, M. P. Meyer disait dans la Bibl. de l'Éc. des Chartes (XXII, 42) : « Cette opinion, toute probable quelle est..., peut être renversée par la découverte de quelque texte français écrit dans ce mètre et antérieur au Girart. » Aujourd'hui l'ancienneté constatée de ce rhythme en français comme en provençal ne permet guère de con- clure en faveur de son origine méridionale. Cette particularité du repos après la sixième syllabe dans le décasyllabe n'est pas la seule que nous ayons à remar- quer dans YAiol : il en est une autre qu'il nous faut expliquer. Un certain nombre de vers décasyllabiques — nous ne nous occupons que de ceux-là — semblent au premier abord ne pas être coupés comme les autres et, au XVJ A10L contraire, avoir comme d'ordinaire le repos après la qua- trième syllabe ; ces vers sont les suivants : Si n'ai apris mes armes a porter v. 282 Ja ne venra en tere n'entre gent 355 Armes as tu molt boines, molt m'agrée 524 Car molt avoit grant pieche, nés senti 627 Ensamble avoec ces moines demorés 83o Puis desloia les moines par bonté 872 Mais molt par a le chiere bêle et clere 907 Tant soit et fors et jovenes bachelers 1090 Tramis li fu de Rome par chierté n 80 Donc prist Aiols ses armes, s'est armés 1256 Del feure l'a sachie bêle et clere 1 5 1 7 Or fu Aiols li enfes el moustier 191 1 De che serviche avoie grant mestier 2072 Qui vos ossast respondre tant ne quant 2721 Que on trovast en Franche qui est grant 2731 Or ne lairai por home desosiel 2940 N'encaucherai mais home desousiel 294-5 Aiols ot pris le conte par vigor 3359 Car me guerre est finee, Dieu merchi ^444 Ne devés pas vos homes mal baillir ^464 Tant qu'avrai fait batailles et tornois 3533 Quant li borgois l'entendent, s'en sont lié 3747 Qu'il sera rois de France poestis 3817 Fieus a putain, parjures, Dieu mentis 3823 Aiols a pris cent livres d'orlenois 3842 Que vous ares tout quite vo pais 3g39 Et li mes est en France repairiés 3943 Et un anap de madré d'un sestier 4042 Par mon cief, » dist Makaires, « je l'otri 4253 Un grant arpent de terre mesuré 431 1 Ens es parens Makaire s'est mellés 444-5 Et laisast moi ma terre, bien feroit 4535 De Dameldé le père glorious 49^5 AIOL XVI) Tous ces vers ont-ils leur coupe après la 4e syllabe, con- trairement à ce qui a lieu dans le reste de la chanson, ou bien doivent-ils être corrigés comme nous l'avons fait dans notre édition jusqu'au vers 2945 inclusivement? Ni Tune ni l'autre de ces hypothèses ne nous satisfait maintenant, et nous pensons qu'ils doivent rester tels que nous les avons transcrits ici. Il faut alors adopter une autre coupe, que nous rencontrons souvent dans la poésie italienne, que de nos jours, en provençal moderne, Mistral a em- ployée avec succès (Armana prouvençau, 186 3, p. 36), mais dont l'ancienne littérature provençale ne nous offre aucun exemple : le repos en ce cas est toujours après la 6e syllabe accentuée, mais le second hémistiche commence parla dernière syllabe muette du mot précédent, comptant alors dans levers pour une syllabe accentuée. On scandera donc de cette façon : Si n'ai apris mes ar-mes a porter Ja ne venra en te-re n'entre gent Armes as tu molt boi-nes, molt m'agrée, etc. Nous trouvons une preuve bien évidente que ces vers ne doivent pas être corrigés dans leur multiplicité; il est impossible de supposer que le copiste se soit trompé si souvent; de plus, il serait remarquable qu'il n'eût jamais commis d'erreurs que dans des vers où le 2e hémistiche peut commencer par la dernière syllabe muette du mot terminant le premier. Les vers suivants qui, eux aussi, ne sont pas pareils aux autres vers du poëme, et qui en outre ne sauraient être coupés après la 4e syllabe, apportent une preuve nouvelle à l'appui de ce que nous avançons; ces vers, eux non plus, ne doivent pas être corrigés et se scandent ainsi : b XV11J AIOL Prestre, moigne, canoi-ne, clerc lissant v. 385 Por Dieu n'obliés mi-e vostre mère 533 Matines et compli-e canterés 83 1 Les resnes en sont rou-tes, mais boins fu 923 Borgois et damoise-les et mescines 1064 Vavassor de la te-re, gentiex hom 1370 Amis, engenré fu-mes tout d'un père 1504 Al port et al droit av-ene m'amena 1 604 Dameldé, » dist il, « pe-re droiturier T9H Et dames et puche-les et garchon 2042 Quir nous bars et angil-les et saumons 21 01 Sambler li poroit fe-me de valor 2108 Ilorent cleres ar-mes et poignons 236o Et crient lor ensei-nges a haut ton 2364 Ch'ert une pautonie-re mesdisant 2657 Né furent de Borgo-nge, la devant 2659 Mais ne set que respon-dre tant ne quant 2715 Vasal, vous n'estes mi-e trop sachant 2725 Cil borgois m'escarni-sent, bien le sai 3o8i Quant il si par tans mai-ne tel barné 4381 Ces vers, réunis à ceux que nous avons déjà cités précé- demment, prouvent amplement que nous avons affaire ici à une coupe différente de celle qui est employée dans le reste du poëme, coupe qui, nous l'avons dit, existe en italien et n'a pas lieu de nous surprendre en français. Citons en terminant quelques rares vers où la coupe semble nécessaire après la 4e syllabe : Ne félonie, traison porpenser v. 309 Vos chevaus est maigres et descarnés 1 156 Mais il est si povres et desnués 1207 Car il n'estoit ivres ne estordis 2781 Dieus, » dist il, « père qui tout as a baillier 2828 Teus m'escarnist ore dont me vengrai 3o85 Fols fu et fel et malvais losengiers 3548 AIOL XIX Ces vers peuvent pour la plupart être corrigés et rame- nés à la forme ordinaire de coupe après la sixième syllabe ; en tout cas leur petit nombre ne saurait infirmer ce que nous venons de dire. Origine et date du poëme. Nous abordons maintenant la question difficile des sources et du développement de notre chanson. Nous l'avons remarqué déjà dans tout ce qui précède, YAiol est divisé en deux parties qui ne se ressemblent nullement : comme composition, Tune est vive, originale; l'autre au contraire se traîne dans les hors-d'œuvre habituels à l'épo- pée du xrne siècle ; comme langue, l'une est écrite en fran- çais, l'autre en picard; comme versification, l'une est en assonances bien caractérisées; l'autre, quoique assonancée, a déjà une tendance à la rime; comme rhythme enfin, l'une est en décasyllabes, l'autre en dodécasyllabes. La différence est donc bien établie : d'où provient-elle ? Si nous examinons de près chacune des deux parties, nous verrons facilement que la seconde présente tous les carac- tères d'un remaniement ; la chanson primitive se trouve en analyse dans les vers que nous avons déjà cités (v.396- 428) ; le cadre que présente cette analyse est suivi fidèle- ment tant que durent les vers de 10 syllabes; une fois au contraire que le poëte écrit en dodécasyllabes, il se perd en développements oiseux et oublie même de faire rois les deux fils d'Aiol, comme l'annonçait le vers 427 : Encore seront roi li doi enfant. XX AIOL Nous avons donc sous les yeux une chanson remaniée, au moins pour la partie qui est en vers de 12 syllabes, et la partie en vers de 10 syllabes représente l'œuvre première que le remanieur a épargnée ou peu changée. Maintenant jusqu'où est allée l'imitation du poëme pri- mitif en vers de 10 syllabes? En n'usant plus du rhythme, le remanieur a-t-il cessé d'imiter le poème, ou bien, reje- tant le rhythme seul, a-t-il continué son imitation en dodécasyllabes? L'étude de la chanson répond à cette question. Si nous observons en effet les passages précédant celui où le décasyllabe est abandonné définitivement (v. 5367), nous verrons que le poète semble avoir hésité entre les deux rhythmes1. C'est ainsi qu'au vers 5337, il reprend le rhythme décasyllabique, pour le quitter bientôt (v. 5368); certains vers mêmes de 12 syllabes sont intercalés çà et là au milieu de décasyllabes [cf. v. 5339 et 5352). A partir du vers 5367, le remanieur est libre, il se livre tout entier à son inspiration, et l'on sent qu'il fait alors œuvre d'auteur : le poëme, jusque-là plein de détails personnels, de noms de lieux précis, de mots intéressants et familiers, devient terne, banal, impersonnel, et la géogra- phie fantaisiste du trouvère se donne libre essor ; enfin nous voyons apparaître des allusions à des faits contemporains tels que la prise de Constantinople qui dans YAiol est représentée par Pampelune. Ce mélange de rhythmes2 et les 1. Nous rappelons ici que dans notre tableau des assonances (p. x-xij) nous n'avons mis en italique que les chiffres des laisses en vers de 12 syllabes. 2. Nous retrouvons ce mélange de rhythmes dans le poème de l'Entrée en Espagne, qui contient même certaines laisses où les vers de 10 et de 12 syllabes sont confondus. AIOL XX] autres considérations que nous avons invoquées nous per- mettent donc de dire que l'auteur de la chanson, telle que nous la publions, avait sous les yeux un poème primitif en vers de 10 syllabes, dont il a changé le commence- ment, voulant le faire rentrer dans le cadre des chansons de geste du temps, et employer les formules ordinaires (injures à l'adresse des autres jongleurs, appel à l'attention des auditeurs, etc.), dont il a conservé une partie, dont il a imité une autre, se réservant dans le cours et à la fin de l1œuvre la faculté de modifier et d'allonger ce qui lui con- viendrait, et surtout d'ajouter ce qui pourrait plaire au public de l'époque. Nous savons déjà que ce remanieur était picard, l'étude de la langue ne laisse aucun doute à cet égard ; nous croyons aussi qu'il n'est guère possible d'hésiter sur la nationalité de l'auteur du poème décasyllabique. Cet auteur était évidemment natif du centre de la France ; la connaissance qu'il montre de l'Orléanais et du Berry, les détails dans lesquels il se complaît en parlant de Poitiers et d'Orléans, l'exactitude absolue de l'itinéraire de notre héros dans cette partie de la France, l'identification possi- ble de toutes les localités, tout cela, joint au caractère du dialecte qui peut appartenir à ces pays, nous conduit à considérer l'auteur du poème décasyllabique comme un habitant du centre de la France. Mais ce poète n'a-t-il pas eu lui-même sous les yeux une chanson plus ancienne encore, qu'il aurait le premier imitée ? C'est ici que se pose la question de Y Aiol provençal. Ce poème provençal dont Fauriel a supposé l'existence, puisqu'il a rangé Y Aiol au nombre des chansons proven- XXI) AIOL cales perdues1, nous semble inadmissible. Un des princi- paux arguments de Fauriel en faveur de sa thèse est l'allu- sion faite au héros du poëme dans un Ensenhamen de Guiraut de Cabrera, troubadour vivant à la fin du xne siècle. Parlant de plusieurs chansons, le poète nous dit : Conte d'Arjus Non sabes plus Ni del reprojer de Marcon. Ni sabs àCAiol^ Com anet solz, Ni de Makari lo félon, Ni d'Anfelis, Ni d'Anseis, Ni de Guillelme lo baron... (Bartsch, Chrest. prov., éd. 1868, p. 82.) Rien ne prouve ici que Guiraut fasse allusion à un poëme provençal, et sans aller aussi loin que M. L. Gau- tier [Ep. fr., I, 106) et vouloir supposer une canti- lène d'Aiol antérieure à la chanson, nous croyons que Guiraut de Cabrera citait la chanson française à côté d'autres aussi qui ne semblent pas avoir existé en pro- vençal. Une nouvelle allusion à YAiol se rencontre du reste dans un autre troubadour; mais, non plus que la précédente, elle ne nous démontre l'existence d'une chan- son provençale ; ce passage, dont nous devons la commu- nication à l'obligeance de M. P. Meyer, se trouve dans Raimbaut d'Orange, mort en 1173. Ce comte-poète nous dit dans une chanson : Soven pes c'aillor mi derga; E pois Amors ten sa verga r. Hist. de la poésie prov., III, 424. AIOL XXllj Quem n'a ferit de greu pois, Can ditz que mais nom n'aerga, Qu'eu non sui escarnitz sols, Qu'escarnitz fon ja 'n Aiol%. (Mahn, Gedichte..., II, 219, dcxxiv, 4e couplet.) Ici encore, dans l'allusion faite aux moqueries dont Aiol a été victime, nous reconnaissons notre chanson française, qui par cela même devait déjà exister avant 1 173 ; assertion que ne contredit nullement le caractère de la langue du poëme décasyllabique. Faut-il voir un argument en faveur del\A/o/ provençal dans le rhy thme de ce poëme ? Mais nous savons que la coupe après la 6e syllabe n'est pas exclusivement propre à Girart de Roussillon, et qu'elle peut par conséquent s'appliquer aussi bien au français qu'au provençal. Nous arrêterons- nous aux mots donar et pecat introduits dans le texte et à l'assonance? Remarquons que dans ces passages le poëte donne la parole à un Lombard et qu'il a la prétention de faire de la couleur locale; nous en trouvons la preuve dans le mot pecat qui, n'étant pas à l'assonance, aurait tout aussi bien pu être remplacé par pechié. Un autre argument est tiré de l'origine même du héros. Aiol, nous dit-on, est fils d'Élie de Saint-Gille, en Pro- vence ; il doit donc avoir inspiré tout d'abord un poëte du même pays; quel intérêt, du reste, un trouvère du centre de la France pouvait-il avoir à prendre pour héros d'une chanson un personnage du midi ? Nous reviendrons plus tard' sur le lieu de la naissance d'Aiol; occupons-nous en ce moment de sa filiation. Or, rien ne nous dit dans le 1. Voir notre chapitre suivant. XXIV AIOL poëme que notre héros soit fils d'Elie de Saint-Gille, nous voyons bien qu'il a pour père un Elie et pour mère Avisse, mais aucun ' vers, aucun mot, ne nous parle de Saint-Gille. Ce n'est qu'à la fin du poëme d'Élie de Saint-Gille'2 que le trouvère, qui a cru devoir rattacher entre elles les deux chansons, invente une filiation qui ne se retrouve pas dans la version islandaise de YElissaga dont l'analyse a été donnée par M. Kœlbing3, et qui présente un caractère plus ancien, n'étant pas trop éloi- gnée cependant de notre poëme, puisqu'on y parle déjà du roi Arthur. En dehors de cette queue ajoutée au roman d'Elie de Saint-Gille pour le rattacher à YAiol, les deux chansons n'ont aucun lien commun, et le trouvère picard qui a réuni ces deux poëmes a sans doute été guidé par la ressemblance des noms d'Elie, père d'Aiol, et d'Elie de Saint-Gille, héros de la chanson dont YHist. littéraire a donnél'analyse (XXII, 423 ss.). Mais quel est donc cet Elie, père d'Aiol? Un passage de Baudouin d'Avesnes4 nous ré- pond à cet égard. Nous lisons en effet dans ce chroniqueur, mort en 1289 (Panth. litt. Chr. de Flandres, p. 646), ce qui suit : « Avisse {éd. Anissel, la fille du roy Charles le Calve fut donnée en mariage à Elye, comte du Mans, lequel fut encachiet de France par trayteurs. Et de celuy Elye et Avisse sa femme yssit Aioul leur fils, de quy on a maintes fois chanté; et dient encore pluseurs pour le pre- 1. Nous trouvons à l'extrême fin d'Aiol la mention de St-Gille ; cest ici encore un artifice du remanieur des deux chansons. 2. Ce poème, le même que celui de Julien de St-Gille cité plus haut comme faisant partie du ms. 255 16, sera publié prochaine- ment par la Société des Anciens textes. ?. Beitrœge %ur vergleichenden Geschichte... 1876, p. i3i. 4. Nous devons cette indication ;'s M. A Longnon. AIOL XXV sent, quant il voient quelque personnage de povre et de méchante et petite venue, ainsi comme par mocquerie : Vêla un bel Aioucquet! » Ce passage de Baudouin d'Aves- nes, qui confond dans un même siècle Hélie, comte du Maine, mort en 1 1 10, et Charles le Chauve, et qui semble avoir surtout été inspiré par la chanson, ne paraît pas tout d'abord mériter grande confiance ; mais si nous remar- quons qu'Hélie, dit de la Flèche, comte du Maine en 1090, porte le même nom qu'Élie père d'Aiol; que le Maine, sa patrie, est précisément un des pays du centre où nous avons cherché à retrouver le berceau du poëme, que, comme Elie père d'Aiol, Hélie a été dépouillé de ses biens (par Robert duc de Normandie, 1090-6), et a passé tout le reste de sa vie jusqu'en 1 1 10 à se défendre contre Guillaume d'Angleterre et Robert de Bellême 1 ; que les hautes qualités qu'Orderic Vital lui prête sont aussi attri- buées à Elie père d'Aiol; nous serons en droit de conclure que les deux Hélie n'en font qu'un, et de supposer la for- mation d'une légende qui aurait eu pour héros le comte du Maine; ses malheurs, sa captivité en Angleterre, sa bonté, sa bravoure, les nombreux combats qu'il soutint toujours dans le même pays, suffisaient à le rendre populaire et expliquent qu'il ait pu se créer sous son nom, ou plutôt sous le nom d'un fils que le poëte lui suppose, un poème où, vus à distance, les événements perdent de leur préci- sion historique, où Louis le Gros se transforme, suivant les lois ordinaires de l'épopée carolingienne, en Louis le Pieux, fils de Charles le Grand, et où enfin le personnage historique principal, Hélie, fait place à un héros légen- daire, Aiol, autour duquel gravite l'action. 1. Voy. V Art de vérifier les dates, in-8°. XIII, ijy-ioi. XXV] aiol Telle a dû être, pensons-nous, l'origine de la chanson à' Aiol. Depuis mo, année de la mort d'Hélie, la légende a dû se former, se développer pendant près d'un demi-siècle, et alors, vers 1160, un trouvère aura réuni tous les éléments épars de cette petite épopée et aura créé Y Aiol tel que nous l'avons, ou plutôt tel qu'il était en décasyllabes, avant que le remanieur picard du xrne siècle ne lui eût enlevé son caractère local et particulier, pour essayer d'en faire une chanson de geste comme toutes les autres, cousue tant bien que mal à un autre poëme, Y Elie de Saint-Gille, qui n'a aucun rapport avec Y Aiol. C'est ici le cas d'ajouter que le personnage d'Avisse n'existe pas dans YElissaga, dans laquelle Élie épouse Rosemonde; le trouvère pour relier ses deux poëmes n'a trouvé rien de mieux que d'ajouter à la fin de son Élie un empêchement au mariage de son héros et de Rosemonde, et d'introduire alors le personnage d'Avisse qui sert de trait d'union entre les deux chansons1. Ce que nous avons dit plus haut nous permet de fixer comme date extrême à notre poëme le milieu du xire siècle, et la langue que nous y remarquons présente tous les caractères de cette époque ; à quel moment faut-il fixer la date du remaniement? Sans aucune raison apparente, sans même chercher une transition, au milieu de son récit, le poète se livre brusquement à la boutade suivante (v. 1698 ss.) : Baron, a icel tant dont vous m'oés conter N'estoient mie gens el siècle tel plenté : Li castel ne les viles n'erent pas si puplé Com il sont orendroit ; ja mar le mesquerés... 1. Cf. Kœlbing, loc. cit., p. 1 3 1 . ArOL xxvij Nus hom ne prendoit feme, s'avoit .xxx. ans passé Et la pucele encontre aussi de bel aé... Mais puis est avarisse et luxure montés, Mavaistiés et ordure, et faillie est bontés... On fait mais .ir. enfans de .xrr. ans asanbler : Prendés garde qués oirs il peuent engenrer!... M. P. Paris [Hist. litt., XXII, 287) voit dans ces derniers vers une allusion au mariage de Louis, fils de Philippe- Auguste, avec Blanche de Castille, tous deux âgés de treize ans à peine. Ce passage, qui ne se lie en rien au récit et après lequel le poëte reprend le fil de sa narration, Aiols li fiex Elie fu durement penés, aurait donc été inspiré par des événements tout récents et dont l'esprit public était encore ému. Or, c'est en 1200 (2 3 mai) que ce mariage eut lieu; ce serait donc peu après cette époque qu'il faudrait placer la date de notre remaniement. Quelque vraisemblable qu'elle soit, cette première preuve n'est pas concluante, car ces plaintes contre les mœurs du siècle, cette critique des mariages trop jeunes peuvent avoir été provoquées par d'autres événements ; mais en voici une qui nous semble plus solide. Dans la dernière partie du poëme, c'est-à-dire celle qui se passe depuis le mariage d'Aiol avec Mirabel jusqu'à la fin, on voit Aiol à la cour de Grasien, roi de Venise, l'aider à reconquérir Salonique contre le roi Florient. L'allusion est évidente : derrière le roi Grasien on devine le doge de Venise, Henri Dandolo, qui sut si bien faire servir par l'armée croisée les intérêts de la Sérénissime République lors du siège de Zara ; derrière le personnage du roi Florient, il nous est facile aussi de reconnaître Joannice, ce roi des Bulgares XXVllj AIOL qui lutta si longtemps contre les croisés. Nous voilà donc, par cette constatation, légèrement avancés dans le xnie siècle. Une dernière observation nous fera placer après 1 204 la date cherchée. C'est que pour nous il y a dans la prise de Pampelune par les Français et les Vénitiens réunis, récit qui termine la chanson, une allusion manifeste à la prise de Constantinople (12 avril 1204). Laissons, pour n'être pas trop affirmatifs, une période de dix ans s'écouler, et la date de notre remaniement en vers de 12 syllabes viendra se placer entre 1205 et 121 5. VI Cycle auquel appartient le poème. Le poëte du xrne siècle nous dit, en parlant d'Aiol aux v. 69-73, Puis fu il chevaliers coragous et ardis, Et si rendi son père tout quite son pais, Et Dameldieu de gloire de si boin ceur servi, Quant vint après sa mort que en fiertre fu mis : Encor gist a Provin, si con dist li escris, et plus bas au v. 6041, Tant rist Aiols en tere que il est sains el ciel. Le trouvère a évidemment l'intention de ne faire qu'un seul et même personnage de notre héros et de S. Aioul, que l'Église catholique honore le 3 septembre. Mais il est facile de voir qu'il n'y a là qu'une invention de remanieur, car d'un côté ces deux allusions au saint ne se trouvent que dans le poëme dodécasyllabique, et de l'autre aucun détail de la chanson ne peut servir à identifier les deux personnages. AIOL XXIX Rien en effet de commun entre Aiol et S. Aioul, comme le montrera une courte analyse de la vie de ce saint qui nous a été laissée par deux ouvrages principaux portant les titres suivants (AA. SS. Sept., I, 728 ss.) : i° Vita, auctore incerto, ex ms. bibliothecaeConstantini Cajetani (loc. cit., 743 ss.) ; 20 Vita altéra, auctore Adrevaldo1 monacho Floria- censi, ex ms. Rubeae Vallis2 (loc. cit., 747 ss.). D'après ces deux ouvrages, qui la plupart du temps con- cordent entre eux, S. Aioul est né à Blois3vers 63o, sous le règne de Dagobert. Entré de bonne heure à l'abbaye de Fleuri, il fut chargé par l'abbé Mummolus d'aller au Mont Cassin chercher les reliques de S. Benoît''. Après 1. Adrevald, moine de Fleuri, composa plusieurs ouvrages restés célèbres au moyen-âge. Il vécut de 820 à 878 ; telles sont du moins les dates extrêmes de sa vie qui sont fixées par l'auteur de la notice de l'Histoire littéraire, V, 5 15-7. 2. Il est bien probable que pour composer son histoire, Adrevald s'est servi de la première vie ; c'est du moins ce qui paraît résulter et de la forme même des deux vies, et surtout de ces mots « cujus etiam passio apud nos habetur », qui dans la bouche d'Adrevald sont une allusion à un ouvrage antérieur qui n'est autre que cette vie de S. Aioul sans auteur connu. 3. Nous savons que l'action du poëme primitif se passe dans le centre de la France ; d'autre part S. Aioul est né à Blois : c'est sans doute ce rapprochement qui a conduit le remanieur à identi- fier Aiol et S. Aioul. M. H. Suchier tout dernièrement (Jenaer Literatur\eitung, 1877, 44) semble admettre comme vraie cette identification. 4. Cette translation du corps de S. Benoît a été fort contestée et a donné lieu à des controverses souvent intéressées, surtout entre Français et Italiens. Est-ce le corps tout entier ou seulement une partie qu'on a enlevé ? L'âge de S. Aioul permet-il de supposer qu'on ait pu le charger d'une mission aussi grave ? Par suite, est- ce bien à lui qu'il faut attribuer cette translation, si tant est qu'elle ait eu lieu ? Telles sont les questions qui se sont élevées à ce pro- XXX AIOL l'accomplissement de cette mission, il devint abbé de Lérins vers 670; mais bientôt victime d'une sédition de moines, il eut après mille aventures les yeux percés et la langue coupée, et subit le martyre probablement entre 675 et 681. Les deux vies nous apprennent aussi que le corps de S. Aioul fut transporté d'abord à Lérins, puis à Pro- vins en Champagne, à la demande des moines de cette ville. Aujourd'hui encore il existe à Provins une église placée sous l'invocation de S. Aioul, abbé de Lérins ; le chef et quelques autres parties du corps du martyr y sont conservés f. Tel est le personnage que le trouvère voudrait identifier avec Aiol, le héros de notre poëme; mais où que l'on cherche, soit dans l'ensemble, soit dans les détails, on ne trouve aucun rapport, quelque léger qu'il puisse être, entre le moine Aioul, fils de parents de pauvre condition, et le jeune chevalier Aiol, fils du comte Élie. Nulle analo- gie entre ces deux vies dont l'une se passe dans l'accom- pos. Elles ne sont pour nous que d'un médiocre intérêt. L'exposé en est donné dans les Acta (Sept., I, 733-6). 1. Deux autres ouvrages dans les Acta traitent des reliques de S. Aioul et des miracles qu'elles ont opérés, ce sont : i° Inventio reliquiarum S. Aigulphi, auctore anonymo, ex antiquis membranis Herovalii ; 2° Miracula, auctore anonymo, ex codice ms. D. Hero- valii. Ajoutons qu'on trouve aussi des renseignements sur S. Aioul dans le Martyrologe parisien et dans le Martyrologe romain qui s'exprime ainsi : « Eodem die, natalis sanctorum martyrum Aigul- phi, abbatis Lerinensis, et sociorum Monachorum qui, praecisis linguis oculisque effbssis, gladio obtruncati sunt. » Le Martyro- loge parisien nous dit : « in Amatuna insula prope Sardiniam S. Aigulphi, abbatis Lerinensis, qui ob zelum disciplinae regularis e monasterio ereptus, praecisa lingua et effbssis oculis trucidatus est, cujus reliquiae Provini in Bria in S. Medardi ecclesia, cui et nomen dédit, asservantur. » (Voy. AA. SS. Sept., I, 743 E.) AIOL XXXJ plissement des devoirs religieux et le paisible recueillement d'un cloître, l'autre au milieu de luttes continuelles et de voyages incessants ; l'une qui représente la vie d'un saint moine au moyen-âge, l'autre celle d'un preux et vaillant chevalier. On admettra donc facilement avec nous qu'il faut dis- tinguer tout à fait Aiol de S. Aioul, et qu'un caprice seul du remanieur a introduit dans le poëme ces deux allusions uniques au moine de Fleuri. Nous ne saurions donc nous ranger à l'opinion de M. P. Paris qui, dans sa notice de YHistoire littéraire, prétend que « li escris, » dont parle le poète au vers 73, est la légende composée par Adrevald au ixe siècle, que le trouvère aurait connue et imitée: nous connaissons ce procédé si commun aux poètes du xme siècle, qui pour donner plus d'autorité à leurs récits ne manquent jamaisd'invoquer le témoignage d'une chronique imaginaire1; et nous ne verrons ici qu'un artifice littéraire que l'auteur n'a même pas eu la prétention de déguiser. C'est du reste un procédé du même genre qui a poussé le remanieur à rattacher au poëme à' Aiol celui d'Elie de Saint-Gille dont il est tout à fait indépendant, comme nous l'avons vu plus haut; il lui a suffi pour cela de modifier le dénouement du poëme d'Elie, d'introduire à la fin le personnage d'Avisse qui n'avait pas paru jusque là, et de terminer par ces quelques vers qui soudent les deux chansons l'une à l'autre : 1. Le rcmanieur reproduit cette formule au v. 68, en parlant de l'origine du nom d'Aiol : L'apela il Aioul : ce trovons en escrit. II ne peut être ici question d'une vie de saint, puisque les Acta ne font aucune mention de ce fait à propos de S. Aioul. XXXI) AIOL D'Elie vint Ayous si con avant orés. Ichi faut li romans de Julien le ber Et d'Elye son fil qui tant pot endurer. Cil engenra Aioul qui tant fist a loer, Si con vous m'orés dire, sel volés escou ter1. Ceci fait, les deux poëmes formaient dès lors à eux seuls un petit cycle, et c'est ainsi qu'ils ont été classés par M. Fauriel 2. Mais ce notait pas assez : nous savons qu'au commencement du xme siècle, à cette époque de notre poésie que M. d'Héricault a appelée l'époque cycli- que, Ton s'efforçait de faire rentrer dans les trois grandes gestes (du Roi, de Doon de Mayence et de Garin de Monglane) établies dès les premières années du xuie siècle par la Chronique saintongeaise 3, toutes les petites gestes éparses : tel fut le sort de notre chanson. A laquelle des trois grandes gestes l'a-t-on rattachée? Son sujet, qui rapporte les exploits d'un héros isolé contre les Sarrasins, sujet qui au fond est le même dans la chanson d'Élie de Saint-Gille, l'excluait des gestes du Roi et de Doon de Mayence, et semblait la faire rentrer dans celle de Garin de Monglane. C'est en effet ce qui eut lieu, et Alberic de Trois-Fontaines, en nous donnant une généalogie complète de la famille de Garin de Monglane, y fait entrer Élie et Aiol, son fils4. i. Paris, Bibl. nat., Mss. fr. 255 16, fol. qb v°. 2. Origines de l'épopée chevaleresque {Revue des Deux- Mondes, VII, 57i). 3. Voy. G. Paris, Hist. poét. de CharL, 76. 4. Voici le texte d'Alberic de Trois-Fontaines : « Garinus de Montglane versus Tolosam quatuor habuit nlios, exercitio militari nominatissimos : Arnaldum de Bellanda, que fuit in Lombardia, Gerardum de Viena, Renerum Gebennensem et Milonem de Apulia. Gerardus de Viena nlios habuit Savericum et Bovonem, AIOL XXX1IJ Aussi en présence d'une pareille généalogie, forcée à ce point pour les besoins de la cause par les trouvères, est-on bien tenté de conclure avec M . L. Gautier, parlant des héros de nos chansons de geste, que « quand il n'y eut pas de bonnes raisons, on ne manqua jamais de prétextes pour les mettre de force dans telle ou telle famille » [Ep.fr., I, 260). VII Célébrité du poème, sa diffusion à l'étranger. Les citations que nous avons faites plus haut de Gui- raut de Cabrera (p. xxij), de Raimbaut d'Orange (p. xxij- xxiij) et de Baudouin d'Avesnes (p. xxiv-xxv), prouvent assez combien au moyen-âge et peu de temps même après quorum fuit vel f'rater vel nepos ille Gerardus qui inscribitur de Novo Vico. De Renero Oliverus et Aida nati sunt ; de Milone Symon de Apulia et quedam soror illius. Nemericus vero Arnaldi filius 7 tilios habuit : Bernardum patrem Bertranni, Bovonem de Commarceio, cujus fuerunt très fil i ï : Guido, Guielinus et Gerardus, Guillelmum Arausicensem, ArnaldumAureliacensemet Garinumde Anseona, Aimerum captivum, patrem Rogonis Venetiani, et Guibe- linum. Horum fuerunt sorores uxor imperatoris Ludovici Ermen- gardis, mater Viviani martiris, qui sororem habuit matrem Fulco- nis, mater Richardi Normanni, mater Helie de Provincia. Uxor vero Guillelmi domna Giuburgis fratres habuit, quorum fuit unus Renuardus vir nominatissimus. De horum omnium cogna- tione dicitur fuisse archiepiscopus Remensis Turpinus, filius scilicet Gerardi de Frado. De una sorore Guillelmi Julianus de Provincia genuit Hcliam et sororem ejus Olivam. Qui Helias multa contra Sarracenos gcssit tempore Machabrei et de sorore Ludovici genuit Adulphum Aiol, de quo canitur a multis. (Pertz, Monum. German., XXIII, 716.) M. G. Paris (Hist. poét., 469) a dressé avec une clarté et une précision parfaites un tableau généalogique de cette nombreuse geste de Monglane. C XXXIV AIOL son apparition, VAiol était célèbre : Alberic de Trois- Fontaines nous le dit en propres termes : Aiol, de quo canitur a multis [cf. p. xxxiij, en note) ; c'est là un témoi- gnage précieux, car Alberic était bien au courant des chan- sons de geste qui formaient la matière même de son travail. Si nous joignons à ces témoignages celui de Rutebeuf dans sa Complainte de Constantinoble (1261), Isle de Cret, Corse et Sezile, Chypre, douce terre et douce isle Ou tuit avoient recouvrance , Quant vous serez en autrui pile Li rois tendra de ça concile Comment A iouls s'en vint en France1, celui d'Uc Faidit, qui dans sa Grammaire provençale (2e éd. Guessard, p. 54) donne la glosse suivante en ois estreit, Aiols, proprium nomen viri, et celui d'un Jeu parti d'Adam de la Halle2, Adan, par mi grans tribous, Conquist tout en mendiant Et honneur et pris Aious, Ce set bien cascuns , nous aurons cité tous les textes connus jusqu'ici servant à prouver la célébrité du poëme en France au moyen-âge. Mais cette célébrité s'est étendue au dehors, et notre chanson a eu le sort réservé à presque tous les poëmes français : elle a été imitée à l'étranger. De ces imitations 1. Œuvres de Rutebeuf, publ. par Ach. Jubinal, éd. 1874, I, 1 19. 2. Ce Jeu parti qui se trouve dans le ms. fr. 1109 (fol. 121 v) de la Bibl. nat. de Paris n'a pas été compris, non plus qu'une autre pièce du même genre, dans les Œuvres complètes d'Adam de la Halle, publiées par Coussemaker; voy, Romania, VI, 5go-3. AIOL XXXV qui, sans aucun doute, ont dû être plus nombreuses, trois seulement sont parvenues jusqu'à nous. Examinons-les successivement. i° Pays-Bas. — M. J.-H. Bormans, le savant belge, auteur de plusieurs publications et entre autres d'un ouvrage intitulé La chanson de Roncevaux, fragments d'anciennes rédactions thioises, auquel M. Gaston Paris a consacré un excellent article [Bibl. de ÏÉc. des C/z., XXVI, 384 ss.), a fait paraître dans les Bulletins de V Aca- démie royale de Belgique (2e série, XV, 177-275) une étude qui porte le titre suivant : Fragments d'une ancienne version thioise de la chanson de geste d'Aiol '. Tout d'abord nous ferons sur le mot tiois une observa- tion déjà faite par M. G. Paris (/. c, 385, en note) ; c'est que cette expression de tiois est prise par M. Bormans dans un sens trop restreint, car les poètes du moyen-âge dési- gnent sous ce nom tous les peuples allemands. Il est vrai que M. Bormans semble, dans le cours de sa publi- cation, modifier son opinion, car il dit (p. 29) qu'il don- nerait volontiers à la langue du fragment le nom de dia- lecte avalois. Avalois ou néerlandais, c'est pour nous la même chose, et ce terme marque bien la différence du langage des Pays-Bas avec l'allemand, différence que les savants belges et hollandais n'ont pas toujours suffisam- ment fait sentir (cf. G. Paris, Hist. poét., 1 35 ss.). Les fragments publiés par M. Bormans sont au nombre de deux. Le premier, A, est formé de deux morceaux de 1. Cette étude a été publiée à part (Bruxelles, s. d.) ; nous renvoyons à ce tirage qui a l'avantage de donner un errata et quel- ques notes supplémentaires. XXXV) AIOL parchemin servant de reliure à un registre; l'autre, B, qui n'a été connu de M. Bormans que postérieurement1 au fragment A, se compose de deux parties a et b, séparées par une lacune que le savant belge évalue à 290 vers2. La correspondance de ces fragments avec YAiol français n'a été établie par M. Bormans que pour A; nous avons pu rétablir pour B. Voici maintenant quels sont ces fragments : Frag. A. Ce fragment, que nous donnons en note3, 1. Ce fragment a été découvert à Munster et publié par le doc- teur Ferd. Deycks, réuni à des fragments d'anciennes poésies bas- allemandes, sous le titre de Carminum epicorum germanicorum nederlandicorum sceculi xm et xim.... fragmenta, Munster, i85g, in-40. 2. Cette évaluation est fort vraisemblable, car le passage du poëme français correspondant à cette lacune comprend 182 vers, et le texte néerlandais a généralement un nombre de vers double de celui du poëme français. 3. Nous ferons remarquer que dans ce texte, que nous emprun- tons à la brochure de M. Bormans, les lettres italiques ont été ajoutées par l'éditeur ; de plus, les u surmontés de o (= fl. oe, ail. u, fr. ou) n'ont pu être notés que par u. ichte sal verclagen. (r*) Bet sporen slugen du algader Die viere cnapen end die vader. Si quamen nieder m dat dal, Die vader ind die kinder aZ, Under die morderene geslagen, Wat si die ors mochten gedragen. Gelijc hi stac dien sinen doet. Noch sagens Afol in dier noet. Geraimes riet an em tehant, Die sine hande du unbant. Du wart Aiol, du hijt gesach, Noch blider dan men sçcgen mach. Die anderen si du geviengen Bet haesten, dat si nien ontgiengen. Te gaàcr bundens em die hande : Dat vas un /aster ende scande. AIOL xxxvij comprend 55 vers et correspond aux v. 6955-7054 du texte français, en tout 100 vers. Il y est traité du com- bat d'Aiol avec des voleurs et du secours que lui portent Dar bi dar stut ein casteel aWe Besiden, buten an dien walde. Dat hus dat tuas verwustet sere. Da wasein ridder wilen hère, Ein edel man, dien oec die tzagen Dar hadiien wilen doet geslagen. Van deme hus si ave «amen Die sparen die un bequamen. Einen bomtac si du bunden Enboven, so si beste cunden. Aiol Dat si die oude mordenere (v) Bestaen ne sulen niewet mère. Die burchgreve tehant begunde Te spreken, a/5 hi wale cunde : « Vernemet, edele iunchere, le bin dur u gemudet sere. le sal u vragen eine taie, Die seeget mi, so dudi wale ; Dat u Got mute benedien, Waer af bekennedi Helyen ? Nu seeget uppe u eer de daet, Of gi dien hertoch iet bestaet : Dar vraech ic u die waerhch af. » Aiol em antwonfe du ga/ : « Des suldi, hère, mi verdragen. Ine sal nieman dar af gesagen, Wat mi dat scadet ochte vvume, Er ic tUrliens wieder cume, Dar ic dien coning-e vercunde Die bodescap bet minen munde. So wi7 ic u vorwaer geloven In Got die wunet hijr enboven, Minnedi dien hertoge iet, Sone mugedim/ haten niet. » Geraimes sprac : a So mit dat leven ! Ine sal u nimmer meer begeven, Eer wi xVrlieus sijn gecomen. » XXXV11J AIOL Geraume et ses fils. Le rapprochement vers par vers a été fait par M. Bormans (p. 54). Frag. B, divisé en deux parties H : a — comprend 145 vers néerlandais et correspond aux v. 8994-9087 du texte français, soit 94 vers. Il y est traité : i° de la bataille entre Gwineot ^Guinehot) , messager de Makaire (Makaris), et le Lombard Hellewijn (Hervieu), messager du roi de France (v. i-3i) ; 20 delà bataille entre les Français et les Bourguignons sous les murs de Lau- sanne et de la blessure qu'Élie fait à Makaire (v. 32-107); 3° de la captivité d'Aiol et de Mirabel dans la prison de Lausanne, où naissent les deux fils d'Aiol (v. 108-145). b — comprend 73 vers néerlandais et correspond aux v. 9174-923 1 du texte français, soit 58 vers. Il y est traité : i° de l'intercession de plusieurs dames auprès de Makaire en faveur de Mirabel (v. 146-170) ; 20 du rapt des enfants d'Aiol par Makaire, qui les jette dans le Rhône (v. 171-180) ; 3° du sauvetage de ces enfants par Tieri qui les emporte chez lui et les montre à sa femme (v. 181- 218). A ce dernier fragment, M. Bormans ajoute quelques bouts de phrases coupées, quelques mots déchiffrés sur des lambeaux de parchemin qui ne permettent pas de reconstituer un sens 2 ; parmi ces bribes de phrases, nous en remarquons deux où il est question du roi Grasien et 1. Ce fragment est donné par M. Bormans, p. g3ss. 2. Nous sommes informés que M. Bormans a depuis peu découvert de nouveaux fragments d'Aiol, ayan; rapport cette fois à la pre- mière partie du poëme, au passage d'Aiol à Orléans, au milieu des quolibets de la populace. Ces fragments, au nombre de 3o environ, n'ont pas encore été publiés. AIOL XXXIX de Salonique, ce qui nous reporte à la dernière partie de notre chanson. De la lecture de ces fragments, de leur comparaison avec le texte français, il résulte clairement que l'auteur néerlandais a imité le texte français qu'il avait sous les yeux, et cette imitation a été évidemment faite sur un ms. français très-proche parent de celui que nous avons encore, puisque nous trouvons dans le néerlandais les lacunes évidentes du poëme français corrigées tant bien que mal [cf. le travail de M. Bormans, p. i6ss.); c'est ainsi qu'après le v. 6993, le scribe ayant passé quelques vers relatifs à Marchegai, le remanieur néerlandais change le sens du passage pour le rendre intelligible. Ce fait suffit pour constater la source de l'imitation, et c'est Je seul point qui soit intéressant pour nous *. M. Bor- mans croit devoir placer la date de ce poëme néerlandais dans le premier quart du xme siècle (p. 1 3). Bien que l'écri- ture du fac-similé donné par lui nous semble un peu moins ancienne, nous nous rangeons facilement à cette opinion qui s'accorde parfaitement avec la date que nous avons assi- gnée au remaniement en vers dodécasyllabiques (entre i2o5 et 121 5). Quant à la valeur littéraire de cette imita- tion, il nous est assez difficile d'en juger en pleine con- naissance de cause; nous ne pouvons que citer l'opinion de M. Bormans (p. 8), qui la considère comme « fort au- dessus du médiocre ». 1. Quant à la question de savoir dans quel intérêt le compi- lateur néerlandais a fait son poème, s'il lui a été commandé par quelque noble du pays de Loz, de Bergh, de Juliers ou de Cléves, afin d'augmenter sa gloire généalogique, elle a peu d'importance pour nous. Xl AIOL 2° Italie. — Après les Pays-Bas, c'est l'Italie qui nous fournit une seconde imitation de YAiol français : Un érudit italien, M. Leone del Prête, a publié à Bolo- gne, en 1863-4, un ouvrage dont voici le titre : Storia di Ajolfo del Barbicone, e di altri valorosi cavalieri com- pilata da Andréa di Jacopo di Barberino di Valdelsa{ . Cet Ajolfo n'est autre qvCAiol : même nom, mêmes aventures. L'imitation du poème français est un fait cer- tain, mais elle n'est réellement directe que pour le com- mencement. Voici en quelques mots le sujet de la compi- lation italienne : Elie [Elia, duca d'Orlino) tombé en disgrâce auprès de Louis le Pieux, par suite des intrigues de Makaire de Lau- sanne de Mayence 2, son ennemi mortel, est forcé de se réfu- gier avec sa femme Eli^ia, fille de Charlemagne et sœur du roi de France, dans la forêt de Saint-Gille [San Gilio), située sur la frontière de l' Aragon, de l'Espagne et de la Provence. Là Elizia donne le jour à un fils qui porte le nom d'Ajolfo et à qui une circonstance particulière fait donner le surnom de del Barbicone3. Devenu grand, i. 2 vol. faisant partie de la Collejione di opère inédite o rare dei primi tre secoli délia lingua pubblicata per cura délia R. corn- missione pe' testi di lingua nelle provincie dell Emilia. — Le titre donné par les anciens mss. était celui d'Elia duca d'Orlino e di Ajolfo del Barbicone, et à la suite venaient les noms de tous les personnages principaux du roman. M. del Prête l'a remplacé par celui que nous donnons. 2. L'italien a ajouté le nom de Mayence à celui de Lausanne pour rattacher Makaire à la grande famille des traîtres italiens {cf. G. Paris, Romania II, 362). 3. « E perché Ajolfo non fosse conosciuto, gli avea fatto di pelli di montone una sopravesta ail' armi : le quali pelli avieno lunga la lana più d'una spanna : e pareva una fiera salvatica. E questo vestimento non avea maniche ; e perché e'velli erano lunghi, che AIOL Xl) Ajolfo part pour reconquérir les fiefs de son père; après de nombreuses aventures, il arrive à Paris où, grâce à ses hauts faits d'armes, il entre en faveur auprès du roi et fait rendre à son père les fiefs dont il avait été dépossédé et les charges qu'on lui avait enlevées. Ajolfo épouse alors Lio- nida (Mirabel), fille du roi Adrien (Mibrien), qu'il a rame- née avec lui d'Espagne. Mais dans une partie de chasse, qui a lieu auprès d'Orléans, Ajolfo et Lionida sont enlevés par Makaire et jetés en prison à Lausanne. Là, Lionida donne le jour à deux jumeaux, Mirabello (c'est ici un nom d'homme) et Verrucchieri, qu'on re- trouve dans d'autres romans encore. Ces enfants, jetés par le traître Makaire dans le lac, sont sauvés par un pê- cheur et vendus par lui, l'un, Mirabello, dans une ville appelée Lunara, l'autre en Pologne. Ajolfo, après une longue captivité à Lausanne qu'Élie et le roi de France assiègent, s'en échappe avec sa femme, conduits tous deux par Makaire. Ramené par ce dernier à la cour du roi Adrien, père de Lionida, Ajolfo s'enfuit de nouveau, laissant Lionida, et est vendu comme esclave à Trébi- zonde. Cette partie du roman italien est, on le voit, imitée du français; mais à partir de ce moment, l'histoire d'Ajolfo se complique d'une façon fastidieuse : un certain Bosolino di Gualfedra, les deux fils d'Ajolfo, les quatre fils de ces deux enfants d'Ajolfo, puis les deux fils de Bosolino, enfin Élie lui-même, se livrent à des combats extraordinaires où l'élément amoureux et galant vient souvent se mêler. parcano barbe di becchi, fuc chiamato questo vestimento el barbi- cone ; e perô fue sempre chiamato Ajolfo del Barbicone t (Storia di Ajolfo del Barbicone, \, 6). Xlij AIOL Ajolfo, qui finalement se fait ermite, n'y paraît qu'au second plan ; cette seconde partie est donc complètement dénuée d'intérêt pour nous1. Quant à la première , dont nous avons donné ci-dessus un rapide résumé, nous croyons bon d'y revenir quelque peu et de préciser com- bien grande a été l'imitation italienne jusque dans le détail. Pour s'en convaincre, il suffit de jeter les yeux sur la liste suivante que nous avons dressée des épisodes de la chanson française imités par l'italien : la concordance est parfaite : Aiol se sépare de ses parents (fr. v. 535 — it. I, 6). Aiol bat et tue des chevaliers sarrasins [fr. v. 604 — it. I, 8). Arrivée d'Aiol à l'abbaye et attaque de nuit des voleurs {fr. v. 774 — it. I, io). Bataille à Orléans [Paris dans Fit.) [fr. v. 3 143 — it. I, 20). Bataille entre Aiol et le comte de Bourges [Guido di Bagotte) [fr. v. 323 1 — it. I, 37). Course entre Aiol et Makaire [fr. v. 4264 — it. I, 44). Baptême de Mirabel [Lionida) à Orléans [Paris) [fr. v. 8i36 — it. I, 139). Makaire s'empare d'Aiol et de Mirabel (Lionida) sous les murs de Langres [dans une partie de chasse) (fr. v. 8340 — it. I, 169). Bataille devant Lausanne dans laquelle les partisans de Makaire sont rompus [fr. v. 8748 — it. I, 177). 1. M. del Prête considère {Pré/., x), et c'est aussi notre avis, cette dernière partie de la chanson italienne (celle du moins qui regarde les petits-fils d'Aiol et les fils de Bosolino) comme une addition postérieure. aiol xliij Tentative d'assassinat de Makaire sur Aiol dans la pri- son de Lausanne (fr. v. 8710 — it. I, 180). Echange de messagers entre Louis et Makaire (fr. v. 8766 — it. \, 184). Rapt des enfants d'Aiol par Makaire qui les jette dans le Rhône [dans le lac) (fr. v. 9186 — it. I, 192). Fuite de Makaire avec Aiol et Mirabel à travers Far- inée de Louis [fr. v. 9467 — it. I, 212). Makaire conduit Aiol et Mirabel (Lionida) chez le roi Mibrien (Adrien) [fr. v. 9556 — it. I, 21 3). Aiol s1enfuit de Pampelune et est conduit par des cor- saires à Tornebrie (Trébi^onde) (fr. v. 9807 — it. I, 217). Prise de Lausanne (fr. v. 9525 — it. I, 218). L'italien, on le voit, suit de très-près le poème français, et ici, comme dans toutes les imitations italiennes1, les noms français ont été italianisés , parfois même entière- ment changés: Marchegai devient M ar\agaglia ; Lusiane est remplacée par Lu^iana ; Ysabel par Lisabetta ; le roi Mibrien par le roi Adrien ; le comte de Bourges par Guido di Bagotte ; Mirabel par Lionida; et ainsi des autres. Il en est de même pour les noms de lieux qui sont généralement changés : Parigi remplace Poitiers et Or- léans ; Orlino est substitué à Langres, Roma à Pampe- lune. Quant à Ajolfo, le poëte le gratifie d'une généalogie remontant jusqu'aux Scipions de Rome : il est fils d'Elia qui par son père Guido, conte di Campagna, se rattache à la noble famille romaine. 1. Cette remarque a été laite par M. G. Paris (Hist. poét. de Charl., 167) à propos de la chanson de Berte. Xliv AIOL Ce roman italien âCAjolfo del Barbicone est en prose et doit être daté de la fin du xrve siècle. L'auteur en est connu : il s'appelle Andréa, comme nous l'apprenait déjà le titre de l'ouvrage ; il est né à Barberino di Valdelsa, village du comté de Florence ; son père s'appelait Jacopo : de là la longue énumération de ses noms et surnoms : Andréa di Jacopo da Barberino di Valdelsa. Il vécut à la lin du xrve siècle et au commencement du xve et exer- çait la profession de maître de chant. C'était un grand travailleur : on peut citer au nombre de ses ouvrages les Narbonnais, YAspromonte, Hugue d'Auvergne, Guerino il Meschino, les six livres des Reali di Francia et d'autres encore 1 . Les mss. dont s'est servi l'éditeur de la chanson italienne sont au nombre de huit appartenant à trois bibliothèques différentes, la Lauren^iana, la Magliabechiana, la Rie- cardiana (voy. Bref., xxvn). M. del Prête a fait précéder sa publication d'une Pré- face dont nous demandons à dire quelques mots. Il y a examiné les rapports existants entre la compilation ita- lienne et la chanson française. Le roman a-t-il été tratto (tiré) ou detratto (réduit), ou ritratto (extrait) , ou copiato (copié) de YAiol français? M. del Prête émet sur cette question l'opinion qu'Andréa a dû avoir sous les yeux une chanson française qu'il a non pas copiée, mais imitée. Il cite à l'appui de son opinion trois passages2 de notre chan- i. L'attribution des six livres des Reali à Andréa est une décou- verte faite par M. Pio Rajna dans son beau livre des Ricerche in- torno ai Reali di Francia (Bologne, 1872). 2. A propos d'un de ces passages, celui où Lusiane fait à Aiol un aveu trop franc de son amour, M. del Prête dit : « Or questo AIOL xlv son, qu'il ne connaît que d'après Fauriel. L'imitation est facile à constater pour la première partie delà compilation italienne, mais nous ajouterons que, selon nous, elle n'a pas dû être imitée directement de VAiol en vers français, mais bien d'une version en prose française du xive siècle que nous ne connaissons pas, mais qui a dû exister et dont nous retrouvons des traces dans les quelques paroles fran- çaises insérées dans le texte italien que l'auteur met dans la bouche du roi de France au moment du baptême de Lionida1. D'ailleurs, pour apprécier la question d'une façon com- pétente, M. del Prête n'a pas eu une connaissance suffi- sante de notre chanson : les quelques vers de Fauriel qu'il copie n'en peuvent donner qu'une idée absolument vague. Ce manque de connaissance de notre texte fait commettre à M. del Prête quelques erreurs, entre autres celles de dire [Préf., xxm) que la compilation française ne parle squarcio, che non posso dispensarmi di chiamare licenzioso, manca parimente nella compilazione italiana » (Prêf., xix). Que M. del Prête, qui a l'air de faire un reproche à notre poème, relise seulement quelques passages de la compilation italienne, entre autres certain épisode qui se passe dans une abbaye (I, 1 2-3), et il verra que le même reproche, bien plus justement encore, pourrait être fait à VAjolfo italien. i.Ne sachant quel nom donner à Lionida, le roi de France, frappé de sa beauté, s'écrie (en français, dans le texte italien) : « Par Nostre Dame, par Nostre Dame, par Nostre Dame de Paris, je non vi oncques mais plus mirable dame. » Alors « per questa parola le fu posto nome Mirabildam, e cosi si mutô el nome di Lionida in Mirabildam ; benchè molti la chiamano Mirabella, ma guastano el nome » (Storia di Ajolfo... I, 139-40). Cet amour- propre d'auteur pour un mauvais jeu de mots est vraiment plai- sant. Notre poète français n'avait pas fait de changement de nom (cf. v. 81 5o). Xlvj AIOL pas des fils ni des petits-fils d'Aiol, ce gui rend vraisem- blable que pour la partie où il est parlé de ces fils, l'his- toire est de l'invention d'Andréa. Pour les petits-fils, cela est vrai, mais non pour les fils : ils sont bel et bien men- tionnés dans notre roman, se nomment Tumas et Mane- sier, et jouent dans la dernière partie de la chanson un rôle assez important '. Maintenant quelle est la valeur littéraire de cette com- pilation italienne ? Est-elle, sous ce rapport, inférieure ou supérieure à notre poëme? La comparaison n'est pas pos- sible. Rien n'est pire qu'une mauvaise imitation, et c'est ici le cas. La noble figure de YAiol français s'est effacée pour laisser la place à un chevalier amoureux et galant ; la sauvage Mirabel est devenue la fade Lionida, qui par l'entremise de son nain Farlet envoie des missives à Ajolfo et tient parfois avec lui un langage précieux, faisant pressentir déjà le règne des concetti. La figure d'Élie se détache seule vigoureusement sur ce fond décoloré : son caractère a de la noblesse et ne s'éloigne pas trop de l'original français. En un mot, comme de beaucoup d'autres romans, on peut dire à juste titre de YAiol qu'en passant par les mains italiennes, il en est sorti, non pas imité, mais travesti. Un autre poëme italien, enottava rima, dont M. P. Meyer a bien voulu pour nous prendre connaissance au Musée i. Il nous semble aussi que M. del Prête a commis une légère inexactitude à propos d'Alberic de Trois-Fontaines. Il dit (Préf., xni) que ce chroniqueur n'avait qu'une connaissance fort impar- faite d'événements passés depuis longtemps à l'époque où il écri- vait, au xne siècle ; ce fait n'est pas exact, car Alberic écrivait au xiii°, et non au xnc siècle. AIOL Xlvij britannique1, a été imprimé au commencement du xvie siècle, et porte ce titre : AroLPHo del Barbicone disceso DEL || LA NOBILLE STrRPE DE RlNALDO || ELQUALE TRACTA DELLE BATTAGLIE DA POI LA MORTE DE Re CaRLO || MAGNO : E COME fu Capitanio de Veneciant : e come II coNQursTO Candia : E MOLTE ALTRE CITTADE : E COME || MlRABELLO SUO FIGLIOLO fu facto Impe || ratore de Constantinopoli, etc. Ce poëme, connu de Melzi (Bibl., i838, p. 293-4,) et de Brunet [M an. du libr., éd. 1860, I, 120-1)2, et dont parle aussi M. del Prête [Préf., xxvi) , se rapproche bien peu de YAiol français ; il n'est lui-même q^une imitation loin- taine de la version en prose d'Andréa, qui a servi seule- ment de canevas au rimeur du xvr3 siècle ; ce qu'il est du reste facile de vérifier en comparant les sommaires de ce poëme en ottava rima à l'analyse que nous avons donnée de la version en prose. Ces sommaires, au nombre de douze, sont les suivants 3 : I. — Come Pinabello e Griffone mando uno fasano arostito al re Aloyse : e fu incolpato Guido e Elya de cha Chiaramonte e fu[rno] sbanditi e Guido si aconzo col Sol- dano e Elya ando a stare in una selva e come la moglie de Elya parturitte Ajolpho e uno leone et cerva li facea careze e Ajolpho atrovo el dux Namo romitto dal quai hebbe el cavalo Bajardo e la spada Zoiosa e come ando Ajolpho in 1. Bibl. Grenville, n° 10943 (Bibliotheca Grenvilliana, 1842, I, 17)- 2. Melzi et Brunet citent une édition de Venise, i5i6, que nous n'avons pu retrouver en France. — L'édition du Musée britan- nique est celle de Gotardo da Ponte, Milan, 1 5 ig. 3. Sans vouloir régulariser le texte italien de ces sommaires, nous avons cependant corrigé quelques fautes d'impression dues à l'éditeur du xvre siècle. xlviij AIOL Franza e occise alchuni pastori e arivo al castello di Me- dussa pagana e corne siette con lei, etc. II. — Corne Medussa incitava Ajolpho a luxuria : e da lui fu battuta forte : e Medussa per vendetta con molta gente l'assalto : e Ajolpho li de morte : e sconfisse le gente : e corne arivo a un monaster dove era uno abate de Chiaramonte : e baptizosse : e occise un fratone di Maganza: e acompagnosse con Bernardo de Chiaramonte : e corne arivo a Parise Ajolpho in casa de Lamberto amico suo, etc. III. — Corne Ajolpho arivo ad uno ostier de Maganza : e el cavallo Toccise e arivo in casa d'Helisabeta e lei ina- morosi de Ajolpho : e corne dette una gotata a Bernardo de Maganza : e corne giostro con Namieri Guielmo Gibel- lino e Guerino Bovo Arnaldo e Bernardo di Mongrana e fu abattuto e mando via tre conti di Maganza e li qualli dissi li facti d'Ajolpho al Re Aluise, etc. IV. — Corne Ajolpho fu ricevuto dal re Alouise e per festa abatte la statua de Malacise et vinse Scorona : e corne Guido Bajoto venne con sexanta milia pagani a Parise : e Ajolpho fu capitano de Parise contra Guido e fu occiso quatro conti de Maganza e fu abattuto Lioneto figliol del Soldano e corne Ajolpho si approvo a combattere con Guido Bajoto, etc. V. — Corne fil preso Guido da Ajolpho e portato da Elisabeta in casa e corne si cognober e ando el Re Alouise e altri baroni a tore in la selva el duca Elia e la moglie e corne per uno buffon Ajolpho se inamoro d'una pagana di gran belleze e corne si parti da Parise col buffone e arivo da Ugo e Gualtieri e hebbe una pietra contra veneno e giostro con loro e abatteli : e arivo in un diserto dove el aiol xlix buffone fu occiso da uno basalischo : e Ajolpho per virtu délia pietra el fece morire : e arivo al castello de Fidel de Magancia e occise el re Corbolante combattendo. VI. — Corne Bruneta moglie de Fidèle de Magancia se innamoro de Ajolpho : e per non volere Ajolpho conten- tarla : con el brande de Ajolpho per amore si medesima si occise : e corne Ajolpho arivo a Baldrach de Largalia : e conquisto tre schiere de pagan solo : e occise quatro feroci cani e doi leoni superbi : e altri dui occise el suo cavallo e fece morire uno crudel drago : per amor hebbe Bellarosa per moglie : e partisse de note e occise in una isola un gran serpente e fu assaltato da Ciriato e Largaglia. VII. — Corne sono occisi d1 Ajolpho Ciriato e Largalia e arivo da certi romiti e fu baptizata Bellarosa : e arivo da Ubaldi de Maganza : e giostro con lui e Gualtier suo figlio : e furno traditi e posti in presone Ajolpho e Bella- rosa e corne Gualtier ando in Pariseper parente d'Ajolpho e Bellarosa ferite Ubaldo nel viso, etc. VIII. — Corne Bellarosa fu posta in una casa viva tutta busata con doi figlioli e fu mandata gioso per un fiume e arivo a Venetia a Sancto Zacharia e corne Ajolpho fu campato di presone e Gualtier occise el padre Ugone e Ajolpho corne disperato ando a l'aventura e arivo a Vene- tia : corne giostro e fu facto capitanio contra Candiani e corne la conquisto con tutto el paese e occise Ciriati pa- gano, etc. IX. — Corne Ajolpho occise uno gygante : sconfisse e summerse el Re Dragone : e corne per fortuna si smari e arivo a Napoli : e fu tradito per Guidoto de Maganza a lo Re Farciano : e corne Ruberto e per incanto fu scampato di presone : e occise Guidoto e fece convertire a la fede de 1 AtOL Christo el re Farsiano con tuto Napoli : e ritorno in Candia et a Venetia, etc. X. — Corne Ajolpho trovo la moglie e li riglioli a Ve- netia : e ando a Parise con Ruberto : e ando in Or[l]ino sue terre ; e corne Candia se rebelo a li Venitiani e fu liberato da novo per Ajolpho Sadoro suo figliolo : e come furno occisi e scofiti molti gran signori pagani con Largalia e Lamostante e fu mono Guido e Gratiano, etc. XI. — Come Ajolpho ando a Constantinopoli e scon- tisse li pagani : e Sadoro occise l'imperatore : e hebbe Judetta fiola de l'imperator per moglie : e fu facto impe- rator Sadoro : e come Alardo [che] fu nevodo de Renaldo da Montealbano combatte a Parise a corpo a corpo : e prese Mirabello el re Alouise e baroni e combatte con Ajolpho e come Sadoro agionse per arte maga in quel loco. XII. — Come Nameri morite sanctificato e Guielmo ando a servire a Dio e come Orphaneto de Maganza jostro con Ajolpho e fo abatuto e Ajolpho ando per sua remis- sione in Hierusalem et ocise molti pagani e come foatosi- chato da Orphaneto de Maganza e morite e come fo fata la vendeta de Ajolpho contra de Orphaneto e de la sua trista madré, etc. On voit qu'on a ici affaire à une imitation libre, très- libre même, de la version en prose italienne ; mais, quelque libre qu'elle soit, l'imitation n'en existe pas moins, et nous en avons une preuve dans un passage du poème, relatif au nom de del Barbicone : La soa gonella era un barbicone ; Questo vocabulo era in apparenza Con chiamosse pelle di montone... [Ajolpho... a vj v°.i AIOL lj Nous retrouvons en effet dans ces vers l'explication que nous avait déjà donnée Andréa de ce surnom d'Ajolpho (voy. p. xl, note 3). Ici, comme dans la prose, il s'agit d'une peau de mouton servant de vêtement au héros du poëme ; nous savons d'autre part que ce détail n'existe pas dans YAiol français : la parenté des deux poëmes est donc bien établie. Mais, nous le répétons, l'imitation est loin d'être partout aussi visible, et, au milieu de tous les noms inconnus et de tous les épisodes nouveaux dont le poëte a surchargé son œuvre, dans ce chaos d'aventures sans fin qui s'enchevêtrent les unes dans les autres, on a quelque peine à reconnaître la version italienne d'Andréa, qui, lui déjà, avait, selon son habitude, remanié du tout au tout son original. 3° Espagne. — Nos cantares de gesta étaient connus en Espagne dès le xme siècle et les juglares cherchaient volontiers dans les romances du cycle carolingien les sujets de leurs romances. Notre chanson, dont une partie de l'action se passe dans le midi de la France et même en Espagne, dont la célé- brité au moyen-àge fut très-grande, était de celles qui devaient tenter les poètes espagnols. En effet un héros des romances d'Espagne, Montesinos, chevalier de grand courage et de grand renom, se trouve, dans les circons- tances de sa naissance, dans les aventures de sa vie, avoir de grands rapports avec notre Aiol. Parmi les six romances de Montesinos que donnent MM. Wolf et Hofmann dans leur recueil {Primavera y flor de Romances, Berlin, 1 856, 2 vol. in-8°), il en est deux qui sont des imitations directes de notre chanson , et lij AIOL une qui lui ressemble encore, mais d'une façon moins positive. Nous donnons de ces trois romances une analyse assez détaillée, qu'elles méritent et par leur valeur littéraire et par les grands rapports qu'elles offrent avec notre poëme : a. — La première de ces romances porte le n° 175 du Recueil de MM. Wolf et Hofmann (Prim. y flor, II, 25 1). Son titre est celui-ci : Aqui comien\an dos roman- ces del conde Grimaltos y su hijo Montesinos 1 . Analyse. Il ne faut ni glorifier le riche, ni mépriser le pauvre ; l'histoire du comte Grimaltos nous servira d'exemple. Page, puis chambrier, puis secrétaire du roi de France Charlemagne, il est nommé comte (p. 25 1). Il épouse la fille de Charlemagne, se rend avec elle à Lyon, siège de son comté (p. 252), et y gouverne pendant cinq ans sans plainte d'aucune sorte. Mais son ennemi, don Tomillas, excite le roi contre lui par ses calomnies et lui fait croire qu'il va se révolter contre l'autorité royale (p. 2 53). Dou- leur de Charlemagne. Il jure de se venger. — Retour- nons au comte Grimaltos. Une nuit, reposant près de la 1. Cette romance commence ainsi : Muchas veces oî decir Y â los antiguos contar, Que ninguno por riqueza No se debe de ensalzar, Ni por pobreza que tenga Se debe menospreciar. Miren bien, tomando ejemplo, Do buenos suelen mirar, Cômo el conde, âquien Grimaltos En Francia suelen llamar. Llegô en las cortes del rey Pequeîio y de poca edad (Prim. y flor, II, a5i.J AroL liij comtesse, il se réveille en poussant des gémissements. Effroi de la comtesse (p. 254I. Le comte lui fait part d'un rêve affreux qu'il vient d'avoir (p. 255). La comtesse con- seille à son mari de reparaître à la cour de Charlemagne, où on ne Ta pas vu depuis cinq ans (p. 256). Grimaltos suit son conseil et part pour Paris avec ses chevaliers. Arrivé près de Paris, il envoie au roi un message auquel celui-ci refuse de répondre. Le comte entre alors dans Paris, se rend au palais et veut baiser la main du roi : celui-ci s'y oppose et, après lui avoir reproché sa trahison (p. 257), l'exile. Désespoir du comte en entendant cet arrêt. Il proteste de son innocence ; puis, sortant du palais, il se rend chez Olivier et y trouve Rolant (p. 2 58). Il prend congé d'eux après leur avoir juré que tant que l'auteur de son malheur n'aura pas été puni, il n'entrera pas à Paris. Il prend aussi congé de nombreux chevaliers, entre autres de Renaut de Montauban. La comtesse, appre- nant la disgrâce de son mari, se jette aux pieds de son père et proteste de l'innocence du comte (p. 259). Le roi refuse de l'écouter. La comtesse part seule, sans suite, et retrouve bientôt le comte. Leur douleur (p. 260). Elle demande au comte la grâce de le suivre (p. 261). Ils sor- tent de la ville, accompagnés jusqu'à cinq milles par une foule de chevaliers qui s'intéressent à leur sort (p. 262). Enfin le comte et la comtesse s'éloignent seuls. Douleur de leurs amis. Les exilés traversent des solitudes sauvages. Le troisième jour ils atteignent un bois. La comtesse est brisée de fatigue, le comte l'encourage (p. 263). Arrivée près d'une fontaine, la comtesse met au monde un fils. Le comte l'enveloppe dans son manteau et la comtesse le nour- rit. Ayant, du sommet d'une montagne, aperçu une mai- liv AIOL son d'où sortait de la fumée (p. 264), ils se dirigent de ce côté. Un pieux ermite les reçoit (p. 265). Le comte lui demande de baptiser l'enfant : comme il est né dans ces montagnes escarpées, il aura nom Montesinos. — Quinze ans se passent. Education de Montesinos1. Le 24 juin, jour de la Saint-Jean, le comte monte avec son fils et Ter- mite sur une haute montagne (p. 266) d'où Ton aperçoit Paris. A cette vue le comte prend la main de son fils, et, pleurant, lui tient ce discours (p. 267) (yoy- la ro- mance suivante). b. — La deuxième des romances, qui dit Cata Francia Montesinos , porte le n° 176 du Recueil de MM. Wolf et Hofmann et fait suite à la première dont nous venons de donner l'analyse. Analyse. « Voilà la France, voilà Paris, » dit Grimai- tos à son fils Montesinos ; « voici la maison de Tomillas, 1. Voici les vers se rapportant à l'éducation du héros : Pasando y viviendo dias, Todos vida santa hacen ; Bien pasaron quince anos, Que el cohde de alli no parte. Mucho trabajô el buen conde En haberle de ensenar A su hijo Montesinos Todo el arte militar, La vida de caballero Cômo lo habia de usar, Cômo ha de jugar las armas, Y que honra ha de ganar, Cômo vengarâ el enojo Que al padre fuéron â dar. Muéstrale en leer y escribir Lo que le puede ensenar Muéstrale jugar â tablas, Y cebar un gavilan (Prim. y flor, II, 266 : cf. le texte fr. v. 257 ss.) AIOL lv mon ennemi mortel (p. 267) ; c'est lui qui m'a fait exiler, c'est lui qui est l'auteur de toutes nos infortunes, h Mon- tesinos supplie son père de le laisser aller à Paris. Gri- maltos y consent, Montesinos part (p. 268). Montesinos arrive à Paris; son pauvre accoutrement excite les quoli- bets du peuple. Il arrive au palais du roi1 (p. 269). Le roi dînait avec don Tomillas ; après le repas, il joue aux échecs avec lui. Don Tomillas triche, Montesinos l'accuse devant tout le monde ; Tomillas veut le souffleter, Mon- tesinos s'empare de l'échiquier, lui en décharge un coup sur la tête et le tue. On l'arrête (p. 270). Le roi intervient. Montesinos lui apprend qui il est: «Si j'ai eu tort, » dit-il, « punissez-moi ; si j'ai eu raison, rappelez le comte et la comtesse. » Le roi acquiert la preuve de la perfidie de Tomillas (p. 271). Il envoie chercher don Grimaltos et 1. Le passage suivant, qui correspond aux v. 886 ss. et 1943 ss. du texte fr., est ici beaucoup abrégé : Ya se parte Montesinos Para en Paris entrar, Y en entrando por las puertas Luego quiso preguntar Por los palacios del rey Que se los quieran mostrar. Los que se lo oian decir Dél se empiezan a burlar ; Viéndolo tan mal vestido Piensan que es loco, ô truhan ; En fin, muéstranle el palacio, Por ver que quiere buscar : Sube alto en el palacio, Entrô en la sala real, Hallô que comia el rey, Don Tomillas â la par. Mucha gente esta en la sala, Por cl no quieren mirar [Prim.v floi\ II, 269-70.) lvj AIOL sa femme; ceux-ci reviennent, mais ne veulent pas rentrer dans Paris, car ils ont juré de n'en pas passer les portes*. On ouvre une large brèche pour qu'ils puissent entrer sans manquer à leur serment. De grandes fêtes ont lieu. Le comte est remis à la tête de son comté (p. 272) ; Mon- tesinos héritera de la couronne (p. 273). c. — La troisième romance, qui dit Ya se sale Guiomar, porte le n° 178 du Recueil de MM. Wolf et Hofmann. Elle y est donnée, p. 290, sous ce titre : Romance de Guiomar y del emperador Carlos : que trata de como libre al rey Jafar su padre y d sus reinos del emperador : y de como se tornô cristiana y casa con Montesinos. Analyse. Désespoir du roi Jafar, père de Guiomar, qui a reçu de Charlemagne une missive lui offrant la paix, mais à condition d'abandonner son royaume. Guio- mar console son père et lui promet de le tirer d'embarras (p. 290-4). Guiomar, suivie de cent de ses femmes et revê- tue de ses plus riches atours, se rend au camp de Charle- magne (p. 294-8). C'est vers le milieu du jour : l'empereur, entouré de ses douze pairs, se lève de table. Prévenu de l'arrivée de Guiomar, il lui donne audience et la fait asseoir auprès de lui (p. 298-301). Paraît Montesinos, neveu de l'empereur. A sa vue, Guiomar demande la per- mission de lui parler. Trouble de Montesinos en la voyant. L'empereur fait donner des sièges. On parle de la beauté de Guiomar : « Jamais, » dit Charles, « je ne vis aussi belle dame dans toute la chrétienté. Je veux lui accorder une 1. La première romance parle seulement de ne pas entrer dans Paris. vror, lvij faveur : j'avais donne trente jours à son père pour le déci- der à me rendre son royaume ; je lui accorde quatre mois. » Guiomar tombe à ses pieds en lui disant que tous les royaumes de son père lui appartiennent (p. 3oi-3). L'em- pereur étonné refuse, et supplie Guiomar de se faire chré- tienne et d'épouser Montesinos. Guiomar hésite un ins- tant, mais, touchée de la grâce divine, elle accepte à condition que son vieux père n^n saura rien. Elle est baptisée, mariée avec Montesinos, et retourne près de son père (p. 3o3-5). De ces romances, la première ne se rapporte qu'aux aventures d'Élie : on y voit que le poëte espagnol a voulu, comme Andréa dans la version italienne, dire les causes qui ont amené les malheurs et l'exil du pèred'Aiol. Nous retrouvons au contraire dans la seconde une imitation de l'Aiol français, autant toutefois qu'un poëme peut être imité par une romance. Ajoutons que la substitution de Paris à Orléans ou à Poitiers, qui existe aussi dans l'ita- lien, et certains autres faits, comme le développement donné aux infortunes d'Élie, nous engagent à croire que les romances espagnoles ont peut-être pour source com- mune avec la version italienne cette version en prose française du xive siècle, dont nous avons déjà supposé l'existence. Remarquons aussi en passant que dans l'espa- gnol, comme dans le poëme français, comme aussi dans YAjolfo del Barbicone { , le nom du héros est dû à une particularité de sa naissance 2. Le poëme âCAiol n'est du i. Voy. plus haut, p. xl, note 3, et p. 1-lj. 2. Voici les vers de la romance relatifs au nom de Montesinos, que M. G. Paris a déjà cités (Hist. poét., 21 3) : Alli le rogô el conde lviij AIOL reste pas le seul qu'ait imité le poëte espagnol, et l'inci- dentde l'échiquier, qui se retrouve dans plusieurs chansons françaises, est un lieu commun de la littérature du moyen- âge1 . Quant à la troisième romance, bien qu'elle n'ait que très-indirectement rapport avec YAiol français, nous en avons donné néanmoins une courte analyse, parce qu'elle nous a paru intéressante à deux points de vue, d'abord en mettant en scène Guiomar, la Sarrasine, qui est bien cer- tainement une copie de Mirabel ; ensuite en nous appre- nant que Montesinos est le neveu de Charlemagne, parenté qu'Aiol possède vis-à-vis de Louis le Pieux. M. de Puymaigre cite2, parmi les héros des anciennes romances espagnoles n'appartenant pas à nos chansons de geste, Grimaltos et Montesinos ; il ajoute plus loin : « Dans quelques chants espagnols, un certain don Tomil- las est une copie évidente de Gannelon, et Montesinos offre plusieurs traits de ressemblance avec Roland ou Renaud. Les circonstances qui accompagnent la naissance de Mon- tesinos sont une imitation de ce que nos romans disent de l'enfance de Roland. » Si M. de Puymaigre eût connu Quiera el nino bautizar. — Plàceme, dijo, de grado ; ; Mas cômo le llamarân r — Como quisiéredes, padre, El nombre le podréis dar. — Pues naciô en âsperos montes Montesinos le dirân. (Prim. y jlor, II, 266.) 1. Cf. la mort de Baudouinet dans Ogier le Danois et celle de Bertholai dans Renaut de Montauban. 2. Dans son ouvrage sur Les vieux auteurs castillans, II, 3o3. — Le même auteur a donné dans le même ouvrage (II, 3o3-5) une analyse très-succincte des trois romances espagnoles que nous venons de parcourir. aiol lix l'Aiol, il eût sans doute été du même avis que M. G. Paris qui, le premier, dans son Histoire poétique de Charlemagne (p. 21 2-3), a reconnu l'identité d'Aiol et de Montesinos, d'Élie et de Grimaltos. Ajoutons que bien que les circonstances qui accompagnent la naissance de Montesinos ressemblent à ce que disent certains romans de l'enfance de Rolant, elles n'en sont pas moins une copie de ce que dit notre poëme français de l'enfance d'Aiol ; quant à don Tomillas, nom du traître espagnol, qu'on Tappelle en français Makaire ou Ganelon, son type reste le même. Toutes courtes qu'elles sont, ces romances espagnoles ont une valeur littéraire réelle ; le mouvement en est vif, le tour heureux, l'allure facile ; dans leur brièveté elles l'emportent de beaucoup sur la longue et fastidieuse com- pilation italienne que nous avons eu l'occasion d'étudier plus haut. Nous voici arrivés à la rln de cette étude où nous avons vu notre chanson, poëme français primitif en vers de dix syllabes, être remaniée d'abord au xirre siècle en vers de douze syllabes, puis imitée, directement par les Néerlan- dais, et indirectement, sans doute d'après une version en prose du xive siècle, par les Italiens et les Espagnols. L'Aiol mérite-t-il cet honneur et justifîe-t-il la célébrité qu'il a eue en France et à l'étranger? Sans vouloir le comparer aux chefs-d'œuvre de la littérature du moyen-âge, à Ro- lant, à Aliscamps, à Girart de Roussi lion, nous pou- vons répondre que oui. Le sentiment religieux et guerrier qui l'anime, ses nombreux récits de combats, les malheurs d'rClic, la courageuse persévérance du héros, tout cela lx AIOL devait intéresser et passionner les auditeurs. Mais à le considérer au point de vue de la valeur littéraire, notre poëme manque d'unité, comme nous l'avons déjà fait remarquer plus d'une fois ; la première partie est vraiment intéressante pour les mœurs et les habitudes de l'époque ; elle n'est pas du ton ordinaire de la chanson de geste et se rapproche parfois du fableau ; la seconde, au contraire, œuvre du remanieur, est pleine d'interminables aventures de voleurs qui n'ont d'autre but que de retarder le plus longtemps possible le retour d'Aiol et deMirabel à la cour du roi de France, et n'a guère d'autre intérêt pour nous que les allusions qu'elle fait aux grands événements du commencement du xnre siècle. Quant aux caractères des principaux personnages du récit, ils sont bien tracés et ne manquent pas de noblesse. Aiol est un beau type de persévérance et de générosité. La patience avec laquelle il supporte les moqueries des habi- tants de Poitiers et d'Orléans est admirable, et c'est là une qualité qui n'était pas commune aux chevaliers du xrne siècle, à en juger d'après les chansons de geste. Quand on lui reprochait la pauvreté de son costume, Renier, le frère de Girart de Vienne, en usait autrement1. N'ayant à combattre que pour sa famille, notre héros est i . Voy. Girart de Viane, éd. Tarbé, p. 14-15. — Nous retrouvons dans Girart de Viane (éd. Tarbé, p. 17-8) quelques vers ressem- blant aux vers 1 582-5 d'Aiol : Le cuers n'est mie ne ou vair ne ou gris ; Ens est ou ventre la ou Deus l'a assis. Tels est or riches qui de cuer est faillis : Et tels est povresqui est fiers et hardis. Il ne faut voir dans ce rapprochement qu'un lieu commun qui pourrait se rencontrer ailleurs. AIOL lxj moins grand que Rolant qui combattait pour sa patrie; mais il en a la bravoure et le dévouement, sans en avoir la rudesse. Aimant Mirabel, il attend qu'elle soit chré- tienne pour l'épouser; ayant juré à Makaire de ne point le dénoncer en passant au travers du camp du roi, sous les murs de Lausanne, il reste fidèle à ce serment prêté à son ennemi mortel. Ces deux traits suffisent à peindre le carac- tère de notre héros ; c'est celui du chevalier du moyen-âge dans toute sa foi et sa loyauté. Mirabel ' est aussi une figure agréable et bien dessinée par Fauteur. Son type est fréquent dans les chansons de geste : elle rappelle particulièrement Floripas dans le Fierabras. Mais Mirabel est de beaucoup plus sympa- thique que la fille de Balant; son amour pour Aiol n'est pas une passion brutale comme celui de cette dernière pour Gui de Bourgogne ; enfin elle a un beau et noble mouve- ment quand, refusant par deux fois d'abjurer la religion chrétienne, elle renverse la statue de Mahomet. Passons sur les deux personnages de Makaire et d'Élie, qui n'offrent rien de très-particulier ; l'un est le type bien connu du traître des chansons de geste, des Alori, des Hardré et autres scélérats ; l'autre, un peu effacé dans le poëme tfAiol, représente le noble chevalier injustement déchu de la faveur du roi et portant vaillamment son infortune. Le type du roi Louis, tel que nous le trou- vons dans notre chanson, est plus intéressant. En effet, i. Le nom de Mirabel semble avoir été commun aux deux sexes au moyen-âge. Alberic de Trois-Fontaines (Pertz, Mon. Gertn., XXIII, 894) parle d'un chef de Sarrasins en Sicile qui portait ce nom. Philippe Mousket donne à ce même chef le nom de Mirabeau (éd. Reiffenberg, v. 2333g). lxij AIOL dans tous les romans où le fils de Charlemagne est mis en scène (ce sont surtout ceux du cycle de Guil- laume au Court Ne%), il est représenté comme un mo- narque faible, sans énergie, tenant plutôt du moine que du soldat. Un seul fait exception, la Reine Sibile, et encore, comme Ta fait remarquer M. G. Paris (Hist. poét., 400), n'est-il pas bien sûr que ce soit à la personne de Louis le Pieux qu'il ait été fait allusion dans ce poëme. Or dans YAiol, Louis est peint au contraire sous des cou- leurs très-favorables : il est juste, actif, courageux. Ce n'est plus ce Louis que nous montre le Couronnement Loeys, laissant tomber la couronne impériale que lui remet son père; c'est un roi chevalier et guerroyant. Nous croyons qu'il y a là un fait remarquable qui donne à notre chanson un mérite tout particulier. De même que pour les types des personnages, notre chanson offre, pour le récit, de véritables qualités. A côté de passages longs et diffus, on rencontre de fort belles scènes, des tableaux bien présentés et nombre de vers vigoureuse- ment frappés. Elle n'a cependant pas toujours été appréciée à sa juste valeur par la critique moderne. Amaury Duval, dans le tome XVIII de l'Histoire littéraire, se demande si Y Académie des Inscriptions consacrera des notices à des poëmes tels q\ïAiol, et dans une discussion avec Fauriel, M. P. Paris n'est pas fort tendre pour notre chanson ; Fauriel au contraire paraît avoir eu une véritable prédi- lection pour notre Aiol, dans lequel il voyait un poëme provençal primitif, et l'a cité mainte fois dans son His- toire de la poésie provençale . Quant à nous, nous ne pouvons mieux finir qu'en répétant avec M. Léon Gautier que ce poëme est un « beau » poëme, qui peut tenir une aiol lxiij place des plus honorables parmi les monuments de la littérature du moyen-âge. Il nous reste quelques mots à dire de la façon dont nous avons conçu cette édition. Nous avons reproduit notre manuscrit sans tenir compte des contradictions d'ortho- graphe qu'il peut contenir; nulle part nous n'avons essayé de rétablir la langue du poëme, et les formes picardes, dues au remanieur, se rencontrent dans la partie en vers de dix syllabes à côté des formes ordinaires. Ce n'est que dans les cas, relativement assez rares', où le ms. est véri- tablement fautif, que nous avons fait des corrections 2, et nous avons alors reproduit en note la leçon que nous avons rejetée ; les lacunes que nous avons reconnues ont été notées ; les miniatures du texte indiquées ; et un Glos- saire que nous avons essayé de rendre le plus complet possible a été ajouté au poëme, suivi d'un Index de noms de personnes et de lieux, qui sera, nous l'espérons, de quelque utilité à l'onomastique de l'épopée française. Notre tâche, du reste, nous a (été rendue facile par l'obligeance bien connue de notre maître et ami, M. G. Paris, qui a revu les épreuves de cette édition et nous a prodigué les conseils bienveillants de son érudition et de sa critique si fermes et si sûres. Paris, novembre 1877. 1. Nous avons parfois respecté certaines fautes contre la décli- naison, qui sont imputables volontairement au remanieur. 2. Les crochets [] indiquent les lettres ou les mots qu'il faut suppléer, les parenthèses ( ) ce qu'il faut retrancher. ADDITIONS ET CORRECTIONS Texte V. 46 France lisez Franche 89 Marcegais lis. Marcegai, et de même dans tous les passages où Marchegai est au cas suj. 171 laissiele lis. Iaisiele 182 et ailleurs s'enmcnrés lis. s'en menrés 20g terre lis. tere 224 porseingié[sJ corrigez por- soingiéfs] 226 defteres lis. desferés, et de même pour quelques autres mots en sf 234 semblera lis. samblera 257 Autressi lis. Autresi 270 quantqu'il lis. quanqu'il 333 Hersent. Ce personnage est le même que Marsent. Voy. le Gloss. 355 Pour ce vers et pour ceux dont la coupe est semblable, il faut supprimer notre correc- tion. Voy. /'Introd. p. xv ss. 35 7 Après ce vers ajoutez le suivant : Que vous vous desmentés si faitement 38 1 ymaige lis. ymage 457 très lis. très 494 Supprimez la correction 5bb hom corriger home 577 parmi lis. par mi 7bb sui lis. fui on Franche lis. France 944 occis lis. ocis 982 n'en lis. nen 997 Vo corrigez Vofs] ; le ms. a de plus le mot terchiés que nous avons corrigé en torchiés 1 1 3g vaillant lis. vallant 1141 bailliet lis. balliet 1 198 est lis. ert 1217 gueredonné lis. gueredoné 1221 Mettez en note iches 1293 esté lis. esré 1299 bois lis. bos 1370 et io343 Vavassor lis. Va- vasor 1 53 1 très lis. tros i558 OU lis. Oie 161 5 conison lis. connison 1698 tant lis. tans 1956 donc lis. dont 1937 que vers lis. qu'envers ig5o et 6536 mes lis. mes 1952 le corrigez li 1962 hardi Us. ardi ig85 S'aseoit lis. Se seoit 1997 rice corrigez rice[s] 200D Mettes en n0*e ^e vo's povre 2025 hesbergerie lis. herber- gerie 1XV) AIOL 2099 Luciane lis. Lusiane 21 ig Mettes en note vaura 2140 sist lis. tîst 2196 membre Us. menbre 23 18 nobile corrigez nobiIe[sj 236 1 Mettez en note sors 2433 ester lis. m'ester 2482 et 4888 en pensé Us. en- pensé 2499 le corrigez li 2080 Qu'ai lis. Qu'el 2610 hersoir lis. ersoir 261 3 Mette^ en note entoschie- rent 2828 et 2896 dit lis. dist 2988 qu'ainsi lis. qu'ansi 3oio Rétablisse^ la leçon du ms. Mainte communalment 3o38 id(e)us lis. isd(e)us 3129 vengons Us. vengon 3 149 mesprison lis. mesproison 3246 ensis lis. ensi 32D9 et 3407 coup lis. caup 3 5 1 o à lis. a 3527 Estanpoic lis. Estanpois 3578 exploitier lis. esploitier 3677 sailent lis. saillent 3 680 Mettez en note sanescal 3767 mol lis. molt 3843 paires corrigez paire(s) 3 g 53 Mettez en note La convine mon père 4026 Si Us. Je 4071 tour lis, bour 4194 remendra Us. remandra 4287 et 483 1 Ja lis. La 4324 retanrai lis. retaurai 4489 Mettez une virgule à la fin du vers 4493 n'est lis. n'ert 4498 bannir lis. banir 4504 et 5977 par lis. por 4571 saillis lis. sailis 4667 ce lis. che 4682 depart[ir]ent lis. départent 4684 Diex lis. Dex 4693 breullet lis. breulet 4733 tenromes lis. tenrommes 4734 ferons lis. feron 4748 Remplacez Gontart, qui est dans le ms.,par Foucart. Voy. le Gloss. 4753 Jofroifs] corrigez Jobers ; supprimez de plus dans le Gloss., au n° 1 de Jofroi, la mention du v. 4753 4807 estraicr corrigez estraier[s] 4824 du lis. d'un 4869 et 5981 homme lis. home 4993 mort lis. mor[t] 5 170 cos lis. cols 5 189 frans chevaliers lis. franc chevalier 5270 chrestienté lis. crestienté 5329 li lis. la 5420 sut Us. su[t] 5844 Mettez une virgule après cief 61 17 n'y lis. n'i 6 141 ades lis. adés 6 1 5 1 idus lis, isdus 6160 ose lis. osse 6384 ran Us. ren 6443 grant corrigez grans 6487 tés lis. tex 653o Mettez en note fisent 6620 autre lis. autres 6734 la lis. le 6765 bon Us. boin 6848 laisié lis. lacié 6927 orrent lis. orent 7014 l'estor corrigez l'estor[s] 71 14 trestoute corrigez trestout [lie 7238 l'i lis. le 7239 Qui corrigez Que 7240 cuide lis, quide 7290 et 7435 Supprimez la vir- gule à la fin du vers 7446 ne lis. n'en 7447 c'est Us. si 7494 conduissiés corrigez con- duisfelsiés 7495 ai lis. a 7571 la lis. lor 7583 entre lis. outre 7637 orguellous lis. orgellous 7670 Avient corrigez Avi(e)nt 7721 tour lis. tor 7754 grant lis. grans 7755 assaillier lis. asaillier 7774 Mettez une virgule après plaist 7862 qu'a lis. c'a 7975 et 9145 quarrel lis, quarel 7992 coreçous lis. coureçous 8244 baisa lis, baissa 8320 quarree lis, quaree 8344 Cil Us. Cis 8534 Qu'Aiols lis. C'Aiols 8636 vueil lis. voil 8662 cartes lis. cartres 8698 fust lis. fu 8824 Makaire Us. Makaires 8861 compeus lis, com peus 8862 Supprime? la virgule après composte 8865 le lis. la 8872 cor lis. cos 8916 la lis. le 8965 pinable lis. Pinablc (?) 8983 Mont lis. mont 8995 quivers lis. quiverfs] 9108 moult lis. molt 91 71 Dieu lis. Deu 9202 C'estoit lis. Ch'cstoit 9237 les lis. ces 9410 Laiens lis. Çaiens 9414 autres lis. autre[sl 9D04 Mette? en note Monagu 9509 c'a lis. c'o 9522 malotrus lis. malostrus 9564 herbegage lis. herbergage 9795 el lis. al 9g83 en lis. s'en 9984 brancs lis. brans ioo83 mes sires lis. mesires AIOL lxvij ioi3o et io8o5 hanste lis. anste 10275 qu'on lis. c'on 10284 solier lis. soler io32q sont lis. font 10863 ont lis. on[t] 10867 core '**. corre Glossaire P. 329, col. 2,1. 33. VIII lis. t. I P. 332, col. 2, 1. i5. Corrige? tout l'article ainsi : Faitement : si — 1738, etc., de telle manière; com —, com- ment. P. 332, col. 2, 1. 34. Supprime? cette ligne P. 332, col. 2, I. 52. dissyll. lis. toujours trissyll. P. 334, col. 2, 1. 2. Ajoute? : part. p. de Iraistre AIOL. ICHI COMMENCHE Ll DROITE ESTOIRE D'AtOL ET DE MlRABEL, SA FEME, ENSI CON VOUS ORÉS EL LIVRE. I Signor, or escoutés, que Dieus vos soit amis (/. qG) Li rois de sainte gloire qui en la crois fu mis, Qui le ciel et le tere et le mont establi Et Adan et Evain forma et benei ! 5 Canchon de fiere estoire plairoit vos a oir? Laissiés le noise ester, si vos traies vers mi. Cil novel jougleor en sont mal escarni : Por les fables qu'il dient ont tout mis en obli ; La plus veraie estoire ont laisiet et guerpi : 10 Je vos en dirai une qui bien fait a cierir. A tesmoig en trairoie maint franc home gentil Et maint duc et maint conte et maint riche marchis. N'est pas a droit joglere qui ne set ices dis, Ne doit devant haut home ne aler ne venir; 1 5 Teus en quide savoir qui en set molt petit, Mais je vos en dirai qui de lonc Fai apris. Il oten douce France un boin roi Loeys, Si fu fieus Karlemaigne qui tant resné conquist, Qui de tant riche roi la corone abati ; 20 II ot une seror, aine tant bêle ne vi : S'avoit a non Avisse al gent cors signori, Il n'ot tant bêle dame en .lx. pais. Il plot a Dameldieu qui onques ne menti Que mors fut Karlemaignes et a Ais enfouis. 25 A Loeys re|s)mest li tere et li pais. Li traitor de France Pont de guère entrepris : Loeys ne set mie u se puisse venir, (b) i Miniature. — io a cesti — 27 p. garir AIOL N'en quel de ses chastieus il se puisse garir Enfressi que al jor que vos poés oir 3o Que il sa serour done a un conte gentil : Il ot a non Elies, molt fu preus et ardis, Aine mieudre chevaliers nen ot aubère vesti(s); Quant il ot espousee la seror Loeys, Son droiturier signor par qui il ert chéris, 35 Les traitors de France par armes acoilli La ou il les pot prendre, aine raençon n'en prist Ne avoir ne loier onques n'en requelli : Del prendre et de Tochire estoit cascun[s] tous fis, Et con plus ert haus hom, plus grant justice en fist; 40 Aine n'espargna le grant nie[n]t plus que le petit. Ançois que li ans fust passés ne acomplis, Ot il si bien le roi aquité son pais Que il n'avoit nul home qui guerre li fesist. Loeys li fieus Karle mal gueredon l'en fist : 45 II li toli sa tere et chou qu'il dut tenir, Et le cacha de France a paine et a essil Par le conseil Makaire, que ja Dieus nen ait, Un mavais losengier, un quiver de put lin. Es landes de Bordele s'en est li dus fuis, 5o Puis furent tel .vu. an (s) c'onques ne but de vin; Moysès, uns hermites, le porcacha et quist, Par dalés sa capele .1. abitacle fist. La dame estoit enchainte quant ors de France issi : Quant vint en l'ermitage, si délivra d'un fil, 55 Issi con Dieu[s] le vaut et lui vint a plaisir. Onques nus plus biaus enfes de mère ne nasqui, Sel leva li hermites et crestian en fist, Baptême li dona en son moustier petit, N'avoit home ne feme ne vale[t] entor l(u)i 60 U peust prendre non que donner li poist; Mais ore m'entendes comment il li avint. Tant avoit savagine [en icjel bois foilli, 5q haut — 40 nesparenga — 60 non prendre que doner li peust AIOL 3 Culevres et serpens et grans aieils furnis; (c) Par de jouste l'enfant .1. grant aiant coisi, 65 Une beste savage dont vos avés oi Que tout partout redoutent li grant et li petit, Et por icele hcste que li sains hon coisi L'apela [il] Aioul : ce trovons en escrit. Puis fu il chevaliers coragous et ardis, 70 Et si rendi son père tout quite son pais, Et Dameldieu de gloire de si boin ceur servi, Quant vi(e)nt après sa mort, que en fiertre fu mis : Encor(e) gist a Provin, si con dist li escris. 1 1 Signor, or escoutés, que Dieus grant bien vos face, 75 Li [sire] glorieus, li père esperitable Qui le ciel et le tere a trestout en sa garde! Oies boine canchon de mervellos barnage : Bien avés oi dire et as uns et as autres Que .xiiii. ans estut Elies el boscage 80 Courechous et dolans et povres et malades, Qu'il ne pooit lever a Noël ne as Pasques, Al jor de Pentecouste ne as festes plus hautes, N'onques ne pot vestir ne cemise ne braies. Sa moullier le gentil molt doucement le garde; 85 Moisès li hermites le porquiert et porcache. Par dalés son moustier li fist .1. abitacle : D'une part fu li dus et sa mollier de l'autre, Et Aious en la tierche, Moisès en la quarte; Ses cevaus Marcegais [si] estoit en une autre, 90 Ses aubers en la quinte, en la siste sa targe. Sa lance fu si longe ne pot en l'abitacle, Ains remest par dehors al vent et a Forage; Mais quant Elies vi(e)nt premiers en l'ermitage, Dolant fu de sa lance qui ne pot estre save : 95 A l'espee trenchant dont li branc [d']achier taille En recaupa li ber .111. pies et une paume, 89 en .1. autre 4 AIOL Tant qu[e] ele pot bien entrer en Pabitacle. Quant il en ot osté et recaupé grant mase Ne trovast on en France issi longe d'un[e] aune.(i) ioo Sovent pleure li dus, plaint et soupire a larmes, Regrete douce France, ses castiaus et ses marces : « Mal fesis, Loeys, biaus serouges, fieus Charle(s), a Qui me cachas de France et acointas Makaire : « Jamaisn'ertnusseusjorsqueljoumolt] net'enhace. io5 « Ahi! biaus fieus Aious! de vos ne sai que face! « Por manoir en ces bos ne serés jamais sages, ce Tous i deve[n]rés sos, enfantieus et savages. « Ne voi qui vous aprenge del ceval ne des armes ; « Mais pleust ore a Dieu, l[e père] esperitable, 1 10 « Que vos fuissiés en France, a Paris u a Chartres, « S'eussiés mon ceval et trestoutes mes armes : « Encor(e) vos aid[e]roit Dieus l[i] esperitable[s] ! — Sire, » che dist Aious, « ne sai [por vous] que fâche, « Car si vos voi destroit, angoisous et malade(s) : 1 15 « Sel vos oisaise quere volentiers i alaise. « Esgardés de ma dame con ele pleure a larmes ; « Car li proies, biaus sire, que si grant deul ne face. « Por amor Dieu le père esperitable, « Se m'en donés congiet prendrai vos armes; 120 « Si m'en (a)irai en France querre vos marces. — Biaus fieus, » ce dist Elies, « Dieus bien te face ! « Encor(e) me puisses rendre mon iretage! III « Bêle seur, douce amie, » ce dist Elies, a Nous somes nut et povre, n'avons dont vivre ; 125 « Nous fussiens piecha mort ne fust Termites. « Voist Aiols a Orliens, la cit garnie, ce Al fort roi Loeys qui est nos sires : ce S'avenoit que bataille eust furnie, ce Et Dieus li donoit faire cevalerie, 1 3o « Se Fameroit li rois et la roine. m Si e. — 125 mors AIOL 3 — Sire, » che dist la dame, « chou por coi dites? a Mes enfes est si jovenes n'a point de vides : « Molt tost le torneront Franc a folie; « Se je perc mon enfant iere caitive: 1 35 « C'est tous mes recovriers, ma joie fine. (7.97) IV — Bêle seur, douce amie, » ce dist li ber, « Ne deshaitiés l'enfant ne ne cosés : « Mais nous li prions ore par sa bonté « Qu'il ait en douche France al roi parler. 140 « S'il venoit en bataille ne al jouster, « Molt tost le poroit Dieus amenistrer « Qu'il seroit a la cor des mieus amés. — Sire, » che dist la dame, « merchi por Dé : « Mes enfes est si jovenes, s'a poi d'aé, 145 « Que il ne set encore querre .1. ostel « Ne a un gentil home ne set parler. « François sont orgellous démesuré : « Laidengier le vauront et ranproner : « Il nel poroit soufrir ne endurer; 1 5o « Tost respondroit folie, car petit set; « Si l'aroient li Franc tost afolet, « Je remanroie lasse, mon ceur iré, « Jamais n'aroie joie en mon aé ; « Ne li ai que doner qu'il puist porter. » i55 Quant l'entendi Aiols, s'en rist li ber : « Taisiés, » fist il, « ma dame, plus n'en parlés : « Mal dehait qui laira por povreté « Que jou ne voise en France al roi parler! « Se vos n'avés avoir, Dieus a assés, 1 60 « Qui del sien me donra a grant plenté. » Quant Elies l'entent, s'en rist li ber : « Or en irés, biaus fieus, al congiet Dé : « Jhesus vos i laist faire par sa bonté « Dont li rois mieus vous aint et son barné. 162 c. dei 6 AIOL 1 65 « As eskiés ne as tables, fieus, ne jués : ce Celui tient on a sot qui plus en set, « Car se li uns les aime, l'autre les het, « Lors commenche grant guerre sans nul catel. » N'aies cure d'autrui feme enamer, 170 « Car chou est un pechiés que Dex moult het, « Et se ele vos aime, laissiele ester. (b) ce Si vos gardés molt bien de l'enivrer, « Et sachiés bien qu'ivreche est grant vieutés. « Se vous veés preudome, si le serves, 175 « Se vous seés en bant, si vous levés; « Les grans et les petis tous honorés; « Gardé[s] que nul povre hom[e] vos ne gabés; « Ançois i poriés perdre que conquester. 179 — Ce ferai jou, biaus père, » che dist li ber. V « Or en irés en France, biaus fieus Aiols; « Si porterés mes armes et mes adous; « S'enmenrés Marchegai ensamble o vous. « Quant vos venrés, biaus fiex, a le roi court, ce Assés i troverés dus et contours, 1 85 ce Vesques et archevesques et vavasours : ce Povre serés et nus et besongous, ce Et desgarnis de dras et soufraitous : ce Mais il n'i ara certes plus franc de vous, ce Car vos estes li niés Tenperreour, 190 ce Je[l] sai bien a fiance, fiex sa serour. ce Celés vostre corage tout a estrous, ce Tant c'aiés fait bataille et grans estours, ce Et guerres afinees voiant aus tous, ce Quant li rois le sara si ares prous. 195 — Si ferai jou, biaus sire, » che dist Aious. VI ce Biaus fiex, » che dist Elie[s], ce entendes moi. ce Je vos castierai : faire le doi; 177 ne vos AroL 7 « Si vos donrai conseil par boinc foi : « Vos en irés en Franche servir le roi. 200 « Tel dame a en Orliens, s'ele vivoit, « Qui vos ferait aie se vous veoit : « Ele est seur vostre mère, si aroit droit. « Celés vostre corage tout a estroit « Tant c'aiés fait bataille et grant tornoi, 2o5 « Et guerres afinees voiant François : « Vous i ares grant preu, sel set li rois. VII « Or en irés en France, » che dist Elie[s] : (c) « Je vos commanc a Dieu le fil Marie, « Qui le ciel et le terre a establie. 2 1 o « Quant vous venrés en France le signorie, « Gardez vos de Makaire, Dieus le maudie ! « Le sien acoi[n]tement ne tenés mie, ce Car quivers est et fel et plains d'envie : « Il me cacha de France par félonie. 21 5 « Traies as boins osteus d'anchiserie ; ce Mangiés a grant plenté par signorie, « Ne bevés mie trop de vin sor lie, « Car nel tient on a sage, coi que nus die: 219 « Ains en est asottés qu'il soit complie. VIII « Or en irés en France, a Dieu congié : « S'enmenrés Marchegai, mon boin destrier. « Par le foit que vos doi vostre bel cief, « Il n'en a nul millor en nul resnié : « Mais il est mal gardés, mal porseingié[s] ; 22 5 « Li chevaus est molt maigres et deshaitié[s] ce Et si est defferés de[s] .un. pies. « Mais pensés del ceval c'ait a me[n]gier : « Del feure et de l'avaine ne soit dangier. ce Ja ne venrés, biaux fiex, .r. mois entier 2 3o ce Que trestous ciaus de France pores gaingier : 208 fiex — 229 le — 23o trestout AIOL « Por une liewe core et eslaissier, « Ne Testeut cTesperon .m. fois touchier. « Gardés ne le vendes ne engagiés : « Tost semblera plus biaus c'autres nen iert. 235 « Ma lanche s'est molt torte, mes escus vies, « Et mes haubers ne fu piecha froiés, a Ne mes elmes forbis ne esclairiés. « Povrement en irés a ce premier, ce Que ne menrés sergant ne escuier ; 240 « .1111. saus porterés, fieus, de deniers « Ceus ferés a vostre oste sempre cangier : « S'arés de Colongois .v. saus u mieus. « L'ostes ert senecaus et despensiers ; (d) « Vous serés larges ber, boin[s] vivendiers, 245 « Autressi con .c. mars [vous] eussiés. « Fiex, quant iceus fauront, Dex est es cieus, « Li rois de sainte gloire, li droituriers, « Qui vous envoiera que mestiers iert. » Quant Tentendi Aiols, moult en fu liés 2 5o Qu'il s'oi a son père si castoier. Trestoutes ses parolles retient il bien ; En son ceur les frema et mist el brief. E Dieus ! eles li orent puis tel mestier ! IX Signor, che savés vous que c'est vertes : 255 Li oiseus deboinaires del bos ramé(s), Il meismes s'afaite, bien le savés : Autressi fait el bos Aiols li bers ; Les consaus de son père mist si en grés, Il n'ot valet en France mieus dotriné(s), 260 Ne mieus a .1. preudome seust parler. Del ceval et des armes seut il assés, Si vos dirai comment, se vous volés : Car ses pères Pot fait sovent monter Par la dedens le bos ens en .1. pré 244 ber larges — 2by Autressi aiols el bos fait li bers AIOL 9 265 Et le boin ceval corc et trcstorner, De dit et de parolle l'en a moustré, Aiols le retient bien comme sénés; Et des cours des estoiles, del remuer, Del refait de la lune, del rafermer, 270 De chou par savoit il quant qu'il en ert : Avise la ducoise l'en ot moustré; Il n'ot plus sage feme en .x. chités. Et Moisès Termite Tôt doctrine, De letres de gramaire Tôt escolé : 275 Bien savoit Aiols lire et enbriever, Et latin et romans savoit parler, Ne en tere u il sache ja tant esrer. Il apela son père par amisté : « Sire, por amor Dieu or m'entendes. (/. 98) 280 « Vos m'envoies en France por conquester : « Au fort roi Loeys irai parler; « Si n'ai apris mes armes a porter, « Quant onques encore home ne vi joster « Vers autre chevalier qui fut armé[s] : 285 « Sire, por amor Dieu, m'en aprendés « De dit et de parolle, se vos savés, « Se je sui en bataille n'en camp entrés, « Et chevalier[s] me vient por agrever, « Comment le porai jou mieus adamer ? 290 — Biaus fieus, » che dist Elie[s], « molt estes ber, « Cortois et preus et sages et porpensés. « Certes chou est grant sens que demandés, « N'en devés de nul home estre blâmés, « Et je vos en dira la vérité : 295 « Bien brochiés le destrier par les costés, « Et baisiés vostre espiel, si le branles, « Tant com ceval[s] peut rendre vers lui venés, « Grant cop sor son escu se li donés « Que lui et le ceval acraventés, 277 Lacune après ce vers? 10 AIOL 3oo « Al recerqicr des rens sovcnt tornés, « Monjoie le Karlon haut escriés, « Et sovent et menu grans cos ferés. a Par che serés cremus et redoutés; « Autretel fist vos pères que chi veés. 3o5 — Sire, » che dit Aiols, « c'est vérités : « Bien conoi que c'est voir que dit avés. « Or vous plevi ge bien ma loiauté(s), a Ne ferai couardie en mon aé, « Ne félonie, traison porpenser, 3 10 « Ne ja a mon linage n'iert reprové « C'on i truisse boisdie ne lasquetés. — E dieus ! » che dist Elie[s], « molt par es ber ! « Bien sai qu'encore arai mes iretés « Par mon enfant Aiol(s) c'ai engenré. 3 1 5 — Ch'arés mon, » dist Aiols, « vos les rares, (b) « De chou soies vos tous raseurés : « Se Dieus me maine en France a saveté « Que al roi Loeys puisse parler, « Ançois que vos voies (tout) cest an passer, 32o « Les vos voil toutes rendre et aquiter. » Quant Elies Tentent, liés fu li ber. X « Or en irés en Franche, Aiols, fiex gens; « Je vos commanc a Dieu omnipotent « Qui fist et mer et ciel et tere et vent, 325 « Qui de mort vos deffenge et de torment ! « Biaus fieus, or soies sages et de cler sens « Et se retenés bien castiement. « De Dieu (s) de sainte gloire, fiex, te deffenc, « La ou(ques) tu le saras en ton vivent, 33o « Ne pren a mavais home acointement : « Tost en aroies honte, mien ensient. « Un neveu ai en France qu'es[t] tes parens, « Il est fiex ma seror dame Hersent : 3og Vers visiblement altéré — 3io ne sera rep. AIOL I I « S'a [a] non Gilcbers o le cors gcnt, 335 « Si guerroie le roi u France apent : « Tout chou fait il pour moi, dont est dolent « Que il me taut me tere, mon casemcnt. « Biaus ficus, aies a lui premièrement; « Se il vos conissoit par nesun sens 340 a II ne vos fauroit ja, mien ensient. — Sire, » che dist Aiols, « c'est por noiant : « Ains irai a mon oncle u France apent, « De lui terai me tere, mon casement; « Je ne querrai ja autre en mon vivent 345 « Jusques j'orai de lui le covenent, « Car chou est li plus riches de mes parens. » Quant l'entendi Elies, molt fu joians : « Biaus fiex, molt m'enmervel u tu chou prens, « Dont te vient cis mémoires et chis grans sens. 35o — Lasse! » che dist Avisse o le cors gent, « Certes c'est grant mervelle que ne me fent (c) « Li ceurs que j'ai el ventre tout esianment, « Quant or s'en va mes enfes si povrement « Qu'il nen a chieres armes et garniment : 355 « Ja ne venra en tere n[e] entre gent « Qu'il ne soit escarnis molt laidement. — Dame, » che dist Elies, « c'est por nient, « Encore en ares joie, mien ensient : « Anuit songai .1. songe molt avenent 36o « Dont li ceurs me va molt esbaudissant. « La u Aiols aloit, vos fiex li frans, « Li bos et les gaudines, les forés grans « Aloient contre lui tout aclinant ; « Ors, lion(s) et lupart, sengler, serpent, 365 « Devant lui se coucoient en chemin grant ; « A lor langues aloient ses pies léchant, « Et Aiols les prendoit as mains devant, 356 csgarnis — 362 li forians cf. 397 — 364 serpens — 365 grans - 367 al mains 1 2 AIOL « Ses ploncoit en un[e] aiguë et lee et grant; « Tout li oisel de France, mes iex v[o]iant, 370 « Venoient contre lui a piet esrant « Que il n'avoient eles ne tant ne quant ; « Aiols lor rendoit plumes de maintenant, a En peu d'eure les fist lié[s] et joians. « Dont revenoit [uns] aigle[s] fors et poissans 375 « Qui les autres oiseus va justichant ; « A lui se compaingoient .11. ostoir blanc, « S'aloient en Espainge leus maintenant, « Tout droit a Pampelune la chité grant : « Li mur de la chité de la avant 3 80 « Aloient contre lui tout aclinant ; « La conquist une ymaige Aiols li frans, « Nus hon ne vit plus bêle en son vivant, « Qu'il amena en France le cemin grant : « Al moustier Sainte Crois [s'en] vi(e)nt esrant. 385 « Prestre, moigne, canoine [et] clerc lissant « L'ymage baptisierent de maintenant : (d) a Ençainte me sambla veraiement, « Puis vi de li issir .11. colons blans. a Dont m'esvellai del songe, n'en sai avant. 390 — Sire, » dist Moysès, li clers sachans, « C'est [uns] boins qui vous vient si aprochant : « J'ai hermites esté .xxxvi. ans : « Si sai d'astrenomie le covenant ; « Je vos dirai del songe par avenant, 395 « Si que [jou] n'i faurai ne tant ne quant, a La u Aiols aloit, vos fiex li frans, « Li gaus et les gaudines, les forés grans « Qui contre lui aloient tout enclinant, « Che sera un[s] roiaumes plenier[s] et grans 400 « Qui sous Aiol sera tous apendans ; « Si avéra corone el cief portans. « Ors, lion et [lupart], saingler, (et) serpent 38i .1. ym. — 384-5 intervertis — 397 Les g.— 402 serpens AIOL 1 3 « Qui devant lui aloient lecemin grant « Et vos tieus les plongoit en l'aiguë grant, 4o5 « Che seront Sarrasin, Turc et Persant « Qui por lui querront Dieu omnipotent « Et prendront baptestire veraiement. « Tout li oisel de France petit et grant « Qui contre lui venoient a pié esrant 410 « Que il n1avoient eles ne tant ne quant, « Aiols lor donoit plumes de maintenant, « En peu d'eure les fist liés et joians, « Che seront chevalier et boin sergant « De la tere de France la de devant 41 5 « Qui perdu ont lor tere, lor casement : « Par Aiol les raront delivrement. « Ce senefient, sire, li ostoir blanc « Que prendront compaingie a vostre enfant : « S'en iront en Espaigne tout droitement, 420 « Dessi a Panpelune le chité grant. « L'ymage que veistes, frans dus vaillans, « Che ert une pucele molt avenant : (/. 99) « Aiols l'ara a feme, vos fiex li frans ; « Ele si ert ençainte de .11. enfans 425 « Qui d'Espaigne feront tout leur talent. « Si li songes est voirs, qui pas ne ment, « Encore seront (il) roi li doi enfant, « Cascun[s] ara corone el cief portans. — E Dieus ! » che dist Elies, « père poissant, 43o « Dame sainte Marie, qui vivra tant, « Que jou aie tel joie de mon enfant? « Je ne querroie vivre plus en avant. — Sire, » dist Moysès, li clers sachans, « Ne vos [en] aies pas esmervellant ; 435 « Vos estes jovenes non, mien ensiant, « Vous n'avés encor mie .xxxvi. ans : « Tout chou pores veir et plus avant. 428 portant 14 AIOL XI « Sire, » dist Moysès, li sains hermites, « Je vos ai dit del songe la profesie; 440 « Que chou que il tesmoigne tout senefie : « Encore ert vos fiex rois, n'i faura mie. » Aiol son fil baisa li france Avisse Et les iex et la bouche et la poitrine, Et trestout en plourant li prist a dire : 445 « Or en irés en Franche, fieus gentiex sire, « Je vous commanc a Dieu le fil Marie « Qui le chiel et la tere a establie « Qu'il deffenge vo cors de vilenie. XII — Filleul, » dist li hermites, « je te lairai. 45 o « Volentiers te fis(t) bien et te levai ; « Je te mis non Aiol : si t'apelai « Por amor de l'aiant c'o toi trovai; « Or te lairai veir s'onques t'amai : « Quant jou estoi[e] jovenes, .1. brief portai : 455 « Ne fu onques nus mieudres ne n'en jamais, « Li non de Jhesu Crist i sont tout vrai. — Sire, » che dist Aiols, « très bien le sai, « Car par mai[n]tes foi[e]s esgardei l'ai ; (b) « Dameldieu[s] le vos mire quant je Tarai. 460 — Filleul, » dist li hermites, « jel te donrai. » XIII Moysès prist le brief, se li dona ; De sor le destre espaule li saila. Aiols li fiex Elie se regarda, Ançois qu'il [Fjait ploie si l'esgarda, 465 Bien et cortoisement se desresna : « E Dieus! » che dist li enfes, « quel brief chi a! « Makaire[s] de Losane le comperra ; « Se il m'atent a cop, le chief perdra ! 469 « Mes honors et mes teres me rendera ! XIV — Filluel, » dist li hermites, « tu as le brief; 446 fiex — 463 le r. — 464 le regarda AIOL I 5 « Il ne fu onques mieudres ne jamais n'iert. « Tant con Taras sor toi ne doute rien : « Fus ne te peut ardoir n'eiwe noier. — Sire, » che dist Aiols, « gardés ert bien. » 475 II apela son père par amistié : « Vous m'envoies en France por ga[ajignier, « Al fort roi Loeys pour acointier. « Bien savés que valès ne escuier[s] « Ne doit aporter armes s'en chevalier[s] : 480 « Sire, por amor Dieu m'aparelliés ! « Quant je venrai al roi qui Franche tient « Que ne soie entrepris por escuier. » Quant Tentendi Elies, molt en fu liés : « Biaus fiex, molt estes sages et afaitiés : 485 « Les armes ares vos molt volentiers. » Isnelement le fist aparellier : El dos li ont vestu Tauberc doublier, Et Avisse li lâche l'elme ens el cief ; Puis Tapela Elies par amistiés, 490 Qu'il li vaudra ja çaindre le branc d1achier Et doner la colee, s'ert chevalier[s]. XV « Or en irés en France, fiex, » dist li mère, « Servir roi Loeys nostre enperere. « Jhesu[s] vos i laist faire tele saudee (c) 495 « Dont li cors soit garis, (et) l(i)1 ame savee. « Por Dieu n'obliés mie vostre chier père « Qui chi remaint (mait) malades en tel contrée : « Ne l'i regardera parens ne frère. — Dame, » che dist Aiols, » Dex li saveres, 5oo « Qui fist et ciel et tere et mer betee, « Garisse moi et vos et mon chier père! « Molt par fist grant pichié cil vostre frère « Qui si vous a de France escaitivee. « Mais se [je] puis venir en la contrée 473 le p. — 47g sest ch. — 498 parent l6 AIOL 5o5 « A bataille furnie ne ajoustee, a Tant i fer[r]ai de puin et de l'espee, « Enfressi c'a .r. an, ma douce mère, « Vos quic avoir vo tere si aquitee, « Qu'encore en esterés dame clamée. 5io « Or en irai huimais, (car) l'aube est crevée. » Il est venus al lit u gist ses pères, Et Elies l'apele, çaint li l'espee Qui tant estoit tranchant et longe et lee : Moysès li hermites l'ot aportee, 5 1 5 Qui .xv. ans tous entiers l'avoit gardée, Sovent l'avoit forbie et ressuee Qu'el ne fu enrunjie ne tre(s)salee; Et Elies li a al flanc seree; Mais la resne ert rompue et renoee. 5 20 Elies a la paume amont levée : Si en dona son fil une colee : « Biaus fiex, » che dist li dus, « Dex li saveres « Te doinst pris et barnage longe durée ! « Armes as tu molt boines, [et] molt m'agrée. 525 « La bronge c'as vestue est si seree « Onques por caup de lance ne fu fausee; « Li elmes dont avés le teste armée « Si m'a gari de mort en grant mellee: « Ains ne fu enbarés por caup d'espee ; 53o « La vostre qu'avés çainte est si tempree (d) « Qu'il n'a nule millor en .vu. contrées. « Se Dex vos done avoir et grant saudee, « Por Dieu n'obliés mie [la] vostre mère « Qui chi remaint si seule et esgaree. » 535 Li hermites s'en torne sans demoree : En sa capele en entre qui est sacrée, Les armes Dameldieu a recovrees, Si a l'enfant Aiol messe chantée : Aiols trestout armés Ta escoutee ; 517 Quil ATOL 17 540 En Marchegai monta quant fu finee, Et pcndi a son col sa targe lee, Et prist se grosse lanche viese enfumée : A Dameldieu commande et père et mère. La ot al départir tel doulousee, 545 Por l'enfant est la dame .111. fois pasmee. Et Aiols s'en torna sans demoree, Et trespasse les bos et les contrées, Les puis et les montaignes et les valees ; Or ira reconquere l'onor son père 55o Dont sa mère est a tort escaitivee : Jamais n'avra repos s'ert aquitee Et si l'avra en Franche ains ramenée ; Mais il l'ara ançois molt dessiree 554 Et si Tara ançois chier comperee. XVI Des or s'en va Aiols, s'a pris congié. En un bos en entra grant et plenier; De .v. lieues plenieres n'avoit plaisié, (/. 100) Ne vile, ne recet por herbergier For[s] seul a l'ermitage c'avoit laisié ; 56o Dameldieu reclama le vrai del ciel : « Dameldieus, sire pères, voir[s] droituriers, « Qui la mer et le mont as a jugier, « Tu me garis de mort et d'encombrier; « .Tai men père malade el bos laisié, 565 « Peu m'a apris d'estor et ensaignié : « Se je fuirai por hom s'il me requier[t]? « Quant l'un[s] ne connoist l'autre et il li vient, « Molt l'ai oi conter des chevaliers, « Quant il sont bien armé sor les destriers, 570 « Il brocent lor cevax qui molt vont bien ; « Cascun[s] al miex qu'il peut l'autre requiert; « Grans cos s'en vont doner sans atargier, D48 moitaignes — 554 Miniature avec cette rubrique : Ch'est chi ensi com Aiols a pris congiet a père et a mère et al saint hermite et s'en va vers Franche. ô AIOL « Qui ne ciet ne ne verse cil le fait bien, « S1il ne brisent lor lances si sont irié : 575 « Il jetent lor tronchons jus a lor pies, « Puis traient les espees as brans cTachier; « Mervelleus cos se donent parmi les chiés. « Dameldieu, sire père, je n1 en sai riens, « Ne onques ne vi jouste de chevaliers 5 80 « Ne cenbel ahastir ne commenchier. » Dont broche Marchegai son boin destrier. Et Marchegai li saut .xnii. pies : « E Dieus ! » ce dist Aiols, « or l'a je chier : 584 « Jamais jor de ma(i) vie nel quier cangier. » XVII Des or s'en va Aiols, Tenfes gentis, Le sentier par le bos molt esmaris ; Dameldieu reclama de paradis : a Glorieus, » fet il, « [père], qui me fessis, « Et le ciel et le terre as a baillir, 590 « Tu me garis de mort et de péril. « Aine ne vi chevalier autre ferir, « Ne cenbel commenchier ne maintenir. « Ja Dameldieu ne plache qui le mont fist (b) a Que puisse entrer en France le Loeys 595 « S'aie veu joster par devant mi « Issi c'aucune cose en aie appris. » E Dieus ! si ne fist il, che m'est avis, Ne fuissent les proiere[s] q'Avisse fist La soie vaillant mère al cors gentil, 600 Et Elie ses pères en proie aussi Jhesu de sainte gloire qui ne menti, Senpre fust retenus u mors u pris, Q'a Pissue del bos ens el chemin Ot .1111. chevaliers tout Sarrasin[s], 6o5 Et vien[en]t de saudee, molt ont conquis, Assés portent avoir et vair et gris, 58o abastir — 598 la pr. qauissi AIOL 19 Et argent et denier[s] et boin or fin. De l'ost roi Mibrien furent parti, Torné de Pampelune, le riche chit, 610 Et cherkent les fourier[s] et les lairis, Et furent dessendu en droit midi Por lors cors aaisier et refroidir : En l'ombre se couchierent d'un ramé pin; Lor escuier bohordent sor lor roncin[s], 61 5 Les escus lor signor a lor caus mis Por eus esbanoier par le lairis. L'uns s'eslaisse vers l'autre, sel vait ferir, Toute plaine sa lance jus l'abati, Et cil resaut en pies, monte el roncin. 620 Aiols les regarda qui del bos vint Volentiers et de gré, et si s'en rist, Et jure Dameldieu qui ne menti Sil l'atendent a cop qu'il fera si. Il broche Marchegai sor coi il sist : 625 Li cevals le senti, si tressailli, Des espérons a or tous en frémi, Car molt avoit grant pieche [que] nés senti Fors al premier eslais que el bos fist; Il est issus del bos, vint el lairis, (c) 63o Galopant vait vers aus tou[t] le cemin. Li escuyer l'esgardent, si Font coisi, L'uns s'eslaisse vers l'autre tous aati[s], Grant cop li vait doner sor l'escu bis : Mais tant est fors et durs ne Ta maumis 635 Que il n'avoit milleur en nul pais : Sa lanche pechoia, n'a plus conquis. Aiols fu chevaliers preus et gentis : Bien s'afkhe el destrier, n'est pas guencis; Le glouton regarda, sel fiert aussi. 640 De l'escu li percha tain et vernis, Grant cop li a doné en mi le pis; Le fer de son espiel el cors li mist, Toute plaine sa lanche mort l'abati. 20 AIOL Encore estoit Aiols si enfantis 645 Ne li quida mal faire, se li a dit : « Remontés tost, vallet, sor vo ronci : « Demain vos tenés miex se estes ci ! — Cuivers, » che dist li autres, « tu Tas oci[s]! — N'en puis nient, « dist Aiols, » se Dieu[s] m'ait ! 65o « Ansi quidai juer con tu fesis. « Puis que cestui ai mort, or garde ti ! a Encor(e) sara je bien tel cop ferir « U plus grant s(e)' il se peut adevenir. « Sire Dieus, boine estrine, » Aiols a dit. 655 ce Chou est li premier[s] lion c'onques feri. ce Or m'est il bien avis je Tai ochi[s] : « Or doinst Dex que che soit .r. Sarrasins ! ce Desor gent chrestiane ne quir ferir. — Cuivers, » che dist li autres, ce si estoit il, 660 te Mais tu le comperas, par Apolin! » Quant Tentendi Aiols, lié[s] en devint. XVIII Or fu Aiols li enfes en mi le pré, Et li .111. escuier sont molt iré Que lor compains gist mors en .1. fossé. 665 L(i)' uns s'en vient vers Aiol tous [a]irés; (d) Il a brandie l'anste al fer quarré, Vait ferir en l'escu vies enfumé : Tant estoit fors et durs n'est pas troés. Aiols fu chevaliers preus et menbrés : 670 Bien s'afiche el destrier, n'est pas versés, Et cui Dieus veut aidier il est savés ! Le glouton esgarda, si fist autel, En mi le pis li ra tel caup doné Que très par mi le cors li fist passer 675 La boine lance toute al fer quaré, Que mort Fa abatu en mi le pré. Comme li doi le virent, si sont iré, 671 qui AIOL 2 1 Isnelement fuiant s'en sont torné, Vinrent as Sarrasins, si ont crié : 680 « Por Mahomet, signor, car secoures. « Chi traverse .1. vallès par mi che pré, « Nos compaingons a mors et afolé[s] : « Des armes que il porte sanble maufé. » Li .1111. paien l'oent, si sont iré ; 685 II saillirent en pies, si sont levé, Et vinrent as chevaus, si sont monté, Et prendent les escus a or bendé, Et saisirent les lances as fers quaré[s] : Vers le dansel s'eslaisent tout abrivé. 690 Et Diex garisse Aiol par sa bonté Qu'il ne soit mors ne pris ne afolé[s] ! S'or ne se peut deffendre par sa bonté Ja Taveront ochis et afolé, 694 Car parent ne cousin n'i ot mené. XIX Or fu Aiols li enfes en mi le pre[e] Et li .1111. paien lés le ramee; Monté sont es chevaus de lor contrée, Mais n'orent que .11. targes a or bendees; Surent .11. groses lances longes, ferees, 700 Et les autres estoient el camp remeses As escuiers qui erent en mi la pree. (/. 10 1) Et li paien chevaucent, n1i aresterent ; Vers le dansel s'eslaissent grant alenee : L'un[s] des paiens li crie : « Traitre, leres, 705 « Fieus a putain, garçon, traies l'espee, « Se le me bailliés tost se ele est clere : « Mon escuier as mort, s^stoit mes frère. » Aiol[s] a juré Dieu qui est saveres : « Se tu nen es plus durs que li autre ère 710 « Tu comperas anqui ceste criée. » Il broche Marchegai sans demoree; 678 Ilnelement — ôSi vallet 22 AIOL Li paien[s] li trestorne derandonee, Grans cos se vont doner es targes lees. Li Turs brise sa lance de neuf fere[e], 71 5 Mais li Aiol se tient qu1est enfumée Que la targe li a frainte et troee Et la bronge del dos li est fausee; Par mi outre le cors li est passée La lanche a tout le fer ensangle[n]tee 720 Que mort l'a abatu en mi le pree. A haute voix escrie : « Diex saut mon père ! « Toutes ses vieuses armes bien ai gardées. « Fiex a putain, paien, avés soudée; « Pire est vo neve lance de Tenfumee. 725 « Qui me donroit des neuves une caree, « Ne donroie la moie, car molt m'agrée. » Puis a le grosse lance tost recovree, Contremont vers le ciel si l'a levée. « Dameldieu, » dist il, « sire, [glorieus] père, 73o « Garissiés hui mon cors, v[e]rais saveres ! » Et va ferir .1. autre qui s'apresteve Que la targe li a par mi trouée ; Li Sarrasins trestorne qui l'a doutée; A Aiol (s) est sa lanche droit escapee : 735 Ens el treu de la targe en est remese, Et li paien[s] s'enfuit par mi la pree : Si traine la lance viese enfumée. (b) Aiols gete la main, si trait l'espee, Si vait ferir le Turc une colee 740 Que la teste li a du bu sevrée. Li quars s'en va fuiant de randonee, Et quant le voit li ber, ne li agrée. Si aquelli celui par mi Testree Qui trainoit la lance viese enfumée ; 745 Après lui est venus sans demoree ; Hautement li escrie : « Amis, biaus frère, 721 deix — 722 mont bien g. — 725 .1. car. AIOL 23 « Car me rendes ma lance, s'il vos agrée. « N'en voil nule de vos neve(s) planée, « Car la moie est plus roide et enferee. 75o « .1111. sous vous donrai de ma contrée: « Par foi, ceus me carga Paumer mes pères. » Li paiens Pentendi qui se desree, Il regarde la lanche qu^il) a trainee; Il trestorne la main, jus l'a jetée; 755 A espérons s'enfuit par mi la pree, Et Aiols a se lance tost recovree; Contremont vers le ciel si l'a levée : « Dameldieu, » dist il, « sire, glorieus père, « Or a jou bien veu jouste membree : 760 « Ahi ! c'or nel savés, Elies pères, « Que j'ai si grant bataille chi afinee! « Dieus ! si lie en fuisiés, Avise mère ! « Je ne sai qui cil sont, de quel contrée. « Dameldieu[s] me confonge, li voir[s] saveres, 765 « Se ja de lor avoir en porc desree. « Ne sui pas marcheans qu'aie borsee, « Ains m1en vois reconquerre l'onhor mon père, « Dont ma mère est a tort escaitivee. » Il entra en sa voie grant et feree 770 Et trespasse les mons et les valees. Adonc fu il molt prèle) s de la vespree; Aiol[s] reclaime Dieu le v(e)rai savere Que boin ostel li doinst li nostre père. (c) Il trova .1. ostel en selve clere : 775 De sain[s] moines i a de sa contrée Qui por l'amor de Dieu bien Tostelerent : Pain et vin a l'enfant por Dieu donerent; Marchegai son destrier li establerent, Très en mi le maison li assenèrent, 780 De l'avaine et del feure se li don[e]rent : E Dieus ! si ber le fissent ! cose est provee. 774 el s. — 777 dex 24 AIOL Il avoit .vi. larons en la contrée : Sovent les assailloi[en]t as ajornees; Ançois la mienuit laiens entrèrent, 785 Les moignes de laiens enkenbelerent, Lor escrin et lor arces tous deffremerent, Les livres et les dras tous en jetèrent Et trestout l'autre avoir qu'il i troverent, Et de sor Marchegai trestout torserent ; 790 Aiols dort d'autre part; ne l[e] troverent. XX Li laron ont les moine[s] enkenbelés Et les serjans loiés et encombrés ; Les escrins et les arces ont deffremés, Les livres et les dras ont fors jetés, 795 Et desor Marchegai trestous torses. Aiols en une cambre d'autre part ert : La se dormoit li enfes qui mot ne set. Celui n1ont li laron mie trové : Signor, n'est pas mençoinge, c'est vérité; 800 Cil cui Diex veut aidier il est trovés. Aiols est esvelliés, vit le clarté, Car li laron avoient fu alumé ; Les sergans ont loiés et encombré[s] : Si a veu les moines enkenbelés, 8o5 Les escrins et les arces vit deffremés; Si en a son ceval veu mener : Or ne demandés mie s'il fut irés; Dameldieu reclama de majesté : ce Dame sainte Marie, or secoures : (d) 810 « Se mon ceval enmainent mal ai esré. « Jamais en douche Franche ne quir entrer « Ne ne rendrai mon père ses iretés. » Il sailli fors del lit, si est levés ; Près estoitde ses armes, si s'est armés : 81 5 II a l'auberc vestu, Féline fremé, 782 .vu. 1. — 795 trestout — 800 qui A10L 25 Et a çainte l'espee a son costé, L'escu par les enarmes al pis seré. Il saut fors de la cambre a le clarté, A sa vois qu1il ot haute lor a crié, 820 Si lors dist fièrement : « Signor, estes ! « Por qu'avés vos ces moines e[n]kenbelés « Et ces serjans loics et encombrés ? « Cel ceval, s'il vos plaist, me renderés : « Vos n'i avés nul droit, car Dex le set : 825 « Mes pères le nori quil m'a doné; « J'en avérai soufraite sel me tolés. » Et respondi li maistres : « Avant venés ! « Si serés or en droit tondus et rés : « Nous vos ferons corone al desevrer ; 83o « Ensamble avoec ces moines demo[re]rés : « Matines et complie [si] canterés. » Quant l'entendi Aiol[s], molt fu irés. Quant il ot que merchi ne pot trover, De Dieu les desfia par grant fierté : 835 Puis a traite l'espee qu'iert a son lés. Si vait ferir le maistre qu'il ot parler : Amont par mi le cief l'a encontre Que la teste del bu li fait voler ; Puis rêva ferir Tautre ; si l'a coupé, 840 Et escrie : « Montjoie ! » par grant fierté. « Fiex a putain, larons, n'i du[re]rés. « Chou est Aiols li enfes c'avés trové, « Qui fu noris el bos, qui rien ne set : « Mais il vaura aprendre tout chest(i) esté 845 « Comment chevaliers autre doit encôntrer (/. 102) a Et en ruiste bataille armes porter. « Tout estes mort et pris se m'atendés, « Ja devant cheste espee ne garirés, « Ains en serés tout mort et afiné(s). 85o « Car mes pères me dist al desevrer 842 enfen — 849 tous mors 20 AIOL « Que il n'avoit millor en .x. chités : a Et tout chou qu'il me dist ai jou trovéïs) . » XXI Aiols ot des larons les .11. ochis : 11 escria as .un. : Rendes vos pris! 855 « Del pendre u de l'ardoir ert mes plaisirs. » Li laron respondirent : « Fel Dieu menti, « Nos compaignons avés mors et ochis; « Vous le comperés chier ains l'esclarcir. » Grans maçues avoient, bien l'ont requis : 860 Aiol s] leva Pesai desor son vis, Et fiert .1. des larons qu'il consui Que la teste li tist del bu partir. Puis s'escrie : « Monjoie ! » par grant air, 864 « Fiex a putain, laron, tout estes pris ! » XXII Aiol[s] ot des larons les .111. tués, Il referi le quart par grant fierté (s) Que la teste li fist del bu voler. Li dui tout en fuiant s'en sont torné, Et Aiols les encauche par grant fierté. 870 S'en a l'un retenu, l'autre tué. A l'abie revient tout le (cemin) feré, Puis desloia les moines par [grant] bonté. Hautement escria : a Cestui prendés, « A le brance d'un caine si le pendes, 875 « Car tout issi doit on laron mener. » Et cil si fissent sempre sans demorer. La commencha justiche Aiol[s] li ber; Puis le maintient il bien tout son aé. Huimais pores oir la vérité 880 Com il rendra sen père son ireté, Car par grant traison en fu jetés. (b) La nuit i sejorna jusc'au jor cler : Congiet a pris as moines, si s'est armés. 856 dex menti — 85g Grant — 866 refiert AIOL 27 Aiol[s] monte el ceval, s'en est tornés; 885 En son maistre cemin en est entrés. XXIII Des or s'en va Aiol[s] lance levée Et trespasse les plains et les contrées, Et les grans desrubans et les valee[s] ; Venus est a Poitiers a .v. jornees. 890 Che fu par .1. joidi a la vespree: Aiols entra es rues par mi Pestree ; Sa lance estoit molt torte et enfumée, Et ses escus fu vieus, la boucle lee, Et sa resne ronpue et renoec, 8q5 Et les piaus de son col sont descirees. Li ceval[s] vit les armes mal atirees : Il fronche des narines, la geule bee; Aiols li tient le resne estroit seree, Ausi porte [la] teste en haut levée 900 Que li cers que on cache a la menée, Quant li bracet le cacent a la ramee. Chevalier et borgois l'en esgarderent, Et dames et puceles es tors montèrent, Et dist li un[s] a Tautre : « Voies, compère, 905 « Par la foi que vou[s] doi, qui est chis leres ? « Ces armes que il porte a il enblees, « Mais molt par a le chiere [et] bêle et clere, « Et bien resamble fiex de france mère. » XXIV Des or s'en va Aiol[s] molt irascu[s] 910 Quant tout le vont gabant, grant et menu. E vous .1. lecheor corant venu : D'un celier ist tous ivres, qu'il ot beu, Et ot jué as deis, s'ot tout perdu ; Corant vint a Aiol, si l'arestut, 91 5 Par le frain le sacha par grant vertu. « Maistre, » dist li lechieres, « estes venu[s]? 890 vcrprec 28 AIOL « Qu'avés tant demoré al boin eur ? (C) « Mi compaignon vos béent, tout ont perdu. « Gis chevaus est moult maigres et confondu[s] : 920 « Il estera anqui al vin beu, « Et celé lance roide et cis escu[s]. « Qui vous dona che frain a or batu ? « Lesresnes en sont routes, mais [molt] boin[s] fu. » Par le frain le saisi, si Parestut. 925 Marchegai le regarde, si nel connut : Il hauce le pié destre, si l'a féru, Par desous le braioel ens el vui bu, Que tout son pié li a el cors repu[s] : Jostelui rabat mort tout estendu. 93o « Cuivers, » chou dist Aiols, » a (il) vous féru ? « Que gisiés vous illeuc ? car levés sus ! « Racatera mon gage .v. sous u plus. » Et cil borgois s'en gabent qui l'ont veu, Et dist li uns a l'autre : « Trai toi en sus ! 935 « Cis est de la taverne trop tost issus ; « Che samble des cevaus le roi Artu : « Ne peut consentir home que tout ne tut. « E Dex ! com a loer fait cis escus ! « Che resamble des armes dant Esau 940 « Qui vesqui par eage .c. ans u plus. » Quant Tentendi Aiols, dolans en fu, Parfondement reclaime le roi Jesu. XXV Des or s'en va Aiol[s] par le marchié, Lui ne chaut s'est occis li pautoniers, 945 Car molt l'avoit gabé et laidengié ; Molt le vont porsivant trestout a pié Et serjant et borgois et escuier Et dames et puceles et ces molliers ; Ains mais n'entra tel joie dedens Poitiers. g5o Et dist li uns a l'autre : « Cousin, voies : y38 fait a 1. AIOL 29 « Tout avons de novel regaig[n]ié, « Car chi nous est venus un [s] chevaliers « Qui samble del parage dant Audengier. » (d) Li borgois sont félon et malvoisie : 955 Molt li aront lait dit et reprovier : « Dites, sire, u menrés [ijcel destrier ? « Bien ait qui vous aprist a cevauchier. « Vous vengerés Fouré quant tans en [i]ert. « De la cose a nos moines aies pitié ; 960 « Ne vous caut aparmain, [si] le laisiés : « Il prieront pour vos en lor sautiers, « Quant il canteront [messe] en lor moustier : « De rober ordené c'est grans pichiés. « Faites nous un eslais par che marchié. 965 « Li chien de ceste vile s'en sont gagié « Qu'il mengeront le car de cel destrier. « Chiés Pieron le sue[u]r vos herbergiés ; « Se li donés .v. sous de vos deniers : « Il vous aprend[e]ra quir a taillicr; 970 « Vos viverés molt bien de cest mestier : « On ne doit avoir honte de gaingier. » Quant Aiols l'entendi, si m irié(r)s. Bel et cortoisement lor respondié : « Signor, » che dist li enfes, « car vos targiés : 975 « Dameldieus vos pardoinst tous vo[s] piciés ! « Aies a vos osteus, si me laisiés, « Ja ne me tieng [jou] mie a gui[n]lechier : « Caitis sui d'autre tere, nel quier noier ; « Qui qui me tiegne a vi(e)l, je me tieng chier. » 980 Alquant s'en retornerent qu'en ont pitié. XXVI Signor, ja savés vous, s'est vérités, Il n'en a sous siel home de mère né(s), Tant soit jovenes et fors et adurés, S'estoit en autre terre escaitivés 963 grant 30 AIOL 985 Qu'il fust povre de dras et desnués, Que ne soit laidengiés et molt gabés, Et qu'il ne soit tenus en grant vieuté(s); Ausi fu en Poitiers Aiol[sJ li ber(s), Que trestout le porsievent par la chité : (/. io3) 990 « Vasal, chevalier, sire, a nous parlés : « Furent ces arme[s] faite[s] en vo resné ? « Fu Audengier[s] vos pères qui tant fu ber « Et Rai[mjberghe vo mère o le vis cler? « Iteus armes soloit toudis porter. 995 « Car remanés o nous en cest esté ; « A ceste Pentecouste nos ju[s] ferés : ce Vo chevaus ert torchiés et abevrés, « Si nous en juerons par la chité. » Quant Aiol[s] l'entendi, molt fu irés : 1000 II s'oi blastengier, si fort gaber; Et ire et marnaient, bien le savés, A de hardement home tost enbrassé. Il li vint en talent et en pensé Que il traisist del feure sen branc let[r]é, ioo5 Et qu'il lor courust sus tout abrivé[s], Quant del consel son père li est menbré, Et del castiement del gaut ramé. Por tant si a son sens ramesuré : Bêlement lor respont par humleté : 1010 « Signor, Dieus le vos mire, laisiés m'ester ; « Vous faites vilonie que me gabés ; « Et tort et grant pichié et mavaistés : « Aine ne vos mesfis riens en mon aé. « Se je suis povres hom, Dex a assés, ioi5 « Li rois de sainte gloire de majesté « Qui le ciel et le tere a a garder, « Et del sien me pora grant part doner : « Quant Dameldieu[s] vaura, j'arai assés. » Li auquant s'en tornerent qu'en ont pité; 1020 Por chou que bêlement Toent parler. Es vous .1. lecheour tout abevré, AIOL 3i Qui en .r. cclier ert tous enivrés, Et s^stoit de ses dras tous desnués. Par le frain le saisi, si l'a tiré, 1025 Que .1111. pies ariere le fist passer. (b) « Vasal, » dist li lechieres, « a moi parlés ! « Anuit herbergerés a mon ostel : « Une de nos mescines al lit ares, « Trestoute le plus bêle que quesirés, io3o « U toute la plus laide, se miex lamés. « Li vostre haubers sera au pain portés, « De vostre elme arons vin a grant plenté, « De vos cauchiers arons poison assés. » Isnelement en est avant passés, io35 Se li ala le frain del cief oster, Atout vers le taverne en est tornés. Quant Ma[rjchegai se sent si délivrés Del frain que de la bouche li ont osté(s), Onques si fais chevaus ne fu trovés: 1040 J'oi le mestre dire qu'il fu faés. Après le glouton va tous abrivés, Il cluinge de l'orelge, si l'a hapé, Amont el ateriel si Ta combré Que .1111. pies de tere Ta souslevé, ioq5 S(e)'a escouse la teste, sel laist aler : Li glous chei a tere, si est pasmés Que par mi les narines saut li sans cler[s]. Aiols le retorna tout de son gré, As pies de son ceval Ta défoulé io5o Que .111. costes li a el cors froé. De son ceval s'abaise li baceler[s], Se li ot tout del puin le frain osté, Et chief de son ceval Ta refremé : « Vasal, » che dist Aiols, « car vos levés : io55 « Se vous volés del mien, si en ares. « Certes je ne vieng pas por marier. » io3i hauberc — 1039 fait — 1047 sanc 32 AIOL Adonc s'en gabent tout par la chité, Borgois et damoisel et bacheler. Et dist li uns a l'autre : « Por Dieu ! veés : 1060 « Onques [mes] tés chevaus ne fu trovés : « Che peut bien estre voir qu'il est faés. » (c) XXVII Des or chevauce Aiols grains et plain[s] d'ire, Car tout le vont gabant aval la vile, Borgois et damoiseles et fies] mescines : io65 « Vasal, parlés a nous, chevalier sire : « Furent ces armes faites a vostre guise ? « Ains en [tous] nos aés teus ne veismes. » Aiols lor repondi grant cortoisie : « Signor, laisieme ester, Dex le vos mire : 1 070 « Frans hom(e) qui ra[m]prone autre par estouthie « Il doit sa tere perdre et sa franchise ; « Laron doivent gaber, gent s'il le triche, « Cil qui sont engenré par iresie. » Li auquant s'en tornerent, si s'umelient, 1075 Et vienent au glouton, se li escrient Qu'il s'en fâche porter a ses mescines. Li glous s'en va plaingnant, du ceur sopire, Et demande le prestre, ne pot plus dire. Et garçon et ribaut tout li escrient : 1080 « Tu as hapé le frain, si n'en as mie.. » Atant es .1. borgois manant et riche : Cil ot a non Gautiers de saint Denise ; Senescaus fu .v. ans le duc Elie Et por son droit signor Aiol avisse : 108 5 II le resamble miex qu1 home qui vive. Il vaura ja parler de grant franchise. XXVIII « Signor, » dist li borgois, « laissiés ester: « Cascuns se deveroit bien porpenser « Que il n7a .1. tout seul en cest(e) resné, 1070 Franc — 1072 vers altéré. A10L 1090 « Tant soit et fors et jovenes [et] bacheler[s], « S'ert ore en autre tere escaitivés, « Qu'il fust povre de dras et desnués, « S'il s'ooit laidengier et si blâmer, « Ne fust ja plus honteux et abosmés 1095 « Courechous et dolans et aires; « Vos veés qu'il est enfes et bachelers, « N'a pas apris les armes bien a porter, « Et si n'a home mort n'autrui navré, « Ne nule rien tolu n'autrui enblé, 1 100 « Et vous le laidengiés et ranpronés ! « Ançois le deusiés o vous mener, « Et por Dieu herbergier et osteler. » Li preudom^e) Tapela par amistés : « Damoiseus de boin aire, cha entendes, 1 io5 « Se vous volés ostel, nel me celés : « Se vous herbergerai par carité « Por amor mon signor que resamblés, « Le gentil duc Elie qui tant fu ber. « Il fu cachiés de France par poesté 1 1 1 o « Par le conseil Makaire le deffaé : « Vous le resamblés plus que home né; « Por le soie amisté(s) avrés ostel. « Se vos chevaus ne fust si descarné[s], « Miex samblast Marchegai que riens soz Dé 1 1 1 5 « Por l'amor del destrier que j'ai nomé, « Avra cis de Taverne a grant plenté. » Et Aiols respondi comme sénés : « Sire, Diex le vos mire qui nous fist né[s] ! Li preudom Fenmena a son ostel : 1 120 Si a la nuit Aiol bien ostelé(s), E si fist Marchegai bien establer; Trestous les .1111. pies li fist ferer. (d) XXIX Aiols li hex Elie fu herbergiés; 1 1 o3 lapele —1114 sor — 1 1 22 Trestout 34 aiol L'ostes qui l'herberga ot non Gautiers, ii 25 Senescaus fu Elie .y. ans entiers Et fu de mainte cose bien aaisiés. Aiol en amena en sen sollier; Par amor Ta assis lés sa mollier A une ceminee de marbre chier, i i3o Joste .1. fu de carbon grant et plenier. Li ostes l'en apele par amistié : « Dont estes? de quel tere, biaus amis chiers? — Sire, jou de Gasconge, » cilrespondié; (/. 104) « Mes père fu grans hon, bien le sachiés, 1 1 3 5 « Ja fu riche[s] d'avoir et enforciés ; « Mais il est par grant guère tous essiliés « Et si est par malage afebloiés. « Jel laisai de Tavoir si entrepiés « Qu'il n'en avoit vaillant .1111. deniers, 1 140 « Ne mais que .1111. sous qu1il rrfa cargiés. « Or nrfa bailliet ces armes et ces[t] destrier : « Si nrfenvoia en Franche por gaingier, « Al fort roi Loeys pour acointier. — Amis, Dieus te consaut par sa pitié; 1 145 « Ançois avrés grant paine que i v(i)engiés. » Puis demandèrent l'aiguë, si vont mangier; Issi comme en quaresme sont aaisié : Assés orent poison, pain et vin vie. XXX Quant il orent mengié a grant plenté, 1 1 5o Li ostes le rapele par amisté : « Damoiseus de boin aire, a moi parlés. « Aler devés en Franche, ce me contés, « Al fort roi Loeys por conquester : « Vos armes sont molt laides que vos portés 1 1 55 « Et vos escus est vies et enfumés ; « Vos chevaus est [molt] maigres et descarnés; « François sont orgellous desmesuré(s) « Et si sont coustum[i]er de lait parler : « Laidengier vos vauront et ranproner. aiol 35 1 160 — Sire, » che dist Aiols qui molt fu ber, « [A] soufrir m'estevra et endurer, « Et toutes les parolles a escouter, « Les boines et les maies laisier aler, « Tant com Jesu plaira de majesté, 1 165 « Et jou ère d'avoir plus amontés. — Amis, » che dist li ostes, « molt bel parlés : « Se vos poés chou faire, vos vainterés. « Les chemins verés gastes et encombrés : « Il i a des larons a grant plenté : (b) 1 170 « Se vo ceval vos tolent, que deverés, « Et trestoutes vos armes que vos portés ? « Jamais en douche Franche nen enterés. — Sire, » che dist Aiol[s], « laisiés ester : « Teus les vaura avoir et conquester, 1 175 « Nés avra mie tôt a (sa) volenté, « Et chier le compera ains le porter ! — Amis, » che dist li ostes, « or m'entendes. « Il i a un lion d'antiquité, « De la prison le roi est escapés. 1 180 « Tramis li fu de Rome par [grant] chierté : « Il a mengiet son maistre et devouré. « Or est si en parfont el bos entré ; « A paine [i] ose hons tout seus aler. « Il en a .c. ochiset afolés : 1 1 85 « Le chemin a senestre, frère, tenés, « Et Tautre voie a destre celui lairés; « Car se il vous encontre n'i garirés, « Ne vous ne vo[s] ceval[s] n'i durerés, « Que ne soies mengiés et devourés. 1 190 — Sire, » che dist Aiol[s], » laisiés ester, « Que ja par lion n'ere [jou] encombrés, « Se Dieus garist Tespee que j'ai au lés. « Toute ma droite voie vaurai aler : « Cil cui Dex veut garder bien est gardés. 11 95 « Volentiers dormiroie s'estoit vos grés. » Quant li borgois Tentent, si est levés, 36 AIOL Se li fait son lit faire par amisté, Et Aiols se coucha qui est lassés. Li borgois lés sa feme va reposser ; 1 200 En sa cambre perine en est entrés. Quant il se fu couchiés, si a parlé : « Douche seur, bêle amie, cha entendes : « Ai ! Dieus ! cis enfes est escaitivés ; « Voies com il est biaus et gens et clers ; i2o5 « Se il fust bien vestus et acesmés, (c) « N'eust plus bel enfant en .x. chités. « Mais il [par] est si povres et desnués. « En plus de .xin. lieus li cars li pert « Que il a ausi blanche com flors en pré. 1210 « Diemenche arons Pasque, bien le savés, « Que toutes gens soi doivent bel atorner, « Blanches braies vestir et endosser : « Se nous poiemes ore por Dieu penser « Que il eust uns dras a son lever, 1 2 1 5 « De cote et de mantel fust afublés, « Che seroit grant aumoine(s) et carités. « Encor(e) nous poroit estre gueredonné. » Adonc a la borgoisse son ceur iré, Se li a respondu par cruauté. 1220 « Sire, » che dist la dame, « laisiés ester. « Diables ! dont vient ore ités bontés ? « Se tu as ton avoir grant amassé, « Par ta marcheandise l'as conquesté, « Et jou con sage feme l'ai bien gardé. 1225 « Ja est chou .i. ribaus escaitivés « Qui n'ot onques encore en son aé « Qui vausist un mantel de neuf foré : a Je cuic ches garnimens a il enblé « Qu'il a ensanble o lui chi aporté, i23o « Et che maigre cheval a il trassé. » Adonc a li borgois son ceur iré, i2o3 cors — i23o traftè AroL 37 Mais ne vaut a sa feme point estriver; N'ot cure de tenchier ne de coser : De si a Tendemain le laisse ester, 1235 C'Aiols fu revestus et conreés, Et de ses povres dras ratapinés. Rout sont et despané, mal atiré. Li ostes les regarde, s'en ot pité : S'il eust a se feme consel trové 1240 De neuf Peust vestu et conraé(e). Neporquant ses consaus a trespassé : (d) A son escrin en vient por desfremer. Chemise et braie blance en a geté D'un cainsil délié et aflouré ; 1245 Aiol le fil Elie le va doner. De Dieu de sainte gloire Ta merchié ; Prochainement li ert gueredoné Con vos pores oir et escouter Ançois que la canchon doie finer. i25o Puis ala au mostier por Dieu orrer, Car le serviche Dieu n'ot oblié, Car ses pères li ot bien commandé; Puis retorna ariere a son ostel, Et li preudom fu sages et porpensés : 1255 Ançois qu'il s'en alast Ta fait disner. Donc prist Aiol[s] ses armes, [si] s'est armés, Et vint a Marchegai, si est montés, 11 prist congiet a Toste, s'en est tornés ; Et li borgois fu sages et apensés : 1260 Sor .1. boin palefroi en est montés, Son escu et sa lanche li a porté, Des gas et de la vile Ta fors jeté : .111. lieues le convoie tout de son gré. Dont l'apela li ostes par sa bonté : 1 2b5 « Damoiseus de bon aire, vos en irés ; « A Dameldé de gloire soit commandés 1233 c. ne de t. — 1243 tiex — 1266 soies 38 AIOL « Tes cors et ta proeche et ta bontés ! « Vos en irés molt seus et esgarés, « Et molt povre de dras et desnués. 1270 « Certes j'en ai mon ceur molt adolé: « Tenés chest anel d'or par carité, « Se besoinge vos croist ne povertés « Sel poés mètre en gage a vostre ostel. — Sire, » che dist Aiol[s], « bien vous provés, 1275 « Quant por vo droit signor si minorés : « Beneoit[e] soit Pâme de Dameldé « Qui vous aprist a faire tel largeté. (/•. iQ5) « Or vous plevi ge bien ma loiauté « Que se Jhesu franc home me laist trover 1 280 « Qui voille mon serviche rechoivre en gré, « Chest honor vos ferai gueredoner. » Molt douchement le baisse al desevrer; A Dieu de sainte gloire l'a commandé. Donc s'en torna Aiol[s], Toste remest : 1285 « E Dieus ! » che dist li enfes, « par ta bonté, « Al premerain rechet u sui entrés « Com il m'est hui ce jor bien encontré(s) ! « Ahi ! Elies père, c'or nel savés, « Et Avisse ma mère al gaut ramé(s) ! 1 290 « Je ne fuisse si liés par vérités, « Qui tout l'or me donast d'une chité ! » En son maistre chemin en est entré[s], Jusques a none base a il esté. Aine n'encontra nul home de mère né, 1295 N'ermite ne convers u puist parler. Par des(o)us .1. haut tertre en est montés Et puis si a un val adevalé. Il garde devant lui parmi un pré, D'autre part une haie en .r. bois cler, 1 3oo S'a veu le lion adevaler Que li avoit li ostes au soir nomé. Chel jor avoit ochis un grant sengler ; Si en avoit mengiet a grant plenté : AroL 39 Boivre venoit a l'aiguë, car bien le set. i3o5 Quant il coisi Aiol, si s'est tornés Vers lui geule baee comme maufés Qu'il le voloit mangier et estranler : Jamais plus fiere beste vos ne verés. Aiols le voit venir, si l'a douté; 1 3 1 o De son cheval dessent comme sénés, A le branche d'un caine l'a aresné, Qar il se redoutoit de l'afoler, Et a traite l'espee de son costé : (b) Encontre le lion en est aies. 1 3 1 5 A grant geule baee comme maufés Se vient contre l'enfant comme dervés Qu'il le voloit mengier et devourer. As .11. poes devant le va combrer Amont par son escu vies enfumé 1 320 Que les ongles li fait par mi passer Et enprès lui le sache, si l'a tiré, Por un poi qu'il nel fist jus craventer. Mais Aiol[s] le feri del branc letré : Si achemeement l'a encontre 1 325 Que le pié et le poe li a copé. Li lion[s] gete .1. brait, qu'il fu grevés; Mais Aiols le rehaste comme sénés Que par devant les ars l'a tout copé, Que mort l'a abatu et craventé. i33o Ains mais n'en fist tant hom(e) de mère nés : S'en avoit .c. mangiés et estranlés. XXXI Aiols a fait bataille pesant et dure : Molt l'en est avenu bêle aventure; Le poe del lion a retenue, 1 3 3 5 Si l'a a son archon devant pendue. Ja ne le laira mais si ert veue Et par aucune gent reconneue; i33o qui fust nés — 1 332, pesans 40 AIOL Encor(e) li fera ele molt grant aiiie. Puis monte en Marchegai tout a droiture 1340 Et si a trespassé le selve oscure, Et Marchegai li anble a desmesure Et el Castel Esraut vient a droiture Et trespassé del bourc le maistre rue. Molt i trova grans fous de gent menue 1 345 Qui trestout le gaboient par aventure. Quant il ont le grant poe reconneue De la beste savage qui tant est dure, Qui tornoit le pais a desmesure, 1 349 Sel laissent a gaber por l'aventure. (c) XXXII Des or chevauce Aiol[s] li gentiex hom. Par mi Chastel Esraut vint a bandon : Molt i trova de fols et de bricon[s] Qui trestout le gaboient par contenchon. Quant il virent le poe del grant lion 1 355 Qui del pais faisoit destruision, Car en cel bos n'osoit entrer nus hom, Por tant ne gabent mie le franc baron. Bêlement l'en apelent en lor raison : a Dont venés? de quel tere, biaus jovenes hom? 1 3 60 « U presistes le poe de cel lion ? — Signor, je le trovai des pjus cel mont. « La me voloit mengier par contenchon, « Quant Dameldé[s] m'en fist garantison. « A Pespee que porc a mon geron 1 365 « Li copai jou le pié, par saint Simon : « La le lasa ge mort ens el sablon. » Quant cil l'ont entendu, grant joie en ont : Cel jor ot de maint home beneiçon. Evous .1. chevalier(sï c'ot nom Raoul, 1370 Vavassor de la tere, [molt] gentiex hom ; Le pié li demanda del grant lion, 1342 esrant {partout) — 1344 grant — 1 35 1 Par un AIOL 41 Et cil le herberga en sa maison : La nuit li done assés vin et poison. Aiol[s] fu la assis lés le carbon : 1 37D Quant il orent mangiet a grant fuison, Et Marchegai avoit sa livrison Si com fain et avaine a grant fuison, Li ostes l'en apele, mist le a raison : « Dont venés ? de quel tere, biaus jovenes hom? 1 38o « Dont venés ? de quel part? u irés vous? — Biaus sire, en douche Franche, » chedistAiols, « Al fort roi Loeys le fil Charlon ; « S'il me done del sien si remanron. » Et respondi li ostes qui fu preudom : 1 385 « Amis, Diex te consaut par son vrai non, (d) « Qu[e] il a en le cort (Loeys) un mal glouton : « Makaire de Losane Tapele on. « II n'a en nule tere nul plus félon ; « Il est dus de Losene, chou est grans douls; 1390 « Molt set bien losengier (le) roi de Loon, « Il cache les preudomes a deshonor. XXXIII « Amis, » che dist li ostes,- « or m'entendes : 1 Aler devés en France, dit le m'avés, « Al fort roi Loeys por conquester. 1395 « Se vous me volés croire, aillor irés : « Al chastel de le Haie droit vos tenés, « Cha devant en Pontieu vos tornerés : « La troverés Rainier et Aimer, « Et Gilemer TEscot qui molt sont ber, 1400 « Le signor de Boorghes o le vis cler « Qui guerroie le roi par grant fierté « Por chou qu'il a lor oncle desireté « Elie le franc duc qui tant fu ber. » Quant Aiols l'entendi, li bacheler[s], iqo5 Qui bien l'avoit oi et escouté, i38z ficus 42 AIOL Contreval vers le tere est aclinés Quant il de ses parens oi conter ; Il dist entre ses dens, que nus nel set, Ja n'i querra cousin ne parenté 1410 Dessi c'a Loeys avra parlé. Che vaura il savoir et demander Et de sa bouche oir la vérité, Por coi il a son père desireté. La nuit i sejorna jusc'al jor cler. 141 5 Aiols reprist ses armes, si s'est armés, Et vint à Marchegai, si est montés. Il prent congiet a Poste, s'en est tornés, En son maistre chemin en est entrés. Toute jor a Aiol[s] esperoné, 1420 Et garde devant lui en mi .1. pré Desous l'ombre d'un arbre en haut ramé: (/. 106) Si a veu .rr. moignes grant deul mener, Et estoient de dras tout desnué. Aiols s1! aresta por demander : 1425 « Signor, por amor Dieu, et vos qu'avés ? » Et cil li respondirent : « Par tant l'orés : a Car vés la .111. larons en mi ces prés « Qui or en droit nous ont tous desreubés : « Ne froc ne estamine n'i a remés 1430 « Ne peliche ne bote, bien le veés. « Sire, ceste autre voie por Dé(x) tenés : « Se il vos i encontrent, n'i garirés, « Ne vos ne vo[s] cheval[s] ne durerés : « Or en droit vos aront tout desreubés. » 1435 Et respondi Aiols : « Mais n'en parlés : « Ja Dameldé ne plache de majestés « Que li miens cemins soit par eus mués. « Ains vos rend(e)rai vos dras, se vos volés. — Sire, » che dist li maistres, « ne nos gabés. » 1440 Adonc quidierent il par vérités 1423 tous AIOL 43 Qu 'Aiols fust lor compains, s'cust trufé(s). Aiol[s] point le ceval par les costés : Par devant les larons s'est arestés ; Fièrement lor escrie : « Signor, estes : 1445 « Por qu'avés vos ces moines si desreubés ? « Lor froc et lor peliches car lor rendes, « [Et] estamine et botes que vous avés. » Et respondi li maistres : ce Avant venés : « Cel hauberc et cel elme tost me rendes 1450 « Et Fescu et Tespee que vous portés : « Un de mes compaingons en voil armer. — Sire, » che dist Aiols, a. or les prendés, « Car vers vous su je tous abandonés. « Se je nés puis desfendre, vos les ares : 1455 « De Déix) le desfendrai par sa bonté(s). » Il broche Marchegai par les costés Et vait ferir le maistre qu'il ot parler : (b) Par mi le cors li fist le fer passer, Que mort Ta abatu et craventé. 1460 Puis a traite l'espee de son costé : Si referi un autre c'a encontre Que la teste li fist del bu sevrer ; Li tiers li escapa el gaut ramé, Il s'en torna fuiant, molt Ta douté. 1465 Aiols nel vaut cachier car il ne set Nient de la contrée ne del resné : Son chemin ne voloit laisier li ber. XXXIV Aiol[s] ne vaut se voie pas eslongier; Il ne set le contrée ne le resnié(r). 1470 L'avoir reprist as moines sans atargier ; Si lor raporta tout molt volentiers, Si se sont revestu et recauchié, Puis afublent les capes, molt en sont lié. « Sire, » che dist li maistres, « por Dc(x) del ciel, 1473 « Car venés avoec nous por herbergier. » Et respondi Aiols : « Molt volentiers, 44 AÎOL « Se ch[ou] est el cemin droit vers Orliens, « Car celui ne vauroie mie eslongier. — Oil, par ma foi, sire, bien vos en chiet : 1480 « Droit par devant no porte va li sentiers. » Venu i sont al vespre a l'anuitier Et font mander un fevre sans atargier. Marchegai font ferer et bien sainier, Bien a son estavoir tout sans dangier. 1485 Al matin est Aiol[s] cumeneiés Ensamble avoec les moines par amistiés. Toute jor sejorna por le jor chier, Que il ne vaut esrer ne chevauchier. Al lundi s'en parti sor son destrier; 1490 Des moines se départ, si prent congié. XXXV Des or s'en va Aiol[s] lance levée Et trespasse les tertres et les valees. Huimais pores oir quel destinée (c) Jhesu a a l'enfant le jor donee. 149D Makaire de Lossane avoit .1. frère : Rustans avoit a nom en sa contrée : Si va por armes querre a Tenperere; Doi vaillant chevalier avoec lui erent; Quant il virent Aiol, molt le gaberent : i5oo « Or en venrés en France, grans est et lee; « De vous ferons no sot en no contrée : « Si en ara grant joie nostre enperere, « Makaire de Lossane li mien[s] chier[s] frère. « Amis, engenré(s) fumes tout d'un [seul] père i5o5 « Et si fumes porté tout d'une mère. — Hé Diex ! » che dist Aiol[s], « quel destinée, « Makaire de Lossane quant est vo frère ! « Maleoite soit toute Famé vo père, « Car tout desireta ma france mère : 1 5 1 o « Des or vous défi jou de Dieu mon père. » Il broche le cheval sans demoree Et a Tanste brandie viele enfumée AIOL 45 Et va ferir Rustant a rencontrée Que très par mi le cors li a passée, 1 5 1 5 Que mort Ta abatu en mi le pree. Puis retendi la main, si trait Tespee : Del feurela sachie [et] bêle et clere, As .11. escuiers a fait la mellee : Andeus les geta mors en mi la pree. i52o « E Diex! » che dist Aiol[s], « quel destinée! « Dame sainte Marie, vierge honorée, « Or a je bien trové joste membree ! « Hai ! c'or nel savés, Elies père! « Un pan de vo[stre] guerre a jou finee. 1 525 « Je ne sai se Makaire a plus de frères : « Par cestui n'ert jamais terre gastee. » Il entra en sa voie grant et feree Et laissa lor chevaus en mi la pree. XXXVI Des or(e) s'en va Aiol[s] tout son chemin. (d) i53o Quant del frère Makaire se fu partis, Toute jor a esré très c'a midi. A Tissue del bos, près del chemin, En Tonbre d'un lorrier grant et foilli, Sor Ferbe se gisoit uns pelerin[s] 1 535 Qui vient de Jhersalem de Dieu servir. Bordon ot et escarpe, paume et espi, Et boin mulet anblant a son plaisir, Et vaillant escuier a li servir. A loi de gentil home se fu vestis 1 540 Et ot blanche le barbe, le poil fiori : Bien sembloit gentil home, duc u marchi[s] Qui chastel u chité ait a tenir. Contre Aiol se drecha quant il le vit; Premerains le salue li pèlerins : 154D « Damede[x] vos saut, sire, qui ne menti ! — Et Dieus bénie vos ! » Aiol[s] a dit; 1 337 anblent 46 AIOL « Dont venés? de quel part, biaus dous amis? — Sire, de Jhersalem, de Dieu servir. « Je fu la al sépulcre u surexi, 1 55o « Et el mont de Calvaire u mort soufri « Et au saint flun Jordan la Dieu merchi ; « La me baingai awan tierc jor d'avril; « En Tort saint Abraham pris cest espi. — Par u en repairastes, franc pèlerin ? 1 5 5 5 — Sire, très par mi Franche tout droit chemin. — Dites de vos noveles, biaus dous ami[s]; « Avés de nule guère parler oi ? — Oil, » dist li paumiers, « se Dieus m'ai(u)t: « En la chité d'Orliens vi Loey i56o « L'enpereor de Franche grain et mari: « Beruier Font de guerre si entrepris « Qu'il nel laissent des portes d'Orliens issir. — Retient il saudoiers? qu'avés oi. — Oil, » dist li paumiers, « s'il en venist. 1 565 — Sire, » che dist AiolTs], « retenroit mi ? » (/. 107) Li paumier[s] le regarde en mi le vis : Molt le vit nu et povre, descolori ; Si drap sont despané, s'est mal vesti, Et sa grant lanche torte, ses escu[s] bis, 070 Les estriers renoés et mal assis, Et li ceval[s] fu maigres sor coi il sist. Sor son bordon s'apoie, si s'en sourist : « Sire, ne sai que dire, se Dieu[s] m'ait; « Tant vi entor le roi et vair et gris, i5y5 « Et riches garnimens, cevaus de pris : « Je ne quic que li roi[s] conte en tenist. » Quant l'entendi Aiol[s], s'en est marris; Mais il fu preus et sages et bien apris : Del ceur qu'il ot el ventre fist .1. soupir i58o Et plora tenrement des iex del vis : « Sire, » che dist li enfes, « mal avés dit. i5G8 despani — 077 si sen est airies aiol 47 « Ja n'est mi[e] li ceurs n'el vair n'el gris, « N'es riches garnimens, n'es dras de pris, « Mais (il) est el ventre a l'home u Dex l'asist 1 585 « Qui bien me peut aidier par son plaisir. » Quant li paumier[s] Tentent, pitié l'en prist, Por che que bêlement li respondi De chou qu'il [l']ot gabé se repenti. XXXVII Li paumiers lu frans hon de boine part : 1 590 II regarda Aiol, pitié end a. Il le vit nu et povre a mavais dras : De chou se repenti que gabé l'a, Por chou que bêlement respondu a; De grant afaitement se porpensa; 1 595 De bien et de franchise la se prova. Mist le main a l'escerpe que il porta, S'en traist un[e] aumouniere qu'il i bouta Et prist .1. besant d'or que mis i a. Venus est a Aiol, se li dona, 1600 Bien et cortoisement l'araisona : « Gentiex damoiseus sire, entendes cha : (&) « Por amor de celui qui vous fourma, « Del grant péril de mer qui m'en geta, « Al port et al droit avene [si] m'amena, i6o5 « Tenés che bessant d'or, bien vos plaira, « En tel lieu poes venir mestier ara. » Aiol prist le bessant, si l'acola : « Sire, Dieus le vos mire qui tout cria ! « Jhesu Crist le vos range l'esperital! 1610 « Si fera il encore quant li plaira. » Puis en ot vair et gris et boin ceval, Com vos pores oir, quil vous dira. XXXVIII Aiol[s] l'en apela, mist le a reison : « Sire franc pèlerin, com avés non, 161 5 « [Que] se je (mais) vos trovoie (que) vos conison? 48 AIOL — Reinier le fil Gerart m'apel[e] on; « Je sui dus en Gasconge, s'i ai maison. « .11. fiex ai chevaliers de grant renon. « Et vous, franc damoiseus, com avés non ? 1620 — On m'apele, biaus sire, l'enfant Aiol; a Se repairiés en Franche, parlés a nous « Et nous vos serviron par grant amor. » A Dieu le commanda le glorious. XXXIX Aiol[s] li fiex Elie vaut prendre le congié 1625 Al vaillant chevalier qui tant fait a proisier. Ançois que il s'en parte Ta encore areinié : « Por amor Dé(x), biaus sire, et car me conseillés; « Vous i ares amoine, j'en ai [molt grant] mestier. « Qui géraient le roi qui [douche] Franche tient ? i63o « Savés i duc u prinche qui tienge chevalier? « Et li quens de Bohorges ne l'aime mie bien. « Si j'aloie, biaus sire, a la chit a Orliens, « Retenroit moi li rois qui France a a baillier ? « De gaingier, biaus sire, aroie grant mestier. » i635 Li pèlerins l'oi, si a croie le cief : « Sire, ne sai que dire, se Dieus me puist aidier ; « J'ai en Orliens esté .vin. jors trestou[s] entier[s] (c) « Illeuc vi ge le roi qui Franche a a baillier « Et eust ensamble lui plus de .m. chevaliers 1640 « Qui de vair et de gris sont tout aparelié [triers. « Et ont moult boines armes et boin[s] coransdes- « Dirai vos une cose que vous voil acointier : « Il n'a si gentil home dessi a Monpelier, « S'il venoit ore entr'aus en la chité d'Orliens 1645 « Adoubé(s) de ses armes sor .1. corant destrier, « Qu'il ne fust des auquans gabés et laidengiés : « Je sai que a saudee po[r]oit il faillir bien. « Por vous l'ai dit, biaus sire, si ne vos anoit rien : « Car vos armes sont laides et vo[s] destrier[s], 161 6 fiex — 1629 ss. Lacune? — 1641 corant — 1642 .1. cose aiol 49 i65o « Et vo garniment font poi a proisier, « Et vos cauches sont routes jusques as pies, a J'ai encore un castel que j'ai molt chier : « Il a a non Biaufors et en la Marche siet, « Et si ai .mi. fieus ; li doi sont chevalier, 1 65 5 « Se je la vos tenoie, par les sains desosiel, « Je vous feroie anqui molt bien aparellier : « Mais trop en somes lonc, tôt che n'a chi mestier. « Damedie[x] vos porvoie, li glorieus del ciel ; « Li rois des autres rois si ait de vos pitié : 1660 « Onques mais ne vi je si povre chevalier. » Dont sospira Aiols li fiex Elie al viel, Quant de sa povreté li a oi plaidier. XL Aiol[s] li fiex Elie a del ceur souspiré, Et dist al pèlerin : « Je vous commanc a Dé : i665 « Bien m'avés aconté me ruiste poverté « Et jou en ai mon ceur molt forment aire. » Et dist li paumiers : « Sire, trop vos poés haster : « Je voil a vos por che un petitet parler. » Son escuier apele : « Biaus amis, cha venés : 1670 « Aportés celé maie et si le desfremés. » Et cil (li) respondi : « Sire, si com vos commandés. » Le maie Pi corut esraument aporter; A une clef d'argent le corut desfremer. (d) Unes cauches en trait, ja millors ne verres, 1675 De plus fine escarlate n'orés jamais parler, Et uns chiers espérons a fin or noelé[s] : Li paumiers les avoit aportés d'outre mer, Devant le temple dôme les avait acatés; Un marc de blanc argent en avoit fait peser 1680 Pour l'ainé de ses fiex qu'il voloit adouber. Or poés dire et croire, molt est li paumiers ber Quant il les garnimens qu'il avoit acatés Pour son enfant demaine cui les voloit doner, Quant il voit l'estrainge home, se li a présenté. 1668 v. por che] v. parler — i683 quil les 5o AIOL i685 Bel et cortoisement le prist a apeler : « Sire, tenés ches cauches por sainte carité « Et ces chiers espérons : ja millorfs] ne verés. « Par icele grant foi que je vous doi porter « Hom qui est bien cauchiés n'est mie dénués. » 1690 Quant Tentendi Aiol[s], grant joie en a mené : « Sire, cil le vous mire qui en crois fu penés : « Diex me laist encor rendre gueredon et bontés. » E Dieus! si fera il, ja n'en ert trestornés. Il dessendi soz l'arbre, si s'en est atornés. 1695 E Dex ! com or li sisent li esperon doré(s) ! Il vint a Marchegai, s'est par restrier montés, En son cemin en entre, sel commanda a Dé. Baron, a icel tant dont vous m'oés conter N'estoient mie gens el siècle tel plenté : 1700 Li castel ne les viles n'erent pas si puplé Com il sont orendroit, ja mar le mesquerés, Mais les forés antives, li bos grant et ramé Qui puis sont detrenchié, essillié et gasté; Nus hom ne prendoit feme, s'avoit .xxx. ans passé 1705 Et la pucele encontre aussi de bel aé; Quant venoi[en]t al terme qu'aloient espouser, Avoient il tel honte, ce sachiés par verte, Quidoient tous li puples les deust esgarder. Dont estoit fois el siècle, creanche et loiautés : (/. 108) 17 10 Mais puis est avarisse et luxure montés, Mavaistiés et ordure, et faillie [e]s[t] bontés; L'uns compère ne vieut a l'autre foi porter Ne li enfes al père, tant est li maus montés ! On fait mais .ir. enfans de .xn. ans asanbler : 171 5 Prendés garde qués oirs il peuent engenrer ! Por chou est tous li siècles a noiant atornés Et si amenuisiés com chi oir pores. Aiol[s] li fiex Elie fu durement penés, Car il ot toute jor chevaucié(s) et esré(s) ; 1694 sor — 1701 jamais ArOL 0 1 1720 Vit le soir aprochier et le vespre acliner : Dameldé reclama qu'il li doinst boin ostel. Il cevaucha avant, n'est mie aseurés. Devant lui el boscage a oi gent crier, Et regarde sor destre, vit .1. balle levé 1725 Et unes hautes portes et .1. parfont fossé : Uns forestiers i maint qui bien est ostelés; Il ot a non Tieri, molt fu gentiex et ber : Il avoit le foriest entor lui a garder. Aiols vit le maison, molt s'est reconfortés : [730 II a tiré son rené, celé part est tornés; Dessi a le maison ne s'est pas arestés. Le forestier trova a un fu alumé : Gentement le salue com ja oir pores. « Damelde[x] vous saut, sire, » che dist Aiols li ber. T735 Li forestier[s] saut sus quant celui vit armé : « Sire, cil vos garisse que ramentu avés ! « Avés vos de gent garde, que si estes armé ? « Par ces forés antives si faitement aies ; « Piecha je ne vie home qui si fust acemés. 1740 — Je suis uns chevaliers, plus povre ne verés ; « N'a pas encore .1. mois que je fui adobés : « Si n'ai point d'escuier, che sachiés par verte, « Par besoing porc mes armes, si com chi [le] veés: « Je n'ai frabaut ne cofre u les puisse bouter, 1745 « Neis tant d'autre[s] dras u les puise celer, (b) « Ne je(s') les voil laisier n'en chastel n'en chité, « Car tost m'aront mestier, tex me peut encontrer. a. Li rois de Franche a guerre, ce ai je oi conter : « Le matin m'en irai vers Orliens la chité 1750 « Veoir se la pooie saudees conquester. « Anuit mais, s'il vos plaist, vo[s] requir vostre ostel « Por amor Dameldé, se il vos vient a gré ; « Et je sui povres hom : grant amoine ferés. — Sire, » che dist Teris, « volentiers et de grés. 1745 bouter 52 AIOL 1755 « Mes ostex ne fu onques a franc home veés : « Ausi n'ert il jamais en trestous mes aés. » Aiols est dessendus, cil le fist desarmer, Et des(o)us une table ses garnimens porter, D'une part en la sale son ceval establer, 1760 De fain et de Favaine a grant plenté doner; Puis a fait son afaire et son mangier aster. Al mengier sont assis sans plus de demorer : Assés ont venison de car et de seingler. Quant il orent mangié et beu a plenté, 1765 Teris regarde Aiol, si l'a araisoné : « Gentiex damoiseus sire, vers moi en entendes. « Aler volés en Franche saudees conquester, « Car li rois a grant guerre, che nous a on conté. « Vos estes povrement garni et apresté, [né[s] ; 1770 « Que vos armes sont laides, vo[s] cheval[s] descar- « François sont orgellous et molt demesuré(s) : « Si criem que ne vos voillent laidengier et gaber « Et vous nel poriés mie sofrir ne endurer ; « Tost vos aroient mort, ochis u afolé. 1775 « Se vous voliés, sire, avoec nous demorer a Par mi ces bos iriemes a nostre volenté, « Si prenderions des cers, des dains et des senglers « Et (je) vos aprenderoies richement a berser ; « Ma fille vos donroie al gent cors honoré : 1780 « Sachiés qu'il n'a plus bêle en tout nostre resné. — Sire, » che dist Aiol[s], « onques mais n'oi tel : (c) « Ja me dou ge forment que vos ne me gabés. « Je n'ai en nule tere ne chastel ne chité, « Ne maison, ne recet, ne dongon, ne ferté, 1785 « Ne tant de tous avoirs, che saciés par verte, « Dont on pressist .x. sous de denier monaé, « Fors seul ces povres armes que vos ichi veés, « Et ce ceval estraint que m'avés ostelé : « Trop povre mariage avés or esgardé. 1780 en cest r. AIOL 53 1790 — Sire, » dist la pucele, « trop par vos desmentés. « Se vous n'avés avoir, Dex vos donra assés; « Mais se voliés, sire, avoec nous demorer, « Toudis vos serviroie a vostre volenté. — Bêle, » che dist Aiol[s], « .vc. merchis de Dé : 1795 « Par le foi que doi Dé(x) vous me dites bonté, « Mais ne plache a Jhesu qui en crois fu penés « Que [je] ja aie feme dont soie mariés « Tant qu'aie par mes armes autre honor conquesté : « Qu'a tout le mien linage seroit mais reprové. » 1800 Quant Tentent la pucele, près n'a le sens dervé; En la cambre s'en entre, prist soi a desmenter : « Tote lasse caitive, com m'est mal encontre « Del plus bel chevalier qui onques mais fu nés ! « Com fuisse ore garie s'il me daingast amer! i8o5 « Malleoite soit l'eure qu'il vint en cest ostel, « Car ja n'i arai preu en trestout mon aé! » Et Tieri[s] se repose, si l'a laisié ester, Bien voit que ne li vient a talent ne a gré : Un boin lit li fist faire u se va reposer, 18 10 Et Aiols se dormi dusqu'au demain jor cler. Quant li ber coisi l'aube, s'est par matin levés. Il est saillis en pies, si se saina de Dé, Et prist ses garnimens, si s'en est atornés, Et Tieri[s] li a fait son ceval amener. 181 5 Aiol[s] li fiex Elie est par l'estrier montés : En son cemin en entre, l'oste commande a Dé. XLI Des or s'en va Aiol[s] tout son chemin plenier (d) Et trespasse les teres et les desrube[s] fier[s] Dusqu'a plain miedi a le jor chevauchié; 1820 Et trova .111. laron[s], que Dex doinst encombrier, Qui gardoient les voies, les cemins et sentiers. Ne peut nus hom passer, pelerin[s] ne pamier[s], 1799 soroit maus — 1800 sans — 182 1 Qui gardoient les voies et les sentiers 54 aiol Marcheans ne borgois,ne soit a mort jugiés, Se il a bêle feme honis et vergogniés. 1825 « Signor, »che dist li maistres, «je voi .1. chevalier « Armé et fervesti sor .1. ronchi trotier. « Aine mais n'en vi [j]e nul si bien aparellié; a Cel boin ceval donrai a mon oste Gautier, « Si en mera sa cendre al bore et al marchié. » i83o Et respondi li autres : « Molt par avés dit bien, « Quar .1. l'en promesistes, bien a .r. mois entier. — Il l'ara, » dist li leres, « ja trestorné nen iert. » Atant evos Aiol qui les salue bien De Défx) de sainte gloire qui la sus maint el ciel. i835 « Par mon cief, » dist li leres, «chou ne vos a mestier: « Vos ne vostre salu ne pris jou .1. denier. « Avec vos m'en irai en cel grant bos foillije], « Donrai vos tel offrande dont n'eussiés mestier : « Ja quant m'escaperés n'esterés chevalier[s]. » 1840 II saisi Marchegai par le resne a or mier Que s[i] le vaut mener el parfont gaut ramier Por lui tout despollier, onnir et vergongier. Et quant le vit Aiol[s], si s'en est corechiés : Ne pot a lui joster, trop s'estoit aprociés: 1845 Contreval a la tere laissa cair Tespiel, Il trait nue l'espee qui al costé li siet ; Si feri le laron amont par mi le cief, Dessi en la cervelle Ta fendu et froisié, Et a estort son cop, si Ta jus trebuchié. i85o Li doi tornent en fuie, molt se sont esmaié Par le grant caup qu'il virent del riche branc d'achier: Ne l'atendissent plus pour tout l'or desosiel. Mais Aiol[s] les escauche, si ataintle moien: (/. 109) Tel cop li a doné de l'espee d'achier 1 855 Par des (o) us les espaule[s] li a caupé le cief. Li tiers li escapa qui ens el bos se fiert Qu'est espès et rames, c'est dolor et pechiés. 1823 Marcheant — 1824 vergondes — 1846 que AIOL 55 Aiols ne le vaut mie plus [en avant] cachier, Ains retorna ariere, si a pris son espiel. 1860 Bien erent li laron de dras aparellié: Mal ait s'onques Aiol en vausist .1. baillier, Ains jure Dameldé le père droiturier Que des dras a laron n'ert ja aparelliés Ne d'autres se nés peut par honor gaingier : i865 Tost venroit en tel lieu qu'il seroit enterciés, Si en poroit bien estre onnis et vergongiés. Puis se fiert el boscage, dedens Taire se fiert : Dusqu'al chastel de Blois ne s'est mie atargiés. La nuit si s'est Aiol[s] al vespre herbergiés 1870 Chiés un riche borgois qui ot a non Gautiers, Qui assés li dona a boire et a mengier, Del feure et de l'avaine Marchegai son destrier. Et Aiols li offri .1111. sous de deniers Que ses pères li ot al départir cargiés, 1875 Mais li borgois nés vaut prendre ne manier : Por sainte carité li dona a mengier. La nuit se jut Aiol[s] dessi a Tesclairier Que il reprist ses armes et monta el destrier. Isnelement s'en torne, si a pris le congié; 1880 De Blois s'en est tornés, ne se vaut atargier, Joste l'aiguë de Loire commenche a cevaucier. Ains le jor ne fina desqu'il vint a Orliens : La trova il le roi qui Franche a a baillier; 1884 Si fu molt por ses armes gabés et laidengiés. XL1I Des or chevauche Aiol[s] lés Loire sous : De Poitiers a Orliens vient en .v. jors. Che fu un markedi devant Pascor Qu'Aiol[s] entra es rues d'Orliens tous sous. Mais de che fist il bien que gentiex hons (b) 1890 Qu'il vint a Sainte Crois aourer le jor. Par de fors le mostier ot .1. peron; Un anel i ot d'or grant et reont Que fisent saieler li ancissor : 56 AIOL Son destrier i aresne li frans Aiols, 1895 Et Fescu et le lanche drecha desous. Puis entra el moustier de Sainte Crous, Devant Tautel se mist a genollons, Dameldé reclama par ses sains nons : « Glorieus sire père, » che dist Aious, 1 900 « Qui el cors de la Vierge fustes tan[s] jors « Et venistes en tere, che fu por nous; « De li fustes vos nés, bien le savons, « Par dedens Beleem sor .1. peron; « Issi com che fu voirs, bien le créons, 1905 « Que rois estes et sire de tout le mont, a Si faites a mon père procain secour « Que je laisai malade (s) et besongous « Et molt povre de dras et soufraitous, « Qui est avoec Termite el gaut parfont : 1910 « Sainte dame benoite, je en pri vous! » XLIII Or fu Aiol[s] li enfes [ens] el moustier Devant le maistre autel agenolié[s], Dameldé reclama le vrai del ciel : « Dameldé, » dist il, « père [le] droiturier, 191 5 « Qui la mer et le mont peus justichier « Et le ciel et le terre as a baillier, « Tu me garis de mort et d'enconbrier, « Et me done aventure par te pitié, « Que je puisse mon père encore aidier 1920 « Et resvider ma mère qu'en a mestier : « Dame sainte Marie, vous m'en aidiés! » Quant Aiols ot Jhesu très bien proie, Puis sacha de sa borse .nu. deniers : Sor Tautel les a mis li chevaliers 1925 Par non de sainte offrande molt volontiers. (C) Or sont li .mi. sol desparellié(s) Que Elies ses pères li ot bailliés. Encore ot il .m. sous et .vin. deniers Et un bessant d'or mier bien enforcié AIOL 57 1930 Que por Dcfx) li dona li boins paumiers Qu'encontra ci cemin devers Poitiers; Puis en ot il mérite et boin loier : Il en ot vair et gris et boin destrier. Aiol[s] lieve sa main, si s'est sainiés : 1935 « Sainte Crois beneoite, vostre congié! « Jou irai querre ostel donc j'ai mestier : « Or vos pri que vers Dé(x) que m'en aidiés! » Par grant humilité ist del moustier, Et trova son ceval aparellié 1940 Qu'il avoit al peron bien atachié. N'avoit o lui sergant ne escuier, Ains saisi son escu et son espiel; Puis a toutes les rues d'Orliens cherkié : Molt i trova serjans et cevaliers, 1 945 Et dame et puceles par ces soliers. Il ne parla a eles ne nés requiert, Ne ne demande ostel, qu'il n'en set nie[n]t : Il n'estoit de che querre pas coustumier[s]. Sa lance fu molt torte, ses escu[s] vies, 1950 Ses elmes n'ert pas clers mes esrungiés, Li las en sont rompu et alasquié : D'une part le souscline, por poi ne ciet; Et Marchegai li trote, haut tient le cief. Forment le vont gabant cil chevalier, 1955 Et dames et puceles des haus soliers, Et cil riche borgois, cil macheclier. Li uns en a pris l'autre a araisnier : « Soions aseuré, joiant et lié : « Ne caut mais un (s) des nos a esmaier : 1 960 « Tout avons de novel regaingié. « Vés en chi un venu des saudoiers (d) « Aduré de bataille, hardi et fier, « Et servira le roi qui Franche tient, « S'aquitera sa tere et son resnié; 1930 li] .1. — 1934 cis — 1938 joians 58 AIOL 1965 « Cis vaura de sa guerre bien traire a cief : « Riche[s] hom Fa nori et ensengié, ce Si Ta por grans saudees chi envoié(s) : « Il les conquerra bien a son espiel. « Bien pert as bele[s] armes et al destrier, 1 970 « As riches garnimens que il a chier[s] c Qu'il n'a en nule tere tel chevalier. « S'il or trêve en bataille les Beruhier[s], ce Tout seront mort et pris et detrenchié. « Par le mien ensiant n'en ira pies 1975 « S'il estoient ensamble .xv. millier (s). XLIV — Par la moie foi, sire, » che dist uns autres, « Vous parlés de folie, che est outrages, ce Li chevalier[s] n'est pas de tel folage ; « Mal pert a son ceval ne a ses armes 1980 ce Que il ait en son ceur tel vaselage ce Que il aquitast Franche par son barnage ; « Et sa lanche est molt torte, il le tient basse, ce Li escu[s] de son col molt le travaille. » Ysabiaus la comtese qui molt fu sage 1985 S'aseoit as fenestres sor un brun paille Et vit l'enfant Aiol qui bas chevauche : Clrestoit fiex sa seror, de son linage ; Molt grant pitié l'en prist en son corage. Lusiane sa fille s'en est pris garde 1990 Qui molt estoit cortoise et preus et sage : Corant vint a sa mère, si l'en aresne. XLV Lusiane fut molt gentiex mescine, Cortoise et avenant et afaitie, Et fu nieche le roi de Sain[t] Denise. 1995 Sa mère en apela, prist li a dire : ce En la moie foi, dame, » dist la mescine, [(/. 1 10) « Chis hon qui la chevauce n'est pas bien rice : 1967 grant — 1988 les pr. AIOL 59 « Des hui matin va il par ceste vile, « Il a .111. fois passé le bare antive : 2000 « Chevalier et borgois molt rescarnisent, « Che me [rejsamble enfanche et vilenie. « Je quic qu'il quiert ostel, qu'il n'en a mie. » Et respont Ysabiaus : « Cor i va, fille : « Par le foi que tu dois sainte Marie, 2oo5 « Se tu povre le vois, nel gabe mie, « Car che seroit pichiés et vilenie; « Et se il vieut ostel, souef l'en guie « Por amor Jhesu Crist, le fil Marie, « Et por Parme del père qui m'a norie. 2010 — Dame, » dist Lusiane, « n'i faura mie. » Par milieu de la presse s'est aquellie: Qui la veist le cors de la mescine Et la car blancoier, le bouce rire Jamais ne li membrast de couardise. 201 5 Ele ot vestu un paile des(o)us Termine, Li giron bleu et vert furent et inde, Chauches ot de brun paile, soulers a liste. Aiol prist par le rené, vers lui le guie : « Parlés .1. poi a mi, damoiseus sire: 2020 « Molt avés hui aie par ceste vile, « .111. fois avés passé le bare antive : « Chevalier et borgois s'en escarnissent, « Che me resamble orgeul et grant folie. « Se vos ostel volés, nel celés mie : 2025 « Anuit mais vous ferons hesbergerie « Por l'amistiet de Dieu le fil Marie : « Por autre gueredon nel fa ge mie. » XLVI Lusiane fu molt de grant renon Et vit l'enfant Aiol qui biaus fu moût; 2o3o Mais il ert nus et povres et besongous : Poverte si fait home molt angoisous. ■2008 fiex — 2017 cauches al. — 2023 orgeus 6o AIOL Ele l'en apela par grant amor : « Damoiseus de hoin aire, dont estes vous? (b) « U aies ? en quel tere ? que querés vous ? 2o35 « Se vos volés ostel, dites le nous ; « Anuit mais a grant joie vos retenrons « Por amor Dameldé le glorious. — Grant merchi, damoisele, » che dist Aious. « Por autre gueredon nel querons nous. » 2040 Puis l'a pris par le resne, mist se el retour. A mervelle l'esgardent François le jor Et dames e pucheles et [li] garchon. Onques ne tresfina jusc'a la court : La dessendi Aiol[s] al grant peron. 2045 El le prist par restrier par grant amor : « Amis, ostés vostre elme, donés le nous, « Et monterés la sus en celé tor; « Del ceval qui remaint n'aies paour, « Car bien sera gardés se nous poons. 2o5o « Ma dame est veve feme, n'a pas signor, a Mais servir vos fera par grant amor « Dessi que Dex vous doinst serjant millour. — Grant merchi, damoisele », che dist Aious. XLVII Aiols en est montés ens el solier. 2o55 La bêle Lusiane al cors legier Un escuier commande le sien destrier : Si l'a trop bien froté et estrillié, Torchié et abevré et aaisié ; En l'estable le maine por herbergier; 2060 Le frain li abati qu'il ot el cief, Al kavestre de cerf Ta atachié ; Del fain et de l'avaine a al mengier. Puis en vient droit esrant al chevalier : Un escamel d'ivoire mist a ses pies, 206 5 Andeus ses espérons a resachiés, Puis les a bien forbis et essuies, Al renge de l'espee bien atachiés. AIOL 6 1 Ja les pora reprendre li chevalier[s] Quant il vaura monter sor son destrier. (c) 2070 II n'avoit nul serjant pour lui aidier : a E Dieus, » che dist Aiols, « quel[s] escuier[s]! « De che serviche avoie [molt] grant mestier. » S'or seust Ysabieus qu'il fust ses niés, 2074 Molt par fust ses serviches bien enforciés. XLVIII Ysabiaus fu molt gente, se fille plus ; Ele ot Aiol l'enfant molt bien veu. Mais il est nus et povres, s'en est plus mus : Poverte si fait traire maint home en sus. « Amis, » dist Ysabiaus, « et dont es tu? 2080 « U vas ? et en quel terre ? qui te conduist ? « Ne maines escuier, seul t'ai veu. — Dame, » che dist Aiol[s], « li cors Jesu ; « Je n'ai autre garant certes que lui : 2084 « Qui mal me vaura faire, tous sui segurs. XLIX « Par le moie foi, dame, je sui gascon, « De la marche freconde le roi Yon : « Mes pères gist malades en sa maison. « Gautier de Pont Elie l'apele on; « .vu. ans a a le feste le Rovison 2090 « Que il ne pot cauchier ses esperon[s] : « Faillis li est avoirs et garison[s] ; « Or m'a bailliet ses armes et ses adous, « Si m'envoia en France tout besongous. « Tant avons quis l'ostel que nous l'avons : 2095 « De Dameldé de gloire qui fist le mont « Et en la sainte crois prist passion « En aies vos mérite et gueredon! — Por Dé(x), » dist Ysabiaus, « pensés en dont. » Luciane la bêle mist a raison : 2100 « Par la foi que tu dois a saint Simon, 208G H r. 32 AIOL « Quir nous bars et angilles, [luz] et saumons, « Et puiment et claré et venison. « Cis valès me samble estre de grant renon « Et por son cors la feste en avanchon. » 2io5 Adont vint la pucele par le maison (d) Rebracie d'un caisse fait a boton : Qui li veist aler si a bandon Sambler li poroit feme de [grant] valor. L Qui veist la pucele al cors menbré, 21 10 De feme de boin aire li deust menbrer. Le maistre senescal a apelé; Se li fist le mengier bien conreer, De car, de venison et de sai[n]gler; 21 14 Vin orent et puiment a grant plenté. LI Chele nuit fu Aiols bien herbergiés : Car il orent assés aparelliés ; Si orent boins sergans et despensier Et keu et senescal et boutellier. Signor, cui Damelde[x] savra aidier 2120 Li voirs de sainte gloire par sa pitié, Ja nus hon nel pora puis enpirier. LU Ysabiaus prist sa fille par le main destre, En sa cambre l'en maine, si l'en apele : « Fille, cis enfes samble de fiere geste ; 2125 « Cil Damede[x] de gloire, li rois chelestre, « Qui fist et mer et monde, oisel et beste, « Li doinst icho trover que il va quere : « Por Dieu te prie, fille, que bien le serves, « Ne li faille nus biens qui soit en tere. 2i3o — Dame, com vous plaira, » dist la pucele. LUI Lusiane la bêle le sert a gré ; 21 19 qui — 212g nul AIOL 63 Quant qu'ele pot le sert a volenté. La pucele vaillant al cors séné Del solier avala tous les degrés 21 35 Et vint a Marchegai por esgarder, S'aplanoie ses crins et ses costés; Et a un escuier o lui mené : Garder li fait les pies s'il sont feré, Et on le trova bien encor(e) clavé. 2140 Lors s'en torna la bêle al cors mole Et laise le ceval bien ostelé, (/. IM) Del feure et de Tavaine li done assés. LIV La pucele s'en torne al cors gentil Et laisse le cheval très bien servi. 2145 En une cambre en entre de marbre bis : La sist le lit Aiol par grant délit; Les kieutes sont de paile que desous mist Et li linceul de soie, n'i ot pas lin ; Li covertoir de martre grant et furni 2i5o Et l'oreillier[s] fu fais d1un osterin. Aiol en apela, se li a dit : « Damoiseus, venés cnt huimais dormir. » Par le puin le mena dessi al lit. Garins tient le candeile et sert del vin: 21 55 Bien en ont andoi but par grant loisir. Puis le fist descauchier, nu desvestir, Et quant il se coucha, bien le covri : Douchement le tastone por endormir. Il s'en torne, et regarde, et fait soupir: 2160 Onques mais gentil home ne vit servir, Car il avoit esté el bos nori[s] ; Le déduit de puchele n'ot pas apris. Dameldé depria qui ne menti Que il fâche a son père boine merchi 2165 Que il laisa malade et entrepris 21 34 auale — 21 38 sist s. — 2142 li fait doner a. — 2144 ters — :i5o fait 64 AIOL Entre lui et sa mère el gaut foilli(s); Mais bêle Lusiane bien le servi : Autressi se contient com s'il fust pris. LV Douchement le tastone la damoisele : 2170 Ele li mist la main a la maisele; Oies con faitement ele l'apele : « Car vous tornés vers moi, jovente bêle; a Se vous volés baisier, n'autre ju faire, « J'ai très bien en talent que je vos serve. 2175 « Si m'ait Dieus del ciel, je suis pucele, « Si n'eue onques ami en nule tere. « Mais moi vient en penser, vostre voil estre, (b) « S'il vos vient a plaisir que je vos serve. — Bêle, » che dist Aiol[s], « li rois chelestre 2180 « Qui fist et vent et mer et ciel et tere « Vous mérite les biens que vous me fêtes! « Car vos couchiés huimais, bien en est terme, a Laiens en vostre cambre o vos pucheles. « Enfressi a demain que l'aube père 21 85 « Sarés de mon corage, jou de vostre estre : « Bien ermes acointié demain al vespre. » Del respit n'eust cure la damoisele. LVI La puchele s'en torne toute dolante Et a laisiet Aiol dedens la cambre. 2190 Plus tart qu'ele onques pot en la soie entre, En un lit se coucha, molt se tormente. Mais ele n'i dormist por toute Franche, Tant i ot mis son ceur et s'esperanche. Longuement se regrete, après [s]i pense : 2ig5 « Lasse ! » dist la pucele, « com laide cance « Quant je le voil amer et lui n'en membre ! « E Dieus ! c'or me consele, vraie puissance ! « Saint Denise en ferai molt bêle offrande, 2199 « .xini. mars d'argent tout en balance. » LVII La puchele s'en torne al ceur iré, A10L 65 En sa cambre s'en entre, Fuis a fremé ; Mais el(e) n'i pot dormir ne reposser, Toute nuit en parolle en son pensé : « Damoiseus, molt par estes gentiex et ber ! 2 2o5 « Onques ne vi [je] home de vostreaé « Qui feme ne vausist vers lui torner. « Bien poés estre moines, se vos volés; « Aies prendre les dras : porqu'atendés ? « De vostre amor m'esteut a consirer : 2210 « Quant je n'en puis plus faire, lairai ester. « Je vous ai en mon ceur si enamé « Qu'a paines vos porai entroblier. » Et Aiols s'endormi jusc'au jor cler (c) Qui cesti ne nule autre ne vaut amer : 221 5 Li gentiex chevalier[s] pensoit a el; Ançois rendra son père ses iretés Que amisté de feme voille user. Il set tout a fianche par vérité Que il poroit son père tost oublier : 2220 Car amistet de feme fait tout muer Le corage de l'home et trestorner. LVIII Toute nuit gist Aiol[s] jusc'al matin. Quant l'enfes coisi Taube, si s'esbaudi, Isnelement se cauche quant fu vesti[s], 2225 Et vait a Sainte Crois le messe oir Et sieut porsession jusc'au midi; Quar Elies ses pères li avoit dit Qu'il se penast toudis de Dé(x) servir : Chil cui Dex vieut aidier n'ert ja honi[s]. 223o A l'ostel s'en repaire quant tout fu dit; Li mangier[s] fu tout prest quant il revint. Aiols et se boine oste i sont asis : Li senescaus les sert molt bien del vin. Quant assés ont mangiet par grant délit, 22 io plus laisier ester cf. 2488 — 2229 qui 66 AIOL 2235 Les deniers de sa bourse a Aiol[s] pris; U que il voit s'ostesse, se li a dit : « Dame, » che dist Aiol[s], « vo grant merchi a Del bien que m'avés fait puis que vi(e)ng chi; « Damede[x] le vos mire qui ne menti. 2240 quel en ferés ? « Lairés vos ent Makaire ensi aler ? « S'il peut ançois venir en la chité 4335 « Et sor le pont de Loire puisse monter, « L'avoir vaura avoir tout conquesté, « Et j'ere molt dolant se le perdes. — Sire, » che dist Aiol[s], a ne vos doutés : a Tant m'afi jou en Dieu de majesté 4340 « Et en che boin ceval que chi veés « Que tost Tarai ataint et trespasé. » Il broche Marchegai par les costés Des espérons a or bien amorés Si que le sanc vermel en fait voler; 43 3 1 grant AIOL 1 27 4345 Et Marchegai l'enporte par grant fierté : Qui li veist les autres tous trespaser! Il fait les pieres fendre et fu voler Que les esclos en fait estincheler, Les grans et les petis tous trespasser : 435o Venus est a Makaire, si Ta outré. Et quant Aiol[s] vint outre, qu'il ot passé, Fièrement le regarde, si a crié : « Sire, » che dist Aiols, « car vos astés, « Vostre corant destrier(s) esperonés ! 4355 « Venés .1. poi plus tost, se vos poés, « Car che vous di je bien par vérité « Se vous venés si lent, vos perd[e]rés. » Aiol[s] li fiex Elie a tant aie Que il vint a le porte de la chité : 4360 Desor le pont de Loire s'est arestés, Et regarda ariere devers les prés : Vit les chevaus de Franche tous arestés ; (c) Mais li destrier[s] Makaire est si menés Qu'il ne se peut movoir ne remuer : 4365 Par gas i sont venus cis baceler, Sel vont bâtant de fust et de tinés, La coe li manachen[t] a recoper Et recréant ronchi l'ont apelé. Aiols fu a Orliens la fort chité : 4370 Chevalier et borgois Pont esgardé, Et dist li uns a Tautre : « Molt est chis ber ! « Molt par l'a bien Jesu enluminé. « Mieus samble Karlemaigne que home né : « Je quic qu'est del linage, del parenté ; 4375 « Car pleust Dameldé de majesté « Que Makaires eust le cief caupé « Et fust as vis diables tous commandés, « Et cis eust de Franche la duceté « Que tint li dus Elie qui tant fu ber. 438o « E Dieus! com il seroit bien recetés « Quant il si par tans maine tel barné. » 128 AIOL Atant evous Makaire tout aire, Et tenoit .1. baston grant et quarré, S'en vaut Aiol l'enfant .1. cop doner; 4385 Mais Aiol[s] trait l'espee al puin doré Qu'avoit desous sa cote estraint li ber : Sore li est courus par grant fierté : Ja li eust del bu le cief sevré Quant Ta rescous Bernars et Guinemer[s], 43 go Sanses et Amori[s] et dans Quarés : « Tornés, sire, ne faites, laisiés ester. « Makaires est forment enparentés, « Il est dus de Losane, le fort chité : « Vessi son grant linage tout asamblé. 4395 « Ja vos aroient mort et afolé, « Vos n'en poriés mie vis escaper. » Quant Tentendi Aioljs], molt fu irés. Il set bien qu'il li dient la vérité ; (d) Un poi s'est trais aiïere li bachelers 4400 Quant des consaus son père li est membré(s) Et des castiemens del gaut ramé. Uns des neveus Makaire i est aies : Fieus fu de sa seror, ch' oi conter; Chevalier[s] fu noviaus et adoubés : 4405 Manechier ot son oncle, s'en fu irés ; N'osa envers Aiol as puins aler; Quant il le vit tenir le branc letré, Il saisit un espiel gros et quaré C'uns escuiers tenoit en mi le pré ; 4410 Si en ala Aiol .1. caup doner : Devant en mi le pis Ta encontre, La cote d'escarlate a despané : Mais li haubers l'a [bien] de mort tensé Que il avoit vestu et endossé : 4415 II brise son espiel, si Ta froé. Aiols li fieus Elie se tient li ber; 4389 bernart— 4413 hauberc AIOL Encore tenoit il son branc letré : S'en ala le glouton .1. caup doner, Amont par mi le cief Ta encontre, 4420 Enfressi que es dens li fist couler, Que mort l'a abatu et craventé : « Outre, » fait il, « lechieres, n'i garirés; « Comment que li plait prenghe, chi remanrés : « Jamais s'o[n] ne vos porte ne leverés. 4425 « A vos me sui paisiés et acordés : « Or ai mains d'anemis en ce resné : « Dieus me consaut des autres par sa bonté ! » Et quant che voit Makaires, s'en fu irés; A sa vois qu'il ot haute prist a crier : 4430 « Ou estes vos, » dist il, « mes parentés? « Vos qui de moi tenés bours et chités, « Dont n'avés vous veu cest avolé, « Qui mon neveu m'a mort et afolé « Et a mes ieus voiantl'a chi tué? (/. 127) 4435 « Se il vis en escape bien peut vanter, « Tous les jors de sa vie s'en peut gaber. » Et cil ont respondu : « N'en peut aler. » Plus furent de .l. d'un parenté Des neveus Guenelon et de Hardré 4440 Et des pare[n]s Makaire le desfaé. Aiol corurent sus par grant fierté : Mais il n'eurent nul[e] arme la aporté, Qu'il quidierent Aiol as puins combrer : Mais il tenoit encore le branc letré. 4445 Ens es parens Makaire s'est mellés, A destre et a senestre prist a capler : Cui il consieut a cop ne peut durer, Ja mar mandera mire pour lui saner. Plus en a de .xim. ileuc tués : 4450 Li saudoier Aiol l'ont esgardé Cui il avoit l'avoir abandoné, 4448 Jamai i3o aiol Et dist li uns a l'autre : « Car esgardés « De cel franc chevalier de grant bonté, « Com il a le ceur plain de grant fierté : 4455 « Molt desfend bien son cors a saveté; « Et ja li somes nous sor sains juré « Que ja ne li faurons en notre aé. a Par foi, nous somes ja tout parjuré « Quant si li corent sus devant no nés : 4460 « Car li alons aidier, se vos volés. » Plus furent de .l. des bachelers Qui saillent as maisons et as ostés, Et requirent bastons, fus et tinés Et rois espieus trenchans et brans letrés. 4465 A l'estor repairierent tout abrivé(s), Grans cos et me[r]vellous i ont donés, La secourent Aiol par grans fiertés : La ot maint chevalier mort et navré(s) ; 4469 Li rois i vint corant por desmeler. CVIII Loeys ot la noise si grant et voit. (b) Il escrie ses homes : « Prendés le moi ! « Gardés que cis traitre ne me foloit : « Pen ferai me justiche, se vous n'en poist, « Selonc chou qu'il se maine a tel desroi. » 4475 Et François li ont dit : « Vous avés droit. » CIX François i sont venu communalment Et saisirent Makaire de maintenant : Tous li ont desronpu ses garnimens. Loeys jure Dieu omnipotent : 4480 « Ja n'istra de prison en son vivant « S'Elie mon serouge vif ne me rent. a Fieus a putain, lechieres, fel souduiant, « Délivrés tost Aiol .m. mars d'argent a Et Tor que li eus mis en covent. 4467 grant — 4478 garniment AIOL I 3 I 4485 — Sire, » che dist Makaires « qui le desfent? « Tant li donrai destriers et garnimens « L'acord[anch]e en ert faite a son talent, a CX — Sire, » che dist Makaires, « por Dieu, merchi ! « Tant li donrai destrier et vair et gris 4490 « L'acordanche en ferai a son plaisir. « Puis irai a Lossane dont je vi(e)ng chi ; « Jamais ne quirc entrer en ces pais. — Tais, glous, « dist l'enpereres, « n'est mieensi : « Jamais en ton vivant n'iras de chi, 4495 « S'Elie mon serouge ne me rensvif. « Ficus a putain, parjures, fel Dé(x) menti[s], « Tu l'encachas a forche de ces pais, « Si le fesis de Franche a tort bannir. » CXI Loeys apela contes et dus ; 45oo Si lor a escrié a molt grant hu(s) : u Prendcs moi che glouton, che Dieu parjur, « Sel jetés en ma cartre el font la jus. » Et il si fissent senpre, n'atargent plus. Li saint sonent as vespre[s], si i vont tuit : 45o5 Par toute la chité leva li bruis : Che dient qu'ai cor[s] furent, qui l'ont veu, (c) Li boin[s] destrier[s] Aiol a tout vencu. CXII Li rois ist del moustier, se gent après, Et prist l'enfant Aiol par le mantel. 45io Che dist roi[s] Loeys al damoisel : « Des chevaus c'as vencus m'est il molt bel ; « Or serés compaignon, vous et Jobert, « Ylaires ert li tiers de Saint Lambert : « L'autre jor m'en proierent a saint Marcel. 45 1 5 — Sire, » che dist Aiol[s], « si com vous plest; « Des que vous le volés, molt m'en est bel. » 4495 vis I 32 AIOL CXI II Aiols fu chevaliers preus et cortois : Ylaires et Jobers fu molt adrois, Si se sont compaignié devant le roi; 4520 Sor sainz se sont juré, plevi par foi, Que l'uns ne faura Tautre por riens qui soit. « Baron, » dist Tenperere, « or estes troi : « Or poés vos ma guerre miex maintenoir « Et faire par ma tere tout vo voloir. 4525 « A vous nran cleim, » fait il, « baron François : a Sarrasin me demainent a grant belloi « Et sont a Panpelune, jel sai de voir. « Un[s] paien[s] le dist chi, que bien en croi, « Si me vi(e;nt desfier devant François : 453o « Cuidés vos dont, signor, que ne m'enpoist? « Signor franc chevalier, qui m1! iroit, « Certes qui cest message me furniroit, « Tous les jors de ma vie mon gré aroit, « Et desist Mibrien qu'il m'atendroit 4535 « Et laisast moi ma terre, bien feroit. » Dont se teurent Normant et Hurepois Et Flamenc et Berton et li François ; Mal ait cil qui s'osast lever des dois, Tant doutent Mibrien cel riche roi. 4540 Aiols li fieus Elie fu molt cortois, Qui ses compaignons traisten .1. recoi. CXIV Aiols en apela ses compaignons : (d) « Entendes, » fait il, « cha, signor baron. « Dont n'avés vous oi del fil Karlon, 4545 « Qui s'i s'est démentes voiant aus tous, « Que Sarrasin li tolent tout a bandon « L'onor que conquist Karles a esperon ? « Et sont aparellié: car i alons. « Des crestiens ochient a grant fuison, 455o « Et dames et puceles et enfançons. « Signor, por l'amor Dieu, car i alons; 4528 qui — 4544 fieus — 4546-7 intervertis. — 4548 altéré? AIOL 1 33 « Nos cevaus et nos armes i conduisons « Et soions en la tere, s1i sejornons. « Par le mien ensiant ja n'en venrons 4555 « Tant c'arons fait bataille vers les félons « Dont par la tere ira molt grans renons. » Et cil li respondirent par grant amor : « Sire, a vostre plaisir nos en ferons, « Car ja por nule riens ne vos faurons : 4560 « Mais faites vo voloir, nous Potrions. » CXV Li troi baron repairent quant orent conseillé : Si sont assis es rens des barons chevalier[s]. Encore se démente li rois qui Franche tient : « Baron, » dist l'enperere, « par les sains desosiel, 4565 « Dont ne troverai jou en ma cort chevalier « Qui voist a Panpelune mon message nonchier? » Encor se teurent tout Alemant et Baivier, Et Normant et Breton et Flament et Pohier : Mal de(l) cel qui osast ne lever ne drechier, 4570 Tant doutent Sarrasins et cel roi Mibrien. Aiol[s] li fieus Elie est saillis sus en pies : En trestoute la cort n'ot plus bel chevalier Ne nul miex acesmé ne mieus aparellié Ne mieus sache parolle a preudome nonchier. 4575 Devant le roi de Franche s'en vint ester en pies, Si hautement parla que on Tentendi bien : « Sire drois enpereres, faites pais, si m'oiés; « Sarrasin vos gueroient, si en estes iriés, (/. 128) « Et sont a Panpelune par forche hebergié(s). 4580 « Jou et mi compaignon qui molt font a prosier « Que vos m'avés, biaus sire, donés et fianciés, « Irons a Panpelune vo message nonchier « Et de la vostre part vo tere calengier. — Amis, » che dist li rois, « ne peut estreotroié(s) : 4585 « Vos m'avés de ma guère richement trait a cief, « Ne vos vauroi[e] perdre por la chité d'Orliens ; 4556 grant — 43y3 nus 134 aiol « Assés troverai mes qu'i vaurai envoier. — Sire, » che dist Aiol[s], « ne plache a Dé(x) del ciel « Que ja en lieus de moi i soit autre envoies: 4590 « Car nus ne se doit faindre de son signor aidier « A cel[e] eure qu'il voit qu'il en a le mestier. — Amis, » che dist li rois, « tant su je plus iriés. « Or me poés dont dire le fort roi Mibrien « C'a grant tort tient la terre dont je sui iretiers, 4595 « Que conquist Karlemaignes, mes pères li proisiés ; « Mais vienge a moi droit faire [u i]ci a Orliens, « A Paris u a Cartres u al bourc Saint Michiel « U la u je serai et ma cort plus grant [ijert ; « Fâche lui et ses homes lever et baptisier ; 4600 « Et se il nel veut faire, ne li celés nient « Que je Tirai requerre en cest esté premier, « Ne li larai chité ne bore a desrochier « Ne haute tor de piere ne castel a brisier; « Et se jel puis tenir ne a mes mains baillier, 4605 « Ains de si laide mort ne fu nus essilliés « Con ge ferai son cors honir et vergongier. — Sire, » dist li Aiols, « che li dira ge bien « Et encore assés miex, se Dex Ta otroié. » Del palais en avale quant il ot pris congié; 4610 A Tostel Ysabel sont la nuit repairié, A molt grant joie sont la nuit esbanoié Et après le souper se sont aie couchie[r] ; S'Aiolfs] dort en son lit, a ente peut songier, Car li parent Makaire se furent porcachié, (b) 4615 Et furent jusc'a .x. liquivert renoié. En .1. escons se misent dedens .1. mostier vies; Dist Ferans de Losane qui Makaire estoit niés : « Entendes cha vers moi, nobile chevalier, « Con nous somes trestout honi et vergongié, 4620 « Par un glouton estrainge cliné et abaisié : « Car par lui est mes oncles en cartre trebuchié[s] 4621 onql AroL 1 35 « Et tous nosgrans linageshonni[s]et vergongié[s] ; « Et or est dru[s] le roi et maistre conseillier[s] « Et vait a Panpelune son message nonchier. 4625 « Le matin s1en ira, ne(n) n'estra que il tiers ; « Mais qui or se poroit anuit mais porcachier, « El bos de Quintefeulle fuisiemes enbuscié: « La li poriens demain tous les membres tranchier: « 11 ne seroit jamais par nul home vengiés; 463 0 « Ne savons dont il est ne de quel terre vient. » Li .x. s'entrafierent, grant et fort pautonnier, Que l'uns ne fauroit Tautrepor les membres trancier : La mort Aiol jurèrent sor les sains del mostier ; Puis montèrent es sele[s] des auferans corsier[s] 4635 Et pendent a lor caus les escus de quartier Et eurent en lor puins les rois tranchans espiels Et ont es roides lances les confanons tachiés. Bien furent il armé li quivert renoié D'auberc et de brun elme et d'espee d'achier. 4640 Par nuit s'en sont issu de la chité d'Orliens; Toute nuit ne fmerent le chité eslongier ; El bos de Quintefeulle se furent embuissié : Cil sires les confonge qui tout a [a] jugier! Toute la nuit i furent dessi a Pesclarier. 4645 Al matin par son l'aube lievent no messagier : Lusiane se paine d'aus molt aparellier; Ysabiaus lor carga .111. vaillans escuiers, C'est Ponces et Bernars et Rainaus li prosiés; Né furent de Soison[s], fil al conte Gautier, 4650 Cousin germain Aiol, n'en savoit [onques] nient: (c) Ançois que il soit vespres li aront grant mestier. Il metent as almaries les bruns elmes d'achier, Et avalent es coufres les blans aubers doublicr[s], Et menèrent en destre les boins corans destrier[s], 4655 Et portent les escus et les tranchans espieus; Et li baron montèrent sor les mules prosiés ; |.6a5 li t. — 4^4-3 contangc — 4644 dcssc — 4fM Quant ne li peut aidier ne de lonc ne de près. Atant evos Robaut très par mi le désert : 6275 Li leres de put aire sui les otde près; Il fu vieus et kenus, regart ot de fel serf; Porquant il n'en si povres que il n'ait .1. kastel, Mais tout jor(s) vit d'embler, d'autre mestier ne sert. Il broche le destrier, si vint a Mirabel : 6280 Celé nel connut mie por le destrier isnel, Por les rices adous que portoit li quiver[s]. CLVIII Li vieus fu grans et fors et de mal enartous : U qu'il vit la pucele, vers luicortles grans cors. (/. 140) Li premiers mos qu'il dist : « Bêle, qui estes vous ? 6285 — Biaus sire, une kaitive, s'ai perdu mon signor : « Nous issimes d'Espaigne a primes l'autre jor « De la maison mon père, un riche vavasor ; « Sarrasin Font porsieut félon et orguellous, [sous, « Tous no(u)s homes ont mors, n'en est remés .1. 6290 « Ne maisjous et mes sires, s'en fuions a estrous. « A ceste vile gaste nous failli ersoir jors : « Si nous loames chi par selonc ceste tor ; « Hui matin si veisme[s] cel diable orgellous « Qui tenoit mon signor par son pié a dolour, 6295 « Si soufroit grant angoisse de le très grant odour « Que li serpens li jeté qui molt me fait freor ; « Car Tochiés or, sire, par francise d'amor : « Je vos donrai .m. mars d'argent tout a estrous. » Quant Tentendi li vieus, si ot molt grant paor : 63oo L'avoir convoita il, mais le serpent crient moût : « Ja puis ne m'ait Dex, » fait il, « a nés .1. jor, « Se par moi i a ja aiue ne secor[s], « Car ma maison a arse et livre[e] a dolor; « Mes conpaignons a mors, molt en ai grant iror : [vous. » 63o5 « Ains prendrons cest eskiec, s'en irons moi et 6276 sers — 6282 grant, en arcon — 6284 mot — 6296 serpent 1 84 AIOL Quant l'entent la pucele, si l'en prent tel dolor .1111. fois chiet pasmee, voiant les iex Aiol. CLIX Grant paor ot li vieus del serpent que il voit : Aiol tient par la quisse qui molt fu a destroit; 63 10 Neporquant sel cena envers lui de son doit; Li vieus en jure Dé(x), qui haut siet et lonc voit: « Aidiés ne secourus n'i serés ja par moi. » Il vint a la pucele, se li dist par bufoi : « Montés tost, damoisele, desor cel ceval noir: 63 1 5 « S'en irons moi et vos, s'en menrons cel avoir. » Quant Tentent Mirabiaus, quidiés que li n'en poist ; « Ahi ! traîtres vieus ! Dieus destruise ta loi ! » Ele estendi se paume, sel fiert si demanois Qu^n la destre maissele en perent li .v. doit. (Z>) 6320 Et li vieus trait Tespee, se li vint tout irois ; Mais ele ot tel paor que se laisa caioir: Puis Ta faite monter, u li plaist u li poist, U ele voille u non, el destrier bauchant noir; Puis aquelli les autres, ses a mis devant soi, 6325 Fors le destrier Aiol : cil remaint, qu'il nel voit; D'autre part sous .1. arbre en .r. breulent paisoit. Damede[x] le garisse qui haut siet et lonc voit, Et li renge s'amie selonc chou qu'il a droit! CLX Robaut ot non li vieus qu'en maine la mescine; 63 3o II li a escrié : « Chevauciés, bêle amie ! a Or girés avoec moi pardesous ma cortine : « Si vous tenrai .x. ans u .xn. u .xiri. u quinse; « Se je reprenc un[e] autre, ne vos coureciés mie, « Car .c. autresi bêles en a jou ja honies : 6335 « Onques ne Dieus ne hons n'en fistencor justiche. » Quant l'entent Mirabiaus, por poi n'esrage d'ire : a Ja puis ne m'ait Dex li fil[s] sainte Marie, 63 16 mirabel q. quele — 63 19 mamele, dois — 632Q Robaus — 6332 et .xv. — 6336 mirabel AIOL 1 85 « Que vos en nul endroit aies ma compaignie ! « Ahi ! putiers mavais, li cors Dé(x) te maudie ! 6340 « Car va a mon signor, si combat a le wivre : « Je te donrai en Franche avoir et manandie. » Et respondi Robaus : « Vous parlés de folie ! « Damelde[x] me confonge, li ficus sainte Marie, 6344 cc Se ja i a par moi ne secor[s] ne aie ! » CLXI Robaus prist la pucele par le mance de paile : Tost et isnelement li leres l'en aresne : « Aies tost a le tere hastivement en haste ; « Un poi nos deduison sous l'onbre de cel arbre : « N'en poés escaper, iteus est mes corages. » 63 5o Quant l'entent Mirabiaus, por poi d'ire n'esrage : « Ahi ! traîtres vieus ! detrais soit tes linages! « Mieux vauroi[e] estre morte qu'a toi telcose face! » Ele estent les .11. puins, par le barbe le sache, Bien le boute de lui et enpoint et resache : 6355 Par tel vertu le tire que .c. piaus en esrache. (c) CLXII Aiols tenoit son pié ens el cors del serpent : Si a jehi a Dieu son ceur et son talent, Et s'est bien fait confès soef entre ses dens A Dieu de sainte gloire san[s] nul recelement; 636o Puis a traite l'espee li enfes par grantsens, Si l'a mise en travers en la goule al serpent ; Entre lui et la quisse li enbati tout ens, Bien bouta par vertu et par airement, Et resacha a lui et rebouta forment. 6365 La gorgiere li trenche et les ners par dedens ; Contreval jusc'a tere coula li brans sanglens : Tout par selonc le ceur li ala porfendant, Et li serpens morut, si gete .1. brait molt grant. 636g Aiol[s] retrait son pié a lui isnelement. CLXI II Or est li serpens mors, n'i ot nient de vertu : 6345 Robaut — 63 5o mirabcl — 6368 et 63jo serpent I 86 AIOL Aiols li fiex Elie retrait son pié a lui ; Venus est al serpent, sel trencha par le bu : .xv. pies et un[e] ausne ot de lonc estendu ; Puis releva s'espee, n'a talent qu'il [l'jesuit, 63/5 Le branc a ens el feure maintenant enbatu, Et vait par le vergier dolant et irascu[s]; Molt forment se démente li fieus Elie al duc : « Elas ! » che dist Aiol[s], « com mal m'est avenu ! « Ahi ! gentiex pucele, quel eskiec ai perdu ! 638o « A quel tort vous en maineli felvielarsquenu[s] ! » Il voit Marchegai paistre desous l'onbre d'un fust: S'AioKs] en eust grant joie, demander ne l'estut; Dameldé en aoure et la soie vertu : « Sire père de gloire, vos en ran ge salu 6385 « Que cest cheval m'avés et savé et rendu : « Or me rendes les autres par la vostre vertu ! » Il vint a Marchegai, par l'estrier monta sus, Et prist en son poing destre le roit espiel molu. CLXIV Aiol[s] li fieus Elie fu montés el destrier : 6390 Onques mais ne fu il si joians ne si liés, Que Dieus l'a délivré del cors a l'aversier. (d) Il entra ens esclos de la dame et del viel : Il nen ot mie aie .11. trais d'arbalestrier Quant [il] les vit ensamble en .r. val caploier. 6395 La pucele estoit lasse, ne se pot plus aidier, Quant il l'ot abatue por avoec lui couchier : Il ot traites ses braies por son cors [a]aisier. La pucele s'avanche, ne se vaut atargier, Par entre .rr. ses quisses li fait ses mains glachier; 6400 Tant s'aprocha avant par ses colles le tient, Si les trait par vertu qu'il ne se pot aidier : .rrrr. fois se pasma ains qu'il dut redrecier. Quant il leva la teste, Aiol vit chevaucier, Et dist a la pucele : « Bêle, car me laissiés ; 638o vielart AIOL 1 87 6405 « Je vous plevi de Dieu le père droiturier, « N'arés jamais par moi honte ne encombrier. — Sire, » dist Mirabiaus, «merchi por Dieu del ciel! « D'une feme kaitive car vos prenge pitié! » El(e) laist aler les mains, et Robaus est dreciés : 6410 S'ele veist Aiol ne l'eust mais laissié. Mal ait quant il s'enfuit demi doi ne plain pié! Il set bien que fuir ne li aroit mestier, Mais vers Aiol se dreche tout un antieu sentier. Aiols point Marchegai des espérons d'or mier, 6415 Et a brandie l'anste del roit tranchant espiel : Vait ferir le laron, si bien a esploitié Que l'escu de son col li a fraint et perchié Et l'auberc de son dos desrout et desmaillié; Par mi outre le cors li fist passer l'achier; 6420 Toute plaine sa lanche l'abat mort el sentier, Puis a traite l'espee, si li trenche le cief, Si le pent o les autres desor .r. des destriers. Quant le voit Mirabiaus, s'en ot molt le ceur lié. CLXV La pucele fu lie quant vit le bacheler, 6425 Por chou que il estoit del serpent délivrés. Ele s'en vint a lui, si l'a araisoné : « Dites, del serpent, sire, com estes délivrés ?(/. 141) — Bêle, » chedist Aiol[sJ, « mors est, la merchi Dé! « Or retornons ariere, je le vos voil moustrer. » 6430 Ariere s'en repairent tout le cemin feré: Virent le serpent mort, ochis et afolé; Li ceval desous eus en sont espaventé : Cil qui devant aloient sont vers France torné. CLXVI Des or s'en va Aiol[s], s'en maine la pucele; 6435 Desor les .vrr. chevaus ot torsees les testes; Celés as Sarrasins sont encoistres et laides, Mais celé al crestien fu toute la plus bêle. Ô407 et 64.2'S mirabel — 6418 desront IQÔ AIOL Il issent fors del bos, vienent a plaine tere, Virent et bours et viles et chastieus et repaires. 6440 Ne finerent d'esrer, si vienent a Mongraile. Li chastelains Geraumes celé nuit les herberge: Cil estoit niés Elie, le gentil duc honeste; Li uns ne connut l'autre, puis en dut grant maus Les maistres senescaus de la maison apele : [estre. 6445 « Querés grues et gantes et vinison novele; « Car jou ai herbergié che chevalier honeste : « Por l'amisté de lui essaucheron la feste. « Anuit erent o moi mi borgois de Mongraile. — Sire, » che dist Aiols, « par mon cief preudom(e) 6450 « Bien sera esligié ains qu'isse de vo terre, [estes : — Sire, » che dist li ostes, « ne place al roicelestre, « Al glorieus del ciel qui le siècle governe, « Nous en aions del vostre vaillant une cenele! « Onques nel fist mes pères ne le fist mes ancestres, 6455 a S'il herberga franc home ne chevalier honeste, « Que la nuit li vendist ne ostel ne herberge; « N'en droit moi, se Dé(x) plaist, iVenpir[er]a la jeste; « .111. fieus aide mollier: anoit voil qu'il vos servent. « Li quars est chevaliers, si oste ja les seles, 6460 « Et forbist et estrille et aboivre et aaisse. » Molt sont preu et cortois li .ira. fil Gerame: Il vien[en]t a Aiol, cortoisement le servent; Ses espérons li ostent et ses heuses li traient, (b) Et rollent son aubère et forbisent son elme : 6465 « Sire, » chedist Aiols, « par mon cief, prodom estes, « Que si gentil maisnie avés et si oneste : « Chi voi teus bachelers, chevalier peuent estre. — Sire, » che dist li ostes, « il sont bien delà geste : « Ja sui parens Elie, n'a millor duc en tere : 6470 « Ains mieudres chevalier[s] ne pot monter en sele; « Mais mellé[s] fu al roi qui les François caiele : « Par malvais conseiller Tescacha de la tere, 6439 bourc— 6453 .1. c. — 6459 Li .1111.— 6461 fiex — 6469 parent ATOL 189 a Par le consel Makaire cui Dieus otroit moleste, « Un malvais losengier, .1. glouton de put aire : 6475 « Morir l'en covera se j'en avoie aise! « Fuis s'en est li ber loins en estrainge tere : « Sel savoie u trover, encor(e) l'iroie querre. — Sire, » che dist Aiols, » par les iex de ma teste, « Trestout vis est li dus, bien sai u il recete; 6480 « Racordés est al roi et si rara sa tere. [estre, — Hé ! Dieus, » che dist li ostes, « si che pooit voirs, « .a mars d'or en donroie por l'acordance faire. » Tel joie ot por le duc dont il oi novele Qu'aporter fait ses armes, son aubère et son elme, 6485 Et l'espee tranchant et l'escu de Biterme. U que il voit Aiol, bêlement l'en apele : « Sire, veschi tés armes, il n'a millors en tere; « Encor(e) ne su je mie ne tant vieus ne tant frailles « Que il ait chevalier enfressi a Bordele, 6490 « Se jel fierc a bandon en le targe novele, « Se ma lanche ne brise, que ne vide la sele. » Adont sot bien Aiols qu'il estoit de sa geste : a Sire, » che dist Aiols, « se le voliés faire, « Ces vos fieus en menroie avoec moi en ma terre : 6495 « Plus donroie a cascun qu'il n'en ait a Mongraile; « Ces .vu. cevausd'Espainge lor doinge tout acertes, « Volentiers et de gré, mais je voil qu'il me servent. — Sire, » che dist li ostes, « ne plache al roi celestre, « Al glorieus del ciel qui le siècle governe, (c) 65oo « Nous en aions del vostre vaillant une cenele! « Armes lor ferai querre molt avenans et bêles : « S'atendrai Pentecouste la glorieuse feste, « Puis les adouberai en mon palais ancestre: [bêles, « Ses veront mes maisnie[s] et mes compainges 65o5 « S'en seront plus haitié que par estrange[s] teres; « Et vo[s] prenderés, sire, en France vo repaire. « Se vos avés besoin, que il vos sorge guerre, 6473 que — 65oi Lor armes f. q. m. auenant — 65o5 qua par 1 90 AroL « Nous vos irons secoure a quanque porons faire. » Quant Tentendi Aiols, liés fu de la novele : 65 10 Tous li ceurs en son ventre li saut et esjoiele. CLXVII Chele nuit gut Aiols a Mongraille la vile; Li castelains Gerelme[s] qui fu pros et nobile[s] Por lui fist conreer un mangier qui fu riche[s]. Ains n'i ot chevalier ne borgois ne mescine 65 1 5 Qui n'ait o eus mangiet : tous les semont et prie; A mervelles esgardent Mirabel la mescine ; Les dames de Mongraille li commencent a dire : «. Por Dieu! biausdous Aiols, gardés ceste mescine: « Aine en tout no vivant plus bêle ne veismes. 6520 — Par mon cief! » dist Aiols, « je ne li faurai mie! « Je le conquis Tautrier par ma chevalerie : « Avoec moi le menrai en France le garnie, « Si sera en sains fons levée et baptisie, « Si le prendrai a feme, se Dex me done vie. » 6525 Et respont la pucele : « .vc. merchis, biaus sire. » Gelé nuit sejornerent a grant joie plentie ; Si se fissent servir par molt grant signorie Dessi a l'endemain que l'aube est esclairie. Li .rai. fil Gerelme li ont sa sele mise : 653o Sor son ceval d'Espaigne molt volentiers le sisent, Et li chastelains monte, sel convoie il meismes Volentier[s] et de gré une liewe fornie; Boinement les baisa quant il s'en départirent, Ses commanda a Dé le fil sainte Marie. 6535 Mal en est engingiés li chevalier[s] nobiles : {d) Ses cousins germains est, mes il nel savoit mie; Ja ançois nen ert vespres ne la nuit acomplie, Avra paor de mort et tel besoing d'aie, 6539 Aine mais n'en ot si aspre a nul jor de sa vie. CLXVIII Des or s'en va Aiols, si a pris le congié; S'en maine la pucele et trestous ses destriers. 65 12 Le cast. — 6534 fiex — 6^4 r trestout AIOL I9I Li castelains Gerelmes est arier repairiés : Quant il vint a Mongraille en son palais plenier, Ses .1111. fieus apele, si les a araisniés : 6545 «Enfant, » che dist Geralmes, «malsomesengingiet, « Qu[e] en laisons aler si seul che chevalier; « Il est de mon linage, li ceur[s] le me dist bien : « Je n'en kerroie mie home qui soit sousiel « Que ne soit fiex Elie, le fort duc droiturier. 65 5o « Je vos adouberai d'armes et de destrier, « Si sievrés le valet tout le cemin plenier; « S'il a de vos besoing, bien li devés aidier. « Li bos de Quintefoille fait molt a resongier : « Outre le conduirés enfressi a Orliens. » 6555 Quant li enfant l'oirent, aine ne furent si lié : Gerelmes les adoube, li castalains prosiés, De blanc aubère et d'elme et de corant destrier. Et il meisme s'arme, ne se vaut atargier; Puis issent de la vile tout seré et rengié. 656o Ne mainent avoec aus serjant ne escuier, Ne mais .un. garçons por garder lor destriers, Car bien quident la nuit al vespre repairier. Or conduise Jesu les noveus chevaliers ! C'ançois que il soit vespre[s] ne li solauscouciés, 6565 Se il voillent Aiol lor cousin bien aidier, Poront lor vaselage prover et assaier, Que ja autre quintainne ne lorestut drecier. Or vos dirons d'Aiol le nobile guerrier : Toute jor a li ber esré etchevaucié, 6570 Enfressi que a none que li vespre[s] revient, C'Aiols a reclamé le père droiturier (/. 142) Qu'il en tel lieu le maint u il ait a mengier. Il garda devant lui el grant cemin plenier : Si a coisi un moigne qui fu haut roengiés : 6575 Par desous les orelles ot les grenons tranciés, fÔ74 Miniature avec cette rubrique : Ch'est chî ensi com Aiols ET MlRABEL TROVERENT UN LARON ET COM LES VAIT HERBERGIER. AIOL Froc ot et estamine et une goneviés, Et fu d'une[s]grans botes d'abeie cauciés : Bien sambloit ordené, grant corone ot el cief, Et tenoit en sa main .1. pic et .1. levier. 658o Desfaite ert le cauchie del grant cemin plenier : Molt faisoit grant samblant de mal pas afaitier. Atant evous Aiols qui le salue bien De Dieu de sainte gloire qui tout a a baillier; Li moignes li respont quant ot levé le cief, 6585 Le caperon sorhauce et si Ta enclinié : « Cil sire vos garisse qui tout a a jugier! « Dont venés? de quel part, nobile chevalier? « — Sire, je vieng d'Espaigne, » Aiols li respondié; « Si maing chi une dame, lasse est de cevalcier : 6590 « Forment avons nos cors penés et travelliés; ce Si voi ceste forest devant nos brunoier, ce Ne voi mur ne maison ne fossé ne plaisié « Ne repaire a riche home, u puise herbergier. — Sire, » che dist li moignes, « bien vos sai conseiller : 6595 ce Chi a une abeie en ce grant bos plenier : « Bien i pores anuit, s'il vos plaist, herbergier. ce S'arés a grant plenté quanque vos a mestier, ce Et pain et car et vin, de gré etvolentiers, (b) « De feure et de Tavaine a vo[s] corans destriers, 6600 « Et pores sejorner tant com vos plaisir[s] [i]ert, ce U .un. jors u .v., se il vos est mestier; ce Et quant vos vaurés, sire, esrer et cevalcier, ce Conduirons vous après de gré et volentier[s] ce Dusqu'outre la forest .1111. liewe[s] u mieus : G6o5 « Ja n'i perdrés del vostre valissant .1. denier, ce .1111. dames i a qui molt font a proisier, ce Qui la se sont rendues por amor Deu del ciel : ce Se pora vostre feme avoec miex aaisier, ce Faire ses volentés et quant que boin li [i]ert. 6610 — Hé! Dieus! » che dist Aiols, ce tu soies grasiés! G576 .1. gone — 6D99 corant AIOL 193 « Sire, prendés .c. sous de moneés denier[s] : « Por sainte carité les vous doins volentiers; « Si en povés .1. mois bien loer .nrr. ovriers « A refaire la voie, dont il est grans mestiers. 661 5 — Sire, » chedistli moignes, «por nient en plaidiés, « Car nous somes riche home, savons assés deniers, « Et faisons le cauchie por amor Dieu del ciel : « Si volons chi nos cors pener et travellier. « Jou i sui hui venus, li termes en est miens : 6620 « Demain venra li autre, et puis demain li tiers, « Et en après li quars sans plus de delaier : « Ja ne prior ne abes n'i sera espargniés. « Mais prendés celé dame, sel dessendés a piet, « Si le laisiés dormir soz cel arbre foillié : 6625 « Je m'en irai avant, nobiles chevaliers; « Si dirai dan abé(s) que vous ai herber(e)giés : « Si ares a plenté quanque mestier[s] vos [i]ert. « Molt vous en sera miex anquenuit al mangier. » Aiols vint a le dame, mis l'a jus sans dangier, 663o Et Mirabiaus se couche desous l'arbre foillié. Aiols fu preus et sages et molt bien ensengiés : Un mantelet hermine li ploia soz son cief; Après revint al moigne u il l'avoit laisié ; « Montés tost, » fait il, « frère, sor cel corant des- trier; (c) 6635 « Vostre soit, jel vos doing de gré et volentiers : « Il est fors et isneus et si amble très bien. « Jel toli Pautre soir un riche roi paien : « Bien en pora dans abes ses moignes porcacier. — Sire, » che dist li moignes, « por nient en plaidiés. 6640 « Quant nous fumes al siècle, s'estiens chevalier : « Por amor Dameldé l'avons piecha laisié. « Je promis Dameldieu, quant je fui roengiés, « Jamais ne monteroie sor mul ne sor destrier, « Ne desor nule beste qui voist a .1111. pies; GG22 csparengies — 6624 sor — 663o mirabel — GG32 sor son i3 194 AI0L 6645 « Ne monteroi[e] mie por les menbres trancier! » Puis dist entre ses dens, c'Aiols ne l'entendié : a Ne sai que jes baillasse quant ensi Fai no[n]cié. « Certes ja n'en menrés valissant .1. denier, « Ains en perdrés la teste, ja trestornénen(n) [i]ert.» 665o Dieus! c"Aiol[s] ne l'entent, li gentieus chevaliers! Ja li trenchast la teste a l'espee d'achier. Ghe ne sont mie moigne, qui la sont herbergié, Ains sont .xn. laron, traitor renoié, Qui la sont herbergié pour le pule engingier. 6655 Les pèlerins mordrisent a doel et a pechié : Si ont l'or et l'argent, les moneés deniers. Signor, tout cil laron furent ja chevalier, Mais il sont de lor terre bani et essillié. La se sont asamblé, ne sevent gaingier, 6660 Mais tolir et enbler, chou est li lor mestier[s]. Plus aiment larechin que nul avoir sousi[e]l. Gascun[s] a boines armes et boin corant destrier, Et il nés voilent onques vendre ne engagier. Tous les vous nomerai, se a plaisir vos vient : 6665 Cil ot a non Gonbaus, li quivers renoiés, Qui par grant traison s'estoit fait roengiés : Morans et Allivins et li glous Galiens, Constans et Gonsellins et Ricier[s] et Rahiers, Flohars de Vallieure et Hagenon[s] d'Orliens, 6670 Clarembaus de Valbrune, Corsaus de Valrahier. (d) Cil ert maistre des autres, s'en estoit sire et ciés; Molt estoit fors et vistes et orgellous et fiers. Etlileress'entornecui Dieu[s] doi[n]st encombrier : Tant com il voit Aiol, vait souavet a pié, 6675 Et quant il se départ que il fu eslongiés, Isnelement et tost s'asist en .1. sentier : Molt li poisent ses botes, si s'en est descauchiés, Et desfuble la cape qui molt [l'javoit cargié. Tout envolepe ensamble li quivers renoiés; G670 corson cf. 6684 — 6671 sire des — 6673 qui AIOL 195 6680 En .1. buison les boute por son cors esploitier. Il s'en torne fuiant plus tost que un[s] levrier[s] : Dessi en le gaudine ne se vaut atargier. Vint as .xi. larons que il avoit laisié. Corsaus le voit venir, si l'en a aresnié : 6685 « Comment, sire Gonbaut, avés vos esploitié? « Vous venés sans avoir, dont n'avés gaingié ? « U est li grans esciés que mener soloiés, « Li mul, li palefroi et li corant destrier, « L'or[s] fin[s] et li argens, li monaé denier 6690 « As pèlerins saint Jake soliés desnoier? — Sire, » dist li traîtres, « molt ai bien esploitié. « J1ai tel eskiec conquis qu'il n'a millor sousiel : « Une cortoise dame et un franc chevalier, « Et .vu. chevausd'Espaignequimoltfontaproisier, 6695 « Qui de vair et de gris et d'avoir sont cargié. « La dame, ele est plus blanche que n'est flor d'ai- [glentier; « S'a la color rovente plus que rose en rosier : « Il n'a plus bêle dame sous le caple del ciel. « Chi Tarés anquenuit, ja trestorné nen [ijert; 6700 « S'en ferés vo voloir et quanque vous en siet. « Aussi Tarons nous autre, issi l'ai otroié : « Tout somescompaignon juréetfianchié; [mier[s]. « Mais vos estes no [s] maistre, por tant Tarés pre- — Gonbaut, » dist li traitres, « molt as bien esplotié. 6705 « Tous jors as deservi mon gré et m'amistié. » En lor chemin s'en entrent qui fu grans et pleniers. [if- i43) Chi lairons des larons cui Dex doinst encombrier! Assés i rêverons quant lieus et tans en iert. Si vous dirons d'Aiol le gentil chevalier, 6710 De la gente pucele al gent cors afaitié Qui s'estoit endormie desous l'arbre foillié. Ele estoit molt lassée , si commenche a songier '"•687 soloier — 6689 argent — 6705 Tout — 6707 qui ig6 aiol Que li ordenés moignes qui l'avoit herbergié .xii. felon[s] broon[s] lor avoit desloié : 6715 Les grans goules baees lor venoient irié, Si voloient Aiol estrangler et mangier, Et voloient as dens les bras del cors sachier. La pucele s'esvelle, si sailli sor ses pies : « Bêle, » che dist Aiol[s], « a ente avés songié 6720 — Che ne sont mie moigne qui chi sont herbergié, a Ains sont .xir. laron, traitor renoié, « Qui chi sont asamblé por le puple engingier : « Les pèlerins mordrisent a tort et a pichié; « Si ont l'or et l'argent, les monaés denier[s]. 6725 — Bêle, » che dist Aiol[s], « vos ne dites pas bien a Des homes Dameldé qu'a tel tort blastengiés ; « Ja font il le cauchie por amor Dieu del ciel, « Ne trairaient home por nul avoir sousiel. — Sire, » dist la pucele, « aitant le laisiés. 6730 « Bien sai, se la alons, nobile[s] chevaliers, « Je i serai honie a tort et a pichié. « Tornonsnos d'autre part cel grant chemin plenier; a Laisons ceste forest, molt fait a ressongier : « Par devers la campaigne fait millor cevalcier. 6735 « Al primerain recet u porons repairier « Si prendrons avoec nous .1111. serjans a pié : « Si lor donons ançois les .111. de nos destriers « Et les .nu. u les ,v. s'il les voillent baillier, « Que il nos viaus conduient enfressi a Orliens. 6740 — Bêle, » che dist Aiol[s],«com vous plaira, si iert: « Qui consel ne vieut croire bien doit prendre mal [cief. » Entre ses bras le prist, si le lieve el destrier, (b) Puis monte en Marchegai par son senestre estrier : Tous [les] autres akieut, n'en i vaut nul laisier. 6745 En lor chemin en entrent qui fu grans et plenier[s]: 6713 Que li moine ordene — 6719 Lacune après ce vers. — 6736 serjant — 6745 grant AIOL 197 De molt grant aleure prendent a chevaucicr. Mais li laron estoicnt el parfont gaut ramier ; Quant il virent Aiol demorer et targier, Corsaus en apela Gonbaut le renoié : 6750 « Comment, sire Gonbaut, avés nos fosnié? « U est chis grans eskiés que mener deusiés, « Celé cortoise dame et chis frans chevaliers, « Li .vri. cheval d'Espaigne que vos tant prisiés? « Se gabé nous avés, vos le comperés chier! 6755 — Sire, » dist li traitres, « molt me puis mervellier « Qu'il ont tant demoré, par les sains desousiel. « La pucele est forment lase de chevalcier, « Ele s'est endormie sous .1. arbre foillié ; « Or entendes .1. poi, je Tirai esvellier. 6760 — Aies dont,« dist lileres, «ne vous cautd'atargier! » Et respont li traitres : « Je n'irai mie a pié. » Il a prises ses armes, si s'est aparellié. Molt avoit bon ceval, s'i monta par l'estrier : Isnelement s'en torne, prent l'escu et l'espiel. 6765 Onques ne treshna jusc'a l'arbre foillié La u il ot Aiol et guerpi et laisié. Et quant il nel trova, ne lui ne la mollier, Lors a tel deul al ceur que vis quide esragier; Il a trové la rote des auferans destriers : 6770 Après Aiol akieut tout son cemin plenicr. Mirabiaus la pucele se regarda premier. S'a veu le laron venir et chevaucier, Le blanc aubère et Telme et luire et flanboier. Aiol en apela, prist l'en a araisnier : 6775 « Gentiex damoiseus sire, jel vos disoie bien! « Veés la vostre moigne qui vous ot herbergié. « N'a mie ses noirs dras, ançois les a laisié : « Il est molt bien armés sor .1. corant destrier. (c) — E Dieus! » che dist Aiol[s], « tu soies grasiés! 6780 « Damoisele cortoise, bien me poés aidier. 6-752 Bêle — 6753 Et .vn. cheuaus — 6771 Mirabel — 6777 La mie I98 AIOL « A iceste besoigne serés mes escuiers : « Tant ferés or por moi que menrés les destriers. » Et respont la pucele : « Biaus sire, volentiers. » Ele prent par les resnes les boins corans destriers : 6785 A paine va .ri. pas ne se regarde arier. Et Aiol[s] point et broche le boin ceval corsier. Et Gonbaus li escrie : « Fel quiver[s] losengier[s] ! « Ja vos mande dans abes bien estes herbergiés. « Mar irés plus avant, par les iex de mon cief! 6790 — E glous! » che dist Aiol[s], « Dieus te doinst en- [combrier! « Or ains estoies moignes, et or es chevaliers ! « Senpre le comperas, se Dieus me vieut aidier! — Par Dieu, » che dist Gonbaus, li quivers renoiés, « Si tu vieus la bataille, ja Paras volentiers. » 6795 Et respondi Aiol[s] : « Tous en sui aaisiés. » Anbedui s'entreloignent le trait a .1. arcier; Ensamble s'entrevien[en]t les escus enbraciés : Mervelleus cos se donent ens escus de quartiers, Desor les boucles d'or les ont frains et perciés ; 6800 Tant sont fort li aubère nés porent desmaillier. As grans cos des vasaus, qui sont boin chevalier, Et a lor roides lances qui furent de pumier, Et al fais des cevaus arabi[s] et corsier[s] Se sont tant fièrement anbedui acointié 68o5 Que ceingle ne poitrail n'i ot onques mestier, Que cascun ne convienge les archons a vuidier. Il furent des cors sain(s), si resaillent en pies. Se li lere(s) eust foi, trop fust boins chevaliers; N'eust millor par armes dessi a Monpelier. 6810 Aiol[s] l'en apela par molt grant amistié : « Amis, por amor Deu, car laise che mestier! « En France te donrai .1. fort castel en fief : « Mieudre vasal[s] de toi ne peut de pain mangicr. « Onques mais par .1. home ne vuidai mon estrier ! (d) 6787 et 6793 gonbaut — 6801 As grans fais des ceuaus, cf. j63b AIOL 199 68 1 5 — E glous ! » che dist Gonbaus, « viens me tu prce- [cier? « Ja te mande dans abes qu'il t'a fait hcrbergier: a Au covent te convient venir et repairier. » Il a traite Tespee dont li brans fu d'achier Et vait ferir Aiol, nel vaut esparengier : 6820 Mervelleus cop li done desor Telme vergié Que les flors et les pieres en a jus trebucié ; De vers la destre espaule a fait le branc glacier : .xx. mailles de l'auberc li trencha el gravier. Damclde[x] le gari qu'en car nel pot toucier. 6825 « Hé! glous! » che dist Aiol[s], « or me puis trop [targier. « Dameldeu[s] me confonge se plus voil espargnier « Ton cors, puisque proiereiVi peut avoir mestier! » Il a traite Tespee dont li brans est d'achier; Por molt grant mautalent le prist a aprocier : 683o El l'elme par deseure desous l'escu le fiert : Dessi que en Teskine li est li brans glachiés. Li leres canchela, si s'est agenolliés. Aiol[s] li fiex Elie noblement le requiert, De Tespee tranchant si ruiste coup le fiert 6835 Amont par mi son elme qui fu a or vergié[s] Que les flors et les pieres en fait jus trebuchier. La coife de l'auberc ne li ot aine mestier, Dusqu'es dens maiselés li fait le branc glachier. Atant es Mirabel poignant sor .1. destrier; 6840 U qu'ele voit Aiol, se li prent a hucier : « Gentiex homdeboinaire, por amor Dieu[del] ciel, « Selonc le sien serviche li rendes le loicr. » Et respondi Aiol[s] : « Par mon cief, volentiers. » Il tient Tespee nue dont li brans fu d'acier: 6845 De l'une part del bos a une [h]art tranchic. Bêlement Ta entorse, el col li a lachié. Mirabiaus la pucele se li a tant aidié, 681 5 gonbaut — 6826 esparengier — 6847 Mirabel 200 AIOL C'a la branche d'un arbre Ta pendu et laisié. Le blanc aubère et Féline torse sor son destrier 685o Et pendi a l'archon le branc forbi d'achier. (/. 144) En lor cemin s'en entrent et pensent d'esploitier; La pucele chevalce joste le chevalier. Aiol[s] le regarda, li ardis et li fier[s], Por Tamisté de lui s'aficha el destrier : 6855 Deu[s] doie et plain[e] paume fist l'estrier alongier. S'or li venoit nus hon né[s] de mère sousiel, Qui vausist la pucele de nient calengier, Ja li contrediroit al fer et a Pachier. Or le conduisse Dieus qui tout peut justichier! 6860 Car ançois qu'il ait gaires longuement cevalcié, S'il ne se veut acertes bien secore et aidier, Grans maus li avenra, s'il le vieut commencier ; Car li .xi. laron furent el bos plenier, Et dist li uns a l'autre : « Mal somes engingié(s) ! 6865 « Je quic que nos compains est mors et detranciés : « Car chevauçons après, bien li devons aidier.» Et il li respondirent : « Com vous plaira, si [i]ert. » Il vestent les aubers, s'ont les elmes laciés, Et çaingent les espees et montent es destriers; 6870 Si pendent a lor caus les escus de quartiers, Et saisissent les lances as confanons lachiés ; Enfressi que a l'arbre ne vaurent atargier Que Gonbaus lor avoit nomé et ensengié. Quant il ne le troverent, le sens quident cangier, 6875 Mais la route troverent des auferans destrier[s], Et troverent Gonbaut pendu et atachié. Corsaus le voit, li maistres, a poi n'est esragiés : Il a traite l'espee, si a le [h]art tranchié, Dont Gonbaus, li faus moines, ot la goule alongié : 6880 Gonbaus cei a terre, li quivers renoiés, Et Corsaus s'en torna, si l'a ileuc laisié : Après Aiol se met tout son cemin plenier. 6857 1' P- — 6873 et 6879 gonbaut — 6880 Gonbaut AIOL 201 Aiol[s] li fieus Elie se regarda arier : Les .xi. larons vit venir et cevalcier, 6885 Les haubers et les elmes luire et reflanboier. S'il ot paor de mort, n'en devés merveillier, (b) Dameldé reclama le glorieus del ciel : « Glorieus sire père, qui fu et tous tans [ijers, « Et le mont et le mer as toute a ajugier, 6890 « Tugaristsejhuimoncorsdemorftjetd^ncombrier, « Que je ne soie mors, ochis et detrenchiés ! « Bien m'en poroie aler, car j'ai corant destrier: « Ne voil cheste pucele ne guerpir ne laisier. « De lonc Pai amenée, son cors doi avoir chier : 6895 « Quant el cors al serpent tenoie (tout) nu mon pié, « Ele ne me vaut onques ne gue[r]pir ne laisier. « Che promec jou a Dieu le père droiturier, « Jamais ne li faurai tant com me puisse aidier, « Si le prendrai a feme, a per et a mollier : 6900 « Se jou li desfailloie, trop seroie lanier[s], « Et par le saint apostle c'on a Rome requier[t], « Mieus voil a honor mort c'a honte repairier! » Quant l'entent Mirabiaus, molt en ot le ceur lié. U qu'ele voit Aiol sel prent a aresnier : 6905 « Gentiex damoiseus sire, poramor Deu del ciel, « Car vous en aies ore tout chest anti sentier : « Vous avés boin cheval, si escaperés bien ; « Mieus voil estre honie a tort et a pechié « Que soies por m'amor ochis et detranchié[s] ! 6910 — Bêle, » che dist Aiol[s] , « por nient en plaidiés; « Je vos voil contredire al fer et a Tachier: « Je me quic molt chier vendre, par Dieu ledroitu- « Mais soies toute coie, si gardés ces destriers, [rier. « Et tout le grant avoir que jou ai gaingié : 6915 « Comment que li plais prenge, je ferai le premier. » Atant es vous poignant Corsaut le renoié : Cil ert maistres des autres, s'en estoit sire et ciés. byo'i mirabcl —6910 plaideis 202 AIOL Il ot en son estage de lonc plus de .x. pies. Plus vint devant les autres que ne trait .i.arciers; 6920 A la vois qu'il ot clere commencha a huchier : « Fil a putain, lechiere, com m'avés vergongié, « Mon conpaignon pendu que j'avoie tant chier! (c) « Or aproime li termes qu'a mort estes jugiés ! » Aiol[s] li fîex Elie n'ot cure de tenchier : 6925 II broche Marchegai des espérons d'or mier; Le laron vait ferir, ne Ta mie espargniet ; Onques toutes ses armes ne li orrent mestier Que Tespiel ne li fâche par mi le cors baingier. Devant lui a la tere Ta il mort trebucié, 6930 Et escrie : « Monjoie! Dex! saint Denise, aidiés! » Mais li autre laron le hasterent si bien Ne peut li gentiex hom recovrer son espiel Ne del laron jeter, ne a lui resachier. Il a traite Tespee dont bien se sot aidier, 6935 Et vait ferir un autre qu'en fait voler le cief. Et li neuf Tasaillirent et devant et derier; Et Aiol[s] se desfent comme boin[s] chevalier[s]. Mais li .v. le ferirent et devant et derier, Li doi en son escu et en l'elme li tiers, 6940 Et li quars le ferit en son aubère doublicr : Nel pot contretenir ne çaingle ne estrier[s], Contre tere l'abatent, tant fu il plus iriés. Aiols guenchi les caus, si se resaut en pies : Et tient nue l'espee, l'escu tint sor son cief; 6945 Cui il consieut a caup, tous est a mort jugiés. Li laron le requièrent, si Pont molt anguisic, Tout estendu l'abatent, a terre l'ont coucié : Estroitement li loient et les mains et les pies, En travers le couchierent sor .1. corant destrier. 6950 Tous les autres aquellent, n'en vaurent nul lasier, Fors seul que Marchegai, cel ne porent baillier. Li laron jurent Dieu le père droiturier 6926 esparengiet — 6940 quart le ferir — 6945 que AIOL 203 Ançois que il soit vespres ne li solaus couciés, Vauront del franc baron |or compaignon vengier. 6g55 Or dévissent entr'aus li qiiiver renoié Que il feront justiche del vaillant chevalier; Mais il ne sevent mie le mortel enconbrier, Que ja lor avenra molt tost sans detrier; (d) Car Gerelmes cevauche li castelains prosiés, 6960 Entre lui et ses fieus les vaillans chevaliers : Ja secoront Aiol qui d'aie a mestier. Gerelmes vit Aiol sor le cheval loié; Ses .nrr. fieus apele, si les a aresnié : « Enfant, » che dist Gerelmes, « par les sains de- 6965 « Vés la vostre cousin c'on en maine loié. [sousicl, « Molt s1i est bien vendus a Tespee d'achier, « Car jou en voi les .v. ochis et detranchiés. « Or pensés de bien faire, nobile chevalier! » Il broche le ceval des espérons des pies, 6970 Et a Tanste brandie del roit trenchant espiel : Sor Tescu de son col vait ferir le premier; Onques toutes ses armes ne li orent mestier, Devant lui a la tere Ta jus mort trebuchié, Puis a traite Tespee dont bien se sot aidier. 6975 Si en vait ferir l'autre, chelui qui Aiol tient : Par des (o) us les espaules li a caupé le cief. Jofroi[s], li aisnés frère, commencha a hucier : « Que faites vous, mi frère, por les sains desosiel? « Ja les ara nos pères tous mors et detranchiés, 6980 « Se ne nous i poons prover ne essaier : « Or n1en i a que .1111. des quivers renoiés. » Il brochent les cevals des espérons des pies De si grant aleure com pot renJre destriers Contreval le lairis, por esperon touchier; 6985 Vont ferir sor les .rm. des quivers renoiés : Chascuns ochist le sien des noviaus chevaliers. Gerelme[s] vit Aiol sor le ceval lié : Il a traite Tespee, s'a les liiens tranchiés, Soef et bêlement Ta jus mis del destrier. 204 AI0L 6990 Li premiers mos qu'il dist, quant il Ta araisnié : « Estes vos point navrés, nobile[s] chevaliers ? — Naie, »che dist Aiol[s], « la merchi Deu del ciel! «Tant sont bones mes armes ne porent enpirier. » Quant il oi parler son signor droiturier, (/. i45) 6995 Chele part vint corant qu^l le reconnut bien. Quant Aiol[s] le coisi, mervelles en fu liés. Li .1111. fieus Gerelme le corent refraignier, Et son frain et sa sele et andeus ses estriers. Et Aiols i remonte que mervelles Pot chier. 7000 A Tissue du bos ont trové .1. plaisié : Uns gentiex hom i mest qui s'i fist herbergier. Li laron de put aire l'avoient essillié : Il l'avoient mordri(e) et lui et sa mollier; .11. grans forches de kaine i avoient fichié; 7005 Aiol[s] li fieus Elie l'avoit veu molt bien. Il vinrent as larons, nés i vaurent laisier : Celé part les trainent as keues des destriers; Entre Aiol et Gerelme les pendent volentiers, Et tout si .1111. fil lor i ont tant aidiet 7010 Que tous les i pendirent, aine n'en prisent loier; Chelui qui n'a voit teste pendirent par les pies. Or poront très bien dire les gens de cel resnié Merchi Dieu et Aiol, que bien [en] sont vengié. Puis repairent el camp u l'estor fu plenier[s]; 7015 Des escus et des lances ne se vaurent cargier; Les aubers et les elmes torsent sor les destriers, Et pendent as archons les brans forbis d'achier. Aiol[s] li fieus Elie cil a parlé premier : « Franc chastelain Geralme, faites pais, si m'oiés. 7020 « Ma part de cest eskiec qui chi est gaingiés « Vous claim jou trestout quite de gré et volentiers, « Pour aidier vos enfans qu'avés fait chevalier[s]. — Sire, » che dist Gerelmes, « .c. merchis en aies. 6qg3 // manque ici au moins un vers ayant trait à Marchegai. — 7008 trainent — 7010 targier — 7020 que c. AIOL 205 « Cest eskiec prenderai, n'en refuserai nie[n]t. » 7025 II [FJen fait par garçons ariere renvoier, Droitement a Mongraile conduire et repairier. Li chastelains Gerelme[s] qui fu gentiex et fier[s] En apela Aiol, se Pen a araisnié : « Gentiex damoiseus sire, por les sains desosiel, 70 3 o « Ersoir vos herbergai en mon palais plenier, (b) « Et si vous oi dire qu'Elie conissiés. « Or vos conjur de Dieu, nobile[s] chevaliers, « Par le foi que devés le père droiturier « Que vous médites voir, seDieus vos puist aidier, 7035 « S'onques apartenistes Elie le guerrier, « Mon oncle de Borgonge qu'a tort en fu caciés. — Sire, che dist Aiol[s], « conjuré m'avés bien; « Mais je ne le diroie a home desosiel, « Tant que venrai al roi qui Franche a a baillier ; 7040 « Mais d'itant vos puis bien mon corage esclarier, « S'ainc amastes le duc, dont m'averés vos cier. » Quant Tentendi Gerelme[s], onques ne fu si liés : « Gentiex damoiseus sire, je le savoie bien « Par fine vérité, que vous m'aparteniés. 704D « Or ne vous guerpiroie pour tout Tor desousiel, « Si vous arai conduit a la chité d'Orliens. « Se vos avés besoing, je vous irai aidier, « Envers trestous les homes vo vie calengier. — Sire, » che dist Aiols, « .c. mercis en aies! » 7o5o Or s'en tornent ensamble li gentil chevalier, S'en mainent la pucele qui molt fait a prosier. Ses .vii. chevaus n'i vaut Aiol[s] mie laisier, Qu'il avoit en Espaigne conquis et gaignié. En lor chemin en entrent qui va droit a Orliens : 7055 Mes il ne sevent mie les mortex encombriers Qu'il lor doit avenir ains qu'il soit esclairié(s). Tant ont chele vespree esré et chevalciet, Que al Roimorentin sont la nuit repai(i)rié. Che fu uns chastiaus riches qui molt fait a prosier 7060 Et sist a .vri. lieuetes de la chité d'Orliens, 20Ô AIOL Par devers le Berri fu molt bien batelliés. La nuit les a Hunbaus, uns ostes, herbergiés : Cil estoit riches hom et cTavoir enforchié[s]. Si estoit par usures montés et essauchiés; 7065 Et ot molt gentil feme, fille de chevalier Qui fu par maladie de l'avoir abaissiés : (c) Par poverté dona sa fille a Puserier. Poverte si fait faire a home maint meskief! Hunbaus avoit maison molt boine a .m. soliers. 7070 Esmeraude ot a nom sa cortoise mollier; Ele ot de cel gloton .r. baceler legier : Il ot a non Antiaumes, si fist molt a proisier; Il ot tout de bonté son père forlig[n]ié : Ne fesist traison pour les membres trancier. 7075 E Dieus! com il se paine des barons aaisier, Des cevals establer et des elmes froier, Et des aubers roller qu'en avoient mestier ! De toutes boines teches fu si bien ensengiés, 7079 Pour preudome servir n'avoit millor sosiel. CLXIX Dedens Roimorentin fu Aiol[s] ostelés, Entre lui et Gerelme de Mongraile, le ber, Et tous ses .1111. fiex, les novels adobés. Li hostes les fist bien servir et honorer : Sièges orent et coûtes et boins tapis ovrés; 7085 De rose et de mentastre font tout joncier l'ostel. Antialmes li cortois s'en est en pies levés ; Molt vieut les .vi. barons richement honorer Et la fille le roi Mirabel al vis cler. Il tout n'ont escuier pour lor harnas torser : 7090 De fer et de suor furent tout camoisé. Antelme[s] s'en avale contremont les degrés, Tont le chastel enquirt et de lonc et de lé : Tant quist ses compaignons que il les a trovés ; Par francise les a avoeke soi menés 7081 li ber AIOL 207 7095 Por servir les frans homes qui sont a son ostel. Li vallet furent bien vestu et acesmé : Le vin lor veissiés par noblece porter As grans coupes d'argent dont li our(t) sont doré. Mirabiaus la pucele et Gerelmes li ber 7100 S'asisent anbedui sor .1. lit lés a lés, Li .nir. fil Gerelme devant lui al costé. Esmeraude l'ostese et Aiols li sénés (d) Se sisent d'autre part desor .1. lit paré. D'une[s] coses et d'autres commencent a parler : 7105 « Dame, » che dist Aiols, « por Dieu ne me blasmés « D'une cose que voil par amor demander. « Comment fu vostre cors a cest home donés? « Molt me vient a mervelle que ce borgois avés:- « Vous deusiés dame estre d'une grant richeté. » 71 10 Quant Tentent Esmeraude, s'a del ceur souspiré : « Sire, » che dist la dame, « por Dieu ne me gabés ! « Poverte fait a home son corage muer. « Mes pères fu frans hom et de grant parenté : « En trestoute Berri ne peust on trover 71 1 5 « Nul millor chevalier por ses armes porter. « Puis kei en malage et en grant poverté, « Et engaga ses terres, petit l'en fu remés. « Cis hom ert par usure en grant avoir montés : « A mon père fist toute se tere racater ; 7120 « Puis m'i dona a feme, je ne li poc veer. « Or ai de lui .1. fil que vous ichi veés : « N icnt plus q ue li escoufie[s] peut l'ostoir resambler, « Ne se peut li miens fiex a son sens atorner. « Mes fiex demande tables et eskiés pour juer, 7125 « Les chiens et les oiseus ne peut il oublier: « De la route as frans homes ne le peut on geter. — Certes, » che dist Aiols, « molt en fait a amer. » Antiaume en apela : « Biaus amis, cha venés ! « Remanés avec moi ces .1111. mois d'esté. 709g Mirabel — 7128 apele 208 AIOL 71 3o « Por amor vostre mère qui m'a dit et conté « Que vos estes frans hons et de haut parenté, « De vous vauroie faire chevalier adoubé, « D'armes et de destrier corant et abrivé. » Quant l'entent li vallès, parfont l'a encline : 7i35 Dessi a pié Ten va par boine volenté; Entre Aiol et Gerelme l'en ont sus relevé. Aiols li fieus Elie ne vaut plus arester, Car il ne voloit mie prometre sans doner : (/. 146) Onques li gentiex hom n'en fu acostumés. 7140 II fist toutes ses armes devant lui aporter, Qu'il conquist en Espaigne a Pespee de lés : De toutes les millors a Antialme adoubé(s) ; El dos li ont vestu .1. blanc aubère safré, Se li ferment el cief un vert elme gesmé; 7145 Aiols li çaint l'espee al senestre costé, Hauce le paume destre, el col li a doné : « Dieus te doinst foit et pais et honor et bonté. « Vos m'avés ces cevals la desous ostelé : « Prendés ent le millor, car jel voil de boin gré, 7i5o « Et demain a Orliens ains qu'il soit avespré « Vos donrai riches dras et fort escu bouclé. » Quant l'entent li valès, si Ten a merchié. Esmeraude s'ostesse a .1. mantel doné, Et .c. sous dona Poste al mangier conraer, 71 55 Por chou que miex en soitservi[s] et honoré[s]. CLXX Aiols fu ostelés ciés son oste Hunbaut. Le mangier qu'apresterent fu molt rices et biaus : Plenté orent avaine et feure a lor cevaus. Antialme[s] se desarme, molt fu gens damoisiaus; 7160 Delés les fiex Gerelme s'asist as escamiaus. Quant li mangiers fu prest, ses veissiés issniaus Les serjans por les tables mètre sor les est(i)aus, Et a l'aiguë doner as diorés vasiaus. 7134 vallct — 71 5 > valet — 7162 serjant AIOL 209 A le blanche toualle essua Mirabiaus. 7165 Al mangiersont assis, grans i est li reviaus. Mais ançois qu'il s'en lievent sera li dieus coraus. Li ostes les trai, che fu piciés et maus: Se cil sires n'en pense par qui li mons est saus, Ja li cortois Gerelmes ne Aiols li vasaus 7170 Ne veront mais Orliens ne lor amis carnaus. De trop grant félonie fu li ostes coraus : Onques li tel Cain nen ot le ceur plus faus, Quant par li fu occis ses gentiex frère Abiaus. CLXXI Quant il orent mangié et beu a fuison, [b) 7175 A la table seoient ensamble li baron. « Sire, » che dist li ostes, « par le cors saint Simon, a Ne sai comment vous aie rendu le gueredon a De l'onor que m'avés chi faite en ma maison : «. Car se vos fuissiés sires de Rains u de Loon, 7180 « Si m'avés vos anuit assés fait riche don. « Je proi mon fil Antialme par molt grant gueredon « Qu'il vos serve très bien a coi (n) te d'esperon. « Le jor qu'il vous faura ait il maleiçon ! — Voire, » dist li vallès, « et del cors saint Simon ! » 7185 Esmeraude n'i quiert nule maie ocoison, Aiol en apela, si l'a mis a raison. « Gentiex hom de boin aire, je voil savoir vo non : « Si m'en revanterai encore en maint maison. » Et Aiol[s] respondi, aine n'en quist ocoison : 7190 « Ma dame, Aiol irfapelent François et Borgengon; « Au roi vieng en soudée en ceste Rovisson. « Cis a a non Gerelmes a la clere fachon, « Chastelain[s] de Mongraille, si est molt rices hom. « Cil .1111. sont si fil, que de fi le set on, 7195 « Berengers et Jofrois, Hastes et Nevelon. » Quant l'entendi li ostes, si tronche le grenon, Et dist entre ses dens coiement a laron : 7i65 grant — 7184 vallet 14 2 10 AIOL a El bos de Quintefoille, que de fi le set on, « Pendistes vos Bernart, mon droiturier signor, 7200 « Qui ti(e)nt Roimorentin, et son frère Foucon, « Et Ferant de Losane et le preu Agenon, a Et Gann et Richier et de Monbar Hugon; « Et por chou est Makaire[s] lor oncle[s] en prison : « Che furent si neveu et de sa norichon. 7205 « Damede[x] me confonge qui forma Lazaron, « Se nel vois mon signor nonchier en son dongon, « Qui maintient ceste terre entor et environ : « De la mort ses .11. frères prendera vengison : a Vos l'ochesistes, voir, ja nel vos cheleron. » 7210 De la table s'enbla, aine samblant n'en fist hon : (c) Il movra ja Aiol une si grant tenchon, Aine mais n'ot il si aspre a nul jor de cestmont. CLXXII Li ostes se drecha maintenant sor ses pies ; De la table s'en part, s'a les barons laissiés : 7215 Venus est en sa cambre li quiver[s] renoiés, A lui a apelé sa cortoise mollier : « Doucheseu^doucheamie^'onquesnfeusteschier, « Celés moi le consel que je vous voil nonchier. « Diable (s) vos ont fait cel glouton herbergier. 7220 « El bos de Quintefoille, n'i a celer mestier, « Nos pendi il Bernart, mon signor droiturier, « Qui ti(e)nt Roimorentin, et son frère Fouchié « Et Ferant de Losane et Aghenon le fier. « Il n7a encore mie plus de .111. mois entier[s], 7225 « Qu'il vi(e)nt et nu[s] et povres et kaitis a Orliens, « Sa lance et noire et torse, et ses escu[s] fu vies, « Et ses chevals fu maigres, a paine pot sor pies. « Je l'ai bien oi dire et tout partot nonchier « Que trestout le gaboient serjant et escuier, 72 3o « Et si disoient tuit par le chité d'Orliens « Les armes ot enblees et a .1. caruier 7225 kaitif AIOL 21 r « Ot tolu le roncin c'on li vit chevalcier. « Ne sai quel vif diable Tont puis si essauchié, « Car ore est dru[s] le roi et maistre consellier[s]. 7235 « Par saint Pol de Ravane, je le vois acointier « La sus en cel palais a mon signor Rainier; « Je ferai ja ses homes armer et haubergier, « De la mort ses .11. frères l'i ferai ja vengier, « Qui cis glous li ocist, a celer ne le quier. » 7240 Quant l'entendi la dame, vive cuide esragier : « Cas tu dit, vis diable[s], as tu le sens cangié? « Vos avés les barons loiaument herbergié, « Si avés avoec aus et beu et mangié, « Vo fil a adoubé et fait Ta chevalier, 7245 « Moi dona .r. mantelqui vaut maint boin denier: « Après son bel serviche li rens félon loier ! (d) « Vos poés orendroit .1. tel plait commenchier « Dont vos serés pendus comme leres fossier[s], « Et vos fiex traînés a keue de destrier, 7250 « Et jou en serai arse en un large foier. « Damede[x] les confonge qui tout peut justichier, « Se manois ne vos font la teste roengier, « Se vous cheste parole ne volés reiaisier ; « Par saint Pol de Ravane, je lor vois acointier : 7255 « Je ne le souferoie por les membres trancier, « Si faite traison ne poroie otroier. » Quant Tentent li traitres, vis quida esragier. CLXXIII Li glous ot sa mollier parler si hautement : Lors ot tel deul al ceur, por poi d'ire ne fent. 7260 II leva le puin destre, sel feri ens es dens, Qu'il Tabati pasmee desor le pavement : Del sanc qu'ele rendi fu Termine sanglens. Quant ele se redreche, molt ot le ceur dolent. « Lasse! «chedist la dame, « com félon vengement! 7265 « Maugré en ait mes pères et mi millor parent « Qui de moi et de vos lisent mariement! » 7262 sanglent 212 AIOL Li glous saut a Tespee qui en la cambre pent Et jure Dameldé le père omnipotent : « Se mot vos oi parler de tout cest erement, 7270 « Vous perderés la teste sans nul arestement ; « Et vous m'afierés et bien et loiaument « Que par vous ne saront point de cest erement : « Ja por tous vos parens n'en ares tensement ! » Tient Tespee el puin destre, le senestre li tent, 7275 Par les treces le prent assés vilainement; Ja li tranchast la teste sans nul arestement. Celé doute la mort, se li dist bassement : « Sire, merchi, por Dieu le père omnipotent! « Rechevés ent ma foi et puis mon sairement, 7280 « Que ja ne lor dirai nul jor de mon jovent : « Quant autres ne peut estre, esrés si sagement, « Que maus ne vos en vienge ne vos ne vos parens. » [(/. 147) Et respont li traitre : « Faus est qui ne consent, « Dont miex li pora estre a trestot son vivant! » 7285 Esmeraude respont en bas, qu'il ne Tentent : « Honis soit l'enperere, s'a forche ne vos pent, « Se vos son chevalier menés si laidement! « Par icel saint signor a qui li mons apent, « Se j'en puis avoir aisse par nul enchantement, 7290 « Je ne vous en terai ne foi ne sairement, « Ne lor fâche savoir tost et isnelement : « Mieus voil ma foi mentir que ne fac autrement, « Ne livrer por ochire issi vilainement. » CLXXIV Li traitres se part de se franche mollier : 7295 II issi de la cambre, si revient el fouier. Oies del traitor, Dieus li doinst encombrier! Com les set bêlement trair et engingier : « Baron, soies a aise, nobile chevalier, « Faites vos richement servir et aaisier. 73oo « Biaus fieus, de ton signor te voil je molt proier, 7^00 voille AIOL 21 3 « due tu ne faces cose qui li doie anoier. « Je m'irai en che bourc un poi esbanoier. — Sire, » che dist Aiols, « che fait a otroier. « U est no dame alee? molt m'en puis mervellier. 73o5 — Ele est un poi malade, » dist Postes, « en son cief; « D'autre part si commanc vos lis aparellier. » Isnelement s'en torne, ne se vaut atargier : Vers le maistre palais s'en cort tous eslaissiés. Il movra ja Aiol un si fort encombrier 7810 C'ains mais n'ot issi aspre a nul jor desousiel. Or oies de la dame qui le ceur ot irié : Vint a Tuis de sa cambre, son fil cena del cief, Et il i est venus corans tous eslaissiés. Quant il le vit sanglente, molt s'en est mervelliés: 73 1 5 « Dame, » dist li valès, « por les sains desousiel, « Qui vous ossa chou faire tant que fuise sor pies ? — Biaus fiex, » che dist la dame, « diables et pichiés « Nos cora anuit seure, se ne vos en gaitiés. (b) « Nous avons ches barons loialment herbergiés; 7320 « Si ont ensamble nous et beu et mangié : « Et tes pères les vieut trair et engingier! « Vois la Aiol de Franche, ton signor droiturier, « Qui nous ochist Bernart, le glouton loscngicr, « Le neveu dan Makaire et le frère Rainier. 7325 « Puis qu'il t'a adoubé, molt le dois avoir cier « Et deseur trestous homes servir et essauchier : « Et tes pères le vait trair et engingier ! « La sus en cel palais le va dire Rainier : « Si fera ja ses homes armer et aubergier; 733o « Se Dameldeu[s] n'en pense, qui tout peut justicier, « Ja veras devant toi ton signor detranchier. « Por chou que je ne voil itel plait otroier, « Si me feri es dens, le sanc me fist raier, « Puis sailli a l'espee, le cief me vaut trenchier. 7335 « Adont me convi(e)nt il jurer et fianchier, 7324 son frère 214 AI0L « Que je ne le diroie a home desousiel. « Mieus voil ma foi mentir ques voie detranchier! « Penitanche en ferai, se Dieus Ta otroié. » Quant l'entent li valès, le sens quide cangier. 7340 « Comment esse, diables? » Antialmes respondié, « Vaura donques mes pères servir de tel mestier? « Puis qu'il fait traison, je ne li apartieng, « Car ja traitres n'ert par moi esparengiés ! « Par saint Pol de Ravane, je le vois acointier 7345 « Aiol, mon boin signor, qui m'a fait chevalier, « Que je ne li fauroie por les membres tranchier. — Biaus fieux, » che dist la dame, « cil Dex te puist « Qui en la sainte crois se laissa travellier [aidier 7349 « Por pecheor raembre de mort et d'encombrier! » CLXXV Antialmes li cortois de sa mère départ; Issus est de la cambre, vers Aiol s'en torna. Mal ait se a consel un seul en apela! Mais a molt haute vois son signor escria : « Baron, or tost as armes, enevois i para (c) 7355 « Qui preudom vaura estre : grans mestiers li sera. « Biaus sire Aiol[s] de France, molt malement vos « Mes pères vos traist qui avoec vos manga. [va : « El bos de Quintefoille pendistes vos Bernart « Qui ti(e)nt Roimorantin, et son frère Foucart 7360 « Et Ferant de Losane, Hagenon le vasal « Et Garin et Richier et Hugon de Monbar. « Mes pères fist que faus, quant il vos herberga : « Il mist son cors por vous en le lieu de Judas. « Vers che maistre palais en cort plus que le pas 7365 « A son signor Rainier qui fu frère Bernart. « Se il peut esploitier, jamais ne rêveras « La fort chité d'Orliens n'es portes n'enteras ! » Quant Aiols Tentendi, sur ses pies se leva ; Bien et piteusement Dameldé reclama, 7347 le puist AIOL 21 5 7370 Le roi de sainte gloire qui le mont estora, Que de mort le desfenge, car grant besoing en a. « Aiols, » che dist Gerelmes, a ne vos esmaiés ja! « .c. dehès ait el col, qui de près n'i fera ! « Nos noviaus chevaliers, je quic, nous aidera. 7375 — Voire! » che dist Antialme[s], a tant com durer Antialmes li cortois molt forment se hasta [pora ! » Des chevals enseler et les poitraus lâcha. « Lasse, » dist Mirabiaus, « quel traison chi a! — Dame, » che dist Antialmes, « ne vos esmaiés ja! 738o « Par saint Pol de Ravane, mes cors vos aidera. « Teus vous pora porsievre, qui chier le compera. » Esmeraude la bêle molt forment se hasta Des barons adouber, Tarmeure presta. Ele baisa son fil, a Dieu le commanda. 7385 II prent .1. vies escu qu'en le maison trova Et une grosse lanche que en sa main porta : Noviaus chevaliers est, encor nule n'en a. Aiols li ot promis qu'a Orliens li donra, Se Damelde[x] l'i mai ne, bien li atendera. 7390 Antialmes li cortois Mirabel adestra (d) Très par mi le grant porte qu'il overte trova; Si en maine l'eskiec que Aiols conquesta En la terre d'Espaigne, u forment se pena. Or les conduise Dieus qui le mont estora ! 73q5 Et la lune luist cler qui voie lor mostra : Car ançois qu'il ajorne, si com on vos dira, Avra paor de mort qui plus seurs sera. Or escoutés de l'oste comment il esploita : Tous les degrés de marbre sus el palais monta ; 7400 A sa vois qu'il ot clere hautement s'escria : « Dites, sire Rainier, quel guerredon avra « Qui de la mort vo frère anuit vos vengera « Et vous rendra chelui qui ochis les vos a? « Qui si se peut vengier molt grant honor i a ! 7^78 mirabel 21 6 AIOL 7405 — Certes, » che dist Rainiers, « qui chou me por- [querra « Tous les jors de ma vie mes boins amis sera. CLXXVI — Sire, » dist li traitres, « vo gent faites armer ; « Une bêle aventure vos sai dire et conter : c< Or ains par devant vespre, quant on le dut soner, 7410 « Vinrent .vi. chevalier fervestu et armé « Tout droit a [ma] maison pour requerre Tostel. « A grant mervelle estoient richement acesmé; « Li uns en fu Gerelmes de Mongraille li ber, « Et tout si .mi. fil de novel adoubé : 7415 « Por un glouton conduire s'est en France avalé: « Il a a non Aiol, ensi Toi nomer, « Si vient de Panpelune d'un mesage conter : « Tel eskiec en amaine, ainques ne vi son per; « .vu. chevals qui de vair et de gris sont torse 7420 « Et d'or quit et d'argent, de deniers monaé[s], « Et la fille le roi, Mirabel al vis cler, « Que il a conquestee par sa nobileté. « Je n'en savoie mot or ains a l'avesprer; « Quant jes oc herbergiés volentiers et de gré, 7425 « Leus me dona .c. saus de denier monaé, « Et ma femeun mantel qui riches est assés; (f. 148) « Et mes fieus de servir fu tous abandonés : « Tost li fu ses serviches molt bien guerredonés, « Car Aiols en fist leus chevalier adoubé(s) 7430 « D'armes et de ceval corant et abrivé; « Li chevals vaut .c. livres c'Aiols li a doné. « Quant eûmes mangié et beu a plenté, « Son non li demandai, aine nel dainga celer. « Or poés dire et croire, molt ai mon ceur iré, 7435 « Quant dedens ma maison ai celui ostelé, « Qui mon signor pendi, que je deu(st) tant amer. « Gentiex hom, del vengier te convenist aster. — Certes, » che dist Rainiers, « Dieus en set mon A sa vois qu'il ot haute commencha a crier : [pensé. » AIOL 217 7440 « Baron, or tost as armes, se vos de riens m'amés ! » Et cil ont respondu : « Ensi com vous volés ! » .xmi. chevalier s'en corent adouber D'armes et de destriers corans et abrivés. [ses! « Signor, » che dist Rainiers, « de l'esploitier pen- 7445 « De Roimorentin faites les grans portes fermer, « Que par nule manière ne puist nus escaper! » Et cil respondent : « Sire, c'est com vous comman- .mi. serjant i vont corant et abrivé; [dés. » Quant il trevent les routes des destriers sejorné[s] 7450 Ariere s'en retornent dolant et abosmé. A lor vois qu'il ont hautes conmmenchent a crier : « Par foi, sire Hunbaut, mal vos est encontre! « Esmeraude vo feme les en a fait aler. « Trais nos a vos fieus, chou est la vérités. 7455 « Ensamble o eus s'en va, on le nos a conté. » Quant Rainiers Fentendi, a poi qu'il n'est dervés : .1. grant cor buglerenc fist en sa tor soner. Qui dont veist borgois et serjans adouber Et la vile estormir environ et en lés : 7460 En petit d'eure furent plus de doi .c. armé, Que borgois, que serjant, que chevalier monté; Et issent de la vile tout rengiet et seré, (b) De l'encauchier se painent, forment se sont hasté. Gerelme[s] de Mongraile les a bien escoutés : 7465 Aiolen apela : « Biaus sire, or entendes! « Ja arons la bataille mervellouse et mortel. « Cel arnas convenroit Antialme avant mener « Et la fille le roi, Mirabel al vis cler, « Enfressi c'a Orliens la mirable chité. 7470 « Nous remanrons ariere as ruistes cos doner : « Si les detrancherons as brans d'achier letré[s]. — Sire, » che dist Antialme[s] « pour nient en parlés : « Vos volés mon barnage tout a nient torner, « Mais par cel saint apostle c'on quiert en Noiron 7475 « Je nel feroie mie por l'or de .x. chités, [pré, « Que je ne fuise o vos as ruistes cos doner. 2l8 AIOL « Et se Dex me vieut bien maintenir et garder, oc Le don que m'avés fait vos quic gueredoner. — Signor, » distMirabiaus, ce ne vos desconfortés. 7480 « Mar vos apetisiés, car poi estes assés. « Le harnas conduirai volentiers et de gré : « A guise d'escuier me convient atorner. » Ele met le jamb(l)e outre, par grant nobilité; Le piet met es estriers, espérons ot dorés. 7485 Qui veist la pucele ceval esperoner Et le arnas conduire et le[s] destriers guier, De cors de gentil feme li peust ramenbrer ! Et li baron s'arestent ens el chemin ferré. Atant es vos Pencauc qui molt s'en est penés; 7490 Cil qui Roimorentin avoit tout a garder, Plus vint devant les autres c'uns ars ne peust jeter ; A sa vois qu'il ot haute commencha a crier : « Gerelmes de Mongraile, nel deussiés penser « Que vous conduissiés mon anemi mortel : 7495 « Mainte fois vous ai fait servir et honorer. « Se plus en volés faire, molt chier le comperés. « Il nen a mie encore plus de .nr. mois passés, « Cis garchons vint en France por avoir conques- oc Quant il vi(e)nt aOrlienslamirablechité, [ter. (c) 75oo « N'aporta il d'avoir que il peust mostrer, « Dont il presist .v. saus de denier monaé « Fors unes laides armes, .r. escu enfumé a Et .1. ceval estrait, caitif et descarné. « Je l'ai très bien partout oi dire et conter 75o5 « Que trestout le gaboient serjant et baceler, « Et li disoient tuit par Orliens la chité, « Les armes ot enblees dont il ert adoubés, « Tolu ot le cheval sor coi il ert montés. « Ne sai quel vif diable Pont or(e) si amonté 75io a Qu'il est or dru[s] le roi et consellier[s] privé[s]; « Le conte de Boorges prist awan en esté, 7479 mirabel AIOL 219 « Et par lui fu Makaire[s] en la prison jetés, « Et tous nos grans lignages honis et vergondés. 7514 — Cuiver,»chedist Aiols, « par monchief, vos men- ées! CLXXVII > Cuivers, » ce dist Aiols, « par mon cief n'est [pas voirs ! « Onques li miens linages ne fist cose a tel mois. « De tel traison faire, com vous sus me metois « Me combatrai a vous a mon branc vienois. s Gerelmes, biaus cousins, de bien faire pensois! 7520 « Par saint Pol de Ravane, je dirai ja manois: « Mes pere(s) a non Elies, vos oncles li cortois, « Et se Dieus nos en laisse partir a nos voloirs, « Vostre honor croisterai de dis homes a droit. — Certes, » che dist Antialme, « c'est petit endrot 7525 « Que de petit peut cors a dolor sordoloir. [moi, — Voire, » che dist Geralmes, « foi que doi sainte « Car je ne li fauroie por For de Vermendois.» [crois, Quant Aiols Tentendi, grant joie ot li cortois. CLXXVIII Quant Aiols li cortois la parole entendi, 753o Que de son cors aidier sont tout prest et garni, Or poés dire et croire, molt grant joie Ten prist. Il broche le destrier, vers Rainier se guenchi; Et Rainiers contre lui, ne Ta pas mescoisi. Anbedui s'entre vienent par mervellous air, [d) 7535 Tant com chevaus peut rendre por esperon sentir, Mervelleus cos se donent sorles escus vautis; Desor les boucles d'or les ont fraint et malmis, Tant orent boins haubers que maille n'en rompi, Mais les anstes brisierent des fors espiels brunis. 7540 Par tel ravine corent li auferant de pris, Si forment s'entre hurtent et de cors et de pis, Des cimes et des ciés et des escus vautis, 7523 adrois — 7524 ss. Le passage parait altéré. — 7^9 esp. vautis 220 AIOL Que li ceval les portent deus arpens et demi, Ançois que tous li menres peust son frain tenir. 7545 Et quant che vit Aiol[s], a me[r]velles li vint : Il a traite Tespee, envers Rainier en vi(e)nt : Mervelleus cop li done sor son elme bruni, Que les fiors et les pieres contreval abati ; Tant par fu fors l'auberc aine maille n^n rompi. y55o Et li caus fu molt grans, vers l'archon dessendi, Le col de son ceval li a copé par mi. Et Rainiers saut en pies qui doute le morir: Mais Aiols s'i areste, qui le branc d'achier ti(e)nt. Ja se fust bien vengiés del glouton de put lin, 7555 Quant or(e) le secoururent cil del Roimorentin. Gerelmes point et broche et son espiel brandi, Devant sor son escu dan Haghenon feri, Un provost de la terre qui gardoit le pais. Onques toutes ses armes nel porent garantir 7560 Que Tespiel ne li fâche par mi le cors sentir : Devant lui a la terre Tabati mort sovin; Et quant che voit Rainiers, a poi n'esrage vis. Cil estoit ses parens et ses germains cousins : « Gerelmes, » dist Renier[s], « mon cousin m'as 7565 « Espargnier te voloie, or es mes anemis. [ochis : « Tu le comperas chier, se Dieu plaist et je vif! » Si home li amainent un auferrant de pris, Et Rainiers monta sus, s'a un espiel saisi. « Roimorentin ! » escrie, « chevalier, ferés i ! 7570 « Certes mar en iront li glouton de put lin. »(f. 149) CLXXIX Quant Aiols li cortois vit la force creue, A ses compaignons dist parolle aper(elceue : « Chi n'ert plus par les nos bataille maintenue : « Nous ne somes que .vu., cascuns bronge vestue; 7575 « Plus en voi de .ce. en la voie batue. » Onques des fieus Gerelme n'i ot raison tenue, 7544 tout — 7565 Esparengier A10L 221 Ains brochent les destriers par mi la plainge herbue : Cascuns abat le sien a la grant anste ague. Antialmes point et broche, qui de ferir s'argue, 758o Et fiert .1. chevalier qui avoit a non Hue, Que la targe del col li a frainte et fendue Et la bronge del dos desmaillie et rompue. Par mi entre le cors li a l'anste enbatue, Que mort l'a abatu desor Terbe menue : [venue ! » 7585 « Outre! glous, » dist Antialmes, « vostre fin est Quant Tentendi Rainiers, la color a perdue. Il a dit a ses homes parolle aperceue : « La mort de mon neveu te sera chier vendue, « Car tu es mes hon liges, c'est vérités seue, 7590 « Et tes pères mes sers tout estrais par nature. « Riches hons est devoir, amontés par usure : « Mieus te venist tenir la soie noreture. « Por che mestier aras si la goule estendue « Che te sera avis que tu penges as nues. 7595 — Bienai,» chedist Antialmes, «ta raison entendue: « Ançois que il soit jors ne l'aube parcreue, « Vous i sera ma teste cierement desfendue. » CLXXX Aiols atout les .vi. cevalce fièrement Tous les galos sor frains abandoneement : [ment. 7600 « Signor, » che dist Antialme[s], « chevalciés sage- ce Cascuns a boin destrier, je n'i voi nul sulent; « De lor .x. chevalier[s] avons prisvengement, « N'en i a mais que .ix., jel sai bien vraiement. « Chevalcons si près d'aus que voions lor talent. 7605 « Ques poroit .1. petit eslongier de lor gent « Tant que cil fuisent mort et livré a torment, [b) « Ja puis ne douterons lor borgois de noient, « Car des armes porter sont apris povrement; « Que chou est un [s] mestier[s] qu'il ne font pas [sovent. 7590 estrait — 7604 quen oions 2 22 AIOL 7610 « Uns grans vies chastelès est .1. poi cha devant, « Une tor i a gaste, descavee forment. « S'ens nos i poons mètre por avoir tensement, « La nous porons desfendre assés et longement, « Tant quel sara li rois u douche Franche apent : 7615 « Ne quic que al secor[s] nel trovomes pas lent. — Antialmes, » dist Aiol[s], « par le cors saint [Climent ! « Tous jors vous truis de foi vers moi entirement, « Et se Dieus nos en laisse partir a savement, « Encor(e) vos en quic faire un si riche présent, 7620 « Dont essauchié seront trestout vostre parent. » GLXXXI Cil del Roimorentin se paine[nt] d'encauchier. Devant trestous les autres le trait a .1. archier Revient poignant lor sire c'on apele Rainier. A sa vois qu'il ot haute commencha a huchier : 7625 « Aiols, quiver[s] traitre, Dieus te doinst encom- « De la mort de mes frères te donrai le loier, [brier ! « C'a m'espee te quic le teste roengier. » Quant Pentendi Aiol[s], le sens quide cangier. A lui tira sa resne, si guenchi vers Rainier, 7630 Et Rainier[s] contre lui, ne l'a pas resongié. Ambedui s'entrevienent comme lupart irié, Mervelleus cos se donent es escus de quartier, Desor les boucles d'or les ont frains et perciés ; Tant orent boins haubers, nés porent desmaillier: 7635 As grans cos des vasaus et as fais des destriers Et a lor roides anstes planées de pumier Dont n'i ot il celui tant orguellous ne fier C'a cel cop ne convienge tous les arçons vuidier. Andoi furent vasal, s'i ressaillent en pies, 7640 Et traient les espees dont li branc sont d'acier, Grandismes cos se donent es escus de quartier, Que des hieumes se font les pieres jus glacier : (c) 7610 chastelet — 7622 trestout AIOL 223 Ainques n'i remest piere ne facent deslachier. Je qui que li damages en fust ja sor Rainier, 7645 Quant si home i aceurent por le secor[s] aidier, Plus furent de .11e. qu'aceval que a pié. Antialmes point et broche, li fiex a l'userier : Devant sor son escu feri .1. chevalier : Onques toutes ses armes ne li porent aidier 7650 Que l'espiel ne li fâche par mi le cors baingier, Devant lui a la tere Ta jus mort trebucié. Il a traite Pespee dont bien se sot aidier : Si feri un borgois qu'en fist voler le cief. Il encontre son père sor .1. corant destrier. 7Ô55 Dameldé en jura, le verai justichier : « Se ne fuissiés mes pères, ja presisse loier « De vo grant traison a Pespee d'achier ! » Cil de Roimorentin corurent tout irié : Plus furent de .11e. qu'a ceval que a pié. 7660 Qui dont veist Aiol son mautalent vengier, Le grant espee çainte, son escu sor son cief, Ramenbre[r] li peustde vaillant chevalier ! Tant forment Pont grevé que il Pont mis a pié, Et Marchegai s'en fuit par le camp estraier[s]. 7665 Gerelmes le saisi par le resne a or mier. La nuit i fust Aiols ochis et detrenciés, Quant il et tout si fil le corurent aidier ; Onques n'i ot celui qui n'abatist le sien. Par forche li ramaine Gerelmes son destrier, 7670 Et Aiols i monta li gentiex et li fier[s]; Puis s'en tornent ensamble et seré et rengié. Antialmes les conduist tout .1. antieu sentier, Mirabel aconsieut soz un arbre foillié Qui molt avoit son cors pené et travellié. 7675 Mais ançois qu'il s'en puisent ens en la tor ficier, Avient a nos barons mervellous encombrier[s]. Cel del Roimorentin i vinrent tout irié, 7666 nuis — 7673 sor 2 24 AI0L Plus furent de .nc. qu'a ceval que a pié; (d) Desous Gerelme ocissent son auferant destrier, 7680 II resaut sus en pies et drece sor ses pies, Et a traite l'espee, l'escu tient sor son cief : Cui il consieut a cop, tous est a mort jugiés. Cui caut? que sa desfense n'i valut .1. denier : Car il fu [par aus] pris, retenus et loiés, 7685 Se le font el castel ariere renvoier; Et quant le voit Aiol[s], le sens quide cangier. Es .1111. fieus Geralme nen ot que courechier, Quant il virent lor père retenir et loier. Qui donc eust veu les gentiex chevaliers 7690 A lor père secoure! mais ne lor valut nient. Del cors del gentil home lor est pris grant pitiés. A l'entrer del castel fu li capleis fiers; Mais Mirabel n'i porent secore ne aidier. Rainiers le va saisir par le resne a or mier, 7695 Li et l'eskiec a fait el castel renvoier, Et tous les .vu. chevals c'Aiols ot gaignié, Qui de vair et de gris et d'avoir sont cargié. Rainiers a sa vois aute commencha a hucier : « Ceste putain me faites en ma cartre lancier. 7700 « Le matin le ferai livrer as escuiers, « Son lecheor pendrai comme laron fossier ; « Gerelmes en pendus et si .1111. iretier, « Et Antialmes detrais a keue de destrier. » Quant l'entendi Aiol[s], le sens quide cangier ; 7705 II tient nuePespee et l'escu enbrachié : Cui il consieut a cop, tous est a mort jugiés. Amont par mi son elme ala ferir Reinier, Que lés le maistre bare a le cercle trenchié ; Mais tant fu fors la coife ne le pot damagier : 7710 Por quant si Testona que le fist trebuchier, Desor lui s'aresta, si ti(e)nt le branc d'achier, Ja li tranchastla teste sans plus de Tatargier, 7682 et 7683 Qui — 7706 Que AIOL 225 Quant si home racorcnt por le sien cors aidier. CLXXXII Quant Aiol[s] vit Geralme retenir et mener 771 5 Loié en le prison et s'amie al vis cler, [(/. i5o) Le grant deul queilmaine ne peut nus hon conter. Li .1111. fil Geralme furent près del pasmer. Antialmes commencha hautement a crier : « Signor, boin chevalier, ne vous caut desmenter; 7720 « Onques en grant doel faire ne vi riens conquester. « Entrés en celé tour, ne vous caut d'arester. « Si vos desfendés bien por vos vies saver. « Je vous quic a cort terme tel secor[s] amener « Cil qui vosencauchierentle poront biencomprer!» 7725 Laiens en sont li .v. tout maintenant entré Et sont par vive forche les aleoirs montés Par une voie estroite qui dedens la tor ert. Et Antialmes s'en torne, qui les a commandés A Dieu de sainte gloire qui en crois fu penés. 7730 Et quant che voit Rainiers, a poi qu'il n'est dervés ; A sa vois qu'il ot haute commencha a crier : « Baron, or tost après, Antialme me prendés ! « Se il vis vos escape, tous sui a mort livrés. « Chou est li hom(e) en terre que li miens cors plus [het! » 7735 — Certes, » che dist Antelmes, « molt chier le com- « Encore n'avés mie tout le bos recaupé : [perés. « Une [h]art i a droite a coi vos penderés. « Je quic que ja mon père soit molt près par delés, « Qui vos a porcachié le traison mortel 7740 « Por coi vous serés tout honi et vergondé. — Comment! » chedist Humbaus, «ajedontengenré « Enfant qui me manachede la teste a cauper! — Certes, » che dist Antialme[s], « cardeservi l'avés. « Ja hon traîtres n'en par moi enparentés! » 7745 II hurte le ceval, si s'en est délivrés. 77'3o che voir — 7741 humhaut i5 22Ô AIOL .v. chevaliers) Pencaucent por son cors agrever : Cui caut? il n'en donroit .1. denier monaé. Cheval ot fort et rade, isnel et sejorné, Et quant li glouton voient nel poront encombrer, 77^0 Qu'il nel porent ataindre a pla[n]che ne a gués, (b) Ariere s'en retornent, sel laisierent ester. D'asaillir al castel sont trestout apresté; Et li .v. se desfendent cui li besoings en ert; Jetent pieres et roces et grant caliaus corbés. 7755 Humbaus de Passaillier s'est durement astés : As estaches del pont trespassales fossés; Vint al pié de le tor, si commenche a crier : a Baron! venés avant! por coi nés asallés? « Se me volés aidier, orendroit les ares. 7760 — Signor, » che dist Aiols, a foi nostre oste parler « Al pié de celé tor, je l'ai bien escouté. » A iceste parolle que dist Aiols li ber, Jofroi[s] li fiex Geralmes laisse une pierealer Grant et grosse et pessant, quanqu'il pot soslever : 7765 Aval desor son elme l'a laisie[e] couler, Le pis et le coraille li a faite froer, Ausi com uns esfondres l'a jus acraventé ; Lés le mur l'abat mort, voiant son parenté. Et Aiols li escrie : a Biaus ostes, recevés ! 7770 « Ostes, tu m'as trai comme leres provés : a Mais la merchi de Délx) molt en es bien loés! » — Certes, » che dist Rainiers, « molt cier le com- « Ains demain miedi a forces penderés ! » [perés ! — Sire,» chedist Aiols, « se Dieu plaist vos mentes! » 7775 Chi le lairons d'Aiol, le gentil baceler, Et de ses compaignons qui o lui sont remés : DameldeFx] puist lor cors garandir et tenser ! Si dirons del message qui s'est acheminés, D'Antialme le gentil qui fu preus et sénés. 7780 II sot bien les passages, les planceset les gués; 7753 qui le besoig AIOL 227 Enfressi c'a Orliens ne s'est aseurés : Par le plus maistre porte est en la vile entrés. Mie nuis ert passée, si ot li cos canté. A le porte le roi tout droit s'est arestés. 7785 II escrie al portier : « Amis ! la porte ovrés. » Li portier[s] li respont : « Par foi, n'i enterés! (c) « N'estes mie preudom, qui a ceste eure aies. — Amis, » che dist Antialmes, « merchi vos voil « Se tost nen est overte, li damages ert tés, [crier. 7790 « Loeys nel vauroit por Orliens la chité ! » Quant li portier[s] Tentent, en pies s'en est levés ; Il ovri le guicet tant qu'il ot esgardé : Desous le baron vit le ceval tressué, 7794 Car durement s'estoit travellié et pené. CLXXXIII Li portier[s] se leva, quant la parolle oi; Il ovri le guicet, s'a le baron coisi : « Vasal, avés besoing? molt vos voi esmari. — Oie voir, biaus dous sire, por Dieu merchi vos « Gerelmes de Mongraille qui est hon Loeys [pri ! 7800 « Et tout si .1111. fil, li chevalier gentil, « Estoient a Mongraille el palais signori : « Par la revint Aiols del message furnir « Del fort roi Mibrien u li rois Tôt tramis. « Gerelmes li vaillans molt boin ostel li fist 7805 « Et por son cors conduire s'estoit en France mis; « Ersoir se herberga droit al Roimorentin. « Reiniers ert en sa tor qui la parolle oi : « Por l'amor de son frère le tient a anemi ; « Et fist trestous ses homes et mander et banir. 7810 « Quant li baron le sorent, tost se furent garni : « Entre Aiol et Gerelme et tout si .nrr. fil « Orent tout lor arnas hors de la porte mis. « Rainiers o tous ses home[s] voirement le[s] sui, « Et il se desfendirent tant com porent soufrir. 7783 COC 228 AIOL 7815 « En .r. vies castelet les ont a forche mis; « Si i est ja Geralmes et retenus et pris; « Et la fille le roi Mirabel al cler vis, « Et tous les .vu. cevals que Aiols a conquis « Ont remenés ariere dedens Roimorentin. 7820 « Se Damelde[x] n'en pense qui de l'aighe fist vin « Le jor qu'il sist as noces de saint Archedeclin, « Ja nel rêvera mais li fors rois Loeys. » (d) Quant li portiers Tentent, la porte li ovri; Isnelement et tost le laisse aval venir. 7825 « Sire, » dist li portiers, « entendes cha a mi : « Entendes moi un poi, par la vostre merchi ; « S'irai as cambrelens vo message furnir. [pri. » — Or tost, » fait il, « biaus sire, de tost haster vos Li portiers est montés tous les degrés marbrin[s] 783o Et a croie Tanel, li cambrelens i vint : Et cil li conta tout quant cA.ntialmes li dist. Li cambrelens s'en torne, si va a Loeys. Il crola Tanelet et li rois s'esperi : « Que vieus tu, va, ami, por Dieu qui ne menti? » 7835 Et cil li conta tout, l'orgeul et le péril Et le mesavanture que Antialmes [li] dist. Quant Tentendi li rois, si est en pies saillis : A sa vois qu1il ot clere a escrier s'est pris : « Faites armer mes homes, por le cors saint Denis! 7840 « Car se je perc Aiol, malement sui baillis ! » Qui dont eust veu le palais estormir Et les frans chevaliers armer et fervestir! L'enperere de Franche de la cambre en issi. Il regarda aval, s'a Antialme coisi, 7845 Car la lune luist cler et l'iaume[s] esclairi. As cambrelens demande : « Dites moi qui est cil « Que je voi la armé sor cel destrier de pris ? » Dist un[s] cambrelens: «Sire, devers Roimorentin: « Orendroit est venus le message furnir. » 7832 et 7848 cambrelenc AIOL 229 785o Quant l'entendi li rois, sel fait avant venir, Des novelles demande et il li a jehi, Si com Hunbaus ses pères les ot la nuit trais : « Par mon cief, » dist li rois, « molt m'a bien mes- [bailli ! CLXXXIV « Amis, » che distli rois, « molt es preus et 7855 « Ensamble vos ira mes senescaus Jofrois [cortois. « A .11e. chevaliers adoubés de conrois. « Pensés del tost aler, si esrés par savoir; [(/. 01) « Après vous ferai sievre d'Orliens tous les borgois. « Mes barons me rendes ains que vienge li soirs ; 7860 « Reinier le traitor m'amènes devant moi : « Tel justiche en ferons com jugeront François. « Por chou qu'a mes barons avés esté de foi, « Vous croisterai vo fief, mais que bien me servois ! — Sire, » che dist Antialme[s], « dehait qui s'en [recroit ! 7865 — Montés, franc chevalier, » dist Loeys li rois, « Car se je perc Aiol, grans damage[s] me croist ! « Mieux aimeroie a perdre Rainsu Cartresu Blois! » Doi cent chevalier montent et maint riche borgois; Al trespasser d'un pont fu molt grans li destrois. 7870 Antialmes les conduist qui les voies savoit, A toute la commune d'Orliens et des borgois. Antialmes en fist .c. enbuisier detrier soi : Dusqu'al vies castelet se tinrent mu et coi. Autre[s] .c. chevaliers adoubés de conroi 7875 En a mené Antialmes sor les destriers norois. Quant al chastelet vinrent, li jor[s] lor aparoit. Aiols fu la dedens corechous et destrois : Quant il ne sont que .v., de mort sont en esfroi ; Car cil de fors les traient as ars de cor turcois. 7880 Et li armé montèrent desous les aleoirs, Fièrement les destraignent as boins brans vienois, 7859 le soir — 7864 decroit — 7866 grant 230 AIOL Des .un. fiex Gerelme ont retenu les trois : Cha de fors les amoinent, ses loient el camois. Et Aiols est entrés la dedens par pooir ; 7885 Jofrois li fiex Geralme(s) est entrés avoec soi. Tant ont lassé les cors, petit ont de pooir. Aiols en jure Dieu que ja ne s'en faindroit, Ne por mort ne por vie, tant com durer poroit : Autressi set il bien que Rainiers l'ochiroit, 7890 Car por la mort ses frères durement le haioit. Et Rainiers s'escria a une haute vois : « Aiols, fieus a putain, fel traitre revois! « Por la mort de mes frères morés vos orendroit! « Je n'en prendroie mie tout le trésor le roi (b) 7895 « Que ne te fâche pendre as forches,cui qu'en poist! » Esque et fuisil avoient apresté li borgois, Le feu ont enbatu, qu'il le voillent ardoir. [crois, « E Dieus! » che dist Aiols, « qui fus mis en la « Aies merchi de m'arme : jamais ne quic veoir 7900 « Ne parent, ne ami, ne mon oncle le roi ! « Ahi ! Elies père, vous convient remanoir « Et Avisse ma mère qui se pasma por moi « Longement ens el bos ! Dieus qui tout le mont voit « Vos fâche autre secors, car par Aiol votre oir 7905 « N'en avérés vos ja le monte d'un ballois ! » Atant es vous poignant le senescal le roi Et le cortois Antialme qui conduist les François. Il escrie « Mon joie! » c'est ensenge le roi; « Cuivers Reiniers, traitres, par les sains d'Orlenois, 7910 « Vous en pendrés as forches ains que passe li soirs ! » Cil del chastel l'oirent, nel tindrent a gabois : Des aleoirs se laissent a la tere caioir, Por desfendre lor cors se metent a destroi. CLXXXV Cil del Roimorentin virent Frans aproismier : 7915 Molt orent grant secors de lor signor Rainier. 7895 qui quen — 7899 quir — 7914 franc A10L 23 1 Il sist sor Marchegai armés et haubergiés, Qu'ot conquis en l'estor, molt en fu fors et fiers. A sa vois qu'il ot haute commencha a hucier : « Ne vos esmaiés mie, nobile chevalier, 7920 « Pensés de bien desfendre, nous en avons mestier: « Car par icel signor c'on a Rome requiert, « Ançois que jou i muire, me venderai moltchicr ! » Atant es vous Antialme, le fil a l'userier, Qui a Tanste brandie del roit tranchant espiel : 7925 Devant sor son escu ala ferir Reinier. Desor la boucle d'or li a fraint et percié; Le blanc hauberc del dos desrout et desmaillié ; De joste le costé li conduist son espiel : Diable le garirent qu'en car ne l'a touchié. 7930 II l'enpoint bien par forche, si Ta jus trebuchié; (c) Ançois que li traîtres se peust redrechier, Antialme[s] li cortois par le nasal le tient, Encontremont le sache a loi d'orne guerier; A la vois qu'il ot bêle commencha a hucier : 7935 « U estes vous, de Franche li gentil chevalier? « Je tieng le traitor, car me venés aidier ! » Adont i sont venu .xmi. chevalier Qui Font par vive force retenu et loié. Al senescal de Franche le rendent prisonier. 7940 Quant Aiols ot Monjoie crier et essaucier, S'on li eust donc trestout l'or desousiel, N'eust il mie esté si joiant ne si liés. De la tor se dévale; mais n'a point de destrier : Marchegai a trové devant lui estraier 7945 Que leus tout maintenant en ert keus Rainier[sJ. Et Aiols i monta, qui nul millor ne quiert; Il s'abaissa a tere, si prist .1. fort espiel : Devant sor son escu feri un chevalier, Desor la boucle d'or li a fraint et perchié : 7950 Onques toutes ses armes ne li orent mestier; 7927 desront — 7945 tous 232 A10L Devant lui a la tere Ta jus mort trebucié. Il retorna ariere, si saissi le destrier, Jofroi le fil Gerelme le rent par amistié. Et cil i est montés qui forment en fu liés, 7955 Puis a traite l'espee et l'escu enbrachié Et va querre ses frères : si les a tant cerkié Qu'il les remist as armes et as corans destriers. Adont i est venue la communge d'Orliens Et li .c. (forent fait el breullet enbuisier: 7960 Les borgois ont forclos et devant et derier. Cil del Roimorentin ne seporent aidier, Car des armes porter n'erent pas costumier, Qu'il ne faisoient mie sovent itel mestier : Dusc'al Roimorentin retornerent arier. 7965 Au cors le senescal le va Aiols noncier Cal chastel ne forfachent valissant .1. denier; (d) As borgois a fait rendre lor maisons et lor fiés : As fources sor la tor ont fait pendre Rainier, Puis fisent Mirabelde la cartre sachier : 7970 Entre lui et Geralme estoient prisonier. Ses .vu. chevals n'i vaut Aiol[s] mie laisier, Ne tout le grant avoir qu'il avoit gaingié. Avoec lui maine Antialme, le fil a l'userier : Aine de la mort son père ne le vaut emp[l]aidier 7975 Qui fu mors sor la tor d'un grant quarrel plenier. La dedens en la tor laisent .x. chevalier[s] Qui gardèrent la vile, le bourc et le marchié. Ens el chemin s'en entrent tout seré et rengié; Li uns des fieus Geralme le vait avant nonchier 7980 CAiols revient d'Espaigne, bauset joians et liés, Et Tenpereres monte, o lui .c. chevalier. Et la dame Ysabiaus, Lusiane al vis fier. Quant virent Mirabel lés Aiol chevalcier, Sachiés qu'en nule d'eles n'ot adont c'airier. 7985 Li fors rois Loeys qui Franche a a baillier 7958 venus AIOL 233 Ala Aiol son dru acolcr et baissier. Maintenant en entrèrent en la chité cTOrliens, Et li rois les en maine ens el palais plenier. CLXXXVI Molt par fu grant la joie que fist roi Loeys; 7990 II acola Aiol, si Ta a raison mis : « Gentiex damoiseus sire, bien puisiés vos venir! « Molt ai estei por vos coreçous et maris : (f. 152) « Jamais ne vous quidai veir a nés un di(s). « Mais vo[s] deus compaignonsa je en cartre mis. 7995 « Se il vos ont forfait ne de riens mal bailli, « Demain les ferai pendre sans nés un contre dit. — Sire, » che dist Aiol[s], « se Damelde[x] m'ait, « Por lor fier vassellage sont issi mal bailli. « A Panpelunealames, ne vous en quier mentir; 8000 « Je me fui endormis un merkedi matin « Et je ne m'esvellai por tôt Por que Dex fist. « Il fissent lor eskiec comme preu et gentil; « Por Tacordanche en vaurent mi home devenir : « Mais jou tant fui vers aus coureçous et maris, 800 5 « Que je ne vauc aine prendre lor droit nel requellir. « Car les me rendes, sire, par le vostre plaisir. — Par foi, molt volentiers, » li rois li respondi, « Nel vos contrediroie par le cors saint Denis, « S'or i dévoie perdre Estanpes et Senlis. » 8010 Ylaires et Jobers sont de prison fors mis. CLXXXVI I Li compaignon Aiol furent molt forment lie De chou qu'il les avoit loialment tesmongié : Grant joie font de lui et molt grant amistié. Lusianela bêle prist Oton de Poitiers; 801 5 Sus el palais le maine, li et le duc Gontier : Entre Aiol son cousin et Mirabel s'asiet. La fille Mibrien vaura contralihier : « Dites, biaus sire Aiol, ceste dame que quiert? 7988 Miniature avec cette rubrique : Ch'est chi ensi com Aiols REVIENT EN FRANCHE ET COM IL AMAINE MlRABEL FrLLE ROI MlllRlEN. — 8004 J0U me ^i 234 AIOL « Vient ele a Sainte Crois, a cest nostre mostier r 8020 « Teus feme deust estre norie en .1. celier, « Car des dames d'Espaigne sai assés qu'il en [ijert : « En ceste nostre tere ne sevent gaignier. « Certes mar ot ma mère son or et ses denier[s] « Et les larges bontés qu'ele vos fist Tautrier, 8025 a Quant feme volés prendre et moi volés laisier; « Ja Dex ne vos pardoinst a nul jor le pechié! a Tant nrfen aront gabé serjant et chevalier ! « Quant al matin levoie en langes et nus pies, (b) « Aloie a Sainte Crois pour Dameldé proier 8o3o « Qu'il garesist vo cors de mors et d^ncombrier. « Damoisele d'Espaigne, jel vos voil calengier : « Si vos desfenc de Dieu le père droiturier, « Des martirs et des virgenes qui tant font a proisicr, « Que ne prendés Aiol, che gentil chevalier. 8o35 « Certes jel doi avoir, jel deservi premier; « Et se vous le prendés, se Dieus me puist aidier, « Je vous ferai a honte tous les membres tranchier. r> Celé fu gentieus feme, si ne respondi nient. CLXXXV1II Lusiane fu molt coreçouse et marie ; 8040 Et voit le roi son oncle, si fu molt esbaudie : « En non Dieu(s) ! sire Aiol, je ne quidaise mie « Que nos grans amistés fuissent ja departie[s]. « Je vie jadis tel eure n'estiés mie si riches, « Marchegai ne valut que .xiri. sous u quinse. 8045 « Damoisele d'Espaigne, je vos voil contredire, « Si vos desfenc de Dieu le fieu(s) sainte Marie « Et des lois presieuses, des martirs] et des virgenes, « Que ne prendés Aiol, che chevalier nobile; « Que je le doi avoir, que jel(e) deservi primes. 8o5o « Et se vos le prendés, se Dex me beneie, « Je vous ferai a honte detranchier et ochifeire. » Celé fu gentiex feme, si ne respondi mie. 8044 .XV. AIOL 235 Quant l'entendi Aiol[s], a poi n'esrage d'ire, Car il voit Mirabel coureçouse et irie. 8o55 Par ire saut en pies li fil[s] al duc Elie : Ja parlera li ber par savoir sans folie. CLXXXIX Aiols li fiex Elie s'est contremont drechiés, Sor une haute table monta a ses n. pies, Si hautement parla que on l'entend i bien: 8060 « Or m'escoutés, » fait il, « nobile chevalier, « François et Borgengon, Alemant et Baivier, « Qui les marces tenés, des chités estes cief ! « Aidiés moi mon signor Loeys a proier, « Car je sui ses hons liges, si tieng de lui mon fie. (c) 8o65 « Je li ai fait bataille et fort estor plenier, « Et gueres afinees et furni ses loiers, « Onques n'en demandai vallissant .11. deniers, « Ne mais que mes chevals me rendi volentiers. « Chou que dira li siècles, mes iretages [i]ert : 8070 « Orendroit le me renge, et je l'en voil proier. » Et respondi li rois : « Tout vos soit otroié : « Dites que vous plaist tost, tout vos ert otroié. — Par mon cief, »distAiol[s], « ainsm'ert molt bien « Et sor les sains juré et molt bien fianchié. » [gagié, 8075 Li rois a pris .1. gant que uns evesques ti[e]nt, Si en saisit Aiol de quanque il li quiert. Sor sains li a juré a .xxx. chevaliers Del barnage de Franche de tous les plus prosiés, Que il li rend[e]ra tout chou que ses drois iert. 8080 Or parlera Aiol[s], li gentiex et li fiers. Encore ne set mie li rois que c'ert ses niés, Mais il de maintenant s'i vaura acointier. CLXC « Amis, » che dist li rois, « or vos ai fait gent don, « Savoir voil que volés et oir vo raison. 8o85 — Jel dirai, » dist Aiols, « si que François l'oront. 8062 cies — 8o65 Se — 8082 si v. m. a. 236 AIOL « Je vous demanc Navers et Lengres et Dignon a Et la chité cTAngiers, Nobles et Besençon « Et Trieves et Plaissence, Cremoigne sor le mont : « Si voil Miaus et Provin[s] et Rains et Ch[a]alon, 8090 « Amiens et Saint Quentin et Loon et Soisson[s] : « La ducheé de Franche, celi vos demandon, « Del moustier Saint Denis le maistre confanon, « Et la senescaudie de tout vostre rion, « Et petit s'en ira que par mi ne parton; 8095 « Mais por chou qu'estes rois, honor vos porteron : « De vos le conistrai, seré vos liges hom. « Jel vous ai demandé, si dirai le raison « Por coi l'ai demandé, comment et comment non. « Mes perei's) a non Elie a la clere fachon, 8100 « Ma mère ert vostre seur, fille le roi Charlon, (d) « De Franche lecachastes par .1. malvais glouton, « Par le consel Makaire et des autres larons : « Damelde[x] lor en renge ains la mort gueredon ! « Jamais jor de ma vie sans guerre ne seront. » 8io5 Quant Tentent l'enperere, tel joie n'ot mais hom. CLXCI Quant ore entent li rois qu'Aiols estoit ses niés, Onques mais ne fu il si joians ne si liés; Isnelement le cort acoler et baisier. « Gentiex damoiseus sire, por coi ne le dissiés ? 81 10 « Ja vous eusse jou adoubé tout premiers « Et rendus vos honors, vos teres et vos fiés. — Sire, je nen osoie, par les sains desousiel, « Por chou que j'ere povres, nus et mal [a]aisiés. CXCII — Sire frans damoiseus, grant folie fessistes, 81 1 5 « Que vos vostre consel premier ne me jehistes. — Sire, je nen osoie, » dist Aiols, « par ma vie, 8086 nauair cf. 8176 — 8100 li r. — 8io5 Après ce vers on lit par erreur dans le ms. : Aiol tint mirabel par le main blancoiant, vers que l'on retrouve presque identique au commencement d'une laisse suivante; cf. 81 36 — 8106 cstois AroL 237 « Quar j'estoie si povres que n'avoie dont vivre. « Par foi, Lusiane est molt priveus ma cousine : « Or li dorons tel home qui manans soit et riche[s] : 8120 « Que je sui ses coussins, moi ne peut avoir mie. — Sire, » dist Lusiane, « par tant en sui garie : « Mais par cel saint apostle c'on requiert en Galise, « Encore amaise miex que ne m'apartenisses. « E Dieus! » dist la pucele, « or seroie garie 8i25 « Se festoie accordée a le france mescine. « Damoisele d^spaigne, trop vos ai fait marie, « Trop vos ai orendroit a grant tort laidengie : « De chou que vous ai dit ne vos corechiés mie. « Or en prendés mon droit, j'en sui preste et garnie, 8i3o « Que je le vos amène voiant la baronie. » La pucele respont qui fu preus et nobile : [tes. » « Je vous pardoing tout, bêle, quanque vos me désis- te Boinement par amor(s) et tout sans vilonie. » E[s] les vos acordees, lés a lés sont assisses. 81 35 Grant joie en a mené la riche compaignie. (/. i53) CXCIII Aiol[s] prist Mirabel par le main blancoiant; Il est venus al roi, se li dist en riant : « Faites baptisier, sire, le fille Mibriant. « Je le conquis Paumer a Tachier et al branc. 8140 « Puis en ai eu paine, et anguise et ahan. » Et respondi li rois : « Je Totri et commanc. » Al moustier Sainte Crois le menèrent no Franc. La avoit une kuve de fin or reluisant : D'aiguë le font enplir et beneir esrant, 8145 Si fissent la pucele baptisier esraumant. La le leva li rois et li mieus de sa gent, Lusiane la bêle al gent cors avenant. Aine son non ne li vaurent cangier ne tant ne quant : En [la] loi crestiane la le vont confremant, 8i5o Mirabeus ot a non issi comme devant. 8i23 apartenistes 238 AIOL CXCIV Ensi corn ele tu en saint tons baptisie[ej, L'enperere de France l'ama molt et tint chiere ; .m. chités li dona riches de grant manière : 81 54 C'est [T]reve[s] et Plaissenche et Cremoine la tierce. CXCV a Sire, » che dist Aiols, « issi peut il bien estre : « Vousserés mais ses pères sor tous homes terrestre[sj; « Je le prendrai a feme, si me dites le terme. » Et respondi li rois : « Ja (n)i meterai terme : « Octave Pentecouste la glorieuse feste 8 1 60 « Le vous donrai a feme a Ais a la capele. » Et Aiols s'escria a sa vois qu'il ot bêle : « Or m'escoutés, signor, franc chevalier honeste ! « Qui vieut or et argent et pailes de Biterme « Et muls et palefrois et destriers de Castele, 81 65 « Demain viegne avoec moi et boinementme serve : « Et jou irai saisir mes honors et mes teres. » CXCVI Adont li respondirent li gentil chevalier Gui il avoit doné l'or fin et les deniers, Les muls, les palefrois, et les corans destriers : 8170 « En non Dieu,» font il, «sire, nous irons volentiers, « Et devers trestous homes vostrehonorcalengier, (b) « Que nous Paquiterons, se Dieus Ta otroié! » Al matin par son Taube se sont aparellié : Si vont par les contrées et saisirent les fiés 8175 Que tenoient d'Elie, le gentil chevalier. CXCVI I Tant ont aie qu'il vinrent a la chit de Navers. Makaire[s] i ot mis Pinart et Pinabel, Deus félons traitors orgellous et engrès : Ne lor daignierent rendre tant par furent dispers. 8180 Aiols les a saissis, s'en fist si grans dessers Que .vnxx. en fist pendre en puis de Montinel; Puis a mises ses gardes par dedens le chastel. 8168 Qui — 8178 felont — 8181 montidel cf. 53 18 AIOL 239 CXCVIII Après en est venus a Lengres en Bourgoinge. Cil qui furent dedens le li uevrent et donent; 81 85 Les clés de la chité li aportent encontre, Feuté li jurèrent, si devinrent si home. Tout droit a Bessenchon li vint li rois encontre, Il l'en [a] apelé, fièrement l'araisone : « Comment le faites, niés? — Bien, merchi Dieu, [biaus oncles. 8190 « Conquerrant voismatere, nusnem'imetcaloigne. « Qui contredit i met, morir l'estu[e]t a honte. « Or manderai mon père qu'il viengnedeGasconge. » 11 li a envoies isnelement .ru. contes, D'or fin et d'argent blanc fist cargier .xn. somes 8195 Qu'envoie a l'ermitage droitement al saint home. CXCIX Or s'en vont li message qui ne rossent veer: Li messages les guie qui l'avoir ot porté C'Aiols [lor] envoia si com oi avés. Tant ont par lor jornees esploitié et esré, 8200 Vinrent a Mongaiant, s'ont Elie trové; L'or fin et l'argent blanc ont al moine doné : Por Dieu et por Elie fu li lieus honorés. Il ont dit a Elie : « Sire, vous en venrés « Al roi de douche Franche, par nous vos a mandés, 8205 « Car il vieut estre a vous paissiés et acordés, « Et vostre fieus vous mande, Aiols li bacelers, « Qui est al roi de Franche acointiés et amés, (c) « Si vos mande par nous que plus n'i demorés, « Car il a reconquis toutes vos iretés. » 8210 Quant l'entendi li dus, Dieu en a aouré(s) : « Signor, dont irai jou volentiers et de grés ! » Sor .1. boin palefroi ont fait le duc monter Qui bien le portera et amblera assés; La ducoise levèrent sor .1. mul afeutré. 82i5 A Moysès l'ermite ont congiet demandé, 8184 le liurerent — 8200 monioiant cf. ■ijgb et 3865 24O AIOL Et cil les commanda a Dieu de majesté. Atant ont le pais et le resne passé, Car lor herbergerie ne vous sai raconter, Durement m'en anoie li pais a nommer. 8220 Tant ont par lor jornees esploitiet et esré Qu'il vinrent a Orliens, la mirable chité. De chou rist molt Elies que cortois et que ber, Qu'il vait a Sainte Crois Dieu proier et ourer. Il prent .nu. mars d'or, ses a mis sor l'autel : 8225 Si a nostre signor durement ahouré Des biens que li a fait par la soie bonté. A l'issir del moustier a le roi encontre, Qui li venoit encontre a molt riche barné. Quant le voit Loeys, si l'en a apelé : 82 3o « Gentiex hon de boin aire, bien soies vos trové! « Icil soient honi et del cors vergondé « Qui vous tissent de moi partir et desevrer ! » Et respondi Elies, li cortois et li ber : (d) « Si soies ben[e]ois com deservi l'avés! » 8235 Loeys respondi : « Sire, grant tort avés, « Car tant grant ami fait mais consaus desevrer. — Sire, » che dist Aiols, « c'est fine vérité; « Mais or pri jou mon père par fines amisté[s] « Et ma mère la gente que vous ichi veés, 8240 « Qu'il vos prient merchi et vous li pardonés. » Et respondi Avisse : « Volentiers et de gré ! » Devant les pies son frère s'est alee acliner, Et il l'en releva entre ses bras soef : Douchement li baisa et la bouce et le nés, 8245 Et puis le duc Elie par fines amistés. Puis corut la ducoise son enfant acoler : Plus de .c. fois li baise et la bouce et le nés. Aiols a fait le roi et son père acorder, Mautalent et iror boinement pardoner. 82 5o Li rois li rent sa tere et toute s'erité 8224 autes — 8226 Les — 8227 Miniature avec cette rubrique : Gh'est cm ensi com Elves est revenus en Franche. AIOL 24I Et la senescaudie de trestout son resné; Lesconsaus de sa cambre li a tout commandés; Ausi comme devant li rent ses dignités. « Biaus fieus, » che dist Elie[s], « molt avés bien 8255 « Qui m'avés reconquisses toutes mes iretés: [esré, « Ersoir estoie povres, or sui rices assés. « Mon ceval et mes armes voil or(e) que me rendes « Que vos baillai antan el bos al dessevrer. — Sire, » che dist Aiol[s], « onques mais n'oi tel. 8260 « Li blans haubers ne relme[s] ne pot longes durer, « Et l'escu[s] et le lanche fu perdus al joster; « Et Marchegai est mors et a sa fin aies : « Piecha que l'ont mengié li cien en .1. foussé, « Il ne pooit mais core, tous estoit asotés. » 8265 Quant l'entendi Elies, por poi qu'il n'est dervés : Il a pris un baston par sa ruiste fierté, Sore li est corus, qu'il le voloit tuer : « Lechiere, » dist li dus, « mar l'ossastes penser, « Que Marchegai fu mors, mes destriers sejornés : 8270 « Jamais autres si boins ne sera recovrés. [(/. 154) « Issiés fors de ma tere, ja plain pié n'en tenrés. « Cuidiés vos, faus lechieres, fol glous desmesurés, « Por vo(u)s cauces perdes et pour vos pains solers « Et por vos blons cavex que faites cordouner, 8275 « Vos soies riches hon et je musars clamés? » Li barnages de France s'en commence a gaber, Meismes Loeys en a un ris jeté. Quant Aiols vit son père envers lui aire, Isnelement et tost li est al piet aie : 8280 « Sire, merchi por Dieu, » che dist Aiols li ber, « Le ceval et les armes vos quic encor(e) mostrer. » Il les fist en la plache trestoutes aporter ; Aiols les avoit faites richement atorner, De fin or et d'argent richement acesmer ; 8285 Se li fist devant lui Marchegai amener. 82G7 qui — 8275 musart 16 242 AIOL Li cevals estoit cras, si ot plains les costés, Car Aiols Tavoit fait longement sejorner : En .11. caines d'argent li a fait amener. Et Elies enpuinge son hermin engoulé, 8290 Le ceval aplanoieles flans et les costés. CC Aiols ne vaut tenchier ne coser a son père : Marchegai li amaine par le resne dorée, L'auberc et le blanc elme et la trenchant espee, La targe que on voit molt bien enluminée, 8295 Et la lance forbie et molt bien acesmee : « Sire, veschi les armes que vos m'avés donees : « Faites ent vo plaisir et quanque vous agrée. — Biaus fieus, » che dist Elies, « quite[s] vos sont [clame[es] ; « Je ferai bien querre autres, tost m'erentapreste[es]. 83oo « Por Dieu, ne faillies mie ne moi ne vostre mère. — Sire, » che dist Aiols, « ne place a Dieu mon père « Que j'aie en mon vivant ne denier ne denrée « Que vous n'en soies sire, ele dame clamée ! « Ançois vos servirai com hons d'autre contrée : 83o5 « Vostre est toute la tereque jou ai conquestee. » (b) Aiols li fieus Elie a se feme rovee Al fort roi Loeys cui il l'ot commandée. D'une cambre perine li a on amenée : A joie et a baudor l'a le jor espousee; 83 10 L'archevesque de Rains lor a mese cantee; Le jor fu Mirabieus beneite et sacrée : A Tissir del moustier l'ont sor .1. mul levée. Par desor une mule richement afeutree Sor la sanbue a or fu la dame possee ; 83 1 5 Et issent de la vile, si acoillent l'estre[e]. Je ne sai pas le conte de cascune jornee, Mais tant ont cevalcié et soir et matinée C'a Lengres en Borgoinge sont les noces tornees, 8294 com — 8297 vous voles cf. 524, 726, etc. — 83oo ne vos ne — 83o7 que il — 83og bandon — 83 1 1 Ce vers se trouve après 83 1 2 AIOL 245 Car Aiols estoit sires de toute sa contrée. 8320 Ne vaut faire ses noces en le grant tor quarree, N'en maison n'en chastel, ne en sale pavée : Ains les fist desous Lengres en une large pree. La peusiés veir mainte aucube levée Et mainte riche tente d'or et d'argent fresee. 8325 Moltsont rices les noces, .xv. jors ont durée, Maisains qu'ele[s]departent, serontchiercomperees. De prison ist Makaires, li traitres, li leres, Par le consel as gardes qu'en ont pris grans soudées. Tant a esré li glous qu'il vint en sa contrée, 833o Et qu'il ot devers lui .111. chités recovrees, Losane et Osteun et Cremoigne le lee ; Mande les saudoiers de toute le contrée : Molt avoit grant tressor, si lor done saudees. Lonbart et Borgengon ont grant jent recovree, 833 5 Tant qu'il sont .xxxm., cascuns la teste armée, Qui sont venu a Lengres par une matinée; (c) Makaires li traitres dessendi en la pree Por les barons requere a segent ordenee; 8339 Ja serviront as neuces al tranchant de Pespee. CCI Sous Lengres en Borgoinge, en .1. brellet foillu(s) Qui lu d'if et d'auborc et d'olivier ramus, Makaires li traitres est a pié dessendus. Il a dit a ses homes : « Molt m'est mal avenu : « Cil Loeys de Franche m'a mort et confondu, 83q5 « Tolue m'a [ma] terre, autre en a revestu. — Sire, » dient si home, « por coi t'esmaies tu ? « Vois les chi en lor tentes baus et liés et seur[s] : « Se tu peus Aiol prendre, le matin soit pendus! » Puis saillirent es selles des auferans kernus : 83 5o Ja serviront as noces as boins espieus molus. Mais il fissent que fol, li kaitif malostru; Car l'enpereres ert le jor devant venus A .vnc. chevaliers, les blans aubers vestus. 8322 .1. 1.— 8327 Makaire ist de pr. — 833 1 osteue — 8345 autrui — 8347 Vois las 244 A10L CCII Dedens le tref tendu sejut Aiol[s] le soir 8355 Dejoste sa mollier, si com faire devoit. Mais de che fist li ber que preus et que cortois, Que il se fist gaitier bien a .vc. François. Quant il virent les lor, si sont en grant esfroi : Por desfendre lor cors se tindrent en conroi. 836o Makaires point etbroce, si vait ferir Jofroi, Un gentil chevalier qui d'Orliens nés estoit: Mervelleus cop li done sor son escu a droit Qu'il li fent etpeçoie et de l'auberc .m. plois ; Par mi le gros del ceur li pase le fer froit ; 8365 Toute plaine sa lance l'abat mort demanois. Molt en furent dolant et coreciet François, Car il ert senescaus Loeys nostre roi (s). Et Lonbart s'avanchifejrent par force et par pooir, Le feu boutent es loges, si les fissent ardoir: 8370 François qui dedens furent en sont forment destroit. CCI II Joserans de Paris vit mordrir son parent : (d) Lor a al ceur tel ire por poi d'ire ne fent. Le destrier point et broche qui ne va mie lent, Et vait ferir Bevon de Viane esraument, 8375 Que l'escu de son col li peçoie et porfent Et l'auberc de son dosli desmaille et desment; Par mi le gros del ceur son roit espiel li rent, Toute plaine sa ianche Tabati mort sanglent. Manesier[s] qui l'esgarde, ses frère, en fu dolent, 838o II jure Dameldé le père omnipotent, Que ja le compera Joserans, si l'atent. CCIV Manesier[s] point et broche par le camp tous maris, Vait ferir en l'escu Joserant de Paris, Desor la boucle d'or li a fraint et malmis, 8385 Et l'auberc de son dos desront et dessarti(s); Par mi outre le cors son roit espiel li mist, 8871 Joserant — 838 1 joserant AroL 245 Toute plaine sa lanche Tabati mort sovin, Puis escrie s'ensenge : « Chevalier, ferés i ! » CCV Loeys point et broche, li fiex le roi Charlon, 8390 Vait ferir en Pescu Oedon le Borgengon, Desor la boucle d'or li peçoie et confont, Et Tauberc de son dos li desmaille et desront Que très par mi le cors li met fer et pingon, Toute plaine sa lance l'abat mort de l'arçon. 8395 Molt en pessa son frère Garin de Monloon, Et va ferir le roi en Tescu a lion, Que lui et le ceval abati en .1. mont. Loeys saut en pies, trait le branc de color Et leva sor son cief son escu a lion; 8400 Cui il consieut a cop n'a de mort garison. Atant evous Aiols a coiinjte d'esperon : Molt se fu bien armés dedens son pavellon, Et sist sor Marchegai qui li cort de randon, Et Jobers et Ylaires, tout .m. sont conpaignon : 8405 Une deseveroient por tout l'or de cesft] mont; Ja secoront le roi, cui qu'en poist ne cui non. CCVI Aiols vit son signor Loeys en la presse, (/. ô5) Que félon Borgengon molt durement apressent. Il broche Marchegai, se li lasque le resne, 8410 Et vait ferir Gerin en le targe novele, Desor la boucle a or li fraint et escartele, Et la bronge del dos li desmaille et dessere; El cors li met Pespiel entre les .ir. mameles, Toute plaine sa lanche Pabati mort sor Terbe : 840 Puis saisi le destrier par le dorée resne, Son signor le rendi, si desrompi la presse, Et li rois i monta par son estrier senestre. A icele parole li aube lor esclaire : Mirabeus la pucele est remesse en .1. tertre, 8400 Qui — 8404 jofrois — 8406 qui quen p. n. qui — 8416 desrompe 2^.6 AIOL 8420 Toute descauce en langes, nus pies estoit la bêle, Si com en celé nuit que les noces sont faites. Celé garda aval, si a veu les pertes, Vit les puins et les pies et les cors et les testes Des gentis chevaliers qui gisent mort sor l'erbe. 8425 Dameldé reclama le glorieu[s] celestre : « Dame sainte Marie, digne vierge pucele ! « Se je perc mon signor, hui commence tel guère, « Qui jamais ne faura en ce siècle terestre. » CCVII Li jors fu biaus et clers et li solaus luisans. 8430 L'enperere de France fu molt grains et dolans : Il voit morir ses homes a deul et a torment. Il broche le destrier qui ne va mie lent, Et vait ferir Makaire en son escu devant; Desor la boucle a or li peçoie et portent, 8435 Li aubers de son dos ne valut .1. bessant : Diable le garirent, que il en car nel prent; Tant com anste li dure Tabati esraument. Li glous resaut en pies tost et isnelement : Loeys s'i areste, trait Tespee tranchant : 8440 Ja li tranchast la teste, n'eust de mort garant, Quant li toli Girbers et Guis li Alemans ; De la presse le traient, se li fisent garant. Por chou ne fu il mie de bataille taisant, (b) Ains va par mi les rens abandoneement, 8445 Et tient nue l'espee dont li brans est trancans, Trenche pis et costés et testes d^auferans : Cui il consieut a cop il n^ de mort garant. A sa vois qu'il ot haute vait sovent escriant : « U es aies, Aiol, fel quiver[s] souduians ? 8450 « Cuides me tu tolir issi mes casemens? « Anqui le comperas, se Dieus le me consent ! » Li ficus Elie lot, celé part vint corant ; Si a feri Makaire sor son escu devant, S420 descaut en langle — 8435 aubère AIOL 247 Que lui et le ceval abat en mi le camp ; 8455 De sor lui s'aresta, si trait tout nu le branc ; Ja s'en iust bien vengiés, par le mien ensiant, Quant le rescoust Girbers et Gui li Alemans : De la presse le traient, se li refont garant. La peusiés veir(e) la bataille si grant, 8460 Tant chevalier morir et abatre sanglant! Borgengon ont grant forche, car poi i otde Frans. L'enperere de Franche ot molt son ceur dolant; Vers la chité de Lengres s'en va esperonant : Molt i laist de ses homes coreciés et dolans. 8465 Aiol[s] li fieus Elie est remés combatant, Et vont por asaillir et deriere et devant : La fissent grant damage al chevalier vaillant, Car Jobert et Ylaire andeus ses iex voiant Li ont abatu mors très en milieu del camp, 8470 Et Geralme le preu et Antialme l'enfant, Des .irn. fieus Geralme andeus les plus vaillant. Aiols li fieus Elie s'en est tornés atant. CCVIII Aiols s'en est tornés a coi(n)ted'esperon : Mirabiaus la ducoise est remese en .r. mont; 8475 Borgengon le saisirent entor et environ, Makaire le rendirent, le quivert, le félon; Et la franche ducoise s'escria a haut ton : « Lairés m'en vous mener, ge[n]tiex fiex a baron ? (c) « Reprovier en ares a vo vie tous jors ! » 8480 Quant Aiols l'entendi, molt en ot grant dolor, Et jure Dameldé le père creator Qu'il ne le lairoit mie por tout l'or de cest mont, C'al passage del gués ne lor reface un tor. Il broche Marchegai des tranchans espérons: 8485 Devant sor son escu fcri .r. Borgengon, Que il li peçoia desous la boucle amont Et l'aubcrc de son dos li desmaille et desront; 8461 franc — 8474 Mirabel — 8470 tout 248 AIOL Par mi outre le cors li met fer et pingon, Toute plaine sa lanche l'abat mort de l'arçon. 8490 Puis a traite l'espee dont a or est li puin[s] : Si reriert .1. Lonbart par mi son elme amont, Qu'il en a abatu les pieres et les flours, Et a estort son caup, mort l'abat el sablon. Adont i sont venu .xl. Borgengon : 8495 A plus de .xxx. lanches ferirent sor Aiol; Son poitral et sesçaingles et ses estriers ont rous ; Del ceval l'abatirent, u il vausist u non. Et Aiols saut en pies, trait le branc de color : Cui il consieut a cop n'a de mort garison. 85oo Mais molt grant mesceance li avient a cel jor, Car s'espeeli brise et vole en .11. tronchons : Borgengon le saisirent entor et environ. Atant evos Makaire le traitor félon, Et tient nue l'espee dont a or sont li pon ; 85o5 Ja li trenchast la teste, n'en eust raençon, Quant Guis et Alerans et Girbers l'ont rescous, Et la france ducoise s'escria a haut ton : « Merchi, sire Makaire, por Dieu et por son non ! « Comment i moroit ore tex hon com est Aiols ? 85 10 « Puis que pris nous avés, metés nos en prison : « Bien avés aquitee de Borgonge l'onor. » Et respont li traitres : « Par mon ciefchouaimon! » Il les fait délivrer .xl. Borgengon [s] : Par deriere les dos lor fait loier les poins (d) 85 1 5 Issi estroitement que li clers sans en cort. CCIX Makaires prist Aiol et lui et sa mollier : Par deriere les dos lor fait les puins loier Issi estroitement que li clers sans en ciet. Puis a fait tout l'avoir et torser et cargier, 8520 Les très et les cendaus et les pailes ploies, Et le vasalement qui estoit al mangier, 8499 Que — 85o6 girbert AIOL 249 Isnclcmcnt les torse desor les fors somier[s] ; A la voie se metent sans plus de Fatargier. Ne sai que vous deusse lor estoire anoncier : 8525 D'ileuc dusqu'a Lossane ne se sont atargié; En la chité entrèrent a ceval et a pié. Makaire[s] li traitres, cui Dieusdoinst encombrier, Tous les degrés en monte sus el palais plenier; Aiol i fist mener, et o lui sa mollier : 85 3o Li uns regarde Tautre, si pleurent de pitié. Makaires en apele ses maistres carteriers, Ens el font de sa cartre les a fait envoier : Puis i jurent il tant a deul et a pichié Qu'Aiols ot de sa feme .11. petis iretiers; 8535 Puis soufrirent grant paine et morteusenconbriers, Ains qu'il portaisent armes ne fuisent chevalier. Or commenche canchon forment a enforchier, Faite de vreie estoire, fol[s] est qui millor quiert. Mais d'une cose furent Borgengon engingié, 8540 Que le ceval Aiol ont ariere laissié. Uns Lonbars le saisi, sel vaut aplanoier: Li cevaus aperçoit que Aiols n'en che nient, Le Lonbart a tué a anbedeus ses pies. Vers Lengre[s] s'en retorne durement eslaissiés, 8545 La porte li ovri Asses li Beruiers, Et Marchegai i entre : ains ne fu tex destriers ! Plus seut tous tans de guère que mavais chevaliers. CCX A Lengres en Borgonge jut Elie en son lit Qui molt estoit malades et forment afeblis ; 85 5o Encor(e) ne sot il mie de son fil qui est pris. (/. i56) Il a oi le noise et le bruit et le cri ; Son senescal apcle Gerart de Valseri : « Gentiex hon, dites moiceste noise quil fist? — Sire, » che dist Gerars, « malvaise noise a chi. 8555 « Makaires de Losane est fors de prison mis 8527 que — 8554 gerart 230 AIOL « Par le consel as gardes qui le trésor ont pris; « Si ont gehui le roi en ces cans desconfit : « Aiol ton fil en mai(e)nent, en bataille Pont pris. » Quant l'entendi Elies, a poi n'esrage vis. 8 5 60 .inr. fois se pasma li frans hon por son fil. CCXI A Lengres jut Elies dolans et irascus. Molt demaine grant deul de son fil c'a perdu(s) : « Gentieus hon de boin aire, » dist li dus, « si mar « Makaire de Losane,tes cors soit confondus! [fus! 8565 « Marchegai, boins chevals, por vos sui irascus, « Car se je vos reusse, tous refuisse seurs. — Sire, » che dist Gerars, « il est cha revenus, « Li boins destriers de garde, ainques miedre ne fu « Ja a mangiet d'avaine .1. grant sestier u plus. » 85yo Quant l'entendi Elies, onques si liés ne fu. Dameldé en aoure le père de la sus : « Sire père de gloire, vos en ren ge salus ! « Le matin lèverai, quant en apareus, « Et referai la guère al fer et a l'escu. 85y5 « Par icel saint apostle por cui Dex fait vertu, « Teus se peut ore faire baus et lié[s] et seur[s] « Qui en sera encore par la goule pendus. » CCXII Molt demaine grant doel li dus et sa mollier, Et regretent Aiol cortoisement et bien : 858o « Ai! tant mar i fustes, nobile[s] chevaliers! « Makaire de Losane, tes cors soit vergongiés, « Qui départi nous as del millor iretier « Qui onques fust en France en terre ne sous siel. — Dame, » che dist li dus, « ce grant deul car [laisiés : 8585 « Onques de grant deul faire ne vi rien gaignier. « Quant je rai Marchegai, n'en donroi[e] .1. denier; (*) « Le matin, se Dieu plaist, lèverai tou[s]premier[s]. 8557 desconfis — 85y5 qui AIOL 25 1 a Si reprendrai la guère al fer et a l'achier : « Teus se peut ore faire baus et joians et liés SSqo « Qui en sera encore corechous et iriés! » CCXIII Un semedi matin s'est Elies levés; Ses maistres cambrelens en a araisonés : « Aporteme mes armes, mes cauces, mes solers : « Lèverai moi del lit, trop i ai or estet ; 8595 « Mal soit or(e) del malage qui tant vieut sejorner ! » Et cil ont respondu : « Si com vous commandés. » Ses dras li aporterent sans plus de demorer, Chemise et braie[s] blanche[s] li ont fait endoser ; Un peliçon hermin li ont el dos jeté 8600 Et desore .1. bliau[t] a tin or pointure. Puis li ont un mantel d'escarlateafublé. « Signor, » che dist Elies, « envers moi entendes : « Par le vostre merchi a mangier m'aportés. « Ja ne sis jou a table .xrrn. ans a passés. » 86o5 Et cil respondent : « Sire, tout a vo volenté. » A le plus haute table ont Elie mené : Tout premier li aportent .ir. simbres buletés, Et une grant espaule d'un parcreu sangler, Et menus oiselons roistis et enpevrés, 8610 Et vin assés encontre et pument et claré. Elies en manga li cortois et li ber : Mal soit de nui morsel que il en a doné! Ains manga durement par vive poesté, S'a beu .1. sestier de vin et de claré. 861 5 Cil jovene chevalier s'en prisent a gaber, Et dist li uns a Pautre : « Por Dieu, or csgardés! « Tant a or cis vies hon mangié a son disner « .un. autre chevalier en eusent assés! » Quant Elies Tentent, le sensquide derver : 8620 « Signor, » che dist li dus, « molt grant tort en avés. « Se je mangu(e) le mien, que vos a il cousté? >.< Prcnés ore tel .ira. com chi ramentevés (c) « Qui de cest mien conroi fuissent or conraé(s); 252 AIOL « Si les faites tout .un. fervestir ne armer, 8625 « Et jou irai avoec, s'esgarder me volés. « Se ançois qu'il soit vespres ne solaus esconsés « Ne les vos renc tous .1111. recreans et matés, « Ja mar mangerai mais en trestout mon aé ! » Dient cil quil connoissent : « Il se dist vérité; 863o « Onques mieudre de lui n'ot esperon fremé. » Quant li dus ot mangié(s), sor ses pies est levés, Ariere s'en revint el palais princhipel. Li fors rois Loeys est contre lui levés, S'i est aies Elie baisier et acoler : 8635 « Biaus serouges, » dist il, « par sainte carité, « Jamais de vostre amor ne me vueil desevrer. — Sire, » che dist Elies, « envers moi entendes. « Je vous pri et requier por sainte carité « Que vous une quintaine faites drechier es prés, 8640 « Si i ferai .1. caup por mon cors esprover, « Savoir se mes poroie mes garnimens porter « Ne en ruiste bataille chevalier encontrer. — Sire, » che distli rois, « si comvous commandés. » Elies s'adouba, li gentiex et li ber : 8645 II a vestu [l'jauberc, s'a un elme fremé, Et a çainte l'espee al puin d'or noelé, Et monte en Marchegai c'on li ot enselé. Puis issent de la vile a molt rice barné. Elies point et broche et trespasse .r. fossé, 865o Et fiert en la quintaine .1. cop desmesuré, Que rés a rés la tere fist Testache froer, Et si fist le quintaine par devant lui verser. Dient cil qui l'esgardent : « Grant cop i a doné ! « Encore ne sai home en la crestienté 8655 « Qui peust en bataille contre tel cop durer! » Et li rois Loeys le corut acoler : « Biaus serouges, » fait il, « por sainte carité, « Jamais de vostre amor ne me quier desevrer; (d) 8626 escouses — 8627 tout AIOL 253 « Or manderai mes homes par trestout mon resné : 8660 « Se secorons Aiol que ne puis oublier. — Sire, » che dist Elies, « Dex vos en sache gré ! » CCXIV L'enpefrejres fist faire ses cartes et ses briés : De par toute[s] ses teres mande ses chevaliers Et toutes les communges a ceval et a pié. 8665 Tout i vienent esrant apresté d'ostoier : Ne sai que vous deuse lor estoire anonchier. Les os s'aharneskierent sans plus de l'atargier : De Lengres s'en issirent tout seré et ren(s)gié; 8669 Elie[s] les conduis[t], le gonfanon lachié. CCXV Signor, des puis cel[e] oure que li os fu esparse, Ne trovent il maison ne vile que n'ait arse. Es puis de Marajus encontrent les angardes : Makaires i laisa .vc. homes a armes; Et François s'adoubèrent as adurés corages. 8675 Or pensent de bien faire, qu'il troveront bataille. CCXVI Borgengon seurent bien les destrois de la tere; Tant com porent cel jor contre François cembelent. Elies doute molt que de sa gent ne perde : Il broche Marchegai, se li lasque le resne, 8680 Et va ferir Gautier, le conte de Valterne. Ne escu[s] ne haubers ne vaut une cenele : Par mi outre le cors li mist Tanste novele, Tant com anste li dure, l'abat mort de la sele. Molt en pessa son frère, Guimart de le Tormele. 8685 II broche le destrier, se li lasque le resne, Et vait ferir le duc sor la targe novele, Desor la boucle a or li fraint et esquartele. Molt fu fors li aubers que maille n'en dessere : 8689 Tant par fu fors li vieus ne ploie ne ne verse. CCXV II Tant par fu fors li vieus ne verse ne ne pl(o)ie, 8681 hauberc n. v. .1. c. 254 AI0L Ains referi Guimart en l'escu a délivre. Desor la boucle d1or a le targe perchie, Et la bronge del dos desroute et desartie. Toute plaine sa lanche l'abat mort a délivre, (/. i5y) 8695 Et Borgengon s'en tornent, s'ont le place guerpie, Enfressi c'a Lossane ne cessent ne ne finent : A pié et a ceval en entrent en la vile; Makaires fust dedens, li quivers, li traîtres. CCXVIII Makaire[s] m dedens, li traîtres cuivers; 8700 Molt demaine grant doel de sa gent que il pert. Evous .11. messagiers qui poingent a es(e)lais : Il escrient Makaire quant il li vienent près : « Par foi, sire Makaire, trop malement vos vait! « Les pui(n)s de Marajus vous ont François desfait. 8jo5 « Tout chou a fait Elles, un [s] traitres malvais. « Malades a geu, par traison l'a fait. « Les gens de ceste terre nous tien[ent] a malvais. « Fai ardoir en .1. feu Aiol, le mal quivert. » Quant Tentendi Makaires, a poi le sens ne pert : 8710 II a traite l'espee dont tranche[nt] li coutel. Venus [est] a la cartre poignant tout a eslais, Et vaut ferir Aiol quant il li vint de près, Quant il li retoli Alerans et Girbers : « Ostés, sire Makaire, chou n'i ert ja soufert! 8715 « Cil qui ochist prison doit morir desconfès, « Puis nel doivent servir chevalier ne dansel. « Et il i a la fors no(u)s amis de plus près : « S'or ochiés Aiol, ja nés rêverons mes. — Signor,» chedist Makaires, «chia mavaisrevel(s): 8720 « Si parent m'ont gasté maint bore et maint castel. GCXIX « Signor , » dist li traitres, « laisier l'estu[e]t atant ; « Or vos proi de ma guerre très ce jor en avant. » Et cil li respondirent : « Tout a vostre commant. « La jus a celé porte a la bare plus grant : 8C93 desronte — 8719 dist aiol AIOL 255 8725 « Lor ferons de matin .1. cenbel avenant. » Et respont li traitres : « Je l'ostroi et commanc. » CCXX Un semedi matin est Elies levés, Et li rois Loeys et ses rices barnés. Il corent par la terre, s'essillent le resné, 8730 N'i remaint bourc ne vile que tout ne soit gasté : (b) Ne revien[en]t a Post devant midi passé ; Et Borgengon s'en issent, liquiver desfaé, Et François les reçoivent qui bien furent armé. La peussiés veir fier estor encontrer, 8735 Tant gentil chevalier abatu et navré. Elies point et broche, si trespasse .1. fossé, Et fiert un chevalier que il a encontre Que l'escu de son col li a fraint et troué Et Tauberc de son dos desrompu et faussé : 8740 Par mi outre le ceur li a le fer passé : Devant lui a la terre l'a mort acraventé. Puis escrie : « Monjoie! franc chevalier, ferés ! » Et Borgengon se rentrent en la boine chité. Il fremerent les portes, s'est atant demoré, 8745 Et les os se logierent entor la fremeté ; Puis i sissent par forche .v. ans trestout passé Ains qu'il i forfesissent .1. denier monaé. CCXXI Makaire[s] fu laiens corechiés et maris. Molt demaine grant doel, quant sa gent voit ocis. 8750 II a traite l'espee, li quiver[s] de put lin, Tost et isnelement a la cartre s'en vint, Ferir en vaut Aiol le chevalier gentil, Quant li toli Girbers et Alerans et Guis : « Tornés, sire Makaire, chou n'ert ja consenti : 8755 « Car li rois a la fors de nos millors amis, « Et oncles et parens et neveus et cousins: « S'or ochiés Aiol, ja nés rêverons vis. » Aiols ot la parolle de la cartre u il gist, A sa vois qu'il ot aute a escrier s'est pris : 256 AIOL 8760 « Fieus a putain, traîtres, or serés mal baillis : a Por moi vos a mes pères et mes oncles assis; « Ja ne s'en partiront tant que nus en soit vis, « Ains aront pris Losane et vostre cors honi(s). » Quant l'entendi Makaires, a poi n'esrage vis : 8765 Se ne fust por ses homes, volentiers le ferist. CCXXII Loeys et Elies durement se porpensent (c) Comment puisent Aiol geter fors de Losane. Il prengent .r. message qui fu nés de Bretaigne : « Va nous tost a Makaire la dedens en Losane, 8770 « Di li que mon neveu et sa feme me renge : « Je li lairai tenir tout son vivant Lossane, « Mais que il de la terre ne fâche mes calenge ; « Et s'il chou ne veut faire et jou les i puis prendre, « Voiant trestous ses homes, en haut le ferai pendre. 8775 — Sire, » che dist li mes, « grant paine me com- [mence. « Makaires est quivers, n'a point de Dieu entente ; « Se vers moi se corouche, bien tost me fera pendre. « Certes, je nel lairoie por a perdre les menbres « Je n'i voise parler comment que li plait prenge. » 8780 Li mes monte el destrier, prentl'escuet le lance: Puis s'en ist fors del tref et des plus hautes tentes. CCXXIII Makaires se porpense qu'il envoit a Elie ; Un mesagier apele, cui li cors Deu maudie! Guinehot ot a non, nés fu de Lonbardie. 8785 II ot grose le panche et molt corbe Teskine, Et bevoit cascun(si jor tant qu'il estoit tous ivres; N'encontre gentil home, s'il peut, que ne l'ochie : « Amis, » che dist Makaires, « li cors Dieu te bénie ! « Va me tost la de fors al roi de saint Denise: 8790 « Di li que il me laist Borgonge toute quite, « Et c'il chou ne veut faire, ne li celer tu mie, 8766 porpoupensent — 8771 et 8773 sont intervertis, cf. 8802-4 — 8772 i fâche — 8783 qui le — 8788 le c. AIOL 257 « Demain pendrai Aiol par son l'aube esclairie, « Et Mirabeus ert arse en .r. grant feu d'espine. — Sire, » dist Guinehos, « je li sarai bien dire. » 8795 II vint a son ostel, si a ses armes prises, Et monta el destrier, s'a se voie aquellie, Et ist fors de la vile par mi la porte antie. CCXXIV Li mesagiers le roi vient al cors de Makaire, Bien 8800 Bien et cortoisement li conta son message Savés que chi vous mande Loeys li fiex Carie ? Que vous a tort tenés ses casteus et ses marces. Si vous mande mesires que vos en iretage (d) Ceste vile ares quite, n'arés plus de manage : Son neveu li rendes et sa mollier le sage. 88o5 « Aies a lui parler la jus a cel[e b]are, Bien dites vo voloir, car vos n'i ares garde. » Quant Makaires l'entent, a poi d'ire n'esrage : Ami, vo doi signor me requirent outrage. Or me dites le roi, voiant tout son barnage, i 10 « Se jel puis encontrer en camp ne en bataille, Trencherai lui la teste a m'espee qui taille, Puis porterai corone a Paris u a Chartres. Demain pendrai Aiol u a fau u a kaine, Et Mirabiaus sa feme sera en .1. feu arse. » 881 5 Hervieus s'en est tornés, n'a soig de dire outrage; Bien a son mes furni, si se met el repaire. Et Guinehos s'en vient droit al tente de paile. CCXXV Tant par fu fel li mes que ne daigna desendre, Ains s'apoie as arçons, si desploie s'ensenge. 8820 Fièrement en apele le rice roi de Franche : « Ne te salu pas, rois, car on nel me commande. « Je sui preus et vasaus por mon cors a desfendre : « Ne fuirai por .1111. homes, s'en bataille m'atendent. 8794 serai — 880 5 Les lettres entre crochets ont été grattées dans le ms. — 8814 mirabel 17 258 AIOL « Ses que mande par moi Makaire de Losane? 8825 « C'a molt grant tort portés la corone de Franche : « Onques n'apartenistes al fort roi Charlemaine; « Molt par sont François fel quant il le vos con- sentent. « Se ne vuidiés Bourgonge, vo neveu fera pendre « Et par desous les torques fera ardoir se feme. » 883o Quant Tenpereres l'ot, a poi qu'il ne forsene. Se ne fust por Aiol, ja n'en portast les menbres. CCXXVI « Amis, » dist l'enperere, « ne sai com tu es « A le gent de ta tere est coustume a toujors [prous. « Qu'il sont fol et musart, estout et vanteour. 8835 « Mes pères lor rlst ja une molt grant paour : « Vers François s'aatirent li Lonbar a .1. jor, « Car lor fissent mangier qui ne fu gaires prous; « Dolans en fu mes pères quant en sot le clamor, [if. i58) « Et vint a Saint Domin par sa ruiste fieror ; 8840 « Une porte de piere fist taillier a .1. jor : « Lonbars le fist baisier, as grans et as menor[s] : « Puis lor fist mangier ras et grans cas surceor[s] ; « Encore en ont li oir reprovier et li lour. » 8844 Quant li Lonbars Toi, a poi d'ire ne font. CCXXVI I « A la foi, enperere, pecié dites et mal « Des gens de Lonbardie que a tel tort blâmas : « Il sont boin chevalier quant vient as cos donar. « Martinobles mes pères ne fu mie buinars : « S'il vit franc chevalier qui a saint Piere alast 88 5o « Et il ot bêle dame que mes pères amast, « Aine ne veistes home qui plus tost les corbast : « Encore en a en France .c. chevalier[s] bastars. « Poi dire mon père, si sai qu'est veritas, « Que vous estes mes frères : venés, si me baissas ! » 8834 estous — 8846 qui AIOL 20 9 8855 Quant Tentent Tenpereres, si le torna a gas : « Dites moi qu'est Guillames, et Bernars et Ri- [chars? » CCXXVIII Molt fu liés Tenperere quant ilôt le contraire; Il est passés avant, de nient ne se targe, Venus est al Lonbart, bêlement Fen aresne : 8860 « Va t'en de chi, Lonbart, li cors Dei mal te fâche! « Tant as mangiet compeus de soris et de rates, « Et tant de le composte, de présure et de râpes, « Jument me sambles plain(s) uasne [u porc] u vache. « Auques le tieng a fol qui de toi fist message; 8865 « Car le gent de ta tereest tous tans esmaiable, « Et portent grans espees, si ont granspessans makes, « Et jetent trestout jus, quant viennent en bataille ; « Par les chevex se prendent, si tirent et si sachent : 8869 « Autressi com enfant se ti(n)rent et abatent. CCXXIX — A la foi, enperere, grant pecat avés dit « Des gens de Lonbardie qu'a tel tort honte dis : « Il sont preu et ardi, quant vient as cor ferir. « Car pleust ore a Dieu qui onques ne menti « Que vostre cors meismes en fust ore aatis, (b) 8875 « U li villars Elies u li quens Baudewins, « C'a moi se conbatroient al branc d'achier forbi : « Anqui feroie Tun par la goule geir, « Que n'avés droit en France, ne le dev(en)és tenir. « Dehè aient tout cil qui vos voillent soufrir 8880 « Conques eustes Franche a nul jor a baillir! » Et quant Tentent li rois, a poi n'esrage vis : Se ne fust por Aiol volentiers le ferist. Elies doute molt le Lonbart pur son fil ; Il est passés avant, cortoisement li dist : 8885 « Amis, bêle jovente, ne vos caut d'aatir : « Auques vous set preudome qui al roi vos tramist. » Et respont li Lonbars : « Par foi, voir avés dit! » 8856 Lacune. — 8863 Jumens — 8887 lonbart 2Ô0 AIOL Atant s'en est tornés, onques congié n'i quist. Issi com il devoit fors des tentes issir, 8890 Le messagier le roi a encontre, Hervil. Hervieus le salua comme preus et gentis : Ançois qu'il se départent n'erent pas boin ami. CCXXX Andoi li messagier se sont entrecontré. Herviels fu molt cortois, si Ta bien salué; 8895 Li Lonbars Tentent bien, si n'en a mot soné; De pute félonie a un faus ris jeté : Puis dist a l'autre mot par molt ruiste fierté : « Qui estes vos, vasal, qui par la en aies? « Sont ore no cemin isi abandoné? 8900 « No dui signor se heent de grant guerre mortel : « Molt me tienent honor et grant nobilité, « Et si ai le ceur plain de molt rice bonté, « Quant ne prenc le ceval que vos la en menés « Et trestoutes les armes ausi que vous portés. » 8905 Qaand l'entendi Herviels, .1. ris en a jeté Et dist a l'autre mot : « Vasal, vos me gabés ! « Par icel saint apostle c'on quiert en Noiron pré, « Se vos m'aviés le mien ne tolu ne enblé « Dont vous peussiés prendre .1. denier moneé, 8910 « Jamais ne remanroie en la crestianté, (c) « Jusques en paienie ne vauroie arester, « Si vauroie Mahom servir et honorer. « S'ensi le volés faire com devisé avés, « Or voist donques cascuns son mesage conter : 890 « Puis rêverons ichi fervestu et armé, « Si avrés la bataille, se vous faire Posés. » Etrespont Guinehos : « Vos le m'afierés.[« Tenés!» — Volentiers, » dist Herviels; sa main li tent: CCXXX I Andoi li messagier s'en tornent et départent. 8920 Et Guinehos revient a Losane a Makaire ; Mal ait quant il .1. point desist de son mesage! Il l'en a apelé, fièrement l'en aresne : AIOL 26l « Entendes cha a moi, » dist il, « sire Makaire. « La fors encontrai jou .1. breton en l'islage : 8925 « Fièrement Taparlai et par grant vaselage; « Ma foi li ai plevie, por vous donee en gage : « La defors en doitestre orendroit la bataille. » Et Makaires respont : « Si est drois c'on le fâche. — Voire, » dist Guinehos, « mais molt crien le da- [maje, 8930 « Car il est chevaliers couragous par ses armes. « Mais faites adouber .c. homes en la plache, « Ses faites enbuissier par dedens le moraille : « Celui i pores prendre et avoec lui maint autre. » Et respont li traitres : « Cortois estes et sages. 8935 « Comment queli plait prenge, si ert lacose faite. » Et Herviels est venus tout droit al tref de paile : U que il voit le roi fièrement Ten aresne; Bien et cortoisement li conte son message. « Sire, » che dist Herviels, « or entendes grant rage 8940 « Que Makaires vous mande et le très grant outrage: « Il vous mande par moi, s'il vos trêve en bataille, « Copera vous le cief, n'i lairés autre gage, « Et Elie le duc a l'aduré corage; « Puis s'en ira en Franche a Paris soz Monmartrc 8945 « En icele grant plache Saint Germain el praiage: « La portera corone voiant tout son barnage. (d) « Demain pendra Aiol a une [hjart de kaine, « Et Mirabeus sa feme sera en .1. feu arse. « Si com jou repairai, s'encontrai son mesage : 8950 « Forment me laidenga, toli[r] me vaut mon gage. « Bataille ai pris la jus a lui en cel praiage. [faite. » — Amis, » dist l'enperere, « bienvoil qu'ele soit Premerains a parlé li dus Beves sans barbe : « Sire drois enpereres, ne pensés tel folage! 8955 « Borgengon sont félon et Lonbart plain de rage, « Tost feroient saillie a nos tentes de paile : 8g-.>() guinehot — 8944 sor 2Ô2 AIOL « Je ferai adouber .c. chevalier[s] a armes, « Ses ferai enbuissier dedens ces très de paile : « Si garderont en bien et en foi le bataille, 8960 « Que cil qui pora veintre, que sains et saus en Et respondi li rois : « Cortois estes et sage, [ailge. » « Ceste parolle est boine, si est drois c'on le fâche.» Herviels s'en est tornés bien garnis de ses armes; Fors s'en issi des très et des tentes de paile : 8965 Guin[e]hot encontra lés le mur de pinable. CCXXXII Andui li mesagier sont venu apoignant ; Il dessendent a terre des boins cevals corans, Richement les çainglerent, si remontent esrant. Mais Guinehos fu fel et plains de maltalent : 8970 U que il voit Hervieu, sel vait contraliant : « Aine mais ne vi Berton, a Dameldé m'en vanc, « Qui a boin chevalier s'alast aatissant; « Car Breton sont por voir assés malvase gent : « Par plaine Lonbardie nos vont molt encauchant , 8975 « Tout ont Puilleet la tere dusqu'en Jérusalem ; « Autressi comme beste[s] les alomes cachant, « Ses faisome jesir a le pleue et al vent : « Il nos bekent nos vinges, si nos fuient nos cans. « Ja Breton nen ert liés s'il nen a pain de brent 8980 « Et plain un pot de lait u fait son sopement. » Et respondi Hervieus : « Lechieres, tu i mens ! « Car Breton sont preudome et plain de hardement: [if. i5q) « En Fangarde del Mont tornoient bien al Franc : « La mostrent il as armes lor vaselage grant ; 8985 « Anqui le comperas, se Dieu[s] le me consent! » Anbedoi s'entregardent, si poignent fièrement. Li Lonbars ne sot mie des armes fermement : Il failli a Hervieu asés vileinement, Mais Hervieu[s] le feri molt acesmeement, 8960 sauf — 8969 guinehot — 8980 U pi. — 8987 lonhart, fermes AIOL 2Ô3 8990 Mervelleus cop li done sor Pesai a argent; Desor la boucle d'or li desmaille et desment, Et l'aubers de son dos ne li valut niant, Par mi le flanc senestre et fer et fust li rent : Tant com anste li dure l'a abattu sanglent : [ment! 8995 « Outre, quivers lechieres, Dieus te doist mari- « Tant aras hui parlé envers moi laidement. » CCXXXIII Molt par le feri bien li mes le fil Charlon : Mervelleus cop li done sor son escu amont ; Desor la boucle d'or li peçoie et confont, 9000 Et l'auberc de son dos li desmaille et desront, Dejouste le costé li met le confanon. Il n'en a mie mort de l'encrieme félon, Mais il l'a abatu de Pauferant gascon. Et Hervieus li escrie, qui ceur ot de baron : [dont! 9005 « Glous! reprent ton destrier, li cor[s] Dei mal te « Remonter te lairai cui qu'en poist ne cui non, « Que ja bons abatus n'ara de moi tençon ! » Li Lonbars Pentent bien, ne dist ne o ne non, Ains se fait mort a terre, si atent le secour[s], 9010 Et ot .1. oel overt, Pautre tient en bellonc. [te dont « Hé! glous! » che dist Hervieus, « li cors Dé mal « Com nos a hui mené par grant sudexion! » Son doit li a fîchié en son destre grenon, Contreval l'en trahie a guise de bricon : 901 5 II Pa bien deservi, s'en a son gueredon; Sel rendi Loeys, le fil al roi Charlon; Et il Pen fist mener en la cartre a Soison[s] ; (b) Et puis i jut il tant, issi com nous cantons, Que il en ot son pois d'argent a raençon. 9020 Et Lonbart s'en issirent et félon Borgengon, Et François les receullent, qui bien garni s'en sont. La peussiés veir commenchier grant estor Et morir etabatre tant chevalier baron. 8990 dona — 8992 aubère — 8997 nies — 9006 qui quen p. n. qui — 9008 lonbart — 9014 le marine — 9016 li fiex — 9019 aj et 264 AIOL CCXXXIV Molt fu grant li bataille et liestor[s] manois. 902 5 Makaires point et broche, si feri Godefroi, Senescal Loeys, qui gardoit Vermendois : Mervelleus cop li done sor son escu a droit Qu'il li fent et peçoie et de l'auberc les plois; Par mi le gros del ceur li lanche le fer frois, 9o3o Toute plaine sa lanche l'abat mort demanois ; Il escrie s'ensenge : « Franc chevalier, ferois ! » CCXXXV Atant evous Hervil qui conquist Guinehot, Et vait ferir Morin de Plaisence le fort, Que l'escu li peçoie et l'auberc li desclot go35 Et son espiel li passe par mi outre le cors; Toute plaine sa lanche l'abat del destrier mort. Atant evos Makaire qui molt grant deul en ot, Et escrie s'ensenge a haute vois molt tost; Mervelleus cos se donent sor les escus a or 9040 Qu'il les ont peçoiés et fendus et desclos. Del cair est [il] nie[n]t, tant se tint cascuns fort. Et quant le voit Elies, mervelleus deul en ot : Il a traite l'espee isnelement et tost, Et vait ferir Makaire sor son escu a or, 9045 Que les flors et les pieres contreval en estort : La coife de l'auberc ne li valut .1. roc, De la fâche li tranche la car jusques a l'os : Makaires torne en fuie, navrés quide estre mors. CCXXXVI Makaires torne en fuie, navrés fu en la face. 9050 Et Borgengon s'en entrent es portes qui sont larges. . . Entor et environ fichent lor très de paile : Puis i dura li sièges .v. ans plenier[s]et large[s]; (c) Aine li rois Loeys ne pot le mur abatre Ne prendre la chité, ne retenir Makaire. 9o55 Aiols li fieus Elie fu el font de la cartre : Molt demaine grant doel a Noël et a Paskes : [tage î « Hé ! las ! » che dist Aiol[s], « com chi a grant hon- qo5o Lacune. — go5 1 tref AIOL 265 « Bclc seur, douche amie, mar fil mes grans bar- rages, « Mes cors et ma proeche et mes grans vaselages ! 9060 « Mais par icel apostle que on requiert en l'arce(s), « Plus m'en poise or por vous que por le mien [contraire. » CCXXXVII Aiols fil en la cartre corechous et irés, Et Mirabeus sa feme prist Deu a reclamer; Car ele estoit enchainte, plains avoit les costes : 9065 « Dame, » che dist Aiols, « ne vos caut desmenter: « Ains por grant doel a faire ne vi p[r]eu conquester. « La defors est mes pères, Elies li barbés, « Et Loeys mes oncles et ses rices barnés : « Ja ne s'en tornera, saciés de vérité, 9070 « Tant qu'il ara conquis Makaire et ses chités. — E Dieus ! » che dist la dame, « tant m'ara de- [moré(s) ! » CCXXXVIII Or fu li bers Aiol[s] ens el font de la cartre Et Mirabeus sa feme la cortoise et le sage : Ileuc le prent ses ventres, destroite est et malade; 9075 .m. jors i travella ens el font de la cartre : Onques nen ot aie de nule feme aidable, Ne mais que de Jesu le père esperitable, Et son signor Aiol le fil Elie al sage; Aine n'i ot alumé cierge ne candélabre. 9080 Dex li dona .11. fiex ens el font de la cartre, Ne veistes tant biaus nés de feme carnable. CCXXXIX Trois jors vait Mirabeus travellant de son Ains n'i ot alumé candélabre ne lampe, [ventre. Onques n'i ot aie ne d'orne ne de feme 9085 Fors que de Dameldé qui tout a en poisanche Et son signor Aiol qui grant doel a el ventre. Deus li dona .11. fieus ens el font de la canbre : 9062 et maris — 9078 li — 9087 cartre 2Ô6 AIOL Ne veistes plus hiaus né[s] d'orne ne de feme. (d) Quant li enfant sont nei, Makaires le sot tenpre : 9090 II a traite l'espee, el font de la cartre entre, A haute vois s'escrie li quiver[s] de mal engre : « U es, Aiols, quivers, qui me tols Franche gente? « Ja Dameldé ne place que preu i ait tes enfes ! » Quant l'entendi Aiol[s], a poi qu'il ne forsene: 9095 « Merchi, sire Makaires, por Dieu et por ses angles! « Laisiés mes enfans vivre, ja n'i ares grevance : « Sor sains vos ju[re]rai entre moi et ma feme « Tous jors vous servirai a escu et a lanche. » Quant Tentent li traitres, si tient tout a losenge, 9100 Et jure Dameldé et sa fiere poissanche Jamais ne mangera si lor taura les membres. CCXL « Sire franc chevalier, » dist Aiol[s] a Makaire, « Por amor Dieu [del ciel], le père esperitable, « Laisiés moi mes enfans, ja n'i ares damage. 9105 « Quite vous claim ma terre et tout mon iretage : « Sor sains vos ju[re]rai et ma feme la sage « Tous jors vos servirai a ceval et a armes. » Quant Tentent li traitre, n'en fait el, qu'il s'enrage: Il prent .r. des enfans, del brac destre li sace. 91 10 Aiols li fiex Elie repont coiement Tautre : Sor son genoil le met en son bliaut de paile, Et Makaires s'en torne, cui li cors Dieu mal fâche, Si emporte Tentant que mie n'en i laisse. Si com il dut monter sur les degrés de marbre, 91 1 5 S'oi Tautre plourer ens el font de la cartre: Grant mervelles en ot, a poi que il n'esrage ; Dist qu'il n'i remanra, ains avra avoec Tautre. Son senescal apele Ginart le fil Ylaire : « Cuiver, nen os cestui ? encore i a un autre. 9120 « Damelde[x] me confonge se ja en ferai garde, « Ne se jamais mengue tant com je vif le sache! » Quant l'entendi Aiol[s], a poi d'ire n'esrage. 91 11 bliaus — 91 12 qui AIOL 267 CCXLI « Mcrchi,sire Makaire, » chou dist Aiol[s"] li bcr; « Por amor Dameldé qui tout a a sauver, (/. 160; 9125 « Quant vos a m'amisté ne volés atorner, « Prendés moi et ma feme et mes riex qui sont né, che dist la dame, « voir dites, par mon [cief. » (d) Li rois aime forment les enfans, ses a ciers : En sa cambre les fait norir et alaitier, Et ont .mi. noriches, femes a chevalier. 9370 Quant il orent .11. ans, si entrèrent el tierc C'autressi gens de cors sosiel ne veissiés. Ja Mirabiaus lor mère al gent cors afaitié Nen istra de prison a nul jor desousiel 9374Dusqu'il l'(es) en geteront, quant erent chevalier. CCL Or sont li doi enfant de la mort bien gari, La merchi Dameldé et lor maistre Terri Et le roi Grasien et Orclare al cler vis. Or lairons des enfans, Dieus les puist beneir ! Si en dirons d'Aiol, le chevalier gentil, 938o Qui fu en la grant cartre coreçous et maris. Sovent reclaime Dieu, le roi de paradis. Et Makaires li tel, cui (ja) Damelde[x] n'ait, Tenoit .m. chevalier[s] saudoier[s] cascun di. Laiens orent esté .v. ans tous acomplis : 9385 Lor drap et lor avoir lor estoit tout faillis, g365 U il — 9372 mirabel — ij382 que AIOL 275 Et tout ont engagié, palefroi etroncin; Et dist li uns a l'autre : « Nous somes mal bailli : « Nous n'i gaingons nient, ains perdons cascundi; « Nos aubers et nos elmes avons en gage mis. 9390 « .v. ans a sis devant li fors rois Loeys, « A toute l'ost de France nous a le siège mis: « Il ne s'en tornera dusqu'il nos avra pris. « Molt durement ont ja de nos homes ocis : « De .xxxm. que fumes ne somes que dis mil. 9395 « Makaires ne nous aime vaillant .1. angevin, « Car il a son trésor grant et large et furni ; « Sel fait garder sous terre com uns autres kaitis. « Il ne nos vieut saudee doner ne départir, « Ançois nous taut nos capes, si les envoie al vin, 9400 « Et bat nos escuiers et forment leslaidist; [bris. « Et quant nous en parlons, plus faus s'en fait que « Soit a tort, soit a droit, nos l'avons bien servi : {f.\6z) a Signor, car guerpisons ce quivert de put lin, « Si alons la defors al roi de Saint Denis : 9405 « Ja est chou nos drois sires, a tort l'avons guerpi. » Et respondent li autre : « Or avés vos bien dit. » CGLI Che fu par une feste del baron saint Mikiei, Que Borgengon parollent a Makaire le fier : « Entendes cha a nous, » font il, « franc chevalier; 9410 « Laiens avons esté .v. ans trestous entier[s]; « Nos aubers et nos elmes avons [tous] engagiés, « Et si nous sont failli palefroi et destrier. « Tu as ton grant tressor mervellous et plenier, « Sel fais garder sous tere, com autres useriers, 9415 « Si ne nous vieus doner saudees ne denier, « Ançois nous taus nos capes et bas nos escuiers; « Et quant nos en parlons, plus t'en fais fors et fiers. « U tu mieusen t'amendes, u nous done congié. « Le matin guerpirons tes honors et tes fiés : 9410 trestout — 941 5 vieut 276 -VIOL 9420 « S'en irons la defors al roi qui France tient, « Car chou est no drois sires, a tort l'avons laissié.» Quant Tentent li traîtres, le sens quide cangier : « Signor, » che dist Makaires, « .1. respit vos en [quier, « Dusc'a demain a l'aube, quant serai conselliés. » 9425 Et cil respondent : « Sire, com vous plaira, si iert. » Atant font les lis faire, si sont alécouchier. Et Makaires s'en entre sous tere en .1. celier : Ileuc trova Boidin et Durant et Anscier, Hercenfroi de Losane le kenu et le viel. 9430 Li uns estoit se gaite, li autre ses portiers, Li tiers ses senescaus, l'autre ses botelliers. A ciaus a il jehi ses consaus tout premier(s) : « Signor, » fait li traitres, « faites pais, si m'oiés. « Tout mi home me voillent honir et vergongier: 9435 « Demain voillent guerpir mes honors et mes fiés « Et aler la defors al roi qui France tient ; « Mais se vos volés croire mes consaus tout premier, « Tous vos feroie rices d'or fin et de deniers. (*) — Sire, » dist Hercenfrois, « vés nous apareilliés; 9440 « Car nous ferons adès quanque mestier vos [i]ert. » Et respont li traitres : « De chou su je molt liés. « Or vos diraje donques de mes consaus premiers. « A loi de marcheant tous vous apareilliés « De cotes bougerenc, de capieus sor vos ciés : 9445 « S'ait Aiol[s] solers grans, soit de buies cauciés : « Puis prendrons mon tressor trestout la u il [i]ert, « Mon or et mon argent, mes monaés deniers, « Et torserons les maies sor les plus fors somiers, « Et si ferons Aiol de la cartre sachier 9450 « Et Mirabel sa feme al gent cors alaitié : « Si lor ferons jurer la fors a cel moustier « Que ja nen diront cose dont soions enterchié. « Puis en istrons la fors al roi qui France tient, 9421 guerpie — 9437 tous — 9439 vos n. AIOL 277 « Je sai tant de language; ja n'ermefs] enterchié; 9455 « S'irons a Panpelune al fort roi Mibrien : « Si li rendrons sa fille al gent cors afaitié(s). « Et cil heit plus Aiol que home desousiel : « Trop nous donra avoir et viles et plaisié[s]; « Et se vos volés Dieu le père renoier, 9460 « Ausi com je ferai, tous en sui conselliés, « Plus vous donra li rois et avoir et deniers « Conques n'en eut en France Loeys ne Loier[s]. — Sire, » dist Hercenfrois, « tout sons aparellié « Que nou ferons tout chou que vostre plaisir 9465 « Mieus voil jou Dameldé le père renoier [i]ert. « Que fuisse cha dedens ocis et detrenchiés. » CCLII Oies del traitor, ses cors soit confondus, Qu'il vieut que tout si home soient ars et pendu : E Dieus! si seront il, ja n'en estordra uns ! 9470 II fait son trésor prendre trestout la u il fu : A loi de marcheant se sont tout .v. vestu De cotes hugerenc et de capes desus. Et jetèrent Aiol de la cartre u il fu, Et Mirabel sa feme qui trop i ot jeu, (c) 9475 Si les en ont mené en .1. mostier la sus : Sor sains lor font jurer .v. foies u plus Que ja ne diront cosse dont soient reconnu : Aiols aime tant Dieu ja n'en sera parjurs. Puis torserent les malles sor les destrier[s] grenus, 9480 Aiol et Mirabel levèrent sor .1. mul, Par la porte s'en issent, si abatent le mur; Makaires trait Tespee del feure, le branc nu : Les portiers et les gardes en a les ciés tolus. Par mi Post s'en tornerent, cha fors se sont venu : 9485 Dusc'al très Loeys ne sont aresteu. Or entendes d'Aiol com a le sens perdu. Qu'il ne veut nul mot dire por coi soient connu ; 9463 tous 278 AIOL Et vit très bien Elie, son père le quenu, Et Loeys son oncle: mervelles s'est tenu, 9490 Qu'il onques nedist cose dont il fust conneu[s]. Et Makaires dessent qui s'estoit desconnu, Si parla bassement quant desconnu[s] se fu : « Cil Dieus de sainte gloire qui maint el ciel la sus « Saut le roi Loeys a qui somes venu ! 9495 « Nos somes marceant de Pinel et de Bu, « Et somes par la porte de Lossane venu. « Doné avons Makaire .11. mars d1or [fin] u plus « Por chou que par sa tere nous a conduis li dus. « Nous menons tel avoir onques si grant ne fu; 9500 « Or somes en ta tere, rice rois, parvenu : « Qua[r] nous livres conduit tant que soions issu.» Et respondi li rois : « Bien soies vos venu! « Quel part vous en aies, miens en est li treu[s]. » Conduire le[s] commande Gautier de Montaigu, 95o5 Le duc Bevon sans barbe et Jofroi le kenu; Et cil les ont menés bien .111. liewes u plus. Quant il sont fors de Tost a saveté venu, Adont parla Makaires, li traitres parjur[s] : « Signor boin chevalier, c'a nous estes venu, 9510 « Por chou que vous m'avés a saveté conduit, (<*) « Vous dirai dont tel cose dont bien ère creus : « Nous somes de Losane a saveté issu, « Le portier et le gaite trovame cha de jus ; « Vés les la u chevauce(nt) ces boins mules grenus : 95 1 5 « Faites armer vos homes, les grans et les menus, « Et s'asailliés Lossane, les roes et les murs. « Les portes sont overtes, ja n'i ara féru ; « Nel sevent de la vile ne ne s'en garde nus : « Prendre poés la vile sans lanche et sans escu. 9520 « Ja Damelde[x] de gloire vostre roi[s] nen aiut, « S'il prent les Borgengons, se tost ne sont pendu. » Oies del traitor com par est malotrus, 9492 quant] grant A10L 279 Que il vieut que si home soient tout confondu : q5 24 Si seront il trestout, car lor jor[s] est venus. CCLIII Makaires lor a dit granment de sa convine, Mais la grant traison ne lor a jehi mie. Cil retornent ariere, s'ont lor voie aquellie : A Tost en sont venu ançois l'aube esclairie. La parolle ont conté al roi de Saint Denise; 953o Et quant François le seurent, li os est estormie, Enfressi c'a Lossane ne s'aseurent mie : A pié et a ceval entrèrent en la vile, Et portent trenchant aches et grans lances forbies : Les Borgengons qu'il trevent detranchentetochient, g535 Et [s'en] vont querre Aiol en la cartre perine Et Mirabel sa terne, mais il nés trovent mie : Makaires les en maine, li quivers, li traitres. Grant doel en fait li rois et li villars Elie, Mais puis ti(e)nt il Borgonge sa terre toute quite 9540 Si c'onques n'i perdi vallissant une aillie. Et vont querant Makaire el bore et en la vile : Cui cautque il le quierent ? il nel troveront mie. Il lor est escapés, li quivers, li traitres, S'en a mené Aiol et Mirabel s'amie : 9545 « E las ! » che dist li rois, « mon neveu nen ai mie ! — Siredroisenpereres, » che dist li dus Elie, (/"• i63) « Makaires le m'a mort, li quivers, li traitres. « Ahi ! Mirabel dame, de vostre signorie! « Mar vous conquist mes fieus par sa chevalerie ! 955o « Poi a duré ensamble li vostre compaignie. « Quant le sara ma leme la gentil dame Avisse, « Che sera grant mervelle s'elle remant en vie ! » Or dirons de Makaire, cui li cors Dieu maudie : Anbedeus les en maine coreçous et plains d'ire ; 9555 II sont venu al Rone, si trovent la navie. 9D26 ichi mie — 953(5 ncl — 9541 aiol el — 9542 Que — g55i Qua sera — g553 qui 280 AIOL Makaires une nef de son avoir eslige, Puis i entre li fel et si .irri. dessiple; Aiol ont mis dedens et Mirabel meismes. Par le Rosne governent et a grant force vindrent : 9560 Tout contreval s'en vont enfressi c'a saint Gille, Del cors saint n'ont que faire, il n'i tornerent mie; Aval par selonc tere ont lor voie aquellie, Guerpisent les pors d'Apes, si tienent ceus de Sire; Ne tout lor herbegage ne conterai mie : 9565 Ne sai que je vous cont cascune oste[le]rie; Dusques a Panpelune ne cessent ne ne finent : La trovent Mibrien, le fort roi de Persie, U asamble grant ost et jouste grant enpire : De Navairs et de Bascles avoit .l. mile; 9570 Aler en vieut a ost sor France le garnie Por Mirabel sa fille dont li siens cors s'aire, Et si heit plus Aiol que nule riens qui vive; Mais il Tara par tans en la soie baillie : Makaires l'i amaine, li quivers, li traîtres; 9575 Par tans vaura servir de ses losengeries. CCLIV En la plus maistre rue qui torne [vers] saint Jake Se herberga Makaires et si home tout quatre. 11 en a apelé son oste Floquipasse, Si ot non li paiens qui son avoir li garde : 9580 « Gardés moi cest François que il ne vos escape : « Grant tressor m'a enblé, si m'a fait grant damaje. » Et respont li paiens : « Ja mar en ares garde ; (*>) « Quant il m'escapera, jamais n'emblera autre. » Il les mist ambedeus ens el font d'une cartre, 9585 En une tresoric, mais l'avoir en fist traire. En grans carcans les misent et en buies les laisent. Makaires s'en torna et si dru trestout quatre, Et trespassent les rues qui sont et grans et larges, Dusc'al maistre palais de nient ne s'atargent. 9590 La trevent Mibrien a l'aduré corage. 9563 les puis AIOL 28l Makaires le salue, li quivers mescreablefs] : « Mahons te saut, boin[s] rois, et toi et ton barnage ! — Et Mahons te garisse, amis, frère message ! « Dont viens? et de quel tere? di moi de ton afaire. 9595 — Sire, je sui de Franche, de celé tere large, « Rices dus de Borgonge, si Tai tout en ma garde. « Grant guère m'a destruit, qui m'en amaine et « Car li rois Loeys m1a tolues mes marces. [cache : « Sous Lengres en Borgonge esmuc une bataille, 9600 « La fis(t) por vous telcose dont li siècles me blâme. « La conquis jou Aiol, le fil Elie au sage, « Et Mirabel vo fille, le cortoise et le sage. « Jel vous ai enmené en ceste vostre marche : « Cha sont a mon ostel u mes ostes les garde. 9605 « Mais vous nés ares ja a nul jor que je sache, « Trosque irfarés mostré vo Dieu et vostre image. « Honques ne vie Mahon : drois est c'onor li fâche. » Et respondi li rois : « Molt es cortois etsage[s]. » Quant il Pot entendu, si dreche en son estage, 96 1 o Plus de .vu. fois le baise el col et en la fâche : « Amis, » che dist li rois, « cortois estes et sages : « Assés vos donrai terre, honor et signorage. — Or entendes a moi, » que dist li fel Makaires: « Je sai bien toute Franche, les pors et les passages : 96 1 5 « Toute crestienté ert en vostre treuage ; « Mais que j'aie vo gent a ceval et a armes « Chrestien sont tout mort et livré a hontage ! « Mar me vit onques [mes] Loeys, li fieus Charle : (<-") « Encor li taurai jou le cief sor les espaules. 9620 « Vous tenrés la grant tere et je en serai garde, « De vous vaurai tenir Borgonge en iretage. — Amis, » che dist li rois, «cortois estes et sage[s]. « De croisement vous doing la terre de Navaire. « Je commanc Sarrasins par desor lor omage [cent. » 9625 « Que il trestout vous servent et vostre plaisir fa- CCLV Mibrien[s] prent Makaire et tous ses .un. drus, 282 AIOL Si les a amenés en son palais la sus, En la mahomerie, la u Mahomet fu. Adont parla Makaires, li traître parjurs : g63o « Mahomet, » dist li fel, « je sui a vous venus ; « Avousmeclaim jou, sire, del roi de Saint Denis.... « Et destrués François après tous uns et uns : « Ne sai qués vos nomaise, miex les connistras tu « Que je ne fac, biaus sire : tous les avés veus. » 9635 Sarrasin ne sont mie si fol ne esperdu Que n'aient .1. vilain mis Mahomet el bu, Qui laiens est entrés, car tout creus dedens fu. « Amis, » dist li vilains, « je t'ai bien entendu : « Roi te ferai de Franche et amiral et duc, 9640 « Et li rois et li autre soient tout confondu. « Se tu a moi te tiens, moult t'est bien avenu. » [Li] paien li amènent un auferant grenu : Si le baise en la bouche, que ne se targa plus, Et radie contremont el despit de Jesu.... 9645 « Et puis me baiseras en mi le treu del cul : « Che ert senefianche qu'a moi t'eres rendus, « S'aras Dieu renoié et la soie vertu « Et que il ne peut estre et qu'encore ne fu. — Si ferai jou, biaus sire, » che dist li durfeu[s]; 9650 « A chou me renc coupable que tant ai atendu, « Que tous jours ne vous aie servi et maintenu. » Makaires le baisa, il et si .nrr. dru; Li vilains a vessi, Makaires trait en sus : (d) « Sire, » dist li traitres, « com li vostre Dieus put ! 9655 — Non fait, » dist Mibriens, « mais teus sont ses Fors sont del sinagoge isnelement issu, [vertus. » Dusc1 al maistre palais sont ariere venu. CCLVI Mibrien[s] prist Makaire parle pant de l'hermine : « Amis, » che dist li rois, a ne vos mentirai mie. 9660 « J'aim des ore en avant la vostre compaignie. 963 1 Passage altéré et tronqué. — 9633 connisies vous — 9644 Lacune. — g65o entendu AIOL 283 « Menés me a vostre ostel, je voil veir ma tille. » Et respondi Makaires : « Volentiers, biaus dous Il trespasse la rue et le bourc et le vile, [sire. » Dessi a son ostel ne cesse ne ne fine; 9665 II en a apellé Floquipasse et Prospisse ; Si fait jeter Aiol de la cartre perine Et Mirabel sa feme qu'u) a grant tort i fu mise. Mibriens voit sa fille qui molt fu asouplie : De la longe prison a la color noirchie. 9670 Quant Mibrienfs] le voit, par la main l'a saisie, Il l'en a apelé, se li commenche a dire : « Avés vous relenqui Mahomet, bêle fille? [sire. — Oie, » che dist la dame, « por amor Dieu, biaus « Je ne pris vostre Dieu Mahomet une aillie. 9675 « Chou que Sarrasin croient tieng jou a grant follie, « Quant ne croient en Dieu le fieu sainte Marie. » Quant Tentent Mibriens, a poi n'esrage d'ire. CCLVII Mibrien[s] prist sa fille par le blance main « Avés vos relenqui Mahomet, fille bêle? [destre. 9680 — Oie, » che dist la dame, «n'en dites mais, kaiele! » Quant Sarrasin l'oirent, si s'esragent et dervent. « Cou que Sarrasin croient ne vaut une cenele, « Quant il ne croient Dieu, le glorieus celestre, « Celui qui s'esconssa en la vierge pucele. » 9685 Quant Tentent Mibriens, a poi d'ire ne derve, U que il voit Aiol, sel prent par le pui[n] destre : « Fil a putain, » dist il, « fel licieres susperbe[s], « La riens irTavés tolue que plus amoie en terre ! » Dist a son senescal: « Vamoi m'espeequere ; (/■ 164) 9690 « Ançois que jou mengue li trencerai la teste. » Dont parla Estorgans qui fu nés a Valterne : « Biaus oncles Mibriens, por Mahomet, que faites? « Que créés vos Makaire? Mahomet li doinst perte! « Quant sa loi a guerpie, desloial est sa geste. 9695 « A millor chevalier ne peut vostre fille estre « Car chou est fil [s] Elie a la kenue teste, 284 AIOL « Et si est niés le roi qui tient France et governe. « Se il vieutMahon croire, trop lidonré[s] vos tere.» Et respondi Aiols : « Che ne poroit ja estre; 9700 « Mieus i voil jou morir que je Dameldé perde. » CCLVIII Mibriens apela Mirabel le nobile : « Avés vos relenqui Mahomet, bêle fille? « Aies, si Taourés et vos saumes li dites. » .1111. paien l'en mainent, a force le traînent, 9705 Qui par les bras le mainent coreçous[e] et marie : « Signor, » che dist la dame, « laisiés moi a délivre : « Aorer le m'esteut, le ceur en ai plain d'ire. » Délivre le laisierent la pute gente haie. Leus que dut aorer Mahomet et ses i^njdeles, 9710 El(e) le saisi as bras, par tere le traine, Les costes et les bras et les flans li debrisse. Dist Tuns paiens a l'autre : « Ceste dame est marie. — Voire, » dist Mibriens, « tout ert morte et sos- [prise. — Non sui, » dist Mirabiaus, « mavaise gent aie. 9715 « Comment vos peut aidier ceste cose faillie? « Or perent ses vertus qui de paor n'a mie. » Quant l'entendent paien, a poi n'esragent d'ire: Il le font délivrer Floquipasse et Porprisse, Che furent doi paien molt félon et plain d'ire. 9720 La tere le roi gardent et tien[en]t grant justice : Mais puis les torna Dieus a la soie partie, Puis creirent Jesu le fil Sainte Marie. Aiol ont avalé en la cartre péri ne Et Mirabel sa feme corecie et marie ; (£) 9725 En caines les lancent et en buiesles misent. Li rois en a juré Mahomet et ses i(n)deles Que demain les fera detranchier et ochire, S'il ne croient Mahom qui tout a en baillie : 9729 Mais bien lor peut aidier li fieus sainte Marie. 9714 mirabel — 9725 placé dans le ms. après 9722. AIOL 285 CCLIX Lendemain durent estre tout ars et desmembré. Oies quel aventure Jesu lor a doné. .1111. paien d'Espaigne, Sarrasin d'outre mer, Sont venu a la tere, que lor fu acussé[s] Un[s]molttrésgranstressor[s]qu'ilquidoientembler 9735 Al fort roi Mibrien qui l'avoit amassé, Par dedens celé cartre tout adés asamblé, La u Aiol[s] gisoit et sa feme al vis cler ; Mais li tressor[s] estoit fors de la cartre ostés, Que dedens ne laisierent .1. denier monaé. 9740 Li laron furent sage, del mestier doctrine : A lor chisieus trancans d'achier et afillés Un grant pertrui[s] ont fait, s'ont le muresfondré La dedens en la cartre coiement a celé, Et quierent le trésor : n'en ont mie trové. 9745 Aiols jut d'autre part selonc .1. grant piler, Entre lui et sa feme, corechous et irés, S'a oi les larons par mi la tere aler ; Gentieument les apele par molt grant simpleté : « Signor, qui estes vous, qui par la cartre aies ? 9750 « Venés vos avoir querre? gardés nel me celés. « Certes je n'en i cuic -n. dcnier[s] moneés, « Mais c'un caitif de Franche qui est enprisoné[s] « Entre lui et sa feme, qui se meurt de lasté. « Quant vous venistes chi por avoir conquester, 9755 « Voir, je vous en donrai .un. somiers torses, « Se vos me poés faire de la prison jeter. « Après vos ju[re]rai desor ma loiauté, « Que se vous droit en Franche conduire me poés, « Je vos donrai trésor tout a vo volenté. » 9760 Li laron l'entendirent, grant joie en ont mené : Il corent les boions des buies desfremer (c) Et le carcan li ont molt coiement osté. Li .nu. laron l'ont de la cartre jeté : Issi com il devoi[en]t por Mirabel aler, 9733 qui — 9740 del destrier 286 AIOL 9765 Les gardes s'estormisent quil dévoient garder; -Et dist li uns a l'autre : « Mal nous est encontre, « Quant li François nous est de la cartre escapé[s] : « Demain en serons tout pendu et encroé. » Il tornerent en fuie, n'i osserent ester. 9770 Et li .un. laron en ont Aiol mené. Cui caut se il l'en mainent et Mirabiaus remest ? Or les consaut andeus cil qui tout peut saver : Car puis ne s'entrevirent dusqu'a .[v]ir. ans pasés. CCLX Li .un. laron mainent Aiol par grant justice, 9775 U il [le] voil[le] u non, sa foi lor a plevie Que ne dira parolle qui tort a félonie : Aiols aime tant Dieu qu'il n'en mentira mie. Tant ont trespassé bois et landes enhermiinjes, Qu'il sont venu tout droit al port d'Esclavonie. 9780 La troverent lor nef aprestee et garnie, Lor compaignons troverent, ques atendent a single, Et il lor vont encontre, hautement lor escrie[nt] : « Avés vous le tressor dont avons tele envie ? » Et cil lor respondirent : « Vos parlés de folie! 9785 a La cartre Mibrien avons frainte et malmise, « Mais d'avoir n'i trovames vaillissant une aillie, « Mais .i.kaitifdeFranchequi manansestetriche[s]. « Sa foi nous en a il molt loiaument plevie, « Que se nous l'en menons en Franche le garnie, 9790 « Trop nos donra avoir, trésor et manandie. « Mais Franc sont orgellous et plain de félonie, « Que se cis a en Franche ricece ne baillie, « Assés tost nous fera detranchier et ochire ; « Car la loi Mahomet n'aiment li François mie. 9795 « Car le menons or vendre el port de Tornebrie « Al fort roi Grasien qui manans est et riche[s]. « Plus nous donra avoir, ricese et manandie, (<*) « Que trestout no parent n'orent aine en lor vie ! » 9771 mirabel — 9773 cf. 9806 — 9775 li a — 9786 .1. aillie AIOL 287 Quant l'entendi Aiols, forment plore et souspire : 9800 Ne se vieut parjurer, sa foi lor a plevie; Ne set pas la grant joie la u Jesu le guie : La trovera ses ficus sains et saus et délivres, Et Terri le cortois et Aie la nobile, Et le roi Grasien qui les enfans norie. 9805 II n'avoit .ri. si biaus dusc'al port de Hungrie; .vu. ans orent passé ançois c'Aiol veissent. CCLXI Li .1111. laron sont dedens lor nef entré; Aiol ont mis dedens, le vasal aduré, Et levèrent lor single, si se sont desancré : 9810 Damelde[x] lor dona boin vent et boin orré. Ne sai que je vous doie lor estoire aconter, Ne combien il esturent en palegre de mer : Vienent a Tornebrie, la sont droit arivé. Quant il vinrent a Favene, lor cingle ont avalé, 9815 Et jetèrent lor ancre, bien se sont apresté, Et issent de la rive, s'ont guerpie lor nef. La troverent le jor une grant feste anel ; La furent crestian et Turc aseuré ; D'avoir d'estrange tere i ot molt grant plenté. 9820 Ausi com autre avoir metent Aiol venel : Li laron l'orent bien vestu et conraé ; Il ot chemise et braies d'un cai[n]sil afioré, Et puis cauces de paile, soler[s] a or ovré[s], Et peliçon hermin tout d'orfroi[s] engoulé, 9825 Et après .1. diaspre qu'il li ont endossé, Et d'un vermel samit l'ont molt bien afublé : N'ot plus bel chevalier dessi en Duresté, Se ne fust la prison u il ot tant esté; Mais bien avoit .v. ans en cartre conversé. 983o A mervelle l'esgardent li per de la chité, Et dist li uns a l'autre : « Molt a cis grant bonté. « Onques Dieus ne fist tere ne si grant roiauté, 9820 venle 2ÔÔ AIOL « Cil nel(e) deust tenir, si(l) a en lui bonté. » (/". i65) Tant en va li renons par les princes casés 9835 Que li rois Grasiens en a oi parler; A .xxx. chevaliers avala les degrés; Meisme(s) la roine i ala de son gré Et Teris li cortois et Aie o le vis cler. Tumas et Manesier[s] sont avoec aus aie : 9840 Dessi que a la rive ne se sont aresté, S'ont trové les larons et Aiol par delés. Li boins rois de Venise a Aiol esgardé, Molt le vit bel et gent, escavi et mole : Ses filleus esgarda sans plus de demorer : 9845 Tant resamblent le père et de bouche et de nés, Onques Dieus ne fist home [les] deust esgarder Aiol[s] li fieus Elie i a son ceur torné, Il ne set qui il sont, mais molt i a pensé. Li fors rois Grasiens a les .un. apelé : 985o « Dites, signor, quel faites, quant a vendre Favés? » Et il li respondirent : « Aparmain le sarés. « .lx. mars d'or fin vous en esteut doner, « Et .cccc. d'argent a balanche pessé, « Et .xxx. piaus de martre et .ix. mantel[s] foré[s], 9855 « Entre tires et pailes un grant somier torssé. — Baron, » che dist li rois, « par sainte carité, « Vous Favés molt forfait, car vos amesurés ; « Prendés consel ensamble por combien le donrés. » Et cil li respondirent : « Sospris nos en avés. 9860 « Se nous bien seusiemes par fine vérité « Que vous fussiés li rois de cest rice resné, « Por .1111. tans d'avoir ne vos fust il donés. [avés. — Par mon cief, » dist li rois, « signor, grant tort « Et tant et plus del mien vos en ferai doner, 9865 « Ains que si bel kaitif laise mes escaper. » L'avoir lor a fait tout et bailler et livrer. al vis — 9846 Lacune. — 9860 n. s. b. — 9866 Miniature avec cette rubrique: Ch'est chi en-si com li laron ont vendu Aiol et s'entrochient. AIOL 289 Ensi com li laron en furent dessevré (b) Et il durent ariere en lor barges entrer, A lor couteus d'achier se sont entremellé, 9870 Por Tavoir départir, dont il orent assés : Mal soit de Fun des .1111. qui en puist vis aler, Qu'a lor coutiaus ne soit trestout esboielé[s]. Al fort roi Grasien le va .1. mes conter, Et quant li rois le sot, s'a grant joie mené, 9875 L'avoir en a fait tout en son trésor porter. « Sire, » che dist Aiol[s], « or vos ai mains cousté! » Ariere s'en revont par la boine chité, El palais en montere[n]t contremont les degrés. Sor .1. banc sont assis maintenant lés a lés : 9880 « Amis, » che dist li rois, « a moi en entendes ; « Dont estes ? de quel terre? gardés nel me celés. — Sire, » che dit Aiol[s], « ja'n orés vérité. « Je sui certes de Franche de molt grant parenté, « Si ai esté en cartre bien a .v. ans passés, 9885 « Et cil laron m'emblerent u m'avés acaté. « Se vous me faites bien, grant amoine ferés. » Et respondi li rois : « Por nient vos doutés, « Car je ne vous faurai tant com puisse durer. » Quant Tentendi Aiols, grant joie en a mené : 9890 Tost et isnelement li vaut al piet aler, Quant li rois Grasiens l'en a fait relever : « Amis, » che dist li rois, « envers moi entendes. « Jou ai une grant guerre, dont molt sui esfraés, « Del roi de Salenike qui me taut m'erité. (c) 9895 — Sire, » che dist Aiol[s], « garnimens me donés, « Et je vous aiderai par droite loiauté. — E Dieus! » che dist li rois, « tu soies aourés, « Qui tel gonfanonnier m'avés chi amené ! « Cis portera m'ensenge en bataille campel. » 9900 Li fors rois Grasiens lu molt gentieus et ber : Il fu a Tornebrie al cief de son resné, 9871 que suns des .1111. en puist — 9889 Aiols] li rois — 9890 le IQ 29O AIOL S'a par toute sa tere tout son esfors mandé, Qu'il vieut a Salenike a son pooir aler : Onques de plus grant ost n'oi nus hon parler. 9903 Armes fissent Aiol en la place aporter : Molt sont chieres et bêles, nus hon nés doit blâmer; Quant li rois le commande, Aiol[s] s'en est armés, Il a vestu Tauberc, si a Féline fremé, Il a çainte l'espee al senestre costé. 9910 Un boin ceval li ont en la place amené. Cil ert le roi meisme, Passeavant fu clamé[s]. Li chevals fu si boins et de si grant fierté Que d'une toise longe n'i peut on abiter, Ne mais que l'escuier[s] qui de lui fu privés. 9915 Aiols li fieus Elie est celé part aies : Tost et isnelement est par Testrier montés, Et pendi a son col un fort escu bendé, Et tient en son puin destre .1. fort espiel quaré, A .111. claus de fin or .1. gonfanon fremé : 9920 De la chité issirent por le Franc esgarder. Li rois a un serjant a dit et commandé Facent une quintaine drecier en mi le pré : Si sara del François com se vaura porter 9924 Ses rices garnimens en bataille campel. CCLXII La quintaine font faire ens el pré verdoiant, Ce fu de .nu. estaces d'un fort escu tenant; Aiols point le destrier c'on claime Pasavant : Li destrier[s] se desroie qui les grans saus porprent, Fors Marchegai el monde n'en ot .1. plus corrant; 9930 Et fiert en la quintaine par son fier maltalent, (d) Que l'escu fait percier sor la boucle a argent, Et les paisson[s] tout .un. froisa de maintenant, L'escu[s] et la quintaine cai de maintenant : « Marchegai, » dist Aiols, « je vos amoie tant ! 9935 « Piecha vous ai perdu, s'en ai le ceur dolant. » 9926 Se AroL 291 Dient cil qui l'esgardent mainte communalment : « Chi a boin chevalier, ardi et combatant. [commant, — E Dieus ! » che dist li rois, « par vostre saint « Com m'avés bien aidiet de chou que vos demanc ! » 9940 Li enpereres broche le boin mulet anblant, Venus est a Aiol , se li dist en riant : [vanc : « Biaus sire Aiols de France, a vos me renc et « Que trestoute ma tere soit a vostre commant; « Cui vous vaurés air, n'ait plus retenement. 9945 « Del roi de Salenike me claim trestout avant, « Qui me gaste ma terre, mon ceur en ai dolant. — Sire, » che dist Aiol[s], « entendes mon samblant. « Cargiés moi .in(r)m. homes de chevaliers vaillant. — Non ferai, » dist li rois, « car n'en ai mie tant, 9950 « Tant qu'il seront mandé par mes teres plus grans. — Sire, » che dist Aiol[s], « dites vostre talent : « Combien en avés vous a boins cevals corans? — Amis, » che dist li rois, «bien sont .m. et .vu. cens. — Par foi! » che dist Aiol[s], « c'est biaus commen- 9955 « Or le laisons issi dusc'a l'aube aparant. » [chemens. Et respondi li rois : « Tout a vostre commant. » En Tornebrie en entrent li petit et li grant : S'Aiol[s] fu bien servis, n'est drois c'on le demant. Celé nuit le laisierent dusc'a l'aube parant. 9960 Quant la nuit sont as dois et as tables séant, [Par] devant Aiol vindrent anbedoi si enfant, Et il les apela et dist : « Venés avant. » A la coupe d'or fin les abevra li frans, Et dist entre ses dens soef en souspirant : 9965 « Ahi! Makaires fel, li cors Dieu tecravent! [(/. 166) « Tu m'as tolu el mont que plus amai forment : « Car s'encore vesquissent anbedoi mi enfant, « Ausi grant fuisent il com cil, mien ensiant ! » CCLXIII II font faire les lis, si se vont reposser 9953 .vnc. — 9954 commenchement — 99G0 dois des t. 292 AIOL 9970 Dusc'al demain a l'aube que il dut ajorner. Aiol[s] li fiex Elie s'est par matin levés. Li rois de Tornebrie a fait se gent mander : Conduire les commande Joserant et Fouré ; Al matin s'en tornerent, quant il sont apresté. 9975 Des pors de Tornebrie dont il furent torné Dessi a Salenike, la u dévoient aler, N'a voit mais que .vu. lieues a .1. mul sejorné. Aiols sot molt de guerre, s'a le roi apelé : « Sire, fors enpereres, a moi en entendes. 9980 « Car metons .1. agait dedens cel bos ramé : « De .xxx. chevaliers .r. aguait remetés « Desi a Salenike, la nobile chité. « Se Sarrasin en issent par lor ruiste fierté, « Nous les irons requere a nos brancs acérés; 9985 « Et se Damelde[x] done par sa grande bonté « Que li rois Floriens isse cha fors armés, « Nous nos acointerons as espiels noelés ; « Molt volentiers vauroie ensamble o lui joster : « Mais ne sai de qués armes li rois est adobés. 9990 — Amis, » dist Grasiens, « jel vos dirai assés. » CCLXIV Li fors rois Grasiens fu molt preus et ardis. U que il voit Aiol, cortoisement li dist : « Del fort roi Florien vous dirai mon plaisir. « N'a millor chevalier jusc'al port de Brandis ; 9995 « En la targe le roi est escris Apolins, « Tervagans et Mahon[s] en son gonfanon mis; « Amont desor son elme a .1. cercle d'or fin; « Li destriers desous lui ne samble pas frairin, « Il est covers de soie d'un paile alixandrin. 10000 — Sire, » che dist Aiols, « assés en ai oi. » Li rois met son aguait dedens le bos foilli : A .xxx. chevaliers se metent el train, (b) Entrosc'a la chité ne prisent onques fin, 9 intervertis. — 9996 Teruagant AIOL 2g3 Si aquellent la proie, dont lieve li hustin[s]. ioood Et Sarrasin se corrent isnelement garnir. Quant li rois Floriens la noise [en] entendi, Il demande ses armes el palais signori : Par grant air s'adoube, et fel fu et ardi[s] ; Monte sor Ploiegant, onques millor ne vi; iooio II saisi la grant targe u fu poins Apolins. Plus de .vc. s'en issent par la porte Hain, Les nos en encauchierent tout .1. feré cemin. CCLXV Li fors rois Floriens pense de l'encauchier. Des nos a retenus .xim. chevaliers; iooi5 II trespasse l'agait .1. grant arpent plenier : Et li agais s'escrie et devant et derier. Aiols saut de l'aguait et li rois Grasien[s], Si escrie Monjoie, li preus et li legier[s]. Il garda devant lui, voit le roi Florien; 10020 Bien le connut as armes, il en fu ensengiés, Il broche Passavant des espérons des pies; Floriens le regarde, s'est vers lui adrechiés : Grans cos se vont doner sor les escus pleniers, Desor la boucle d'or les ont frains et perchiés : 10025 Molt sont fort li aubère, nés peuent desmaillier. Li rois brise sa lanche qui fu boins chevalier[s], Et Aiols le feri a loi d'orne guerrier, Que çaingle ne poitral ne li ot aine mestier, Que le roi n'abatist devant lui del destrier. ioo3o Aiols furnist son poindre comme boins chevalier[s], Al roi Florien est ariere repairiés Et tient traite l'espee, s'a l'escu enbracié(s) Ahautevoiss'escrie: «[Francguerrier],dimoiqu'ies. « Des armes a porter n'es tu pas costumier[s] ioo35 « A ceste(i) nostre loi : je l'ai bien essaié(s) ; « Car aine par un seul home ne vuidai mon destrier. « Tu me sambles de Franche des ardis chevaliers. ioo32 Lacune; c'est le roi qui parle au vers suivant. 2Q4 AI0L « Lai le roi de Venisse, ne se peut preu aidier: (c) « Plus te donrai argent et or fin et denier[s], 10040 « Conques n'en ot en France Loeys ne Loier[s]. — Tais, fols rois, » dist Aiol[s] : « n'a[i] soing de pree- u Car je ne faurai ja mon signor droiturier : [cier, « Por or ne por argent ne me voil vergongier. » Endementiers qu'il o[n]t tant parlé et plaidié, 10045 Li rois fu molt traitres et fel et renoiés : Il tint traite Pespee, s'est Aiol aprociés : Par devant les arçons vait ferir le destrier, Qu'entre les .ir. espaules li a le cief trancié(s). Li cevals kai mors et Aiol[s] fu en pies ; ioodo Et Aiols le regrete comme boins chevaliers : « Ai ! tant mar i fustes, Pasavant, boins destriers ! « Cil qui vos me dona vos tient mervelle chier. « Je morai ja de deul, se ne vos puis vengier! » Il a traite Fespee, s'a l'escu enbrachié : ioo55 Et vait ferir le roi par mi l'elme vergié, Que les flors et les pieres en a jus trebucié, Devers la destre espaule li fait le branc glacier, Les mailles de l'auberc ne valent .1. denier, La car de sor les os li convient a trenchier, 10060 Et li rois canchela, si s'est agenolliés. Aiol[s] le vait ferir quant le voit embroncië ; Sor la senestre espaule est li cos adrechiés : De la car et des os li trancha demi piet. Li rois chai a terre, ne se pot mais aidier : ioo65 Aiol[s] le vait saisir par les las a or mier, Puis li toli par forche le branc forbi d'achier, Et saisi Ploigant que molt ot covoitié : « Couars rois, » dist Aiol[s], « or avomes cangié : « De la car de ton dos ai mon ceval vengié. » 10070 Aiols sor Ploigant monta par son estrier, Le roi maine lés lui qu'il tenoit prisonier. Et li agais desbuisse et devant et derier. 10041 point de — ioo5o se regarde — 10069 a' mon s'gnor Atant evous poignant le fort roi Grasien; (d) Aiols l'en apcla par molt grans amistiés : 10075 « Sire, drois empereres, je vos tieng forment chier : « De chou que m'acatastes renderai vo loier : « Le roi de Salenike vos donrai prisonier. — Grant merchi , biaus dous sire , » dist li rois [Grasien [s]. « Couars rois de put aire, vieus te tu baptisier? 10080 — En pardon en parlés, » dist li rois Florien[s]. « Ja ne cerai en Dieu qui fu cruchefiés, « Que Juis travellierent, aine ne s'en potaidier : « Mais Mahon[s] est mes sires, lui devons essaucier. — Cuiver, » che dist Aiol[s], « Dieu te doinst en- [combrier! ioo85 « Voirs fu que Damelde[x] envoia preechier « Premier Mahon en terre por sa loi essaucier; « Le commant Dieu fausa, tant fu outrequidiés : « Tant but que tout fu ivres, si ne se pot aidier, « Ains ala en .1. bos sous .1. arbre coucier; 10090 « Por savage le prisent qui tout li ont mangié « Le nés et le visage et les iex de son cief : [chier. » « Puis n'ot en lui vertu, car Dieus ne Tôt tant Quant l'entent li paiens, le sens quide cangier : « Tais toi, quivers François! tu m'as pris et loié, 10095 « Mieus voil jou c'on me fâche ochire et detrancier « Que guerpisse Mahon por ta loi essauchier. « M'ame sera savee, se je sui essiliés : « Tervagans et Jupin[s] le feront herbergier. [giet, — Par mon cief, » dist Aiol[s], « s'on m'en done con- 1 o 1 00 « Vos ne viverés plus por no loi vergongier. [sien[s] , — Biaus sire Aiols de Franche, » dist li rois Grâ- ce Nel laisiés japor moi : je vous endoingeongié. » Et respondi Aiol[s] : « Grant merchi en aies ! « D'un de ses anemis voil Dameldé vengier. » ioio5 II a traite Tespee, tolu li a le cief, 10098 Teruagant — ioioo vo loi 296 AIOL Devant le roi l'abat a tout l'elme vergié : « Signor, » che dist li rois, « c'est caup de chevalier. Molt a chi boin preudome por félon kastoier. » \(f- 167) Puis aquellirent ciaus qui trop ont encaucié. 1 o 1 1 0 Qui dont veist Aiol par desor tous aidier, A destre et a senestre les riches rens cerkier ! Par desor Ploiigant tient nu le branc d'acier; Celé part u il torne, fait les rens clarier; Cui il consieut a cop n'a de mire mestier. 101 15 Paien tornent en fuie, li quiver losengier. CCLXVI Paien tornent en fuie, la pute gent dervee. Signor, n'est pas mençoinge, ains est vertes provee, Ba(tai) taille mal furnie ne peut avoir durée. Cil les vont encauchant al trencant de l'espee. 10120 Une lieue pleniere de randon les menèrent, Aine n'i ot caup féru ne joste demandée. Aiol[s] point Ploigant a la sele dorée : S'a trové un espiel a l'ensenge fressee, De son ceval s'abaise, s'a l'ensenge combree ; 10 125 Le fort escu enbrache par l'enarme doublée, Vait ferir Estorgant sor la targe liujistee : Desor la boucle d'or li a frainte et quassee, Et la bronge del dos desmaillie et fausee; Par mi outre le cors si a l'anste passée, 101 3o Tant com hanste li dure, l'abat mort en la pree. Li baron de Venisse si près d'eus s'aresterent, Que dedens Salenike communalment entrèrent. Ceus que trevent dedens ont les testes copees : Qui en Dieu ne vaut croire molt ot dure saudee. ioi35 Issi fu par Aiol la chité conquestee Et del roi Florien la guère definee. Li fors roi Grasiens vait saisir la contrée : Tant furent grans les os c'amaine l'enperere Nus n'i met contredit n'ait la teste copee. 10 140 Molt s'est de celé gent baptisie et levée; AIOL 297 Les dames de la tere se sont crestiennees. Et li rois Grasiens a la chiere menbree Les a as gentiex homes de sa tere donees : Par celés ert la tere de crestiens puplee. (b) 10145 La fille Florient fu Aiol présentée, N'ot plus bêle pucele dusqu'en la mer betee : « Biaus sire Aiol[s] de Franche, » chou a dit Fen- [pereres, « S'il vous vient a talent, foi que je doi mon père, « Cesti vous doing a feme et toute la contrée [tee. 101 5o « Que nous avons par forche vers les Turs conques- — Sire, » che dist Aiol[s], « ne plachea Dieu le père « Que jou ja prenge feme tant com j'aife] durée, « Tant com j'aie la moie de la cartre jetée, « Que d'eure beneoit[e] eue a feme espossee : 101 55 « Ele est a Panpelune, en la cartre son père, « Illeuc le tient Makaires li traitres, li leres. « CIFest li hon que plus hec qui onc fu nés de merc; « Car .11. fieus me noia de ma feme espousee a Dedens Faigue del Rosne devant une ajornee : 10160 « Dieus me doinst tel vengance com j'aie désirée! » Quant l'entendi Teris, s'a le teste levée, Cil gardoit les enfans et Aie la senee : Mais il ne vaut plus dire ileuc de sa pensée. Quant il orent la tere vraiement asenee; 1 01 65 Les casteus et les marches toutes aseurees, Et il ot de sa gent la terre bien puplee, Dessi a Tornebrie n'i ot resne tirée : Sa gent done congiet, si vont en lor contrée. Toute la cort le roi est vers Aiol tornee; 10170 Por la bonté de lui fu toute aseuree; Puis fist mainte bataille al tranchant de l'espee: Ne sai que toute l'eure vos en fust ja contée. Or mais pores oir com si fil se proverent, 10174 Et Par quele manière s'acointierent al père. 10 143 Leus — 10154 Que dame — 10174 mainere 298 AIOL CGLXVII Aiols fu en la cort molt durement amés : Cascun jor voit ses riex, mais nés connut li ber. Puis ont il en la cort teus .v. ans conversé Que Tuns ne sot de l'autre son ceur ne son pensé. Quant Aiol[s] li cortois peut ses fieus encontrer, 10180 Plus de .vrr. fois les baise, les bouces et les nés: (c) Tous tans i trait del père li cuers et li pensés. Dame Aie la cortoise sot bien de vérité, Et Teri[s] de Lossane, li gentiex et li ber, Que che sont si enfant, mais n1en voilent parler, ioi85 Tant aiment les enfans avoec aus a garder. CCLXVIII Che fu a Pentecouste, [a] une feste haute, Terris ist del moustier et dame Aie la sage. Aiols l'en araisone, qui de parler se haste, En .1. consel l'apele en une croûte gaste : 10190 « Teris, » che dist Aiol[s], « molt estes preu et sage, a Car me cargiés vos fieus por Dieu l'esperitable. « Se il peuent tant vivre qu'il puisent porter armes, « Jou lor ferai porter bêles et convenables ; 1 01 94 « Jamais ne verés home plus volentiers le face. CCLXIX « Terris, » che dist Aiol[s], « je puis molt dolant [estre : « Dieus me dona deus fiex de ma mollier [la] bêle; « Makaires les noia, li quivers de put estre, « Dedens l'aiguë del Rosne, bien en sai lanovele. » Quant l'entendi Teri[s], si enbroncha la teste: 10200 « Biaus sire Aiol[s] de Franche, molt fu laide la Dame Aie la cortoise son signor en apele : [perte. » « Sire, merchi por Dieu, leglorieus celestre; « Ne li di pas encore que si fil doivent estre. « Jamais n'aroie joie en cest siècle terestre iû2o5 « Se les enfans perdoie, dont sui fors de ma tere. » CCLXX « Aiol, » che dist Terri[s], « molt son[t] bel mi « Ambedeus les leva li fors rois Grasians, [enfant : AIOL 299 a Si lor dona en liège .ri. fors chités vaillans, « Se il peuent tant vivre qu'il portent garniment, 10210 « Dont il poront mander .xxm. homes et cent. « Se del félon Makaire volés nul vengement, « Bien vous en aideront a lor esforchement. — E Dieus! » che dist Aiol[s], « se je vivoie tant, « Dont ne me cauroit il de cest jor en avant I02i5 « M'ame partist del cors, mais Dé(x) n'ifust perdant.» Atant en sont monté ens el palais plus grant; (d) Dont a parlé Terris hautement enoiant : « Sire, drois enpereres, entendes mon samblant. « Ambedoi vo filleu ja sont chou mi enfant ; 10220 « Vessi Aiol de Franche, le hardi combatant, « Qui andeus les me quiert orendroit maintenant, « Il les fera norir bel et cortoisement, « Tant qu'il poront porter armes et garniment, « Puis lor fera doner rices et avenant. » 10225 Quant l'entendi Aiol[s], si s'en dreche en estant, Si a parlé li ber si que on bien Tentent : « Por Dieu, drois enpereres, ne me soies nuisans. — Non serai, par ma foi, » dist Grasiens li frans. « Orendroit comman jou mes filleus maintenant, io23o « Qu'il vos servent très bien très cel jor en avant. » Et cil li respondirent : « Tout a vostre commant. » CCLXXI Or sont li fil Aiol andoi si escuier : Mervelles s'entramoient, durement s'orent chier. Encor(e) ne set Aiol[s] se nus l'en apartient. 10235 Bien furent li enfant andoi aparellié Et servent a la table le fort roi Grasien. Aiols les esgarda, si encline le cief, Tenrement a ploré li gentieu[s] chevaliers. Et quant le voit Terris, si l'en prist grans pitiés : 10240 Mais ne li ose pas descovrir volentiers Que fuissent si enfant: forment les avoit chiers, Et sa feme dame Aie l'en avoit castoié. 10221 le mes — 10242 dan aie 300 AIOL Aiols siet a la table dolans et enbronciés, Grasien[s] Pen apele par molt grans amistiés : 10245 « Biaus sire Aiol[s] de Franche, qui vos acorecié? « Ja n'(en) en si riche[s] hom(e) qu'il ait mais m'a- — Je le vous dirai ja, enperere al vis fier, [mistiet. « Vos en orés ja tant par le vertu del ciel, « Aine mais itant n'en dis a home desousiel. io25o « Rois, je sui né[s] de France, des vaillans et des « Et niés l'enpereor, Loeys le guerrier. [mieus, « Je sui fieus sa seror, dame Avisse al vis fier; [(/. 168) « Elies est mes pères, li viellars chevaliers, « Qui est dus de Borgonge et sire et justiciers. 10255 « Makaires de Losane, li quivers renoiés, « Me prist par traison sous Lengres el gravier, « Puis m'a tenu en cartre, bien a .v. ans entier[s]; « Mes oncles ne mes pères ne m'en porent sacier : « Tant par est fors Losane ne le porent brisier. 10260 « Dieus me dona .11. fieus de ma france mollier : « Makaires les noia li quivers losengier[s], « Puis me fist il sor sains jurer et fiancier « Ne diroie parolle dont il fust enpiriés; « J'amai tant Dameldé que ne li vauc brisier. 10265 « Très par mi l'ost mon oncle me mena il loié « Dusques a Panpelune al fort roi Mibrien « Entre moi et ma feme o le visage fier. « Or tient il en la cartre ma cortoise mollier : « Jamais voir n'avrai joie, se ne l'en puis sacier! 10270 — Amis, » che dist li rois, « or ne vos esmaiés, « Car de mainte grant guère sui je venu[s] a cief : « J'ai conquis maint roiaume al branc forbi d'achier; « Le millor, le plus riche vos en doin volentier : « Trestoute Salenique voil que de moi t(i)engiés 10275 « Et trestout le roialme qu'on en doit justicier, « Et demie Venisse vos doin ge volentiers : « De vostre bel service ares riche loier. io25i lespereor AIOL 3ûl « Si passerons la mer en cest esté plenier; « Serons a Panpelune sor le roi Mibrien : 10280 « Ne le gara chasteus ne chité ne plaisiés « Ne l'en traie par forche, cui qu'en doie anoier. « Si trairons de la cartre vostre france mollier : a Quant tant le par amés, ne le devés laisier. » Le cordeuan solier Aiol[s] l'en vaut baisier, 10285 Et li rois l'en redreche qui mervelles Tôt cier. CCLXXII « Sire, »chedist Aiol[s], « granttere me donés: « Demain Tirai saisir, se vos le commandés, « Si menrons avoec nous .xxm. homes armés. (p) « S'il a home en la tere qui en voille parler, 10290 « Gardés n'i mèche escange de la teste a coper. » Et respondi li rois : « Si com vous commandés. » Au matin par son l'aube furent bien adoubé. Li rois li a cargiés .xxm. homes armés : Aiol[s] en vait saisi (e)r sa tere et son resné, 10295 Et toute Salenique qui molt fait a loer. Un chastel prist par force, c'on desfendi assés : Geus qui le desfendirent fissent tout decoper. La conquist .1. eskiec qui molt fist a loer, .ir. des millors cevals c'on peust recovrer, io3oo.n. aubers et .11. elmes de grant nobilité, .11. escus et .ri. lances dont on doit bien joster, Et .11. riches espees u ot grant dignité, Nis li .mi. esperon furent de grant cierté. Ches adous a il puis ses .11. enfans donés : io3o5 Encor ne set il mie qui les a engenrés, Ne [ne set] des adous qu'eussent tel bonté : Car il ne les rendist por l'or de .x. chités. Che fu a une feste saint Johan en esté, C'Aiols fu de sa tere molt bien aseurés, ro3ioDe toute Salenike et de tout le resné. 10281 qui — 10294 tere deseurer — io3oo-i placés dans le ms. après le vers io3i5; cf. plus bas io328-33. 302 AIOL Il vait a Tornebrie Grasien merchier; Or vaura ses .n. fieus maintenant adouber. Encor(e) ne set il mie que tant les doit amer Jusque tant [que] li briés li sera demostrés io3i5 Que Tieris fist escrire por les enfans saver; Mais dont ert grant la joie et la nobileté. CCLXXIII Le jor de saint Johan,la festeque Dieus fist, Fist Aiol[s] chevalier[s] de ses anbedeus fis. Cier sont li garniment dont il sont revesti : io32o Mais millor[s] sont les armes qu'encor sont a venir. Tant sont bel li enfant, cortois et bien apris, Onques Dieus ne fist home nés deust cier tenir. Mieus resamblent le père que home qui soit vis. Forment les esgarderent li home del pais, (c) io325 Et dist li uns a Tautre coiement et seri : « Ch'est la plus grant mervelle qu(e)1 aine peust ave- « S'il onques apartinrent a lor père Tierri. » [nir CGLXXIV Aiols fait .11. aubers en la place aporter, Et .11. molt rices elmes qui molt sont a loer, io33o Et .ir. molt rices brans dont Tachir[s] reluist cier, .11. escus reluisant dont d^r sont li boucler ; Puis aportent .11. lanches c'on a fait bien planer. Les .ri. riches chevals qu1Aiols fist amener, Quant repaira de Tost u Grasiens li ber io335 Le fist d'un grant roialme signor aseurer, Les riches garnimens que la pot conquester, Fist il a ses enfans a icel jor doner. CCLXXV Li doi vaillant cheval furent en mi la place ; Les seles furent rices, ovrees a topasse, 10340 11 sont andoi couvert d'un molt rice diaspre : Il n'avoit en la tere plus isneus c'on i sache ; Li archon sont deseure a fin or et a safre : Dieus ne fist vavassor de si povre parage, S'il i estoit montés, aprestés de ses armes, AIOL 3o3 10345 Bien ne resamb[l]ast prince u duc u amuable. A ses .ir. fiex les donequi furent preu et sage. CGLXXVI Or furent li destrier des millor[s] del pais : Li valet i montèrent, qui sont preu et ardi, Es prés sor Tornebrie, qui vert sont et flori. io35o Lés aus chevauce Aiol[s] et lor maistre Terri[s], Et li rois Grasiens et si millor ami. En la quintaine fièrent li doi baron gentil Deus cos desmesurés, ains hon plus grant ne vit. Quant arier retornerent, passé[s] fu miedis, io355 Et montent les degrés el palais signori. Les tables furent mises, al mengier sont assis : Lés le roi Grasien sist Aiols li ardis, Tumas et Manesier[s] li doi baron gentil. Aiols les esgarda, a souspirer en prist : io36o Tenrement a ploré des biaus iex de son vis. (d) Teri[sJ le regarda, si tient le cief enclin, Bel et cortoisement a apeler l'en prist : « Biaus sire Aiols de France, por Dieu qui ne menti, « C'avés vos a plorer? por coi estes pensis? io365 — Je Tai assés u prendre, sire maistre Terri[s], « Par Dieu, quant me ramenbrede mesenfans petis, « Que Makaires noia, li quivers de pu[t] lin : « Autretel fuissent ore comme sont vostre fil. « Mais nel di pas por eus : Dieus vos en doinst joir ! 10370 « Jamais ne verés home qui les aint plus de mi. » Et quant Ta entendu li boins maistre Teri[s], Dont ne se tenist plus, qui li donast Pari (i) s, Que le voir ne Pen die, ne s'en peut mais tenir : « Bien vos est avenu, Aiols, » che dist Teri[s], 10375 « Par la foi que vous doi, que che sont vostre fil. « Je suis nés de Lossane et mi millor ami : « Je i ère manans quant li rois Loeys « Et Elies vos pères orent le mur assis ; « J'estoie soz le pont, car Dieus le m'ot tramis, 10379 sor 304 aiol io38o « Et pescoie a la lune, ne vos en quier mentir, « Quant Makaire[s] li fel, que Dieus puist maleir, « Les en geta en l'aiguë, qui les quida périr, « Et Damelde[x] de gloire qui les vaut garandir « Et jes pris ambedeus en ma nef por garir: io385 « Si vi(e)nc fors de la tere, [o] les enfans (en) fui. « Aiol, por vos enfans sui ge clamés katis « Et issus de ma terre et livré[s] a essil. « La grase Dameldé qui onques ne menti, « Tant avons les enfans alevés etnori[s], 10390 « Qu'il sont or chevalier aparant et furni. « Veés en chi les letres, les saieus etl'escrit. » Le brief traist de son sain et le roi le rendi, Et li rois le rendi son capelein Henri. Cil a froisiet la chire, si esgarde l'escrit, 10395 Le roi en apela, en plorant li a dit : « Sire drois enpereres, merveiles puis oir. (f. 1G9) « Cis hom est nés de Franche, niés le roi Loeys, « Et fieus al duc Elie qui preus est et ardis : a Ains de plus franc linage nus chevaliers n'issi; 10400 « Cil doi sont si enfant que vos avés nori; « Teri[s] par sa bonté les a de mort gari. » Et quant l'entent li rois, molt joians en devint : Molt en fu grant la joie el palais signori. Qui la veist baisier le père et les .11. fis; 10405 Et le roi Grasien et le maistre Teri, Et Aien la cortoise qui tant a cler le vis, Et la gentil roine o le cors signori, Et les frans chevaliers qui li orent servi ! CCLXXVII « Enfant, » che dist Aiol[s], « ja est prise vo 1 0410 « Et est a Panpelune en la prison son père, [mère « Illeuc le tient Makaires li traitres, li 1ère, « Ja le m'esteut laisier dolante et esgaree. — Sire, » che dist Tumas, « bataille en ert jostee. io3gi escris — 10408 franc viol 3o5 « Or prendés ceste gent que Dieu[s] vos a donee, 10415 « Et nous arons iceus de la vostre contrée : « La tere as Sarrasins en sera degastee. — Et jou irai o vous, signor, » dist l'enperere. « Je ne vous faurai ja tan[t] com j1aie durée. » 10419 Aiol[s] et si doi fil dusc'al pié Ten alerent. CCLXXVIII « Boin[s] rois, » che dist Aiol[s], a envers [moi entendes: « Boin consel vou[s] donrai, quantaidier nos volés. « Car prendés .1. message et si le trametés « Al boin roi Loeys qui molt est redoutés : « Se li die comment sui de mort escapés ; 10425 « A l'entrée d'aoust, ains c'on soie les blés, « Soit devant Panpelune ses esfors asamblés, « Et Elies mes pères, li vieus kenus barbés, « O sa gent de Borgonge pense tost de Pesrer : « Se Dieu plaist et saint Piere, la me pora trover, 10430 « Et moi et mes .ir. fîex que Jesu m'a savé, « Que Makaires cuida noier et esfondrer. « Et vos, boins rois meismes, vos volés onorer... (b) — Par mon cief, » dist li rois, « bien fait a creanter. « Qui cest consel refusse, bien doit estre blâmés. » 10435 Teris se dreche en pies, li gentieus et li ber; Il parla hautement, bien fait a escouter : « Biaus sire Aiol[s] de France, envers moi entendes. « Je ferai cest message volentiers et de gré. [parlé, — Par mon cief, » dist Aiols, « molt avés bien 10440 « Car li vostre services me vient forment a gré. « Se Damelde[x] me done ma grant guerre finer, « Tant vous donrai del mien ja n'en serés blâmés : « La chité de Lossane vos doing en ireté ; « Por chou vos doins la ville que vos i fustes nés. » 10445 Quant Tentendi Teris, al pié Ten est aies: Aiol[s] l'en redrecha li gentiex et li ber. Li boins rois Grasiens li a fait aprester Un molt riche dromont droit al port de la mer; 20 3o6 AIOL .xinr. chevaliers ardis et adurés, 10450 Sor lor iex de lor teste lor commande a garder. Assés lor fait avoir et baillier et doner. Li maronier sont sage qui les durent guier : Del port se dessevrerent, quant furent desancré, Et drechent sus les cingles, si prendenta esrer. 10455 Damelde[x] les conduist, si orent boin oré. Ne sai que vos deusse lor estoire aconter : Droitement a Saint Gille sont [ens] el avene entré. Quant il furent a tere poi i o[n]t sejorné, Et vinrent a Saint Gille al cors saint honoré. 10460 Quant ont fait lor prière, si s'en sont retorné, Et montèrent es seles des mules sejorné[s], Et trespassent Provence, n'i ont gaires esté; Il trespassent Alverne et Beri par delés, Et viennent a Orliens la mirable chité; 10465 La troverent Elie, le viel kenu barbé, Et la ducoisse Avisse al gent cors honoré, Et Terris li messages est el castel entrés : Ja dira teus parolles qui molt venront a gré. (c) Or ne demandées] mie s'il fu bien ostelés, 10470 Et il et tout li sien qu'il i ot amenés. Elies et sa feme se sient lés a lés, De joste la fouriere sor .1. tapi coré(s) : « Bêle seur, » dist Elie[s], « envers moi entendes. « Cui porons nous laisier no(u)s rices iretés? 10475 « Aiols no[s] fieus est mors et a sa fin aies : « Il ne fu jors piecha que n'en aie pensé. « Anuit songa[i] .1. songe dont molt sui esfraés : « Jo vi devers Espaigne venir tout abrivé « Un^e) estoire de gent richement conreé : 10480 « La ert mes fieus Aiols, li gentiex et li ber; « O lui avoit .11. fieus, si biaus com .1. jor cler. « Or me consaut icil qui en crois fu pené[s], « Moi samble adès del songe que che soit vérités. » 10463 Alverne] limbe — 10465 li v. aiol 307 Atant evous Terri, el palais est monté[s] : 10485 II fu lui quatorzisme de chevalier[s] menbrés. Gentement le salue, car bien fu doctrines : « Cil Damelde[x] de gloire, qui en crois fu penés, « Il saut le duc Elie et son riche barné « De par son fil Aiol qui molt est oubliés! » 10490 Quant l'entendi Elies, s'est contremont levés : Il par a si grant joie, quant d1Aiol ot parler Qu'il ne desist .1. mot por l'or de .x. chités Si fust très bien .1. hom(e) .1. grant arpent aies. Et quant il pot parller, si s'est haut escriés : 10495 « Amis, sire message, (bien) seurement venés : « Est encor(e) mes fiex vis que j'ai tant desiré(s) ? — Oil, par ma foi, sire, tous est plains de santé, « O le roi Grasien qui gentiex est et ber. « Il vous mande par moi que bien vos aprestés, io5oo « Et tout votre lingnage quanque poés mander, « Soies a Panpelune ains c'on soie les blés. « Makaires li traitres qui de vos fu enblés, « Il est a Panpelune la mirable chité : « La a Dieu renoié, a Mahom s'est tornés ; (d) io5o5 « Illeuc tient Mirabel li traitres provés : « Aiols le vaura fors de la cartre jeter. — E Dieus! » che dist Elies, « tu soies aourés! « Se je mon fil avoie, que tant ai désiré, « Onques Dieus ne fist home qui me peust grever! » io5io Et Avisse sa mère prist Dieu a reclamer : « Sainte Marie dame, mon enfant me rendes ! » Terris l'en apela par molt grans amistés : « Sire dus de boin aire, envers moi entendes : « Je vous dirai tel joie dont vos mot ne savés. 1 o5 1 5 « Quant Makaires li fel, cui Dieus puist mal doner, « Ti(e)nt vo fil en Lossane en sa cartre seré, « Dieus li dona .u. fieus de sa feme al vis cler. « Makaires li quiver[s] ne le[s] pot aine amer, 10485 .xmi.isme. — io5i5 qui 3o8 AIOL « Ains les prist li traitres .1. poi ains l'ajorner, io52o « Ens en l'aiguë de Rosne les vint li fel jeter : « La les quida noier et a la mort livrer. « J'estoie sous le pont, car Dieus m1! ot mené, « Et pescoie a la lune coiement a celé, « Quant jou vie les enfans ens en l'aiguë floter ; io525 « D'eus mi aprocha[i] tant ques gari en ma nef, a Puis mis jou tous mes dras por eus envoleper. « Et dame Aie ma feme o le viaire cler « Del lait de ses mameles les alaita assés. « Puis issi delà vile coiement a celé (es). io53o « Molt doutâmes Makaire le quiver parjuré; « Tant nagai par le Rosne que je vinc en la mer. « Dieu[s] nous mena molt bien par la soie bonté « Tout droit a Tornebrie la mirable chité. « La trovai Gratien, le fort roi coroné, io535 « Et cil fist les enfants baptisier et lever, « Puis les fist bien norir a joie et a bonté. « Après par aventure i fu vo[s] fiex mené[s] : « .un. laron l'avoient a Panpelune enblé, « U Makaires l'avoit mis et enprisoné, 10540 « Qui Dieu a renoié, (et) a Mahon [s'est] xomé.ff. 170) « Jamais tele aventure n'ora nus hon conter : « Puis que rois Grasiens ot Aiol acaté, « Furent il en la cort teus .v. ans tous passés, « Que l'uns ne sot de l'autre son ceur ne son pensé. 10545 « La merchi Dameldé qui en crois fu penés, « Tant avons les enfans noris et alevés « A ceste Pentecoute les avons adoubés « Li fors rois Grasien[s] et Aiol[s] li sénés; « N'a plus biaus chevaliers dessi en Duresté. io55o « Il ne vos virent onques, mais il vos ont mandé « Que secorés lor mère se de riens les amés. — Sainte Marie dame, » (che) dist Elie li ber, « Chou est la riens el mont que j'ai plus dessiré. io520 En el aiguë — 10324 el laigue aiol 309 « Or m'esteut Loeys mon signor demander, io555 « Qu'il son neveu secore, s'il veut avoir son gré. — Gentiex hon, » dist Avisse, « por Dieu or en pen- — Jamais n'ere [jou] liés, s'en ère aseurés. » [ses Li frans dus de boin aire fait .1. brief saieler, Droitement a Paris fait .1. mesage aler, io56o Et mande Loeys, u se peut miex fier, Que son neveu secore por Dieu de majesté; Se il onques Tôt chier, or nel doit oublier. Droitement a Paris a Loeys trové, De par le duc Elie l'a premiers salué. io565 II li done les letres et le brief saielé : Son capelain les livre, la chire fait froer; Li rois seut la novele, s'a grant joie mené. « E Dieus! » che dist li rois, « tu soies aorés! « Car c'est li hon en tere que je doi plus amer. » 10570 Li rois a fait les briés, les cartres saieler, De par toute sa tere fait ses barons mander : Tant furent grant les os, aine hon nés pot esmer. De la menue gent n'i laisa point aler, Car il vaut le secor[s] molt durement aster. 10575 Quant li rois ot sa gent toute faite amaser, Durement vers Espaigne ont lor cemin torné. (b) Del boin roi Loeys vos lairai chi ester, Et del viellart Elie, de son riche barné; Son esfors et sa gent en aconduit li ber. io58o De Grasien(s) dirons et d'Aiol le séné, Qui de toute Venisse fait ses barons mander Et droit de Salenique la mirable chité, Et de toutes les teres qu'il orent a garder. As prés de Tornebrie font les os ajoster, io585 De par tout le rivage le (s) navie aprester Et porter le viande et l'aiguë douche et cler, Dont il poront .v. ans el resne converser. Li maronier sont sage de lor gent a guier, 10575 toute faire — 10587 poroit 3 10 AIOL Il drecierent les voiles, si se prendent en mer, 10590 Et furent bien .cm. es barges et es nés, En dromont et en nepes et en escois ferés. Ains mes tel ost ne vit nus hom de mère né[s]. Très puis c'a l'ost de France ne se sont aresté. Molt sera faus Makaires, li traitres provés, io5g5 Se il tant les atent qu'il soient assamblé. Ne sai que vous deusse lor estoire aconter, Ne combien il esturent el palagre de mer: Droit a Saint Nicolai dont vos oi avés, Celui c'on dist a Bar, sont .1. main arivé; 10600 Tout droit a Panpelune ne finent de l'esrer. Quant vinrent en Espaigne, en la terre as Escler[s], Corent par le contrée, s'ont le pais gasté. Li fors roi Mibriens en a oi parler, Et li quivers Makaires, cui Dieus(t) puist mal do- io6o5 Et mandèrent lor gent par trestout le resné : [ner, Bataille vauront faire a .1. jor denomé. CCLXXIX Molt par sont grans les os de par toute la terre, Il gastent le pais, essillent et deser[t]ent. Makaires li traitre Mibrien en apele : [perte : 10610 « Par foi, » che dist Makaires, « trop i faites grant « Ce est Aiols [li ber] qui vos fait ceste guerre. « Et tout por sa mollier que vous tenés en sere; (c) « Ne volt en Mahon croire, tant est foie et quiverte: « Je te tieng molt a fel, quant ne li taus la teste! » io6i5 Et respont Mibriens : « Issi doit il bien estre. » Il a traite Tespee al tranchant alemele : Isnelement en vient en la cartre sous tere, Et vint a Mirabel, ja li tolist la teste, Quant paien li escrient : « Tolés ! sire, ne faites ! 10620 « Volés porestrainge home vostre fille desfaire? — Sire, » dist Mirabiaus, «chi a molt povre guerre.» io5r)i escoufres feres — 10602 gasse — 10604 °iue ~ 10607 furent grant — 10621 mirabel AIOL 3 I I Entr'eus en ont parlé icele gent averse. Et dist li uns a Pautre : « Grant honte avons soferte : « Maleois soit Makaires qui traison vieut faire! 10625 « Car pleust Mahomet qui le siècle governe « Que la fors le tenist Aiol[s] a ses herberges : « Nous savons bien de voir qu'il li toroit la teste, « Les gens qui sont la fors riroient en lor tere. » CCLXXX Molt par sont grans les os de toutes les contrées io63oC'Aiols et si enfant i orent amenées, Et corent par la tere, si l'ont arse et gastee : N'i remaint bourc ne vile qui ne soit désertée. Makaires li traîtres, qui molt fu fel et leres, En apela le roi a la chiere menbree : io635 « Entendes envers moi, sire drois enpereres; « Iert ensi vostre tere essilie et gastee, « C'on n'i fâche bataille et forte et aduree ? » Et respondi li rois : « Ensi com vos agrée. » Il sonent .mi. cor[s], et lor gent est armée, 10640 Et issent par les portes qu'il orent desfremees. Li baron de Venisse ricement s1adouberent : Ancui ert la bataille durement ajostee. As premiers cos ferir i ot molt grant huée, La ot mainte anste frainte, mainte teste copee. 10645 Tumas et Manesier[s] aiment molt la melee Et vont par mi les rens, cascuns traite Pespee : Cui consievent a cop molt a corte durée. Aiols li fieus Elie une lance a covree. (d) Qui dont veist ensamble les .11. fiex et le père, io65o Qui desronpent les rens de celé gent dervee! Or se gart bien Makaires qu'il n'aut celé contrée : Ce est la gent el monde qui onques plus le heent. Aiols point Ploigant a la sele dorée, Vait ferir Hercenfroi sor la targe dorée, io655 Desor la boucle d'or li a frainte et froee, 10624 Maleoit — 10627 tora — 10629 grant — io632 désirée — io65i nait — io652 laheent 3 I 2 AIOL Par mi outre le cors li a Tanste passée : Tant com ele li dure, l'abat mort en la pree. Cil ot Dieu renoié, or en a sa saudee. Or a mains li traitres des gens de sa contrée. 10660 Et Mibriens en maine sa gent desbaretee; Quant il furent dedens, la porte refremerent, Et montèrent as murs, que forment se doutèrent, Li baron les asaillent, durement se penerent. Et Loeys chevalche s'oriflamble levée, io665 Les grans mons et les teres a grant force passèrent, Et quant il furent outre, .ni. jors se reposserent; Car forment estoit l'os travellie et penee. Tout droit a Panpelune ont lor voie aprestee, 10669 Elies les conduist a la berbe mellee. CCLXXXI Or chevalcent ensamble li nobile baron, Et vont vers Panpelune, si ont passé le mont. Tant chevalcent ensamble et par nuit et par jor, Que de Post Grasien virent les confanons, Les très et les aucupes et les pumiaus en son. 10675 Dist l'uns François a l'autre: « Signor, que[l] le fê- te Veés la l'ost Mibrien le Sarrasin fellon. [rons? « Saciés qu'il nous demaine par grant subicion : « Il a molt plus grant ost certes que nous n'a von. « Dieus! u est ore Aiol[s], père de tout le mont, 10680 « Que chi deviens trover? Je cuic menti nos ont « Li mesagier qui vinrent en Franche l'autre jor. « Aies vous adouber, autre pais n'en feron : a Puis si lor corons sus, les encrieme[s] felon[s] .» Et il si fissent sempre par forche et par vigor. (/. 171) io685 E Dieus! c'or nel conoisent, biaus père glorious! Com envis s'aprestaisent d'à eus mouvoir tençon! Tumas et Manesier[s] reprisent lor adous, Li baron de Venisse s'armèrent par vigor; Quant il furent armé, si montent par fieror. 10690 Tumas et Manesier[s] furent el premier front; Ja fuisent asamblé, si fust grant la dolour. AIOL 3 I 3 Car il quidoient bien ne fussent pas des lour. Quant Aiols li cortois a veus les pingons, Les gentis connissances des rices poingeors, 10695 Etconist l'oriflame de la terre Francor, Molt durement s'escrie a une vois autor : « Baron, por Dieu merchi, le nostre creator! « Cis baron sont de Franche de la terre maior, « Qui nous vienent aidier a force et a vigor. 10700 « C'est Elies mes pères a la clere fachon, « Et Loeys mes oncle[s], li fieus al roi Charlon : « Mais alons encontre aus a joie et a baudor, « Et si lor faisons joie de quanque nous poons ! » Partant evous Elie poignant a esperon, 10705 Par desor Marchegai qui li cort de randon, Et coisi Manesier et Tumas le baron U venoient devant le trait a .1. boujon; Le duc Bevon sans barbe en a mis a raison : « Dites, frans chevaliers, cis dui vasal qui sont? 107 10 « Molt sont bel chevalier de cors et de fachon, « Mon fil Aiol resamblent plus que nul hom[e] (d)el « Ausi fais ert il ja quant jel nori garchon. [mont. — Sire, » che dist Tumas, « resambler le devons : « Li ber nous engenra quant il jut en prison, 10715 « A Losane en la cartre Makaire le félon. » Quant l'entendi Elies, tel joie n'ot nus hom; Puis que Dieus herberga saint Pierre en pré Noiron N'oistes mais tel joie en fable n'en canchon Com li baron demaine a l'asambler cel jor. 10720 A rencontrer ensamble molt très grant joie font: (b) Qui la veist baisier Loeys et Aiol, Tumas et Manesier les nobiles barons! Il vont baisier Elie lor signor, lor taion, Et puis roi Loeys, et grant joie li font : 10725 « Signor, » dist Loeys, « entendes ma raison : « Car asalons la ville entor et environ. » io6y3 pongons — 10695 oriblame — 10701 mon onc. 3 14 AIOL Et cil li respondirent : « Vostre plaisir feron. » Il se corent armer, si prendent lor adous. Aine mais de si si grant guerre n'oi parle[r] nus hon. ioy3o En .xxmr. pars les asaillent le jor : Cil dedens se desfendent qui grant mestier en ont. Makaires de Lossane fu plains de marison ; U que il voit le roi, si Ta mis a raison : « Issons contre les lor lachiés les gonfanons. » 10735 Et respondii) Mibriens: « Vostre commant ferons ! » La dedens s'adoubèrent li encrieme félon. Par la porte s'en issent dolant et courechous, Et Franchois les requièrent, li nobile baron. CCLXXXI I Les batailles sont grandes, li estor communal : 10740 Sarrasin lés la porte lor livrèrent estai, Et François les requièrent qui nés amerentpas. Tumas point leceval qui molt tost le porta, Et vait ferir Anchier qui Jesurenoia, Desor la boucle a or son espiel li passa, 10745 Et l'auberc de son dos desronpi et faussa, Par mi outre le cors fer et fust li passa, Tant com anste li dure, l'abat mort del cheval. Et quant le voit Makaires, a poi ne forsena, Il broche le destrier, si va ferir Tumas : 10750 Li escu fu tant fors onques ne l'enpira, Et cil refu tant ber, aine estrier ne vuida, Ains referi Makaire a guise de vasal Que Tespiel li conduit par mi outre les bras : Par tere lesovine, et li glousse pasma. 10755 Ja Teust retenu, que plus ne s^targast, Quant li rois le secort al pooir que il a ; (c) Et Sarrasin i vienent irié comme lupart : A plus de .xv. lances ferirent sor Tumas; Et li ber traist Tespee o le puin de cristal : 10760 Cui il consieut a cop aine puis ne demanda 10737 dolans — 10753 conduic p. m. o. I. baas — 10756 Que — 107Ô0 Qui aiol 3 1 5 Mire por lui garir, car nul mestier n'en a. Atant es Manesier sor .r. corant cheval : Voit son frère en la presse, forment s'en aira; Escrie Aiol son père, de riens ne se targa : 10765 « Sire, car secoures vostre chier fil Tumas! « Se tu pers ton enfant, grant damage i aras! » Loeys et Aiol[s] vont poignant celé part, <£t li rois Grasiens qui les enfans ama Et Teri[s] li boins maistre qui tant bien les garda, 10770 Li dus Beuves sans barbe, Engerans et Gerars, .lx. chevalier secorurent Tumas. Li ber al branc d'achier lor avoit fait tel parc Comme fait li sengler[s] qui as ciens se combat : Bien i pert que preudom(e) al besoing s^i) aresta. 10775 Et Manesiers i vient iriés comme lupars : Le ceval point et broche, qui molt tost le porta : Vait ferir Estorgant sor Tescu a esmail, Icil portoit Tensenge Mibrien le vasal, Que de toutes ses armes point de garant nen a : 10780 Par mi outre le cors fer et fust li passa, Tant com anste li dure, l'abat mort del ceval. Puis a traite l'espee et l'escu enbracha : Cui il consieut a cop de mort garant nen a. Qui veistles .11. frères vers la gent desloial, 10785 Comment il lor detranchent les costés et les bras ! Onques Dieus ne fist home lor cos ne reJoutast. « E Dieus! » dist Loeys, « com fais barons chi a! « Beneoit[e] soit la mère qui tés enfans porta ! « Bien doit amer celui qui de mort les jeta. » 10790 Makaires torne en fuie, demorer n'i ossa. CCLXXX III Molt lu grant la bataille et felenesse etpesme : François i font grant joie, et Sarrasin i perdent, (d) Manesier[s] point et broche tout le pendant d'un Et vait ferir Durant sor la targe novelle : [tertre 10795 Desor la boucle a or li fraint et esquartele, J0770 beuon s. b. engerant et gerart — ic>775 1upart— 10781 dura 3 I 6 AIOL Et Tauberc de son dos li desmaille et desere. Par mi outre le cors li mist Tanste novele, Tantcom ele li dure, l'abat mort a la tere; Ç'ert uns des drus Makaire, de celé pute jeste. 10800 Et Tumas laisse core le destrier de Castele, Vait ferir Mibrien sor la targe novele, Desor la boucle a or al brun espiel li perce, Que Taubers de son dos n'i vaut une cenele, Que Tespiel ne conduie selonc le flanc senestre, io8o5 Tant com hanste li dure, Pabati a la tere; Puis a traite Tespee al tranchant alemele, Par molt grant marnaient desor le roi s'areste: Por le mien ensiant ja en presist la teste, Quant li rois li escrie, a sa vois haute et bêle : 108 10 « Amis! merchi te proi, pour le tien Dieu celestre. « Enfes, tu es mes niés, point n'i dois mavaisestre: « Par moi avras ta mère de la cartre sous tere ! » Et respondi Tumas : « Issi doit il bien estre. » Contre cheval Ten meine par le nasal a destre, 1080 Sel rendi Grasien qui Venisse gouverne. Et li roi Grasiens de nient ne s'areste : Ains vint a Loeys, molt douchement Tapele : « Sire drois enpereres, finee est nostre guerre ; « Car li rois est prison qui tenoit ceste terre : 10820 « Tumas li fil[s] Aiol l'a conquis en la presse. « Onques millor enfant ne montèrent en sele, « Com sont li dui vasal cuiproechegoverne. [estre!» — Por Dieu, » dist Loeys, « mi neveu doivent Et Makaires s'en torne, s'a guerpie la presse; 10825 .m. Sarrasin l'en mainent qui volentiers le servent, Par les portes entrèrent qui lor furent overtes. Qui dont veist le deul de celé gent averse! Regretent Mibrien qui fu preus en la guère. (/. 172) « Ahi! tantmarifustes, biaussire, « dist Makaire[s], io83o « Comparestiés[ber], frans chevalier[s] honeste[s]! » io8o3 aubère — 10804 conduist — 10822 qui — io83o franc AIOL 3 1 7 .lx. Sarrasin le traitor apelent : « E sire! car laisiés le grant deul que vos faites : « De vous feromes roi et signor de la terre : « Une corone d'or en avrés sor vo teste, io835 « Si tenrés Panpelune et Tolete et Luiserne « Et toute la contrée que Mibriens governe. » Et respondi Makaires : « Issi le devés faire. » Il fait mander les mires en la sale plus bêle, Por resanerses plaies, car enpiriés quide estre. 10840 Li mire furent sage, des millor[s] de la tere, En .111. jors le respassent, mais ne dura puis gaires La joie de Makaire, car la mort li apresse. CCLXXXIV Makaires fu la sus en la sale perine. Oies de Floquipasse, com est preus et nobile : 10845 Un consel en vait prendre entre lui et Propisse, Car Dieus les aspira, li fiex sainte Marie. Il croient bien en Dieu, ne l'oblierent mie : Si orent .mi. prestres de la tere saintisme. Mirabel ont jeté de la cartre perine, io85o Et ont fait une croûte desous terre vautie : Illeuc le font garder par molt grant signorie, Cascun jor peut oir et messes et matines : N'a garde de Makaire, il nel trovera mie. L'endemain al jor cler par son l'aube esclairie io855 S'adoubèrent les os de Franche le nobile : De .xxinr. pars ont la vile asaillie. Li mineor sont sage qui desous terre mine[nt] : Il esfondrent le mur et la dedens se missent, Que plus de .xxx. toises tout ensamble cairent. 10860 Franc(hois) et Venissien molt durement s'escrient : « Baron, or del bien faire, el non sainte Marie! « Paien tornent en fuie, la bataille ont guerpie, Jusc'a la maistre tor ont lor voie aquellie : Che lor vaut molt petit, que fort fu asaillie. {b) io865 Makaire[s] li quivers. cui li cors Dieu maudie, io8G5 qui 3 I 8 AIOL Il rfi vint pas a tans, car François le so[r]prisent. Manesier[s] laise core le destrier a délivre, Et vait ferirBoidin sor la targe florie; Desor la boucle a or li a fraite et croisie, 10870 Li aubers de son dos ne li vaut une aillie : Mort l'abat del destrier ; li ber Aiol[sJ escrie : « Dieu[s] me gart mes enfans, molt aim lor compai- Evous par mi la presse le boin viellart Elie : [gnie ! » Il broche Marchegai qui li cort a délivre, io8-5 Et vait ferir Makaire sor la targe florie Si bien refiert le duc, sor Tevre vernissie, Desor la boucle a or l[i] a frainte et brisie Et la bronge del dos desroute et desartie : Par mi le flanc senestre et fer et fust li guie. 10880 Elies fu navrés, mes il ne kai mie, Ains refiert le gloton par grant ire aatie, Que il l'a abatu del destrier de Hungrie. Et Aiol[s] s'escria : « Monjoie! Dieus aie! » Tumas et Manesier[s] en entendent Toie, io885 Cascuns point le destrier, tient l'espee sachie, Voient le sanc couler del cors al duc Elie : Se il deul en demainent nen vos mervelliés mie. « Enfant,« che dist Elies, « par le cors saint Denise! « Je sui un poi navrés, la plaie ert bien garie : 10890 « Vés chi le traitor, que le cors Dieu maudieî « Se il or vous escape, jel tieng a couardie. [vie! » — Par mon cief, » dist Aiol[s], « molt iert coite sa CCLXXXV Makaires li traitres fu devant eus en pies, Et tient traite l'espee dont li branc fu d'acier: 10895 Richement se desfent, il en a grant mestier. Et François le requièrent, qui sont boin chevalier: De toute pars Tasaillent Tumas et Manesier[s], Et Aiol[s] lor chiers pères et Elie li fiers, Et Loeys de Franche et li rois Grasiens, 10870 aubère — 10878 desronte aiol 3 1 g 10900 De toutes pars le prisent, les puins li ont loiés; (c) Par defors la chité le menèrent a pie : Maintenant le desarment, ne s'en voilent targier. Les menbres li ont fait maintenant atacier A .nu. fors coroies por son cors essilier, 10905 Et puis molt tost as keues de .mr. fors destriers Tout le fissent desrompre : ensi s'en sont vengiés. Puis prissent Panpelune les murs et les terriés : Cil dedens qui se voillent lever et baptisier Ne perdirent del lor valissant .111(1). déniés; 109 10 Qui en Dieu ne vaut croire molt tost fu esilliés. CCLXXXVI Très puis que Panpelune la fors cité fu prisse, Issent fors de [la] cartre Floquipasse et Propise[s] : Mirabel amenèrent de la croûte vautie. Quant il vinrent es rues, molt durement s'escrient: 10915 « U es aies, Aiol de Franche la garnie? « Vessi vostre mollier Mirabel la nobile: « Bien l'avomes gardée et par grant signorie. » Quant l'entendi Aiol[s], s'a le rené guenchie: Cestoit la riens el mont qu'il onques plus désire. 10920 II dessendi a piet, par la main Ta saisie : « Dame, fille de roi, molt vos laisai marie. » Atant evous Tumas et Manesier meisme. U qu'il voient lor père, fièrement li escrient : « Sire, qu'est ceste dame que vous avés conquisse? 10925 — Enfant, chou est vo mère, onques mais nel [veistes. » (d) Quant li vale(n)t l'entendent, durement s'esjoissent. « Sire, »dist Mirabiaus, « ce que est que vous dites? « Mi fil furent noie a doel et a martire. — Dame,» che dist Aiol[s], « se Dieu[s] me beneie, 10930 « Uns frans non les gari, qui fu preus et nobile: « Il n'a teus chevaliers jusc'as pors de Hungrie. 10900 Miniature avec cette rubrique : Ch'est chi ensi c'on fait justiche de Makaire. — 10903 esracier — 10927 mirabel 320 AIOL « Dame, » che dist Aiol(s], « nel me celés vos mie, « Dont n'esse [pas] vostre oste Floquipasse et Pro- [pisse[s]? « Che sont li home el monde u plus a félonie. 10935 — Sire, » che dist la dame, « se Dieu[s] me beneie, « Che sont il voirement, mais de mort m'ont garie. « Por eus puis bien porter, s1il vous plaist, un juisse : « Onques millor[s] convers de vos ieus neveistes. « Faites les baptisier, crestienté désirent. 10940 — Volentiers, » dist Aiol[s], « se Dieus me beneie ! » Il les fait baptisier par molt grant signorie : L'un apellent Aiol, l'autres ot non Elie. Il sont venu as loges et as tentes de Sire ; Celé nuit ont mangié par molt grant signorie. 10945 En après le souper li senescaus s'escrie : « Aies a vos osteus, fran chevalier nobile. » Li baron s'en repairent en lor tentes porprine[s] : En mi le tref Aiol .1. molt riche lit fissent, La se coucha Aiol[s] lés Mirabel s'amie. 10950 Ele apela Aiol par molt grant signorie : « Sire, vous fustes fors de la cartre perine, « Et Dieus vous en geta, li fiex sainte Marie. « Vous avés or, je quic, autre feme reprisse, « U vous avés piecha faite novele amie. 10955 — Bêle, » che dist Aiol[s], « vous parlés de folie. « Je vous plevis par foi et jur(e) sainte Marie, « Puis que parti de vous, n'oc feme a compaignie.» Maintenant se li a li ber sa foi plevie : Ele ne le vaut prendre tant par fu bien aprisse. 10960 Celé nuit voirement a joie s'esbanissent : (/. 173) S'il font ju de cortine ne vos mervelliés mie, Dusc'al demain al jor que l'aube est esclairie, Que li baron se lievent et Pos est esbaudie. Del fort roi Mibrien vos conterai la vie : 10965 II sefist baptisier el non sainte Marie, 10937 uni vo — 10957 a feme noc comp. AIOL 321 Son non li gardent bien, nel remuèrent mie; Pui crei bien en Dieu, en lui de tout se fie : Si tient toute sa tere del roi de Saint Denise. A icele parolle les os se départirent ; 10970 Li fors rois Grasien[s] s'en va a Tornebrie, Et li rois Loeys en Franche le garnie, Tumas et Manesier[s] s'en revont a Venisse, En Borgonge s'en va li riche[s] dus Elie, Ensamble o lui Aiol le chevalier nobile; 10975 S'en mainent Mirabel a molt grant chevalcie. De Mibrien se partent : quant a lui congié prisent, Li rois baisa Aiol et Mirabel s'amie, Si les commande a Dieu, le fil sainte Marie. Cil sire vous consaut qui tout le mont justiche ! 10980 Ceus qui m'ont escuté lor pri jou qu'il n'oblient. Et del romans Aiol est la rime finie : Dieus nous consaut trestous, qui tout a en bai'lie. Amen! Amen! après cascun[s] de vous en die! 10976 consel pr. — 10982 trestout 21 GLOSSAIRE A 4686, avec. Aaisier6i2, mettre à l'aise; réfl. 40JÎ9, avoir son content. Aatir 632, etc., presser. Abaissier, — de l'avoir 7066, appauvrir; réfl. io5i, des- cendre. Abandonneement 7599, 8444, avec rapidité. Abat vens 4895, abat-vent [des clochers], La leçon du ms. porte avant vens, qui aurait pu être maintenu ; cf. Littré. sous Auvent. Abateis 4918. Abevré 997, abreuvé; 1 02 1 , plein de vin. Abitacle 52, 86, etc. Abosmé 1094, 5146, etc., plon- gé dans la douleur. Abrivé 689, ioo5, etc., rapide, épith. de cheval; 7448, 10478, epith. de personne. Acaroier 3 692, charrier. Acer in 586b , [épée] d' 'acier ; acherin 5823. Acertes 6496, etc., certainement. Achesmer, acesmer, acemer, i2o5, etc., arranger, équiper. Acliner, neut. 363, 38o, etc., s'incliner. Acointier io3, etc., aller trouver; réfl. 6804, s'entrechoquer. Acoler 1607, donner l'accolade, embrasser. Aconduire 10570. Aconsuivre 767 3". Aconter i665, énumérer; '55y'i, etc., raconter. Acordanche 2806, 3353, etc. Acourcier 3oôi, raccourcir. Acraventer 299, etc., abattre. Acroire 3718, 38n, prendre à crédit. Acueillir 6744, etc., rassembler, poursuivre; réfl. 201 1, 6io5, s'avancer. Acusser 358i, mettre dans son tort (?). Adamer 289 vaincre. Adampner 2547, damner. Ademetre 4998, etc., lancer avec impétuosité. Adès, tout — 6 141, complète- ment. Adeser 5455, etc., toucher. Adetrencier 4675, tuer. Adevaler 1297, etc., descendre. Adevenir 653, arriver. Adolé 1270, triste. Adouber, adober, 1680, etc., équiper un chevalier; byby, estre adoubé [d'un cheval]. Adous 181, etc., armes défen- sives. Adrechier boj6,etc.,se diriger. 324 AIOL Adurés g83, etc., endurci, vail- lant. Aé 144, etc., âge; i53, etc., existence; auplur. 1756, m. s. Afaire 1761, ce qui intéresse quelqu'un. Afebloié n37, etc., affaibli. Afeutré 4091, etc., couvert de feutre. Anchier, ré/7. 638, 670, s'affer- mir. Afier 2822, etc., promettre, en- gager [au sens de convenir]. Attoré, aflouré 9822, etc., à fleurs. AFoler i5i,682, 691, etc., faire un mauvais parti [à quelqu'un], malmener. Afubler 1473, revêtir. Agait 2352, etc., embuscade. Agarder 5588, regarder. Agrever 288, faire tort, mal à. Anan 8140, peine. Aharneskier 8667, harnacher, apprêter. Ahastir , 58o , entreprendre , mettre en train; voy. Aatir. Aiant 64, 452, sorte de serpent (f), dragon (?); aieil 63; cf. Aiant (nom prop.) 2433. Il faut pro- bablement voir dans ce mot un dérivé cfanguis devenu aguis. Aidable 9076. Aidier; subj. prés, ait 47, etc., aiue 4994. Aie 201, 3 5o 5, etc., aide. Aieil, voy. Aiant. Aiguë 368, 404, etc., eau. Aillie 9540, etc., gousse d'ail, au sens de peu de chose; voy. Paresis. Aine 20, 32, etc., jamais. Ains 552, avant; 92, etc., mais. Air 863, etc., impétuosité. Aire 11 04, ii5i, etc., race. Aire 1867, lieu planté d'arbres. D. C. Area 1. Airer, réf.. 665, etc., se mettre en colère. Aiue 1 538, etc., aide. Ajornee 783, journée. Ajoustee, bataille — 5o5, mêlée. Alemelle, msc. 106 16, 10806, épée. Alenee, grant — 703, en toute hâte. Aleoir 7726, 7880, etc., galerie. Aler; subj. prés, ailge 8960, ait 139, aut io65i, voise 2941, voist 126, etc. Almarie 4652, coffre [où l'on renfermait les armes}. Alve 3i32, côté de la selle. Ambes 5954, toutes deux. Amenistrer 141, prendre soin de [quelqu'un]. Amenuisies, siècles — 1717, génération rabougrie. Amesurer, réfl. 4322, se mesurer. Ami 2176, amant. Amont 52o, etc., en haut. Amonter 1 165, 3976 , augmenter , mettre en honneur; neut. — a 9254, appartenir à [quelqu'un]. Amor, fém. 2892. Amoré 4343, pointu. Amuable 10345, même mot que amurafles, amiral, etc., au sens de chef; cf. L. Gautier, gloss. de la Ch. de Roi. Anap 3690, etc., coupe. Anbler 1341, marcher. Anchiserie, d' — 21 5, de vieille notoriété. Andeus i5ig, etc., tous deux; andoi cas suj. Andoi, voy. Andeus. Anel 1271, anneau. Anel 9817, annuel. Anemi 4426, ennemi. Angarde bbcj8, etc., avant-garde. Angevin q3g5, sou angevin. Anguise 8140, angoisse. Anguisier 6946, faire souffrir. Anoi 3543, ennui, peine. Anoier 1648, etc., ennuyer. Anquenuit 6628, cette nuit; aquenuit 5975. Anqui 710, aujourd'hui. Anste 666, etc., bois de la lance. Antan 8258, l'an dernier. Ante 2267, tante; antain 3332, etc. Antieu, antif 1702, etc., voy. le Gloss. de Brun de la Mon- taigne. Anuit 3 5g, etc., cette nuit. Anuitier, a 1'— 1481, au com- mencement de la nuit. Aourer, dissyll. 1890, adorer; trissyll. 2987, 85yi; ourer 822I Aparant 10390 [chevalier] de bonne apparence, bien équipé. Aparellier 480, etc., équiper, revêtir. AIOL 325 Aparler 8925, adresser la pa- role à. Aparmain 960, sur-le-champ. Apendre 335, 342, etc., être sou- mis. Apensés 1259, avisé. Aperceue, parole — 7572, 7587, discours plein de sens. Aplanoier 21 36, etc., lisser, ca- resser. Apoyer 8819, appuyer. Aprendre; subj. pr. aprenge 108. Apressé494i. Aprester 1769, équiper; ind. imp. apresteve 73 1. Aproismier 7914, approcher; aproimier 6923. Aquiter 42, 320, etc., rendre libre. Arabi 4713, etc., originairement arabe; épith. du cheval. Araisnier 1957, 355o, adresser la parole a; aresnier 1991, etc.; areinier 1626; araisohe, 1765, etc. Araisoner, vôy. Araisnier. Arami 4172, 4255, fixé, con- venu. Arce 786, etc., coffre. Ardement 5572, hardiesse. Ardoir 473, etc., brûler; p. p. ars 5628, etc. Aresner i3ii, etc., attacher. Arestement, 0779. Arester, ind. parf. arestut 914, 924. Aresteu, p. p. 3217, etc., arrêté. Arier, 2g5o, etc., arrière. Arme 2009, âme. Armes Dameldieu, les — 537, les vêtements sacerdotaux. Amas 4730, etc., équipement. Ars i328, membres de devant, poitrail. Ars, arse, voy. Ardoir. Asasés 3964, riche \à satiété]. Aseurer 1722, rassurer. Asotté, estre — 219, perdre le sens; 82O4, vieillir. Asoupli 9608, affaissé; aufig. 54Ô. Assener 779, 5 160, mettre à sa place, donner, adresser; 1 o 1 64, occuper. Atargier 572, etc., tarder; réfl. 60 1 6, s'attarder. Atendre; subj. pr. atenge 528i. Atenir 58o2, lier. Ateriel 1043, râtelier. Atirer, atirier 896, etc., arran- ger. Atorner 17 16, 9125, tourner; 1694, 181 3, habiller; 121 1, parer. Atout io36 avec (sans complé- ment). Atrait, faire son — 6062, s'avan- cer. Aubère, aubers, voy. Haubers. Auborc 8341, aubour. Aubregon 4278, dim. de Au- bert. Aucube 8323, tente; aucupe 10674. Auferant 2399, etc., cheval de valeur. Auner 3457, rassembler. Auquant, h — 10 19, 1074, etc., quelques-uns. Auques 2042, etc., quelque chose, quelque peu. Auqueton 3 i3g, vêtement que l'on porte sous la cotte de mailles. Autel 672, tel (neutre). Autor, comp. de altus 10696, plus haut. Autressi 257, etc., de même; — con 245, etc., comme si. Autretel 6265, pareil; 3o4, io368, pareille chose (neutre). Autrier 7Î11, etc., hier. Aval la vile, io63, [en faisant route] par la ville. Avaler, act. 4653, mettre au fond, descendre; neut. 4609; réfl. 4768, etc. Avene, aissyll. 1604, 9309, etc., port, havre. Aventure 3077, occasion. Aversier 2875, etc., ennemi; 6209, diable; 3622 corrant com — , courant comme le diable, de toutes ses forces. Avesprer 572g, etc., commencer à faire nuit. Avesprir 4723, arriver (en par- lant du soir). Avoir; ind. parf. ot 17, 20, etc., subj. imp. eust 128, eussiés m, 243; subst. 532, 606, argent; 788, etc., richesse, chose de prix. Avolé 4189, 4432, venu de pays étranger. Awan 1 552, etc., cette année. 326 AIOL Baceler , bacheler io5i , etc. , jeune homme noble. Bacon 3632, etc., jambon. Baee i3i5, bee 897, [gueule\ béante. Baer g 18, attendre, désirer. Baillier, baillir 58g, etc., tenir en maître. Baingier 6928, etc., plonger. Balance, en — 2199, en échange. Balle 1724, palissade. Ballois 7905, [denier], de Baie , au sens de peu de chose; voy. Paresis. Ban, mètre — 2453, faire dé- fense. Bandon, a — i35i, 2107, etc., librement, facilement. Banir 7809, convoquer. Baptestire, prendre — 407, se faire baptiser. Bare 1999, etc., barrière, porte. Barge 9868, etc., barque. Barnage 77, etc., m. s. que Barné. Barné 3972, etc., suite de sei- gneurs; 4381, train de grand seigneur. Baron 2723, mari. Batellier 4834, 7061, défendre par des bastilles. Bauchant, bauçant, épith. de cheval, 3199, etc., de couleur pie. Baudor 8309, 10702, joie, en- train. Baudré 5737, ceinture. Baus 8347, etc., joyeux. Bêlement 2752, etc., doucement. Belissor 33j3,plus beau. Belloi 3436, 4526, injustice. Bellonc, oel en — 9010, œil en coulisse. Bendé 687, etc., ayant desbandes, épith. a'escu. Bendel 5859, élan, attaque (?) Beneiçon i368, bénédiction. Beneir 4, etc., bénir. Ber 96, i36, etc., bon chevalier; larges — 244, grand seigneur généreux. Berser 1 778, chasser. Besant i5g8, monnaie d'or; bes- sant i6o5, etc. Besongous , besoignous 186, etc., malheureux. Betee, épith. fréquente de mer, 5oo, 10 146, coagulée, figée. Beubant 5794, arrogance. Bis, escu — 5oi7, de couleur grisâtre. Blâmer 3 175, se moquer de. Blancoier 201 3, 81 36, étinceler de blancheur. Blason 3o2i, écu, bouclier. Blastengier 1000, 5967, insulter. Bliaut 3719, 8600, etc., vête- ment de dessous. Boele, la — 5994, les boyaux. Bohorder 614, etc., jouter. Boin subs. 391, bien. Boion 9761, chaînon. Boisdie 3 n, trahison. Bondir [en parlant du cor] 4266, 4292. Bordon 1 536, 1572, bâton de pèlerin. Bornie, espee d'achier — 2324, épée dont l'acier est poli. Borsee 766, bourse garnie. Bos 106, 255, etc., bois. Boucle 4990, pièce centrale de Vécu. Bougerenc, adj., cote — 9444, cotte de bougran; bugerenc Boujon \portee d un] 10707, trait d'arbalète. Boutellier 21 18, etc. , un des quatre grands officiers royaux. Bracet, voy. Braket. Braier 5993, etc., ceinture qui tient les braies; voy. Braioel. Braies 83, etc., sorte de caleçon que les hommes portaient sous ta robe. Braioel 927, ceinture qui tient les braies. Brait i326, 6368, cri d'animal. Braket 4696, bracet 901, [chien] braque. Branc g5, 576, etc., lame de l'êpée; 4go, etc., épée. Branler 296, brandir. Braon 3 1 33, partie charnue j de la cuisse]. Brent, pain de — 8979, pain de son. Breullet 4693, etc. , petit bois, bosquet; brellet 8^40; breul- lent 6326; breullois, 52g5. Breullois, voy. Breullet. Bricon, terme inj. \3bi,etc.,fou. Brief subst. ibi, etc., lettre. Brin, a un — 5oig, avec impé- tuosité. AIOL 327 Bris, 2784, etc., cas suj. de Bri- con. Brochier, brocier 295, etc., pi- quer de l'éperon. Bronge, bib,etc7 cuirasse. Broon 6714, broion 4693, jeune ours. Brui 6064, 6080, brûlé. __ Brunoier 65g 1, apparaître noir à la vue. Bu 740, etc., tronc [du corps] ; el parfont — 3o56, au plus profond; el vui — 927, au faux du corps. Bufoi 3 169, coup; 63 1 3, van- tardise. Buglerenc, cor — 7457, cor [fait d'une corne] de bœuf. Buie 3453, etc., chaîne. Buinars 8848, coquin. Buleté 8607, blute. Caieler 6471, être à la tête de. Cainin, fust — ^987, bois de chêne. Cainse 2106, vêtement de dessus. Cainsil 1244, 4090, étoffe de lin. Cair 1845 ; etc-, caioir 632 1, etc., ceoir 573, tomber; en cheoir 147g, en arriver. Caitis, kaitis 978, etc., chassé, exilé; 1802, etc. } malheureux. Calenge 8772, caloigne 8190, dé- fense. Calengier 2367, etc., refuser, méconnaître. Caliaus corbés 7754, cailloux (?) Caioir, chaloir 944, etc., impor- ter. Cambrelens 7827, etc., cham- bellans. Camois 7883, cliamp moissonné. Camoisé 7090, souillé. Candélabre 907g. Capel 58g5, g444, chapeau. Caple del ciel, le — 66g8, la calotte des deux. Capleis 76g2, mêlée furieuse. Capler 4446, caploier 63g4, frapper, combattre. Car 7g2Q, etc., chair. Carcan 34.53, 4i3i, 5170. Caree 72 5, charretée. Carnable go8 1 , en chair, humain. Carnel7i70, en chair, humain, épith. de remplissage, comme Carnable. Caroier 3633, charrier. Carterier 853 1, geôlier. Cartre 3443, etc., prison. Caruier 723 1, charretier. Casement 337, etc., demeure. Castiement 327, 1007, etc-i ins- tructions. Castier, ig7, donner une ligne de conduite; castoier 25o. Catel 168, bien, profit. Cauchiers io33, chausses. Cavestre 4g33, bride; kavestre 2061; kevestre 58o2. Celé, a — 55o8, etc., en cachette. Celer 191, cacher. Cembel 58o, 592, etc., tournoi, bataille; maintenir et envair — 3348, soutenir bataille; trametre — 402 1 ; rendre le — 2376, 3 1 55, présenter le combat. Cembeler 8677, se battre. Cemin, avec un ad}., loc. adverb. le — grant 383, etc., vite; tout le — feré 871, etc., au plus vite; s'en aler tout son chemin i52g, 4og7, se mettre en route. Cendal 4742 etc., soie; 8520, tente. Cenele 6453, etc., fruit de l'au- bépine et au houx, au sens de peu de chose; voy. Paresis. Cener 63io, 73 12, faire signe à. Chaiens 2447, etc., céans. Chavate 2706, savate. Cherkier 010, chercher. Chier 354, etc., de valeur. Chiere, faire grant — 2742, faire le beau; a simple — 2752, tout simplement. Chierté, cierté 1180, valeur. Cief, de cief en — 402g, d'un bout à l'autre. Cierir 10, chérir. Ce verbe qui est appelé par la locution bien fait a remplace le mot cesti incompréhensible dans le ms. Ciés 4272, etc., che\. Cingle, voy. Single. Cit, chit 126, etc., ville. Claré 2102, etc., vin épicé. Clavé 21 3g, ferré. Cliner 4620, abaisser; 2304, incliner . Cloficier 6186, clouer. Cluingier, neut. 1042, baisser. Coe 4367, queue. Coi 4327, immobile. 328 AIOL Coiement 55o8, etc., en sûreté. Coisir 64, 67, etc., apercevoir; 5682, choisir. Coite, a — d'esperon 7182, 8401, 8473, en piquant de l'éperon, à toute bride. Colee 491, etc., coup sur le cou. Colon 388, colombe. Combatu,estre — 2522,5e battre. Combrer 1043, i3i8, etc., saisir. Commenchaille, 32o3, commen- cement. Communalment 2377, etc., en- semble ; voy. Mainte. Compaingier a réf.. 376, etc., aller de compagnie avec. Comperer 467, etc., payer; com- prer 7724; /«f. 2e pers. plur. comperois 3167. Composte 8862. Con, com 3g, etc., comme. Confanon, voy. Gonfanon. Congiet 11g, etc., permission, liberté. Conreer 1235, etc., apprêter, équiper, habiller ; convutr 1240. Conroi 7856, etc., équipement, armement. Consirer de 2209, 2487, 5184, renoncer à. Consuivre, par/, consuié 2905. Contenchon 1 353, dispute. Contour 184, comte. Contralihier 8017, etc., chercher dispute. Contredire 6 161, etc., défendre. Contremont 728, 757, etc., en haut. Contretenir 3999, 694 1 ,défendre. Contreval 1406, etc., en bas. Convent 335o, convention. Convoier 1263, etc., accompa- gner. Corage 1988, 2984, cœur, pen- sèe? etc. Coraille 7766, partie intérieure du corps. Coral, estre — , 7166, 7 171, se montrer, laisser voir sa pensée. Corços 5146, courroucé. Cordeuan 10284, en cuir [de Cor doue}. Cordouner 8274, tresser. Core 23 1, courir. Coré 10472, de cuir. Cors, courir les grans — 6283, courir au plus vite. Cors, ses — 3373, lui-même; ton — 56 1 3, toi-même, etc. Corsier, empl. comme ad). 68o3. Cortine 633 1, rideau de lit; ju de — 10961, ébats amou- reux. Corvois 3844, sorte de cuir. Coser, 137, 1 233, efc, quereller. Costal 4708, coteau. Costengier 3694, faire dépense. Couardie, 3o8, etc., couardise. Coufre 4653, coffre [qui placé sur le cheval du chevalier ser- vait à contenir les armes en voyage] ; voy. Almarie. Coutel 5857, 8710, tranchant. Covenent, le — 34D, le néces- saire. Covertoir 2149,3845, couverture. Covine, convine 5288, etc., des- sein, intention. Covrer 10648, saisir. Craindre, ind. prés, criem 1772; crient 5634; P- P- cremu 3o3; réfl. 4279, m. s. Cras 4242, etc., gras. Craventer i322, etc., abattre, écraser. Creanter 2700, etc., promettre, garantir. Crépon 4182, croupe, cf. Littré, sous Croupion. Crestienner, se — 10 141, se faire chrétien. Crestienté, prendre sainte — 6270, se faire chrétien; avoir kerstienté 0454, être chrétien. Crevée, l'aube est — 5 10, l'aube est parue. Criée 710, cri. Croisir 3281, 4002, grincer. Croler i635, y833, branler, agi- ter; neuf. 6198, trembler. Croûte ioi8g; io85o, grotte. Cuidier, quidier i5, 5o8, etc., penser, croire. Cuirie 4278, cuirasse. Cuivert 648, etc., épith. injur. Cumeneié, estre — 1485. Cure 169, etc., soin, souci. Datés, delés 52, etc., près de. Dangier 228, etc., manque, be- soin; 5q53, servage d'amour. Danoise, nace — 5g 18, etc. Dansel 689, etc., jeune homme. Danselete 6224, jeune fille. Danselon ^j3b, jeune homme. Dant g3g, 953, seigneur (devant un nom propre). De (après un comparatif) 188, 724, etc. Deboinaires, li oiseus — 255, l'oiseau de bonne race; voy. Aire. Decolcr 3oi3, décapiter. Defors 4897, etc., dehors. Défouler 1049, fouler. Dehet 5411, etc., peine. Dejoste, dejouste 64, etc., près de. Delaier 2873, etc., tarder. Délié 1244, d'étoffe fine. Délit 2204, liesse. Déliter 25o8, s'amuser. Délivre 3492, etc., vite, rapide; a — 8694, rapidement. Delivrement 416, promptement. Délivrer 36g5, etc., donner; neut. 54, accoucher. Demaine, subst. 3gy3 , sei- fneur terrien ; demaisne 978, 4171. Demaine, adj. i683, propre, par- ticulier. Demanois 3i56, 63 18, etc., sur-le-champ, aussitôt. Dementer, desmenter, réfl. 1801, 1790, etc., se désoler. Demoree 535, etc., retard. Denier 6Go5, au sens de chose de peu de prix; voy. Paresis; plur. déniés 10909. Départir 33 17, etc., distribuer. Déporter 2481, s'amuser. Deprier 2io32 prier. Dequassier 5584, briser. Deraisnier, réfl. 465, 5974, par- ler. Derver i3i6, etc., devenir fou. Desbuissier 10072, débusquer. Descavee 761 1, [tour] ruinée. Descolori 1 567, décoloré, Desconfès87i5, sans confession. Déserter 10608, rendre désert. Deservir 7743, etc., mériter. Desevrer, neut. 3 080, se sépa- rer; al — 829, etc., au dé- part. Desfaé 11 10, etc., infidèle. Desfendre; subj. prés, desfenge 325, etc. Desfremer 786, ouvrir. Deshaitier 1 37 , etc. , rendre malheureux. Deskirer 5475, arracher. AIOL 329 Desmaillier 4783, etc., rompre les mailles. Desmeler 4469, séparer les com- battants. Desnuer, réfl. qzoj, se dévêtir. Desore 5o6o, etc., sur, dessus. Despané 1237, etc., déchiré, en haillons. Despendre 2243,3708, dépenser. Desreer, ré/7. 752, se mettre hors de soi. Desreuber 1428, 1434, voler, dérober. Desrochier 4602, 61 16, démolir. Desroi 4017, etc., désordre. Desrout 4822, etc., rompu. Desruban 888, ravin. Desrube 1818, 61 23, ravin. Destraindre 5879, presser, tour- menter. Destre 1 1 86, etc., droit. Destrier 221, etc. , cheval de combat. Destruision 1 3 55. Desvoleper 9227. Detrier 4800, etc., faire retard. Detrier 7872, derrière. Devenres 6164, 6187, vendredi. Di, 5i 17, etc., jour. Diaspre 9825, 10340, drap à fleurs. Dioré 7163, doré; cf. R. de la Rose . édit. Michel , VIII , p. 3o8. Doi 427, etc., deux. Doie, plur. neutre 6855, doigts. Doi ne 4186, mou, lâche. Dois 9960, table. Dôme, temple — 1678, altéra- tion de templum Domini. Donar 8847 , forme méridionale mise dans la bouche d'un Lom- bard. Dont 1 132, etc., d'où. Doublier 487, etc. , [haubert \ à double maille. Doul 1 38g, deuil. Douloir 393o, souffrir. Doulousee 544, douleur. Douter 733, etc., redouter. Dras 187, etc., vêtements. Drechier neut. 4569, se dresser. Dromont 10448, io5gi, vaisseau de guerre. Dru 3^385, ami, compagnon. Drue 56og, etc., amie. Ducheé 8091, duceté 4378, du- ché. 22 33o AIOL Ducoise 8246, 8477, duchesse. Dui 868, deux. Durée, longe — 523, longtemps. Durement 3857, fortement. Durfeus 9649, misérable. Dusque 181 o, etc., jusque. E vous, es vous 911, 1021, etc., voici. Eiwe 473, eau ; voy. Aiguë. El pour ele 5 17, etc. El 221 5, etc., autre chose (neut.) Ele 371, 410, aile. Embuissier 4642, embusquer; enbuscier 4627. Emplaidier 7974, accuser. Enamer 169, etc., s'éprendre de. Enarrae 817, 5942, etc. , poi- gnée du bouclier. Enartous 6282, rusé. Enbarer 52g, enfoncer. Enbatre 6J62, etc., enfoncer; — le feu 7897, battre le briquet. Enbler 906, etc., enlever, voler. Enboivre 2296, enivrer. Enbrachier 7g55, etc., passer son bras dans les enarmes [de l'escu}. Enbriever 275, écrire. Enbroncié 10243, la tête basse, l'air triste. Encauc 7489, poursuite, ceux qui poursuivent. Encauchier 2821, etc., suivre, poursuivre. Encliner 3g8, etc., saluer, s'in- cliner. Enclinier 6585, saluer; voy. En- cliner. Encoistre 6436, grossier. Encombré 1 168, [chemin] impra- ticable, infesté de brigands. Encombrer 8o3, 822, etc., lier; 1191, arrêter. Encombrier 563, etc., malheur. Encontrer 1 747, etc., rencontrer, atteindre; neut. 1287, etc., arriver, réussir. Encrieme 9002, io683, etc. , endurci dans le mal. Encroer 9768, accrocher [au gibet \. Endementicrs 10044, pendant. Enevois 7354, à l'instant. Enfanche 2001, enfantillage, fo- lie. Enfançon 455o, petit enfant. Enfantieus 107, enfantis 644, ignorant [comme un enfant1, naïf. Enfes 56, etc., enfant. Enforchier, enforcier 2074, aug- menter, rendre meilleur; 8537, vanter. Enforciés 1929, de grande va- leur; 11 35, puissant. Enfressi 29, etc., jusqu'à. Engan 2416, tromperie. Engingier 0148, etc., tromper, puis mettre à mal. Engre 9091, race. Engrès 8178, désireux. Engoulé 8289, 9824, bordé (en parlant d'une fourrure). Engouler 61 57, avaler. Enhermi 9778, désert. Enkembeler 785, 791,804,821, assaillir. Enpaistrer attacher; 3e pers. ind. prés, enpasture, 5446, 6126. Enparenté , estre — 4392, avoir de la famille; 7744, être re- connu comme parent. Enpenser 5568, penser. Enperreour 189; au cas rég. enperere 493, 1497; au cas suj. enpereour 3892, 4202. Enpevré 8609, poivré. Enpoindre 3271, etc., presser [un adversaire]. Enpuingier 8289, saisir. Enquérir 60b b, fouiller. Enrunjier, enrungier 517, 3776, couvrir de rouille. Ens, en 264, etc., dans; — el 488, etc. Enseinge, ensenge, ensinge 4992, etc., [flamme de la] lance; 4984, etc., mot de ral- liement. Ensi 2280, etc., ainsi. Ensient, ensiant, mien — 340, etc., à ma connaissance, que je sache. Ente 5267, jeune arbre, [ment. Ente, a — 4613, 6719, abondam- Entendre; parf. entèndié 6646. Enterchier, entercier 1865,9452, etc., reconnaître. Enterer 5o6i, protéger avec de la terre. Entorchier 261 3, fourbir [une arme] . Entordre 6846, tordre. Entrafier, réfl. 463 1, se promet- tre mutuellement. AIOL 33i Entramer io233. Entrepiés 1 1 38, embarrassé. Envair 5o3o, etc., attaquer. Envis 4676, etc., malgré soi. Envoleper 6679, etc. Erement 2383," etc., marche. Eritc 82 5o, héritage. Ersoir 2274, etc., hier soir. Es 49, etc., dans les. Esbanoier 616, 7302, etc., s'a- muser, principalement à mon- ter à cheval. Esbaudir 36o, etc., se réjouir; act. 323o, encourager. Esboieler 9872, éventrer. Escachier 6472, chasser. Escaitiver 5o3, 55o, etc., exiler. Escallon 2574, échelon. Escamel 2064, 7160, escabeau. Escarlate IÔ75. étoffe de drap. Escarnir 7, 356, etc., railler. Escauchier i853, poursuivre. Escavi 9843, élancé de taille. Escerpe 096, escarpe i5363 ceinture. Esclaircir 858, luire {en parlant du jour). Esclairier, act. 237, rendre bril- lant; 7040, apprendre; neut. 6191, voir clair; V — 1877, etc., le point du jour. Esdairir 3q28, etc., paraître [en parlant du soleil). Esclos, plur. 4348, sabots \du cheval]; repairent tous lor — 3087, reviennent sur leurs pas ; 53o2, 6392, traces; b3oj, 6229, piste, route. Escois icôgi, barques. Escoler 274, enseigner. Escons 4616, endroit caché; traire a — 2957, se cacher. Esconser 4277, etc., se cacher. Escortrement 2384, du fond du cœur. Escouer 2 5g3, écouer. Escourle 7122, milan (oiseau de proie). Escoure 1045, secouer. Escricr, act. 4471, interpeller. Escrin 786, etc., coffre. Escu 2^5, 298, etc., écu, bou- clier. Esfondres 7767, tourbillon. Esforchement, a lor — 10212, de leurs efforts. Esgarder 116, 458, etc., regar- der. Esgarés 1268, isolé. Esjoieler 65 10, se réjouir. Eskac 562 1, butin; voy. Eskiés2. Eskekier 2525, échiquier. Eskie's 1 65, [jeu des] échecs. Eskiès 3428, etc., butin. Eslais 628, etc., élan. Eslaissié, 7308, etc., rapide. Eslaissier 23 1, etc., s'élancer; réjl. 617, etc., m. s. Esleechier 6200, se réjouir. Esligier 6o32, etc., payer. Eslire 3oii, etc., choisir. Eslongier 7605, éloigner; 1468, 4641, etc., abandonner, laisser derrière soi. Esmaiable 8865, peureux. Esmaier 1959, effrayer; réfl. i85o, etc. Esmari 586, etc., triste, abattu. Esmer 10572, estimer. Esparenge 2665, épargne. Esparengier 6819, 734.3, forme a'espargnier, épargner. Espaventé 6432, épouvanté. Esperitable 75, etc. Esperital 1609. Esperon 3o23 , éperon, au sens de peu de chose ; voy. Paresis. Espiel 296, 642, etc., lance; 4464, 4~63 6, etc., épée. Esploitier 4851, etc. , agir; 3578, poursuivre. Esprevier g33i, épervier. Esquarteler 5342, mettre en pièces. Esque 7896, toute matière in- flammable pouvant servir à 'allumer le feu. Esracier 4802, arracher. Esranment 35a, etc., sur-le- champ, aussitôt; esraument 8374, etc- Esrer 277, 370, etc., aller, mar- cher; subj. prés, oire 6107. Esrungié ig5o, couvert de rouille. Essauchier, essaucier 2340, 2869, 6447, augmenter, don- ner de la force; 2375, 5 1 55, rendre fameux, vanter. Essianche 5279, science. Essil, mètre a — 5045, tour- menter. Essillier 1703, 8729, etc., dévas- ter, tourmenter. Establer 778, etc., mettre à l'écurie. 332 AIOL Estache, estace 7756, 865 1, 9926, pieu, poteau. Estage, en son — 6918, 9609, de toute sa hauteur; cf. de même en estant 10225. Estai, a — 5955, en repos; livrer — 10740, attendre de pied ferme l'attaque. Estamine 1429, 1447, etc., robe d' et aminé. Estavoir 1484, besoin; voy. Estovoir. Ester, être debout; ind. parf. estut 79, etc., esturent 52ÔD. Estoier 2"258, 2278, garder, conserver. Estoire 5, 9, etc., histoire. Estoire 10479, troupe. D. Cange ne donne que le sens de flotte, sous Stolus. Estor, estour, 192, etc., combat. Estordre 9045 , faire sauter; — son cop 1849, 5995, 8493, dé- gager son arme [du corps d'un ennemi] ; neat.Q4.GQ, échapper. Estorer 5636, etc., créer. Estormir 5oi3, 5729, etc., ré- veiller en sursaut, mettre en alarme. Estout 8834, orgueilleux. Estouthie 1070, 2325, etc., bravade. Estovoir, falloir; ind. prés, estuet 232, fut. estevra 1161, etc. Estraier, épith. de cheval, 4807, 7664, etc., seul, sans cavalier. Estrainge 1684, estrange 4307, étranger. Estranler i3o7, etc., étrangler. Estre, de put — 10 197, de race infâme ; cf. Aire 1. Estre; ind. prés, somes, 124, sons, 3617, 9463; imp. ère, 709, ert, 34, etc.; fut. iere, 134, ert, 104, etc., iert, 234, ermes, 2186, 9454; subj. imp. fussiemes, 4627, fussiens, 12b ; il m'est bel 451 1, 4516,// me fait plaisir. Estree 891, etc., route. Estreper 5169, lier ; cf. Littré sous Estrapade. Estres, estre as — 3 143, être chc^ soi. \ Estrif 3206, etc., dispute, combat. Estrine 6^4, étrenne. Estriver 2533, faire dispute; i2?2, contredire. Estrous, a — 191, 3363, etc., avec soin, promptement. Esuer 2845, faire sécher. Eur, al boin — 917, 3o36, heu- reusement. Eus 3814, besoin, usage. Faés 1040, etc., enchanté, ma- gique. Fain 1377, 1760, etc., foin. Faindre, réfl. 4590, hésiter à. Faire a (suivi d'un infln.) loc. fréq. 10939, etc. ; — que 7362, etc., autre loc. Fais 68o3, poids, choc. Faitement 1738, etc., bien. Fau 881 3, hêtre. Fel 21 3, etc., traître, lâche. Felenese, fém. de fel, 2679, 10791. Fendre d'ire 725g, etc., éclater de colère. Ferir 3o2, 5gi, etc., frapper; réfl. 1 856, etc., se jeter. Ferté 1 784, citadelle. Fervestir 1826, etc., revêtir de l'armure. Fervestu 7410, etc., revêtu de l'armure. Feure 228, 780, etc., paille. Feure 1004, 1 5 17, etc., four- reau. Feuté 8186, fidélité. Fevre 1482, forgeron. Fi 2275, etc., foi, confiance. Fi 38, etc., certain. Fianche 5274, confiance; a — igo; etc., de certitude. Fiancier 4581, confier. Fie 3140, foie. Fier 18 18, fort, redoutable. Fieror 4957, etc., hardiesse. Fierté 433 1, 4345, emporte- ment. Fiertre 72, châsse. Fin 1 35, de qualité supérieure. Finer 540, etc., finir. Flaiel 2924, barre de fer ser- vant à fermer une jporte. Flori, poil — 1^40, barbe blanche. Flun i55i, fleuve. Foie 5093, 9476; dissyll. 458. Foilli 62, etc., feuille. Foillié 1837, etc., en feuilles. Foillu 5248, etc., en feuilles. Folage 1978, esprit de folie; 8934. folie. AIOI. 333 Foloier 4472, tromper, écltap' per à. Force 7571, nombre de combat- tants. Forceur, comp. de fort, 3535. Forques, forces jjj'5,etc, gibet à plusieurs piliers. Fors 3(j36, dehors. Fosnier 6730, mentir; voy. Scheler, notes des Trouvères belges, p. 279. Fossier 7248, 7701, habitant d'une caverne. Fourier 610, pâturage. Fouriere 10472, paille [répan- due dans les appartements]. Frabaut 1744, caisse, coffre. Frailles 6488, faible. Fraint 710, etc., brisé. Frairin 9998, mesquin, miséra- ble. Franchise, francise 1071, liberté; 7094, politesse. Frecond 2086, riche, peuplé. Fremer 252, 81 5, etc., fixer; 2201, fermer. Freor 543o, crainte. Fresé 8324, galonné. Froer io5o, etc., briser. Froier 236, 7076, frotter. Frois 9029, frais. Fuie i85o, etc., fuite. Fuisil 7806, pierre à fusil. Fuison i375, etc., foison. Furni 63, 5o5, 2254, etc., em- ployé pour exprimer la gran- deur, la force. Furnir 128, 7849, accomplir. Fust 3987, etc., bois; 4463, bâton; arbre de — hilz; 638 1, arbre. Gab 2591, etc., plaisanterie. Gaber 177,910,^0., plaisanter, tourner en ridicule. Gabois 791 1, plaisanterie. Gaingier 476, etc., faire du gain, acquérir argent, hon- neurs, etc.; 2 3o, dépasser. Gaite 9430, q5i3, sentinelle. Gaitement 6^o5. Gaitier, réfl. 6048, etc., s'obser- ver, prendre garde. Galos, tous les — 3089, 3173, 7599, au grand galop. Gant $789, au sens de peu de chose ; voy. Paresis. Gante 4041, 6445, oie. Garantison 1 363. Garçon, garchon 2042, jeune garçon; 10712, enfant; term. inj.'job, 1079. Garder 224, 2049, soigner; 1420, 21 38, regarder. Garniment, 354, 1228, etc., équi- pement. Gaste 1168, etc., dévasté; 523o, délabré. Gaster i526, 1703, etc., dévas- ter. Gastie 5 191, dévastée. Gaudine B62, 397, etc., taillis, forêt. Gaut 397, 1007, etc., bois, forêt. Gavai 3o68, petite ouverture (:). Ce mot se trouve dans Gautier de Coinci, p. 438, au sens de gorge (cf. le fr. gavion) qui ne paraît pas admissible ici. Gehui, voy. Jehui. Genollons, a — 1897, à genoux. Gent 21, etc. Gentil 11, 3o, de bonne nais- sance. Gésir, voy. Jesir. Gesmé 7144, orné de pierreries. Geste 2124, etc., famille; jeste 6457, etc. Glachier, glacier 6190, etc., cou- ler. Gloton, glouton, voy. Glous. Glous 1046, etc., terme d'injure, débauché; gloton 283o; glou- ton, 63g, 672, etc. Gone 6576, robe de moine. Gonfanon, confanon 3368, etc., flamme terminant la lance. Gorgiere 6365, armure de la gorge. Grains 1062, i56o, etc., de mauvaise humeur. Grandisme sup. de grant, 7641. Granment 9525, grandement. Gravier 6823, 10256, sable. Grenon 6575, moustache. Grenu 9479, 9514, etc., [cheval] à longue crinière. D.C.Grani. Grevance 9096. Grever 026, etc., blesser. Gris 606, etc., fourrure; adj. 35 12. Guenchir, guencir 3269, 6943, éviter; réfl. ~jb2>2, etc., se dé- tourner. Gueredon 44, etc., récompense. Gueredonner, faire — 1281, 334 AI0L revaloir; gueredonné, il est — imp. 12 17, etc., il y a récom- pense. Guerpir 9, etc., abandonner, laisser. Guiche 2497, 3o6i, etc., cour- roie par laquelle le chevalier tenait son écu. Guier 2007, etc. conduire. Guinlechier, 977 , terme de mé- pris, propr. valet de marchand de vin, crieur de vin; voy. Grandgagnage, Glossaire des Coutumes de Namur, au mot Winlekez (ribals et). Cf. D. C. sous Winleke. Guise, a — de [bricon], 9014, comme un [fou\. Hace 5918, etc., hache. Hair; subj. prés, hace 104. Haitier 6oo5, réjouir. Haper 1042, 1080, prendre. Hardement 1002, hardiesse. Hart 6843, etc., branchage. Haste de porc 4040, rôti de porc. Haubergier, act. 1102, etc., hé- berger; neut. et réfl. 558, 967, etc., prendre auberge. Haubers 2 36, cotte de maille; aubère 32, etc.; aubers 90, etc. Herbu 52 16, etc. Hermin, 4057, etc., hermine; adj. 5iii, etc., d'hermine. Hermin 5421, arménien. Hermine, adj. 2473, etc., d'her- mine. Hestes vos 6129, voici venir. Heuses 6463, bottes. Hieume, dissyll. 7642 , heaume. Hisde 6169, frayeur. Hontage 33 14, etc. Hoir voy. Oir. Hu 4500, cri. Huchier, hucier 2872, etc., ap- peler. Hui 1287, etc., aujourd'hui. Huimais 5 10, 879, etc., aujour- d'hui. Huis 3999, etc., porte. Humleté 1009, humilité. Hustins 10004, dispute. Idele dissyll. 6232, 9709, etc., idole. llleuc o3i, là. Inde 2016, bleu foncé. Irascus 909, etc., irrité. Ire 1001, 1062, etc., colère. Iré i52, 663, etc., chagrin, co- lère. Iresie 1073, cohabitation des sexes contraire aux lois de Véglise. Ireté 3i3, etc., héritage. Iretiers 4594, héritier. Irié 574, etc., en colère. Irois 632o, irrité. Iror 4187, etc., colère; irour 4208. Irous 4185, irrité. Islage 8024, île (?). Isnèl 53 1 3, etc., vite. Isnelement 486, etc. Itant 10249, autant. Itel 994, 1221, tel. Ja, expl. 277, etc., déjà. Jehir 334'j, etc., avouer, con- fesser; ùfiib, montrer. Jehui, gehui 3109, 36i8, etc., aujourd'hui. Jel, pour je le, 11 38. Jes, pour je les, 55i2. Jesir, gésir 5079, etc.; ind. prés. gist, 5i 1, etc.; fut. girés, 633 1 ; parf. jut. 1877, gut, 65n; p. p. geu, 8706; réfl. , 1534. Jeste, voy. Geste. Joglere i3, jongleur, trouvèie; jougleor, 7, etc. Joians 347, etc., joyeux. Sot, fém. 141 9, id3i, 52 11, etc.; pris adv. 3371, 338o. Joster, jouster 140, 283, etc., se mesurer en bataille ou en tour- noi. Jouste 579, etc., tournoi, com- bat. Jovenes, dissyll. i32, 144, etc., jeune. Jovent 2333, etc., jeunesse. Jovente 2172, etc., jeunesse. Ju 096, jeu. Juisse 10937, jugement. Jus 575, etc., à terre. Justiches 35 iq, droit de justice. Justichier ?>~5, rendre la jus- tice. Kaiele 9680, excl. affirmative. Kaitis, voy. Caitis. Kavestre, kevestre, voy. Cavestre. Kernus 834Q, charnu. AIOL 335 Kerstienté voy. Crestienté. Keu 2118, 368o, maitre-queux {officier royal). Kieute 2147, 3924, etc., lit de plume. Laid 4605, affreux (au moral). Laidement 4321 . Laidengier 148, 945, etc., inju- rier. Laidir 4241, etc., maltraiter. Laiens 784, etc., dedans. Lairis 610, 616, etc., lande, terrain inculte. Laissier; fut. lairai 449, etc. ; — ester. G, 171, etc., faire cesser, laisser tranquille. Lanche, toute plaine sa — 3 106, etc., loc. fréquente. Langes 8420, vêtement de laine. Lanier 6qoo, lâche (nom d'une espèce de faucon peu estimée). Laruier 3699, garde-manger. Largeté 1 27 7, largesse. Las ibi, 35o, etc., malheureux. Las 6007, lacs. Lasté 97 53, lassitude. Latins 5420, langues, idiomes. Lé 368, 5i3, etc., large. Lecheor, lecheour, leceour, voy. Lechieres. Lechieres 916, etc., débauché, ribaud, terme d'injure; leceour, 4198; lecheor, 911, etc.; le- cheour, 1021. Leres 704, etc., voleur. Lés, subs. 835, etc., côté; adv. 696, etc., près de. Letré 1004, i32 3, etc., orné d'une devise; épith. fré- quente d'épée. Letres de gramaire , estre escolé de — 274, connaître ses lettres. Leus 377, 2986, tout aussitôt. Leveis, pont — 6074, pont-levis. Lever 57, 450, etc., tenir sur les fonts baptismaux ; 81, etc., se lever. Li, fém. cas suj., pour la, 8418, 8070. Lie, fém. 762, etc., joyeuse. Liés 249, etc., joyeux. Lieuete 7060, dim. de lieue. Lin 48, 2267, etc., famille, li- gnée. Linceul 2148, drap. Liste 2017, bordure. Listé 4951, etc., bordé. Loé 4269, admiré. Loement, par le mien — 58ig, à mon avis. Loge 83b9, etc., baraque de feuil- lage. Loisir, être permis, possible; 3' p. sing. ind. pr. loist 3 171. Lonc iG, etc., loin. Longes 8260, longtemps. Lot 2 5 28, mesure de liquides. Los 5539, consentement. Losengerie 3490, etc., perfidie. Losengier, subst. 48, etc., trom- peur; verb. 1390, etc., flatter , induire en perfidie. Lous 41 91, misérable (?). Luisir 3io3, 5o68, luire. Lupart 364, 402, léopard. Luz 2 1 o 1 , brochet. Mâche, make 3987, 4001, etc., masse d'armes. Macheclier ig5G, 258i, etc., boucher. Madré 4042, bois dont on fai- sait aes vaisseaux à boire; 401 3, le vaisseau fait de cette matière. Mahangier 2909, mutiler. Mahomerie 9628 , temple de Mahomet ; cf. Mahomet (nom prop.). Main 10599, matin. Mains 3563, etc., moins. Mainte communalment 4734, 5824, 9936, tous ensemble. Il faut de plus rétablir cette le- çon modifiée à tort au v. 3oio. Maintenant, de — 372, etc., aussitôt. Maintenoir 3432, soutenir. Maior, la terre — 10698, la grande terre, la France. Maisele 2170, etc., joue. Maiselés, dens — 6838, molaires. Maisiere 2y38, mur. Maisnie 2693, etc., maison, fa- mille. Maistre 885, 1292, 2871, 3378, épith. qui exprime la grandeur, la noblesse. Malage 1 1 37,8595, etc., maladie. Maleiçon 7183, malédiction. Maleir 6067, etc., maudire. Malement 2344. Maleoit i5o8, etc., maudit. Maleuré 5o82. Malfé 281 3, diable; cf. Maufé. 336 AIOL Malostru 835 1, misérable; ma- lotru, g522. Malvoisie 954, mal intentionné. Manage 8803, lieu de séjour. Manandie 6341, etc., richesse. Manant 1081, etc., riche. Manantie 35o2, richesse. Manicle 6026, 6044, manche du haubert. Manoier 5984, prendre en main. Manoir 106, etc., rester, habi- ter; ind. par/, mest 7001. Manois 72^2, etc., sur-le-champ ; voy. Demanois. Mantelet 6632, petit manteau. Mar, ja — 1701, 4448, etc., mal à propos. Marbrin 7829, de marbre, Marce, marche 101, etc., pays de frontière. Marchecliere 2700, bouchère; voy. Macheclier. Marison 10732, tristesse. Maronier 10452, etc., marinier. Mat 5641, triste. Mater 8627, vaincre. Maufé 683, i3o6, i3i5, diable. Mautalent 1001, etc., colère. Mavaistié 10 12, 171 1, méchan- ceté, mauvaise action. Menbré 669, 759, etc., digne de souvenir. Menbrer 1006, etc., revenir à la mémoire; 2014, venir à l'idée. Mençoinge, fém. bili. Mendis 2770, etc., pauvre. Menée 900, sonnerie de chasse ; D. C. Menetum. Mener largesse 3729. Menor 4038, etc., moindre. Mentastre 7085, menthe sau- vage. Menti, Dé — 856, etc., foi — 4076, etc., parjure. Menuiers 2552, aminci, petit; cf. le prov. menudier. Merchier 1246, etc., remercier; ass. en é. Merir, rendre en récompense; subj. pr. mire 459, etc.; me- risse 350g. Mervelles, pris adverbialement , 6996, etc., merveilleusement . Mescie's 5672, malheur. Mescin 3ioi, 3774, etc., jeune homme. Mescinc, voy. Meskine. Mescreable cjbqi, païen. Mescreu 3o55, 5240, etc., païen. Meskine, mescine 1028, etc., jeune fille. Mesprison 2989, etc. Mesproison 3ooi. Mesproson 2975. Message 3750, etc., messager. Mestier 248, etc., besoin. Mètre ; subj. prés, mèche, 2244, etc., le mètre en (suivi d'un infinitif), 2761, se résigner à. Mi, en — 641, etc.; par — 674, etc., au milieu. Mie, renforce la négation, 27, 798, etc. Mienuit 784. Mier 1840, etc., pur. Miés 3716, mieux. Mieudre 32, 455, etc., meilleur. Mineor 10857, mineur. Mirable 5i5o, etc., admirable. Mire 101 14, etc., médecin. Moie 726, 749, etc., mienne. Moien i853, celui du milieu. Mole 2140, fait au moule. Mollier 87, etc., femme; moul- lier, 84. Molt i5, 3i, etc., beaucoup, très. Molu, 52i 5, etc., affilé. Mon, ch'arés — 3i5, affirm. certes. Monaé, moneé 1786, etc., mon- nayé. Monjoie, montjoie 3oi, 863, etc., cri de guerre et de ral- liement. Mont 3, etc., monde. Monte 2667, intérêt; 7905, va- leur. Monter 7064, etc., enrichir. Mordrir 6655, etc., tuer. More 2545, vin de mûres. Mourir, act. 1098, etc., tuer. Mouton 6263, bélier. Moustier 58, 86, etc., monastère. Muer 3577, changer. Musart 3219, 5g52, sot. Naie 6992, négation isolée, non. Nasal 33or, etc., nasal, partie du heaume qui protège le ne\. Natural 5g39, etc. Navie, fém. g555, etc., bateau. Navrer 1098, etc., blesser. Ne 41, etc., ni; suivi d'un sub- jonctif, pour si ne, 125. Neis 1745, etc., ni même. Nd, pour ne le, 760, etc. Nen 32, 47, efc, ne. Nepe iodçi , espèce de bateau? Ncporquant 1 1^1, etc., pourtant. Nés, pour ne les, 627. Nés 2432, etc., même. Nesun 33g, aucun. Nient, niant, monos. 649, etc.; dissyll. 357, etc.; ass. en ié 4600. Niés 189, etc., neveu. No, masc. fém. 127, idoi, etc., notre. Nobile 23 18, etc., de noble race. Noël 53 1 5, nielle. Noelés 1676, etc., niellé. Noelor 3374, 4178, pire, de moin- dre valeur. Noiant, dissyll. 341, 1716; voy. Nient. Noier 978, nier. Noisier 6176, faire du bruit. Noisiere 2737, querelleuse. Nonchier, noncier 3728, etc., annoncer. Norechon 9 1 7 1 , nourrisson. Norichon, estre de la — 7204, être élevé par [quelqu'un]. O 182, etc., avec. O 9008, oui. Oblier, oublier, ass. en é 1 25 1 ; ass. en ié 3961. Ochire, ocire 38, 648, etc., tuer. Oes, deus — 4046, deux œufs, au sens de peu de chose; voy. Paresis. Oie 7798, 9680, oui. Oir 1715, etc., héritier, enfant. Oir 5, 29, etc., ouïr. Oiselon 5o6g, petit oiseau. Olifans 4260, 4292, cor [d'i- voire]. Onques 23, 37, etc., jamais. Ordené o63, 6578, 6713, dans les ordres. Oré, orré 9810, 10455, grand vent. Orelge 1042, oreille. Orfrois 3843, etc., broderie en or. Orghe 3920, orge. Orlenois 3842, [monnaie] d'Or- léans. Orrer, ourer i25o, etc., prier. Ort 1 553, jardin. Ost 608, etc., armée; plur. os 8667. AIOL 337 Osteler 776, 1102, etc., loger, héberger. Osterin 2i5o, étoffe de pourpre? Ostoier 8665, faire la guerre, tenir la campagne. Ostoir 376, 417, etc., autour. Paienie 89 1 1 , 9 1 3 1 , pays païen. Paier 5992, donner [un coup). Paile, paille ig85, 201 5, etc., étoffe en soie; 8520, tente ; tente de — 8817. Pain, porter au — io3i, mettre en gage che\ le boulanger. Paisier a, réfl. 4425, Hiob, faire sa paix avec [quelqu'un]. Paisson 9932, pieu, piquet. Palagre de mer 10597, palegre de m. 9812, haute mer. Pan 4894, [pan de] mur ; aufig. 1524, partie; pant 9608, mor- ceau [d'étoffe]. Par, renforce l'expr. 270, 3 12, 5o2, etc. Parage g53, famille; 5403, no- blesse, naissance illustre. Parc, faire tel — 10772, faire un semblable carnage; cf. Le Charroi de Nismes, éd. Jonck- bloet, v. 358. Parcreu 75g6, arrivé à son terme de croissance; 6168, 8608, très-gros, très-fort. Pardoner ; subi. prés. 3e pers. pardoinst 97B. Paresis 3473, etc., [sou] parisis; 5429, au sens de peu de chose; cf. Aillie, Angevin, Ballois, Cenele, Esperon, Gant, Oes, Pume, Roc. Parfondement 3046. Parfont 1182, etc., profond. Paringal 5578, égal. Parition 2972, apparition. Parliers, mal — 2865, 3547, médisant, mal embouché. Paroir 1208, etc., paraître. Part, celé — i73o, 571 3, etc., de ce côté. Parteure 3043, part de profit, don ? Pasque florie 2322, le dimanche des Rameaux. Pasturer 5447, paitre. Paume i53o, palme; 96, lon- gueur d'une main. Paumiers 1 D64, etc., pèlerin; pamiers 1822. 23 338 AIOL Paumoier 5g 12, brandir dans la paume de la main. Pautonier 944, etc., terme d'in- jure ; pautoniere 2657, 2714. Pavée 832 1, {salle} dallée. Pecat 8870, péché, mot provençal mis dans la bouche d'un Lom- bard. Pechoier,pcçoier 636, etc., briser. Pel 5219, pieu. Pelichon, peliçon 3042, etc., pelisse. Pelus 3042, poilu, velu. Pendant 4756, etc., penchant, pente. Peneant 5 791, pénitent, pécheur. Pengon, voy. Pingon. Percevoir 4914, apercevoir. Perin 1200, 5172, etc., de pierre. Pertruis 9742, trou; 53o7, re- traite, cachette. Peser 2371, chagriner; subj. prés, poist 3529, etc. Pesme 10791, cruel. Petit i5o, etc., peu de chose. Petitet, un — 1068, un peu. Piaus 895, etc., vêtements faits en peau de bête. Piaus 6355, poils. Pié, employé pour homme dans certaines phrases négatives; n'en ira pies 1974, iln'enrevien- dra personne. Piecha 236, etc., depuis long- temps. Pieche, grant — 627, longtemps. Pingon 83g3, 8488, pennon ; pengon 4742. Pingoncel 2457, bannière. Pior 9339, pire. Pis 641, b-j'3 , etc., poitrine, cœur. Plaidier 1662, 2835, etc., parler. Plaisceis 4i3o, habitation défen- due par des haies. Plaisié 65q2, palissade; 55j, habitation défendue par des haies. Planche 7750, plance 7780, petit pont de bois. Plané 748, 7636, raboté, uni. Planteis 4072, lieu planté. Plenier 3qg , 556, etc., large, grand, noble ; épith. de rem- plissage. Plenté, a grant — 160, etc., en abondance. [dante. Plentie pour plentive 6526, abon- Pleue, 8977, pluie. Pleuete, aim. de Pleue, 4687. Plevir 307, etc., donner pour garant, promettre. Poe 1 3 1 8, i325, etc., patte. Poesté, par — 1109, 861 3, de force. Poestis 38 1 7, puissant. Poi 144, etc., peu. Poignon 236o, pennon; voy. Pingon. Poin 5908 ; voy. Pon. Poindre 1442, 3 102, etc., piquer ; furnir son — ioo3o, faire un temps de galop. Poingeor 10694, combattant ; cas suj. poingiere 2745, 2751. Pointure 5204, point saillant? Pointure 8600, peint. Poison io33, 1 148, etc.. boisson. Pon, plur. 8504, gardes [d'une épée). Du Cange (Pontus) ne donne que le sens de poignée au singulier. Poncel 53 1 9, petit pont. Por, avec le p. prés. 58 12, etc., locution correspondant à peu près à quand même suivi d'un conditionnel ; avec l'inf. 6645, m. s. Porpenser, act. 3cg, méditer; n. et réfl. 1088, etc., réfléchir; p.p. 1254, avisé. Porprin 10947, [d'étoffe] de pourpre. Porquerre 85, poursuivre. Pors Q614, défilés. Porsoingié 224, soigné. Postis 5o6i, petite porte. Poure 6259, poudre. Poverte 2o3i, 2078, etc., pau- vreté. Praiage 8945, etc., pré. Praiel 6 1 24, prairie. Pree, fém. 6g5, 701, etc., pré. Preer 2283, piller. Premerain 1286, etc., premier. Premier, a ce — 2 38, tout d'a- bord. Prendre; ind. parf. presis 2970; subj. prés, prenge 6089;" loc. — a i685, se mettre a; réfl. 5076, etc., m. s. Présure 8862, présure. Preu 206, etc., profit; prou 194, etc., m. s. Primes 3635, tout d'abord, en premier. Princhipel 863 2, principal. Pris 523, honneur. Prisier 3717, voy. Proisier. Privel 81 18, proche. Proisier i65o, etc., estimer. Prové 22g5, convaincu. Provoire 2998, prêtre. Pucele 422, etc., jeune fille ; pu- chele 2042. Pui 548, etc., montagne. Puin 4283, etc., poignée [de l'épée}; cf. Pon. Puis 1704, depuis. Pule 6654, peuple. Pume porne 6412, pomme gâtée, au sens de peu de chose ; voy. Paresis. Pumelé 4268, [cheval] pommelé. Pument 8610, piment; puiment 2102, 21 14. Pumiaus 10074, pommes {d'or- nement qui surmontent les tentes}. Pumier 6802, 7Ô36, pommier ; bois qui semble bien faible pour en faire des lances. Put, pute 48, etc., méprisable. Putiers 633g, terme d'injure. Quant que, quanque 270, etc., tout ce que. Quarrel 0219, 9142, pierre de taille. Quars 741 , quatrième ; fém. quarte 88. Quartier, adj. escu — 4857, etc., écu divisé en quartiers. Quelir 3 3 16, réunir. Quens, cas suj. de conte 3207, etc., comte. Ques, pour qui les, 3o88, 52g5. Quidier, voy. Cuidier. Quintaine8639, etc.; voy. D.-C, quintana 3. Quirc, ire pers. de querre, 4492. Quirie 58g5, plastron de cuir, voy. Cuirie. Quiver, voy. Cuivert. Rabiant 4229, plein de feu. Rachier 9644, cracher. Racorder 6480, réconcilier; neut. 2522, en venir aux mains. Rade 7748, etc., rapide. Raembre 7349, racheter. Rafermer, le — de la lune 269, la pleine lune; cf. l'expres- sion latine defectus lunae. AIOL 33q Raiemant 5864, le rédempteur ; roiament 5914. Raier 6189, etc., couler. Raison, mètre a — 3878, etc., adresser la parole [à quelqu'un}. Ramé 2 55, etc. Ramee 696, 90 1, forêt. Ramentevoir 1736, etc., rap- peler. Ramesurer 1008, apaiser. Ramier 1 84 1 , etc. , plein d'arbres. Randon, de — 10 120, etc., au plus vite. Randonee, de — 712, etc., au plus vite. Randre ; subj. prés, range 1G09, renge 23 i5, etc. Ranprone 3619, raillerie. Ran prôner 148, etc., railler, tourner en ridicule. Râpes 8863, râpes de raisin. Ratapiné 1236, caché, revêtu. Rates, fém. de rat, 8861. Ravine 7540, impétuosité. Ravoir 3i5, etc. Rebaudi 5384, reconforté. Rebouter 6364, pousser de nou- veau. Rebracié 2106, les manches re- troussées. Recelement 635g. Recerqier des rens, torner al — 3oo, s'éloigner pour reprendre du champ. Receter 6479, vivre caché. Rechelé, a — 2352, secrètement. Rechet, recet 558, etc., lieu de retraite, lieu fort, château. Rechoivre, reçoivre 1280, etc., recevoir. Reclamer 6217, etc., invoquer. Recoi 3546, etc., lieu isolé. Recovrer 727, etc., reprendre; — a 55:>5, ravoir en main. Recréant 2392, etc., lâche. Recroire, refl. 7864, renoncer à la lutte. Redrecier 6402, se relever. Refait, le — de la lune 269, le renouvellement de la lune, cf. Rafermer. Referir 866, etc., frapper de nouveau. Retlamboier 2920, reluire. Refraignier 6997, remettre la bride. Refremer io53, assujettir de nouveau. 340 AIOL Refroidier 3674, apaiser [sa soif]. Refroidir 612, rafraîchir. Rehaster 1027, relancer, atta- quer de nouveau. Regibier 2qio, regimber, ruer. Retenquir 6282, etc., laisser, abandonner. Relief 404(3, reste. Remanoir 497, etc., rester; ind. parf. remest 2 5, 92 ; p. p. remes 700, etc., remansu 3428. Remuer, le — des estoiles 268, le cours des astres. Renbatre 5886, faire entrer en enfonçant. Renge 2067, ceinturon. Renoié 2829, etc., renégat, trai- Reont 1892, rond. [tre. Repairier 1 554, retourner. Reponre gi63, cacher. Reprover 3 10, etc., reprocher. Reprovier 955, etc., reproche. Repus 928, caché. Requere 566, etc., défier au combat. Resachier 2o65, etc.. retirer. Resambler, construit avec le pré- dicat au cas sujet 908 ; suivi de la particule de 939 ; suivi du cas régime io85, 1107; sembler 2001, etc. Resavoir 9332. Rés 828, rasé; rés a rés 8'65i, à ras de terre. Rescoure 4389, etc., secourir, délivrer. Resné 18, etc., royaume; rené 2285. Resne 519, etc., courroie rete- nant l'épée ; 8g8, etc., bride. Resne 4095, etc., royaume, pays. Resnié 223, etc., royaume. Resongier 6553, etc., craindre. Respasser 3 597, guérir. Respondre ; ind. parf. en ié, respondié 973, 11 33, 6588, 7340. Resvider 1920, visiter. Retenir 1 334, eic-< garder, faire prisonnier. Reter 3345, accuser. Reube 3793, etc., robe. Reuber 5439, dévaster. Revanter refl. 7188, se vanter, réfl. 4098. Revel, 586 1, etc., joie, plaisir. Revenir, subj .prés, revienge 3458. Revenir 5o2Ô, etc., retourner. Revoit 3 1 65, revois 7892; cf. Romania, III, 5o5. Richeté7io9, noblesse. Ricoise ^673, richesse. Rien 1099, etc., chose. Rieulé 5744, soww/s à une règle \monastique\. Rike 341 1, grande [bataille], Rion 8094, région; voy. Roion. Riu 3920, ruisseau; voy. Rui. Robeor, 2357, etc., voleur. Rober 96 3, etc., voler, dérober. Roc 9046, au sens de peu de chose; voy. Paresis. Roele 5341, bouclier. Roengier 6574, etc., tonsurer. Roes 95 1 6, palissades ? cf. D.-C. Rota i3. Roiamant, voy. Raiemant. Roion 2973, 3oog, région; voy. Rion. Roit 4464, etc., roide. Roller l'auberc 6464, 7077, rou- ler la cotte de mailles [pour la ranger]. Romans 276, langue vulgaire; romant 2686, langage en gé- néral. Rompre ; part. p. fort rout 1257, etc., déchiré; part. p. faible rompu io5i. Ronchin, roncin 014, etc., cheval de fatigue. On trouve fré- quemment les formes ronchi 1826, etc., ronci 646, etc. Rovente 6697, rouge. Rover 83 06, demander. Ruer 4993, renverser; 2582, assaillir. Rui 4g3o, ruisseau; voy. Riu. Ruiste 846, i665, etc., violent, fort. Sablon i366, etc., sable. Sachier 91 5, etc., tirer. Sacrefiement 6248, sacrifice. Safre 10342, orfroi? Sailer, saieler 462, etc., sceller. Saingler 402, sanglier ; sengler 364. Sainier 1483, etc., saigner. Sainier, réfl. 181 2, etc., se si- gner. Saint tour sain, sein (signum) 36oo, 4504, cloche. Saintisme 10848. Samit 9S26, velours. Sanbue 53i3, 83 14, selle de femme. Saudee 494, 53a, etc., gain, butin; 1047, état militaire. Saudoiers 1 563, etc., soldats à gages. Saudoncr 43o8, soudoyer. Ce mot n'est autre que le mot latin solidare, reformé en français avec donarc qui a remplacé dare, ou p.-é. faute du copiste pour saudoierr Saumes 9703, psaumes. Sautier 901, psautier. Savagine 62, bêtes sauvages. Savement 2992,^., sûrement, en sauf. Saveres, cas suj. 499, etc., sau- veur. Se, suivi d'un fut., a le sens de avant que suivi d'un subj., 479, 55i , 5g5 ; se... non 2982, sinon. Segur 2084, sans crainte. Seinier, se — de Dé 5527, se signer; voy. Sainier 2. Sejorné 7449, etc., reposé, (par suite) aispos. Sel, pour se le et si le, 639, etc. Selve 774, 1340, forêt. Selonc 2736, le long ; 3365, dans toute l'étendue. Semé 4974, septième. Séné 267, i3io, etc., sage, intel- ligent. Senefianche 9646, signe. Senestre n85, etc., gauche. Senpre 602, etc., sur-le-champ. Sentier, le — 586, par la route; loc. 6207, etc. Seror, serour, cas rég. 20, 3o, etc., sœur. Serouge 102, etc., beau-frère. Sevrer 740, etc., séparer. Si, expl. 54, 296, etc.; 623, etc., ainsi. Siècle 17 16, génération contem- poraine; 4976, monde; estre al — 6640, mener la vie du monde. Sier, couper ; ains c'on soie les blés, loc. 10425, io5oi. Signor 2o5o, mari. Signorage 9612, seigneurie. Signori 21, etc., noble, digne d'un seigneur. Signorie, par — 216, en grand seigneur. Simbre 8607, pain de pur fro- ment. ArOL 341 Single, cingle, 9809, 9814, etc., voile ; a — 978 1 , sans voile. Siste 90, etc., sixième. Soie 2190, etc., sienne. Solaus 2957, 4277, etc., solail 5700, soleil. Solier M27, 1945, 2054, etc., chambre du haut, salle de ré- ception. Soloir 994, etc., avoir coutume. Some 8194, charge d'un cheval. Somier 2858, 4867, cheval de fatigue. Son 4688, chanson. Son, sommet; par — l'aube 8173, au point du jour. Songiere, cas suj. de songeor, 2741, rêveur. Sopement 8980, souper. Sor 3199,4268, [cheval] alezan. Sortir, subj. prés, sorge 6507. Souavet 61 5g, etc., doucement. Souduiant 2417, etc., traitre , imposteur. Soufraite 826, manque. Soufrai tous 187, 1908, etc., in- digent. Souprendre, subj. prés, soupren- gent 5788, etc. Sous, cas suj. i885, 38i)i, seul. Souscliner 1952, pencher. Soutiement 5784, avec adresse. Sovin 3284, etc., sur le dos. Soviner 10754, jeter à terre. Sudexion 90 12, séduction, trahi- Sueur 967, cordonnier. [son. Sulent 7601, souillé. Surceors, cas — 8842, chats preneurs de souris. Tables i65, jeu de tric-trac. Tabor, fig. 2474, bruit. Tachier 4637, fixer, attacher. Tain 640, couleur. Taion 10723, aïeul. Talent ioo3, etc., désir; faire son — d'une chose 425, la posséder. Tans, par — 438 1 , par occasion Tant, ne — ne quant 371, etc., pas le moins du monde. Tapir 2776, se cacher. Targc 541, 698, etc., bouclier. Targier (174, etc., tarder. Tastoner2 1 58, 2 1 69; cf. P.Meycr, Romania, IV, 3940. Tele, a — 5371, de telle ma- nière, ainsi. 342 AIOL Tenchier 1233, etc., se disputer. Tenchon, tençon 2532, etc., dis- pute; movoir — 721 1. Tenir a sot 166, — a sage 218, etc., regarder comme un sot, un sage, etc.; cf. Tobler, Li dis dou vrai aniel, p. 26 ; — de maisnie 3694, entretenir à ses frais. Tenpre 9089, à temps, bientôt. Tenprer 53o, tremper. Tensement 7273, 76 12, protec- tion, défense. Tenser 441 3, etc., défendre. Tentir 3064, retentir. Terdre 6 1 9 1 , essuyer. Terien 2997, de cette terre. Terrié 16907, rempart de terre. Terrier 483 1 , seigneur proprié- taire. Tierc, tiers 1463, etc., troisième; fém. tierche 88. Tinel 4366, 4463, gros bâton. Tire 9855, étoffes de soie. Toialle 4036, serviette; toualle -, 7164. loie 2892, tienne. Tolir 45 , etc. , enlever ; fut. taures 5762 ; p. p. tolu 1099, etc. Toloit 3170, enlevé, ravi. Topasse io33g, topaze. Tor françois 5 5 7 1 , manière de combattre en feignant de fuir pour revenir avec plus de force sur l'ennemi. Cf. un exemple dans Littré. Torbe 9175, troupe. Torchier 997, 2o58, bouchonner, panser [un cheval], Torneis, pont — 5707, 6060, pont tournant. Torner, subj. prés. 3 e pers. tort 9776; — a folie 1 33, etc., tour- ner [quelqu'un] en dérision ; neut. 609, partir ; s'en — 546, m. s. Torniant 2388, tourbillonnant. Torniement 2338, tournoi. Torser 789, 795, etc., charger. Toudis 994, etc., toujours. Traîner, trissyll. 744, etc. Traire 6, 1 1, etc., tirer, avancer, prendre; — a chief 36 14, etc., finir; neut. 21 5, etc., aller. Traitor, trissyll- 26, etc. , traître; traitre, trissyll. 704. Trametre 1180, etc., envoyer; subj. prés, trameche 2864,6230. Trape 5969, piège, péril. Trasser 12B0, dérober': Tref 8354, etc., tente. Trellis 4709, 6044, [haubert] à mailles. Tremeller 2546, jouer au tre- merel {sorte de jeu de dés). Cf. D.-C. Tremerellum. Très 779, tout-à-fait. Tresalé 517, passé, vieilli, usé. Tresfiner 2043, etc., finir, s'ar- rêter. Tresorieg585, chambre au trésor. Trespasser 1818, etc., dépasser; neut. 2520, passer. Tressué 7793, couvert de sueur. Trestorner 7D4, tourner; i6g3, 2221, etc., changer ;neut. 2b5, etc., retourner, s'enfuir. Trestout 76, etc., tout. Treu , 95o3, tribut, droit de péage. Treuage 961 5, tribut, redevance. Trieve Dieu 6162, trêve imposée par Dieu. Trosque 9606, jusqu'à ce que. Trotier 1826, trotteur, épith. de cheval. Trover, ind. prés, truis 2439 ; subj. prés, truisse 3 11, truist 53o2, truisons 5441. Turcois, ars de :or — 7879. Trufer, réfl. 1441, se moquer. Uis 2201, porte. Uns espérons 1676, une paire d'éperons. Unescauches 1674, une paire de chausses. Vaintre 1 167, etc., veintre 8960, vaincre; — la bataille 343 1, etc., remporter la victoire; — l'estor 4866, m. s. Vair, subst. 606, etc., fourrure ; adi. 35 12, en fourrure ; 4244, [cheval] de plusieurs couleurs. Valet 59, etc., jeune homme. Valeton 3oi 1, enfant. Valissant 66o5, etc., valant. Vanteour 8834, vantard. Vanter 4435, se vanter. Vasal 3o39, etc., chevalier. Vasalement 852 1, vaisselle. Vaselage 1980, etc., valeur, cou- rage. AIOL 343 Vasiaus 71 63, vaisseaux, vases. Vauti 4712, etc., courbé, arqué. Vavasour i85, etc., seigneur de petite noblesse. Vecr 1755, etc., défendre, fer- mer, refuser. Veir 437, 453, etc., voir. Velous 3845, velours. Vend, mètre — 9820, mettre en vente. Vengement 7264, etc. Vengison 7208, vengeance. Venir ; fut. veront 55i8 ; il vient a 2835, il vaut; — a chief 3g 12, venir à bout. Verai g, etc., vrai, sincère ; cors — 307g. Veraiement 387, etc., vraiment. Vereil 2Q23, verrou. Vergié, élme — 6820, etc. Vergognier 1824, etc., déshono- rer, insulter. Vergonder 43 18, etc., m. s. que Vergognier. Veritas 8853, mot latin mis dans la bouche d'un Lombard. Vermeil 4282, rouge. Vernis 640. Vernissié 10876, verni. Vertir, réfl. 27, etc., tourner ses pas. Vespre 1720, etc., soir. Vespree 771 ; le ms. porte au v. 8go le mot verpree : faut -il y voir une faute ou un chan- gement de s en r ? Vesque i85, évéque. Vessir g653, vesser. Verte 254, etc., vérité. Vestir, p. p. vesti 32, vestU48j. Viaire 4681, etc., visage. Viaus 673g, au moins. Vides, plur. i32, expérience. Vies 235, etc., vieux; vie 1 148, fém. vies 6228 et viese 542, 737- Vieuié 173, etc.. action vile. Vilonie 1011, vilenie. Vin, ester al — beu g20, rester en gage che% le tavernier ; envoier al — Q3gg, envoyer en paiement au marchand de vin. Virgene, dissyll. 8o33, etc., vierge. Vis 860, etc., visage. Viste 6672, prompt, déterminé. Vivendier, boin — 244, bon vivant. Vivre, ind. parf. vesqui g40. Vui, voy. Bu. Vuidier les archons 6806, 7638, être désarçonné ; — l'estrier 6814, etc. ' Vo 448, etc., votre; fém. 5o8, etc. Voie, cheste — 6228, [par] cette voie. Voir 3o6, 42G, etc., vrai. Voirement 3014, etc., vraiment. Voloir, ind. parf. vaut 55. Volu b 261, a voussure. Wagier 4172, engager. Wivre 62 id, 6340, serpent. INDEX DES NOMS DE PERSONNES ET DE LIEUX. Abel, 7173. Abraham, 1 553, 6242. Adan, Adam, 4, 6220. Agenon : i° (neveu de Makaire), 4746, 7201 ; Aghenon, 7223 ; Hagenon, 7360 ; — 2° (cousin germain de Rainier) Haghe- non, 7557. Ahenri (chevalier du roi Louis- le-Pieux), 33o3. Aians (forme d'Aiol au cas suj. exigée par l'assonance), 2433. Aie (femme de Terri), Q214, etc. Aimer (cousin d'Aiol)," i3g8. Aiol : i° (nom du héros du poëme) ; — 2° (nom chrétien donné au païen Floquipasse), 10942. Ais, Aix-la-Chapelle, 24, 41 55. Alemant, 4567, 006 1. Alerant (compagnon de Makaire), 85o6, etc. Aliaume (nom d'un brigand), 235g, 3i6o, 3i68, etc.; Aleau- me, 3097. Allivin (nom d'un brigand), 6667. Alverne, Auvergne, 10463. Amauri (chevalier du roi Louis- le-Pieux), 33o2; Amori, 4390. Amiens, 8090. Angevin, 323g. Angiers, Angers, 5ggg, 8087. Anscier (sénéchal de Makaire), 9428 ; Anchier, 10743. Antiaume (fils de Hunbaut et d'Esmeraude), 7072, etc.; An- tialme, 7086, etc. ; Antelme, 70g 1, etc. Apes, pors d' — , défilé d'Aspe, g563. Apolin, Apollon, 660, 4066, 407g, 4116, 4146, 5o5i,ggg5. Arabe, Arabie, 4020. Arabi , Arabe, 4064, 4og5, 4137. Archedeclin (saint), 7821. Ce mot Architriclinus qui, en latin, signifie maître d'hôtel, est devenu un nom propre dé- signant au moyen-âge le marié des Noces de Cana. Artu (le roi), le roi Arthur, g36. Ce vers fait une allusion insai- sissable aux chevaux du roi Arthur, le héros de l'épopée bretonne. Asses li Berruiers (portier de Langres), 8545. Astes, voy. Haston. Auçoire, Auxerre, 363 1. Audengier, g53, gg2. Ces deux vers font allusion au héros du poëme burlesque tfAudigier publié par Méon {Fabliaux et Contes, IV, 217). AIOL 345 Aufrike, Afrique, 5247, 5-273, 5367. Avissc (mère d'Aiol), 21, 35o, 442, etc.; Avise, 271, 762. Baiviers, Bavarois, 4567, 8061. Bar, Bari (sur l'Adriatique), 10599. Cette ville était célèbre Ear le corps de S. Nicolas, que .obert Guiscard y rapporta de Myre. Barbarus (nom de Sarrasin), 5241 . Bascles, Basques, 956g. Baudewins, h quens — (person- nage épisodique), 8875. Belcler, mont de — , nom donné par le poète à la montagne de Moryan, lieu du sacrifice d'A- braham, Ô2 55. Beleem, Bethléem, 1903, 2446; Beleant, 5g3i : Belleant, 3870, 5783. Belquarel, 4873, 4875. Berenger (un des quatre fils de Geraume, châtelain de Mon- graille), 7195. Bernart : i° (chevalier du roi Louis-le- Pieux ; — 20 (cousin ?ermain d'Aiol), 4648; — 0 [neveu de Makaire), 4750, etc. Berri, Berry, 2779, 4834, 7061, etc. Bertons, 4537, 8971; Bretons, 4568, 8973. Beruiers, gens de Berry, i56i, 2343, 235o, 3195, 34i5, 3427, 5 191; Beruhiers, 1972 ; Ber- ruiers, 2282. Besençon, Besançon, 8087 ; Bes- senchon, 8187'. Bevon : i° — de Viane (compa- gnon de Makaire), 8374; — 2" le duc — sans barbe (che- valier du roi Louis-le-Pieux), g5o5, 10708, etc. Biaufort, castel de —, i653. Ce château, qui en la Marche siet, existe encore aujourd'hui dans la Creuse (cant. Boussac, comm. Malleret). Biavais, Beauvais, 3417, 4152, 5o38. Biterme (ville inconnue qui, dans les chansons de geste, est re- nommée pour fourni ries armes et les étoffes orientales), 6485, 8i63. Blois, 1868, 1880, 3855, etc. Boidin (veilleur, gaite, au service de Makaire), 9428, 10868. Boorghes, Bourges, 1400; Boor- ges, 2347, 3207, etc.; Bohor- ges, i63i, 341 () ; li quens de — 3207, etc., voy. Gilebert. Bordele, Bordeaux, 49, 6489. BorgcT\gons,Bourguignons,ji^o, 8061, etc. Borgonge, Bourgogne, 2659, 7o36 ; Bourgoinge, 8i83, etc. Brabençons, 336g. Braibant, Brabant, 41 53. Brandis, Brindes, ggg4- Bretaigne, 8768. Bu, g4g5. Calvaire, mont de—, i55o,6ig5. Canbresis, 41 53. Castel Esraut, Chdtellerault , 1342, i35i. Castele, Castille, 8164, 10800. Chaalon , Chdlons -sur - Marne , 808g. Charles, Charlon, Charlemagne, 102, etc. Chartres, no, 8812; Cartres, 45g7, 5o38, 5og4, etc.; Cartre, Clarembaut de Valbrune (nom d'un brigand), 6670. Colongois, sou de — ,monnaie de Cologne, 242. Constant (nom d'un brigand), 6668. Corsaut (chef de brigands), 6684, 6877, 6881, 6gi6; - de Val - rahier, 6670. Cremoigne, Crémone, 8088, etc.; Cremoine, 8154. Dignon, Dijon, 8086. Dominus videt (nom donné dans la Vulgate (Gen., XII, 14) au lieu du sacrifice d'Abraham, 6254. Durant (portier de Makaire), 9428. Duresté, g827- C'est sans doute le même que Durestant de la Ch. de Roland, qu'on n'a pu identifier davantage. Eldré (bourgeois d'Orléans), 2583 ; Houdré, 26o3. Elie : 1° (père d'Aiol), 3i, 7g, g3, 121, etc.; — 2° (personnage 24 346 AIOL épisodique), 8875 ; — 3° (nom chrétien donné au païen Pro- pisse), 10942. Engerant (chevalier du roi Louis- le-Pieux), 10770. Erode, Hérode, 2976, 3004. Esau, Esaii; 959. Esclers, originairement Slaves (Romania, II, 33 1), pris ici au sens général de païens, 10601. Esmeraude (femme deHunbaut), 7070, 7102, etc. Espainge, Espagne, 3yy, 5642, 6496 ; Espaigne, 419, 425, 6286, etc. Estanpes, Etampes, 35 17, 8009 ; Estanpois, 3527 ; Estampes, 4i52. Escorgant (sénéchal du roi Mi- brien^gôgi, 10126. Estout (nom d'un brigand), 5807. Evain, Eve, 4, 6220. Ferant de Losane (neveu de Ma- kaire), 4617,4746,7201, 7223, etc. Flamens, Flamands, 3369; Fla- menc, 4537 ; Flament, 4568. Flohart de Vallieure (nom d'un brigand), 6669. Floquipasse (habitant de Pam- pelune qui se fait chrétien sous le nom d'Aiol), 9D78, etc., cf. 10942. Florien ("roi païen), 9993, 10006, etc. Foucart : 1° (nom d'un brigand), 235g, 3 125 ; Fouk.es 3og8 ; — 2° voy. Foucon. Fouchié, voy. Foucon. Foucon (neveu de Makaire), 7200. Ce nom, pour les besoins de l'assonance, se présente aussi sous les formes Fouchié 7222, Foucart 4748 (au lieu de Gon- tart), 7359. Fouré : i° 958, 2517; Foré, 2606. La locution vengier Fouré dans les chansons de geste est généralement appli- quée par moquerie à une per- sonne qui tente une entreprise au-dessus de ses forces. Voy. à ce sujet une note de M. P. Paris (Romans de la Table ronde, II, 401) et un article des Gœttingische gelehrte An- ^eigen (1874, p. 1079-92), où M. A. Tobler a réuni un cer- tain nombre d'exemples de cette locution. Nous ne croyons cependant pas que ce Fouré soit le roi de Nobles la cité, car notre texte le fait mourir devant Paris (v. 2607), et non au siège de Nobles. — 20 (che- valier du roi Grassien), 9973. Franche, France, 199, 322,445, etc.; France, 17, 26, etc. François, Français, 147, 2o5,etc. Frans, Français, i33, i5i,2393, 2444, etc.' Galien (nom d'un brigand), 6667. Galise, Galice, 8122. Garin : i" (nom de valet), 2154; — 2° (neveu de Makaire), 4747, 1202, etc.; — 3° — de Mon- loon (père d'Oedon), 83g5 ; Gerin, 8410. Gasconge, Gascogne, 1 133, 1617, 35oo, 4070, etc. Gascons, 2o85, 236i, 3370. Gautier : 1° (sénéchal d'Elie), 1 1 24 ; — de Saint Denise 1 082; — 2" (hôte d'Aiol), 1070; — 3" (nom d'aubergiste), 1 124; — 4e — de Pont Elie (nom qu'Aiol donne à son père), 2088, 35o4; — 5° 336 1 et 6° — de Montaigu 9504, (chevaliers du roi Louis-le-Pieux); — 70 (comte deSoissons, oncled'Aiol),4649, 4736; — 8° — deValterne (com- pagnon de Makaire), 8680. Geneviere, Geneviève (nom de femme), 2740. Gerart : i° (père de Reinier, duc de Gascogne, 1 6 1 6 ; — 20 (che- valier du roi Louis-le-Pieux), 33o2, 336o; — 3° — deValseri (sénéchal d'Elie), 8552, etc.; — 40 — de Gascogne (neveu de Makaire), 9162; — 5° (cheva- lier du roi Louis-le-Pieux), 10770. Geraume (seigneur de Mon- graille), 6441; Geralme, 6545, etc.; Gerelme, 65 12, etc.; Ge- rame, 6461. Gilebert (cousin germain d'Aiol, le même que le comte de Bourges), 334. Gilemer l'Escot (cousin d'Aiol), l399- Ginart (sénéchal de Makaire), 9118. Girbert (compagnon de Makaire), 8441. Godefroi (sénéchal de Louis-le- Pieux), 9025. Golgatas, 'Golgotha, 6194. Gonbaut (nom d'un brigand), 6665,6685. Gonsellin (nom d'un brigand), 6668. Gontarr, 4748. Ce nom qui ne se retrouve plus ailleurs doit être remplacé par celui de Foucart, comme nous l'avons déjà remplacé au v. 4749 par celui de Reinart. Gontier (seigneur de la cour de Louis-le-Pieux), 801 5. Gorhon (nom d'un roi d'Afrique), „ 5'24.7- , Grassian (forme en an, réclamée par l'assonance, de Grassien), 10207. Grassien (roi de Venise), 9263, etc. Guenelon (le traître de la Chan- son de Roland), 4439. Guillaume le Brun "(neveu de Makaire), 4749 ; Guillame, 8856. Guimart de le Tormele (frère de Gautier de Valterne et compa- gnon de Makaire), 8684, etc. Guinehot (messager de Makaire), 8784, etc. Gui : i° li Alemans (compagnon de Makaire), 8441, etc.; — 2° (chanoine, oncle de Terri), 9284. Guinemer (chevalier du roi Louis-le-Pieux), 4389. Hagenel (boucher d'Orléans), 2587, 36i6. Hagenon : 10 d'Orliens (nom d'un brigand), 6669; — 1" et 3° voy. Agenon. Haie, chastel de Le —, en Pon- thieu, 1396. Hain, la porte —, (à Salonique '.) 1001 1. Hainaus, Hainaut, 41 53. Hardré (nom du traître dans plusieurs chansons de geste], 4439. Harpin (nom d'un brigand), 5807. Hastes : 1° voy. Haston de Tu- AIOL 347 dele; — 2° (un des quatre fils de Geraume, châtelain de Mon- graille), 7195. Haston de Tudele (chevalier païen), 4973 ; Astes de Tudele, 4978. Henri : 1° (nom d'un brigand)? 58o8; — 2° (chapelain du roi Grassien), io3g3. Hercenfroi (boutellier de Makaire) 942g, etc. Hersent : i° (sœur d'Elie et tante d'Aiol, la même que Marsent), 333; — 20 (femme d'Hagenel, boucher d'Orléans), 2588, 2656, 2719, 2723, 36i7, 3620; Hersant, 2684. Hervieu (messager de Louis-le- Pieux), 881 5, etc.; Hervil, 8890, etc. Holduit (nom de femme), 2740. Houdré, voy. Eldré. Hue (chevalier), 7580. Hugon (neveu de Makaire), 33o3, 336 1, 3440; — de Monbart, 4747, 7202, 7361 ; Huon de Mon bar, 4781. Hunbaut 71 56, 7452, (hôte d'Aiol), 7062, 7069, 7741, etc. Hungrie, Hongrie, 9805, 10882, etc. Hurepois (petit pays de l'île de France, ayant Dourdan pour capitale), 4536. Isaac, 6247. Ingernart (chevalier païen), 4972, 5019. Ingrant (chevalier païen), 4972, D009. Ingresain (chevalier païen), 4972, 5009. Jhersalem, Jérusalem, 1 535, 1548; Jherusalem, 62 55; Jé- rusalem, 8975. Jobert (compagnon d'Aiol), 45 18, 4791, 4818, etc. Jorroi : 1° (neveu de Makaire), 4753; Jofroi de Verson, 4748; — 2° (l'aîné des quatre fils de Geraume, châtelain de Mon- graille), 6977, 7195, etc.; — 3° (sénéchal de Louis-le-Pieux), 7855, etc.; — 4° — le kenu (chevalier du roi Louis-lc- Pieux), 95o5. Jordan, Jourdain, 1 55 1 . 348 AIOL Joserant : 1° (parent de Jofroi), 8371, etc.; — 2° (chevalier du roi Grassien), 9973. Juis, Juifs, 10082. Jupin, Jupiter, 10098. Karle , Karlon , Charlemagne, 44, etc. Karlemaigne, Charlemagne, 18, etc. Kinkernart (nom de Sarrasin), 5241, 5296. Lazaron, Lazare, 2386, 7205. Lengres, Langres, 8086, 8i83, etc. Loeys (Louis-le-Pieux), 17, 25, 27, 33, 44, 102, etc.; Loey, i5Ô9, 333:), 4i5o. Loier, Lothaire, 9462, 10040. Loire, la —, 1881, i885, 2438, 2965, 4299, 4335, 4360. Lonbardie, 8784, etc. Lonbart, 8334, etc. Longis (l'aveugle qui dans la lé- gende frappa de sa lance Jésus crucifié), 3o52, 6188. On re- trouve ce personnage dans plu- sieurs mystères du moyen-âge. Loon, Laon, i3go, 7179, 8090; Leun, 3417. Losane, Lausanne, 467, 1387, etc.; Losene, 1389; Lossane, 1495, i5o3, etc. Luiserne, Lucena (en Espagne), io835. Lusiane (fille d'Isabel et cousine d'Aiol) , 1989, 1992, 2010, 2028, etc.; Luciane, 2099. Magegot (nom d'un brigand), 58o8. Mahomet (considéré comme un dieu païen), 680, 4066, 407Q, etc.; Mahon, 5407, D41 1, 55 16, etc. Makaire (le traître de l'épopée carolingienne), 47, io3, 211, 1 1 10, etc.; — de Losane, 467, 1387, etc- Malrepaire (nom sans doute fan- taisiste du château de Robaut); 5958, 6068. Manesier : i° (frère de Bevon de Viane, compagnon de Makaire), 8379, etc-» — 2° (norn donné à l'un des fils d'Aiol), 9353, etc. Mansel, Manceau, 323g. Marajus, puis de —, (entre Lan- gres et Lausanne), 8672,8704. Marche, la —, i653. Marchegai (nom du cheval d'Aiol), 89, 182, etc. Marsent (sœur d'Elie et tante d'Aiol), 3224, 33i3, 3332. Vqy. Hersent. Martinoble (nom d'un Lombart, partisan de Makaire), 8848. Miaus, Meaux, 8089. Mibrien (roi de Perse), 608, 4020, 4025, etc.; Mibriant, 8i38. Miles d'Aiglent, Milon d'An- glant, qui dans l'épopée caro- lingienne épouse la fille de Pépin et est le père de Roland, 2287. Mirabel (fille de Mibrien, amante, puis femme d'Aiol), 53o3, etc. Monbart, Montbard, 4747, 4761; Monbar, 4781, 7202, ,736i- Mongaiant (séjour d'Elie, père d'Aiol), 2414, 2795,3865,8200. Mongraile (seigneurie sans doute fantaisiste de Geraume), 6440, 6448, 6495, 7026, etc.; Mon- graille, 65i 1, 65i7, 6543, etc. Monleun, Laon, 3400, 3527. Monmartre, Montmartre, 8944. Monpelier, Montpellier, 1643, 6809. Montinel, puy de — , 53i8, 8 181. Le vers 8 181 semble indiquer que cette montagne doit se trouver entre Nevers et Langres; il y a un Montigny dans le Nivernais. Montorie , Montoire (Loir-et- Cher), 9214. Morant (nom d'un brigand), 6667. Morin de Plaissence (Lombard), 9o33. Môysès, Moïse (ermite), 5i, 390, 432, 438, 461, 514, 82i5; Moi- sès, 85, 88,273. Navaire, Navarre, 9623. Navairs, Navarrais, 9569. Navers, Nevers, 8086, 8176. Nevelon : i° (chevalier du roi Louis-le-Pieux), 33o3, 336i, 3440 ; — 2° (un des quatre fils de Geraume, châtelain de Mon- graille), 7195. Nivart (nom d'un brigand), 235g, 3092, 3ioi, 3i28. Nobles g), 8087. Cf. le Gloss. de la Cit. de Roland (éd. class.) de M. L. Gautier. Nous ajou- terons qu'ici la ville ne semble pas placée en Espagne. Noironpré, jardins de Néron (où, d'après la tradition, l'em- pereur romain rit brûler des chrétiens), 2727, 7474, 8907, qi 35, 9143; pré Noiron,io7i7. Normans, 323g, 4536, 4568. Nubians, Nubiens (et par suite païens), 4896. Nubie, 3981, 4025. Nustrant"(chevalier païen), 4974. Oedon (compagnon deMakaire), 839o. Olive, mont — , Montaulieu dans les Landes (?), 35oo; mont Olis, 4070. Orclare (femme du roi Grassien), 9352, etc. Orlenois : V (pays d'Orléans), 7909; — 2° (monnaie d'Or- léans), 3842. Orliens , Orléans, 126, 200, 1477, i559, i562, etc. Ostcun, Autun, 833i. Oton de Poitiers (seigneur de la cour de Louis-le-Pieux), 8014. Otrente, rue d' — (à Pampelune), 5282. Pampelune, 378, 420, 609, 2345, etc. Paris, 110, 2607, 4i5i, 4597, 5094, 5i25, 92^2. Passeavant (nom du cheval du roi Grassien), 991 1, etc. Persans, 405, 4899. Persie, Perse, hzbz, g56j. Piere, Pieron : i° (cordonnier de Poitiers), 967; — 20 (nom d'homme), 2583. Pilate, 6204. Pinabel (traître au service de Makaire), 8177. Pinable (nom de ville r), 8965. Pinart (traître au service de Makaire), 8177. Pinel, 9495. Plusieurs villages d'Espagne portent ce nom. Piniaus li Normans (nom d'un brigand), 5807. Plaissenche, Plaisance, 8154; Plaissence, 8088. AIOL 349 Ploiegant (nom du cheval du roi Florien), 10009, etc. Pohiers (nom de peuple qui est l'ancienne forme de Picards; cf. D. C. sous Poheri), 4568. Poitevins, 3238, 3370. Poitiers, 889, 949, 988, etc.; Potiers, 3759. Ponce (cousin germain d'Aiol), 4648. Pont Elie, Pontarlier, 2088, 3504. Pontieu, Ponthieu, 1397. Propisse (habitant de Pampe- lune qui se fait chrétien sous le nom tfElie), 9665, etc., cf. 10942. Provence, 10402. Provin, Provins, j3, 8089. Puille, Pouille, 897I Quaré (chevalier du roi Louis- le-Pieux), 4390. Quikenars li " panetiers (nom d'un bourgeois d'Orléans, pa- rent de Makaire), 2862. Quintefeulle, bois de — , 4627, 4642 ; Quintefoille , 4692 , 6553, 7198, 7220, etc. Rahier (nom d'un brigand), 6668. Raiborc (nom de femme), 2740 ; Raiborghe, 2744. Raimberghe (nom de la mère d'Audigier dans le poëme burlesque qui porte ce nom, et non pas sa femme, comme pourrait le faire supposer notre texte), 993. Rainaut (cousin germain et écuyer d'Aiol), 4648; Rainait, 4727. Rainier : i° (cousin d'Aiol), 1398; — 2° 7236, etc.; voy. Reinier 2. Rains, Reims, 2960, 3 i5o, 3417, 5o37, etc. Raoul (chevalier, hôte d'Aiol), i36g. Ravane, Ravenne, ji35, 7254, 7344, etc. Reinart (neveu de Makaire) , 4749» 4763. Reinier : i° (duc de Gascogne), 16 16;— 20 (neveu de Makaire), 4835, etc., 7909. Renier, 7564, voy. Reinier 2. 35o AIOL Richart (le même que Richier pour le besoin de l'assonance), 4747, 8856. Richier (neveu de Makaire), 4761, 7202, 7361. Ricier (nom d'un brigand), 6668. Robaut (chef de brigands, 5734, 5759, 5863, etc. Roimorentin, Romorantin,4j5o, 4762, 4832, etc. Rome, 1180, 6901, etc. Rosne, Rhône, 9128, 9198, etc. Rustant (frère de Makaire), 1496, i5i3. Saint Denise, Saint-Denis, 1082, 1994, 3497 ; Saint Denis, 2264, 3297, 3343, etc. Saint Domin, 883g. Il y a un petit village du nom de Saint- Domain dans le département du Cher. Saint Germain el praiage, Saint- Germain-des-Prés, 8945. Saint Gille, Saint-Gille-du-Gard, 956o, 10457, etc. Saint Michel, bourc — , 4597. Le voisinage d'Orléans nous fait supposer qu'il s'agit sans doute ici du village de ce nom dans l'Orléanais. Saint Nicolai (à Bar ; voy. ce mot), 10598. Saint Pierre (de Rome), 274g, etc. Saint Quentin, 8090. Sainte Crois, moustier —, (cathé- drale d'Orléans), 384, 1890, 2225, 8019, 8020, 8142, 8223; Sainte Crous, 1896. Salenike, Salonique, 9903,9976, etc. Sanses : i» (nom d'un brigand), 3096, 3 160, 3 168, 3 172; San- sons, 2359; Sanson, 3179; — 2° (chevalier du roi Louis-le- Pieux), 4390. Sarrazins, 405, 604, 657, etc.; Sarrasins, 261 3,4526,4546, etc. Senlis, 8009. Sire, Ci^e, q563. Cf. à ce sujet la Ch. de Roland, éd. L. Gau- tier, Eclaire. IV. Soisons, Soissons, 2960, 3i5o, 4154, 4649, etc. Sorant (nom d'un brigand), 58o8. Suberie, 235 1. D'après ce vers, les ennemis entrent en France par le Val de Suberie dessous val Cler ; le rapprochement de ces deux noms de lieux, peut-être imaginaires, ne per- met guère d'y voir autre chose que Sivry et Vauclaire en Champagne. Tabor (chevalier païen), 4974, 4996. Tabrin (chevalier païen), 4973, ^4987- Terri (sauveur des enfants d'Aiol), 9201, 9212, etc. Tervagant (nom que le moyen- âge donne à un dieu païen), 9996, etc. Tieri, Thierry (nom d'un bûche- ron), 1727 1807, 1814; Teri, 1754. Tolete, Tolède, io835. Tornebeuf (messager du roi de Nubie), 3982, 3996,4019,4060. Tornebrie(?) (séjour de Grassien), 9264, etc. Tours, 3862. Trieves, Trêves, 8088; Trêves, 8154. Tudele, Tudela, 4973, 4978. Tumas (nom donné à l'un des fils d'Aiol), q353, etc. Turc, 405, 759, 9818; Turs, 714, ioi5o. Val Cler, voy. Suberie. Venisse, Venise, 9262. Venissien, 10860. Vermendois, 7527, 9026. Verson, 4748. Nous avons à choisir entre le village de la Normandie ou celui de l'Aunis. Yon (roi de Gascogne, dont il est parlé dans Renaud de Montauban), 2086. Ylaire (compagnon d'Aiol), 45 18, 4690, 4753, etc.; — de Saint Lambert, 45 13; — 20 (père de Ginart), 91 18. Ysabel (sœur d'A visse et tante d'Aiol), 1984, 20o3, 2073, etc. FIN. Imprimerie Gouverneur, G. Daupeley à Nogent-le-Rotrou. THE INSTITUTE OF WEDIAEVAL STUOltS 10 ELM8LEV PLACE TORONTO 6, CANADA. #640